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de nos frégates et que la plupart des cuirassés anglais. Les trois frégates allemandes étaient, sous le rapport de l'artillerie, fortement armées, puisque les deux premières portaient, l'une vingt-trois et l'autre seize canons de 96. Or, ce canon, en acier fondu, du poids de 14,650 kilogrammes, lance, avec une charge de 20 kilogrammes de poudre prismatique, des projectiles de 150 kilogrammes. D'après des expériences faites en Allemagne, en 4868, cette pièce, que les Prussiens regardent comme supérieure au canon anglais Armstrong de 9 pouces, traverserait, à la distance de 470 mètres, une plaque de 0-209 millimètres, et à la distance de 700 mètres, une plaque de 0182 millimètres. Nous avons dit que l'artillerie du Prince Héritier était composée de canons de 96 et de 72. Cette dernière pièce, dite de 72 cerclée, perçait, si on s'en rapporte aux essais faits en Prusse à la même époque, des plaques de 0m208 millimètres à la distance de 456 mètres 1.

On appréciera mieux la puissance de l'artillerie

1 Ce résultat a lieu de surprendre, puisqu'il est semblable à celui obtenu avec le canon de 96. Nous l'indiquons néanmoins, parce qu'il est donné d'une manière très-affirmative dans les ouvrages suivants : Rapport militaire écrit de Berlin, 1866-1870, par le colonel baron Stoffel; Description du matériel d'artillerie prussien, d'après les ouvrages du capitaine Schott.

des cuirassés allemands, si on se rappelle que l'armement de nos frégates Gauloise, Surveillante, Revanche, etc., ne comportait que huit pièces de 24 centimètres lançant des projectiles de 144 kilogrammes, une pièce de 19 centimètres dont le projectile pèse 75 kilogrammes, et quelques pièces de 16 centimètres à peu près insignifiantes. Aux trois frégates cuirassées Roi Guillaume, Frédéric-Charles et Prince Héritier seraient venus se joindre, si la lutte avait eu lieu près des côtes, les monitors cuirassés Arminius et Prince Adalbert, armés l'un et l'autre de plusieurs pièces de gros calibre, marchant bien, surtout le premier, et tirant peu d'eau.

II

Plan de campagne définitif de la marine allemande. Dispositions maritimes prises par les Français. - Envoi de deux escadres, l'une dans la Baltique, l'autre dans la mer du Nord.

Dès le début des hostilités, dans la guerre franco-allemande, la situation, au point de vue maritime, se dessina nettement. Le 19 juillet, date de la déclaration de guerre, il y avait déjà plusieurs jours que les navires prussiens qui naviguaient dans les mers d'Europe s'étaient mis à

l'abri de toute atteinte, soit dans les ports de la Baltique, soit dans les ports de la mer du Nord. C'est le 16 juillet que l'escadre d'évolution, commandée par le prince Adalbert, prévenue à temps, sur les côtes d'Angleterre où elle évoluait, avait mouillé dans la Jahde.

Le rôle que devait jouer la marine de la Confédération avait été arrêté à l'avance dans les conseils du roi Guillaume. Les travaux de défense et l'armement des forts et batteries sur les côtes de la Baltique, et surtout à Kiel, étaient, en juillet 1850, parvenus à un état d'achèvement à peu près complet. Des torpilles, préparées depuis longtemps, étaient placées en réserve dans les arsenaux, et il suffisait d'un ordre du ministre de la guerre pour qu'elles fussent disposées aussitôt à l'entrée des ports et des fleuves. Telle était, au point de vue de la défense, la situation véritable des ports et du littoral allemand dans la Baltique. Cette situation avait été regardée à Berlin comme pleinement rassurante, et il avait été décidé qu'on ne laisserait dans cette mer que des corvettes en bois, des avisos et des canonnières, en un mot des bâtiments sans importance militaire. Quelle qu'ait été la confiance des Prussiens dans leur organisation militaire, confiance qui a amené cette guerre, ce n'est peut-être pas

sans appréhension qu'ils eussent laissé à Kiel des forces navales qu'une défaite sur le Rhin pouvait mettre, en même temps que cette importante position, entre les mains des Français et des Danois. C'est sans nul doute ce sentiment qui les avait conduits, en prévision des événements, à pousser énergiquement les travaux de défense et d'armement de la baie de Kiel entrepris en 1867. Il avait été arrêté à Berlin que les cinq navires cuirassés qui constituaient la véritable force maritime de la Confédération, resteraient dans la Jahde. La mer du Nord offrait à l'escadre prussienne une bonne position maritime et militaire. Les bâtiments allemands, mouillés à Wilhemshafen, prenaient le large, si une occasion d'agir se présentait, avec une bien autre facilité que s'ils fussent restés dans la Baltique, dont on ne peut sortir que par une seule issue, facile à garder, le détroit du Cattégat. Dans l'hypothèse de l'envoi d'une expédition française dans le nord, la présence des cuirassés prussiens dans la Jahde constituait contre notre flotte de transports une menace qui nous obligeait à un plus grand déploiement de forces maritimes, et à une surveillance extrêmement active des embouchures de l'Elbe, du Weser et de la Jahde. Enfin, au mouillage de Wilhemshafen, les cuirassés prussiens se trouvaient bien

placés pour défendre le cours de ces trois fleuves. L'Arminius et le Prince Adalbert, bâtiments à petit tirant d'eau, étaient dans de bonnes conditions pour surveiller les mouvements de nos navires le long du littoral. Telles étaient les dispositions, en ce qui concerne la marine, arrêtées en vue de la guerre dans les conseils du gouvernement allemand. Le plan de campagne adopté pour la marine était purement défensif. Il ne restait hors des ports allemands, quelques jours après la déclaration de guerre, que les bâtiments qu'il n'avait pas été possible de rappeler, c'est-àdire ceux qui servaient dans les stations lointaines. Ces navires étaient les corvettes Medusa et Hertha, dans les mers de l'extrême Asie, et dans l'océan Atlantique, la corvette l'Arcona et la canonnière le Météore.

Dès le début de la guerre, il parut manifeste que la supériorité maritime de la France ne serait pas contestée. Notre commerce continua à naviguer avec une sécurité entière, tandis que celui de l'ennemi s'arrêta immédiatement. Cette situation ne pouvait être maintenue qu'à la condition de bloquer les ports allemands, ou d'exercer une telle surveillance qu'aucune escadre, division ou bâtiment, ne pût sortir sans être poursuivi par des forces supérieures. Si on se rappelle ce que

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