Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

pour l'ennemi, puisque celui-ci n'avait pas ou avait peu de marine, harcelait les confédérés, coupait leurs communications avec la mer, et ne cessait de les frapper et de les affaiblir. Un jour arriva où une seule défaite des troupes du Sud devant Richmond, en 1865, livra aux fédéraux nonseulement cette capitale, mais toute la nouvelle confédération. A ce moment, derrière les quelques troupes qui restaient au général Lee, il n'y avait plus rien. Les États du Sud, malgré leur énergie, n'étaient plus capables d'aucun effort. Le vaillant et habile général Lee, qui avait balancé pendant aussi longtemps la fortune de ses adversaires, fut contraint de mettre bas les armes, et les quelques généraux confédérés qui tenaient encore la campagne suivirent son exemple. Ce n'est pas à dire que le Nord ait dû son triomphe à la marine. Le Sud était condamné à la défaite, et c'est un grand honneur pour ses généraux que d'en avoir retardé l'heure aussi longtemps. La nouvelle confédération devait fatalement succomber le jour où le Nord, ayant mis en œuvre ses immenses ressources, apparaîtrait sur les champs de bataille avec la supériorité que lui assuraient son argent, son industrie et le nombre de ses habitants. Il n'y

avait pas qu'une seule manière de faire la guerre, et le cabinet de Washington pouvait choisir entre plusieurs plans de campagne. Dans un pays où le sens maritime n'eût pas été aussi développé qu'aux États-Unis, la direction militaire n'eût probablement pas eu d'autre préoccupation que d'envoyer des renforts aux troupes qui opéraient en Virginie, afin de les mettre en état de refouler vers le sud, c'est-à-dire loin de Washington, l'armée confédérée. En ce cas, il ne restait à la marine rien autre chose à faire que de bloquer les côtes, et peut-être aussi de prendre part à quelques expéditions sans aucune influence sérieuse sur le résultat définitif de la guerre. Mais le Nord savait qu'il disposait de moyens maritimes considérables, et il voulait s'en servir. Aussi, sans se laisser troubler par les premiers succès des confédérés, par le voisinage de leur nouvelle capitale, la ville de Richmond, située à cent vingt kilomètres de Washington, le gouvernement fédéral adopta le plan de campagne qui lui permettait de profiter de sa supériorité maritime. C'est donc principalement comme système de guerre que la conduite des Américains se recommande à l'attention des marins et des militaires. Les derniers

événements nous ont montré que le savoir était aussi nécessaire à la guerre que le courage. Les grands succès militaires ont été de tout temps le prix de la valeur du soldat, unie à la science de ceux qui les commandent. Il est donc extrêmement utile que les questions relatives à la guerre soient discutées pendant la paix. Nous ne nous proposons pas seulement de rechercher si le plan de campagne adopté en France par le département de la marine a été conforme aux règles de la guerre, nous voulons également arriver à la formule des services que les flottes actuelles, composées de navires blindés, à grande vitesse, et puissamment armés, peuvent rendre dans une guerre continentale. Ce dernier point est d'un grand intérêt puisqu'il a trait à l'avenir, et que la construction du matériel dépend nécessairement de la manière dont il est envisagé.

LA

MARINE FRANÇAISE

ET LA

MARINE ALLEMANDE

PENDANT

LA GUERRE DE 1870-1871

PREMIÈRE PARTIE

I

Composition des forces navales de la France
et de l'Allemagne.

Dans les premiers jours du mois de juillet 1870, alors que la marine était encore sur le pied de paix, les forces navales présentes sur nos rades ou naviguant près des côtes, prêtes, en un mot, à se porter là où les circonstances l'exigeraient, étaient composées ainsi qu'il suit, savoir : quatre frégates cuirassées, Magnanime, Provence, Héroïne, Couronne; deux corvettes cuirassées, Montcalm, Atalante; un aviso, le Renard, composant l'escadre d'évolution de la Méditerranée, sous

les ordres de M. le vice-amiral Fourichon; à Cherbourg, les frégates cuirassées Gauloise, Flandre, et la corvette cuirassée la Thétis, appartenaient à l'escadre de la Manche, placée sous les ordres de M. le contre-amiral Dieudonné. Les autres navires en état de prendre la mer étaient des transports, des garde-pêche ou des stationnaires à vapeur, qui ne pouvaient être employés pour l'offensive. A l'extérieur, nous avions la corvette cuirassée la Belliqueuse, dans le Levant; une seconde corvette cuirassée, l'Alma, faisant route pour le Japon, et une frégate ou corvette à batterie, à hélice et en bois, dans chacune de nos stations navales des Antilles, de la Plata, des mers du Sud, de Bourbon et des côtes occidentales d'Afrique. Quelques corvettes à batterie barbette et quelques avisos complétaient les forces militaires que nous avions à l'étranger.

Aussitôt que la guerre fut résolue, on pressa l'armement des navires de guerre placés dans les différentes catégories de la réserve. Outre les navires destinés à la haute mer, on arma, pour la défense des rades et des côtes, les béliers le Taureau et le Cerbère, et quelques batteries flottantes. Des transports furent tenus prêts à recevoir une destination. A la fin de juillet ou dans les premiers jours d'août, nous avions en mer ou sur

« ZurückWeiter »