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trou à la partie inférieure, et que ce trou ne laisse aucune bavure dans l'intérieur.

Ainsi choisis, ces petits pots, auxquels les jardiniers donnent ordinairement le nom de godets, coûteront 5 centimes pièce ou 4 francs le cent, prix fort élevé, sans doute, mais qui se justifie par la difficulté de fabrication; peu d'ouvriers, en effet, les réussissent parfaitement.

Pour remplir le vase il faut de la terre, de la terre de bruyère, bien entendu, et de la meilleure. Vous préférerez celle qui est en grosses mottes parsemées de petits grains de sable blanc et se rapprochant pour la couleur du marc de café. Vous ne vous contenterez pas d'écraser ces mottes et de trier les racines, comme pour rempoter un camélia, une azalée ou toute autre plante déjà forte; vous passerez au crible fin, et si vous pensez qu'ainsi préparée votre terre ne contient pas un quart au moins de petit sable, vous en ajouterez pour arriver à cette proportion. Ce n'est pas tout; quelquefois, la terre de bruyère est sèche, et dans ce cas elle ne prend pas l'eau; il m'est arrivé d'arroser huit jours de suite une plante nouvellement rempotée, et de m'apercevoir au bout de ce temps que l'humidité n'avait pas encore gagné le fond du pot. C'est un grave inconvénient; il faut, pour y remédier, réunir d'abord la terre en tas et pratiquer, au milieu de ce tas, un trou en forme de bassin, à peu près comme les maçons lorsqu'ils préparent leur sable pour faire le mortier. Versez alors une petite quantité d'eau dans le trou, recouvrez avec les bords, attendez quelques instants, puis remuez avec une petite pelle, ou mieux, avec les mains jusqu'à ce que la terre et l'eau soient bien mélangées et ne fassent plus qu'un tout parfaitement homogène.

Il ne vous reste plus qu'à remplir vos pots; avant de le faire, cependant, il faut encore draîner, c'est-à-dire, placer au fond de chaque petit vase une pincée de sable, puis vous mettez la terre et vous plantez comme je l'ai dit plus haut.

L'opération terminée vous rassemblerez vos jeunes plantes dans un endroit bien ombragé de la serre ou de l'orangerie,

soit sur le sol même, soit sur une banquette, pourvu que les pots se trouvent près les uns des autres et parfaitement d'aplomb sur leur base. Vous mouillerez alors légèrement avec un très-petit arrosoir et sans battre la terre, puis vous attendrez trois ou quatre heures afin que le tout puisse se ressuyer convenablement; après quoi vous placerez à demeure sur couche, sous bâche, sous châssis ou sous cloche, mais toujours parfaitement à l'ombre, car un seul coup de soleil sur ces pauvres petits végétaux si faibles et si tendres produirait le plus désastreux effet. Au bout de quelques jours vous donnerez de la lumière après le coucher du soleil et vous recouvrirez le lendemain, aussitôt que ses rayons viendront frapper votre bâche, vos châssis ou vos cloches; en un mot, pour que la reprise soit prompte et facile, il ne faut pas que les feuilles, les tiges même de votre jeune plant soient fannées ou renversées par l'excès de la lumière ou de la chaleur; vous les habituerez donc peu à peu à supporter l'action de ces deux agents fort utiles d'ailleurs pour une bonne végétation.

Enfin, quand votre collection aura grandi et que les godets seront bien garnis de racines, vous ferez un premier rempotage en donnant des vases de 7 à 8 centimètres, puis un second dans des pots de 10 à 12 centimètres, et voilà tout. Qu'il me soit permis, cependant, de raconter une petite histoire qui me semble venir à propos, et dont le lecteur pourra tirer profit.

Il y a quelques années, je vis un homme que j'avais connu riche; il était devenu pauvre et demeurait à la campagne dans une maisonnette dont il cultivait avec amour le petit jardin. Vous savez, me dit-il, que j'aimais les fleurs, vous avez vu ma serre meublée de végétaux précieux, de plantes rares et nouvelles, tout a disparu, je devrais être bien découragé, n'est-ce pas! eh bien, mon cher ami, c'est une passion maintenant; j'ai des fleurs communes qui ne me coûtent rien, mais que je trouve mille fois plus belles et que je préfère à ces raretés exotiques si coûteuses et si délicates. Venez visiter mon établissement, je serai vraiment heureux de vous montrer mes richesses.

