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fâcheux résultat de maintenir sur les escadres les officiers et marins que le département de la marine, beaucoup mieux avisé, a envoyés aux armées. C'est ainsi que les choses se sont passées aux États-Unis et au Paraguay, et c'est aussi ce qui aurait eu lieu en France, si des désastres extraordinaires, et que malheureusement on ne peut pas appeler immérités, ne nous avaient empêchés de faire la guerre. Si ces conclusions sont reconnues justes, s'il est strictement vrai que nous eussions agi d'une manière inintelligente et contraire aux règles de la guerre en faisant attaquer par la flotte, agissant seule et avec un matériel insuffisant pour un bombardement, Kiel et la Jahde, quelle autre ligne de conduite que celle qu'il a suivie le département de la marine pouvait-il adopter? Lui reprocherait-on par hasard de n'avoir rien fait quand il n'y avait rien à faire? Il y avait cependant quelque mérite, dans des temps où on confondait aussi facilement l'agitation avec le mouvement, à savoir s'abstenir de l'action quand l'action était une faute. Le rôle de la marine pendant la guerre peut se résumer en quelques mots : « Faire le nécessaire pour do>> miner sur mer, et consacrer ses ressources et >> le travail de ses arsenaux à la défense du terri>>toire. » C'est ainsi qu'elle a agi, et nous som

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mes convaincu que tous les écrivains militaires, à quelque nation qu'ils appartiennent, diront que dans la situation de la France elle ne pouvait pas et ne devait pas faire autre chose.

Nous avons traité ce sujet avec de grands développements, non-seulement à cause de l'intérêt qui s'y attache au point de vue du rôle de la marine pendant la guerre, mais aussi pour arriver à la formule des services que les flottes actuelles, à grande vitesse, blindées et puissamment armées comme artillerie, peuvent rendre dans une guerre continentale. Il n'est certainement pas douteux que, dans une guerre continentale, les flottes actuelles ne soient appelées à rendre des services, mais à la condition qu'elles se trouveront associées aux opérations de l'armée de terre. C'est lorsqu'elles agiront de concert avec l'armée, et lorsque le but particulier assigné à leurs efforts se rattachera au plan général, qu'elles seront le plus utiles et qu'elles remporteront les plus grands succès. Nous allons essayer de le démontrer dans la deuxième partie de ce travail, en nous appuyant sur des exemples empruntés à notre propre histoire et sur les événements maritimes de la guerre de la Sécession et de l'expédition du Paraguay.

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DEUXIÈME PARTIE

I

Aperçu des principales opérations exécutées par les flottes en dehors des rencontres en pleine mer, de 1643 à 1851.

Lorsque deux puissances maritimes sont en guerre, chacune d'elles s'efforce, par tous les moyens à sa disposition, de réduire à l'impuissance les forces navales de son adversaire. Si un des deux belligérants parvient à fermer la mer à son ennemi, soit en bloquant ses ports, soit en exerçant sur mer un tel ascendant que celui-ci n'ose plus y aventurer ses bâtiments, le but est pleinement atteint. Être maître de la mer, c'està-dire y voir circuler librement ses bâtiments, tandis que ceux de l'ennemi restent confinés dans ses ports, telle est la marque de la supériorité maritime. Il est de toute évidence qu'un semblable résultat ne peut être obtenu par une des deux nations entre lesquelles la lutte est en

gagée que par suite d'une très-grande supériorité, au début de la guerre, ou après des victoires successives ayant eu pour conséquence l'affaiblissement à peu près complet, si ce n'est la destruction des ressources maritimes de son antagoniste. Supposons, quelle qu'en soit la cause, un des deux belligérants en possession de cette situation. La marine qui aura accompli cette première partie de sa tâche recherchera si elle n'a pas la possibilité de sortir de l'inaction relative à laquelle elle se trouve condamnée, puisque toute action offensive sur mer semble lui être interdite. Que peut-elle faire et quelles sont les opérations auxquelles il lui est donné de prendre part? Si le matériel se transforme avec les progrès de la science et de l'industrie, les principes sur lesquels s'appuie l'art de la guerre ne changent pas. Il n'est donc pas inutile de jeter un coup d'œil en arrière, et d'examiner ce qui s'est passé dans le cours des longues guerres qui ont eu lieu entre la France et l'Angleterre, lorsqu'une des deux nations s'est trouvée maîtresse de la mer, d'une manière permanente, ou temporaire, soit enfin lorsque l'une d'elles a cherché, en dehors du champ de bataille maritime, un moyen de nuire à son ennemi. Nous le ferons très-rapidement jusqu'au moment où commence, d'une manière sé

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