Je suivis mon ancien ami; arrivés à son ermitage, je fus introduit dans le jardin. Je ne puis vous faire aujourd'hui la description de ce charmant éden; exquise propreté, soins intelligents, disposition gracieuse et tenue parfaite de toutes les plantes et de tous les arbres qui ornaient les plates-bandes et les massifs, tel fut le résumé de mes premières impressions. En examinant de plus près, je fus encore émerveillé, je l'avoue, de l'esprit inventif, de l'adroite économie avec lesquels notre industrieux horticulteur avait su se procurer les moyens d'exécution cloches, châssis, serres, tout avait été construit et fabriqué par lui-même; mais je me hâte d'arriver au dénouement. Après avoir tout visité au dehors, j'entrai dans une petite bâche, c'était l'atelier de multiplication; là, sur une banquette étaient rangées des caisses plates semblables à celles dans lesquelles les tailleurs font voyager leurs habits, au fond des caisses on voyait une couche de son de bois, et sur cette couche une multitude de coquilles d'œuf, ou plutôt de moitiés de coquilles placées sur leur petit bout, pleines de terreau et dans chaque coquille une petite plante gentille et vermeille provenant de semis ou de boutures. Ce sont là mes godets et mes pots à boutures, dit mon ami, qui paraissait jouir de ma surprise; vous les payez bien cher, vous, souvent ils ne sont pas bons; moi, j'en ai d'excellents qui ne me coûtent rien, et voilà comment: Quand ma ménagère fait une omelette je lui recommande de casser les œufs avec soin et de me garder les deux parties de la coquille que je laisse sécher pendant quelque temps, puis je prends une à une ces moitiés de coquille, je les perce au fond de la partie concave avec une aiguille à tricoter, je les remplis de terreau fin, j'y sème une graine de pervenche ou de réséda, je la mets sur ma couche, le tour est fait. Je me le tins pour dit et m'empressai d'expérimenter chez moi le nouveau procédé qui me donna d'excellents résultats. Depuis cette époque je plante des résédas dans des coquilles d'œuf, je n'en manque pas un, j'emploie le mème moyen pour repiquer les petites giroflées, les pervenches de Madagascar et autres

plantes pivotantes d'une reprise difficile. Je m'en trouve très-
bien; enfin, j'engage tous les jardiniers à ne pas négliger ce
petit moyen pour semer des melons sur couche. On met deux
graines dans chaque coquille, quand elles réussissent toutes
les deux on supprime la moins belle, puis lorsque le melon est
châtré, qu'on veut le mettre en place, on presse un peu la
coquille dans la paume de la main, elle se brise; on enlève
deux ou trois parcelles pour donner passage aux racines; c'est
tout ce qu'il faut; plantez ainsi, la reprise est assurée et votre
melon végétera sans s'inquiéter des débris de la coquille qui
ont été enfouis avec lui.
F. BONCENNE.

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PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE (1)

DE LA MATURATION DES FRUITS (Suite)

MON CHER DIRECTEUR,

Aux Chênes, le 16 janvier 1868.

Avec quelle impatience j'ai attendu, puis ouvert votre numéro de décembre, espérant y trouver la réponse à mes questions! Mais aussi quelle n'a pas été ma déception ! Une phrase bienveillante de vous, et puis plus rien. C'est trop et pas assez.

Me serais-je donc jeté à l'étourdie, moi ignorant, dans une voie non encore explorée par la science? S'il en est ainsi, me voilà réduit à m'égarer dans l'inconnu, à errer dans le vaste champ de l'hypothèse. Il me faut ou bien imaginer, ou soutenir un système plus ou moins rationnel, procédé assez familier aux savants eux-mêmes, ou bien poser de nouvelles questions qui resteront peut-être longtemps sans réponse. C'est ce dernier parti que je vous demande la permission de choisir, comme étant celui par lequel on épargne aux autres l'erreur en l'évitant soimême, c'est-à-dire le plus honnête et le plus sage.

(1) Voir notre numéro de novembre 1867.

J'ai tenu à mettre en relief, dans ma précédente lettre, un fait que personne n'ignore : les fruits conservent, après leur séparation d'avec les plantes mères, une vie propre, dont les phases diverses s'accomplissent régulièrement, même dans des conditions autres que celles de la vie ordinaire nourriture, chaleur, lumière, aération, influences atmosphériques, etc. Ensuite, j'ai demandé quelle était la loi qui régissait l'une des phases de cette vie, celle de la maturation. Aujourd'hui, j'irai plus loin encore, je serai plus indiscret dans mes questions.

Voici un fruit, être organisé et doué d'une sorte de vie..... dirai-je végétale? Cet être est en pleine activité; il travaille à sa maturation. Des lois, des agents inconnus contraignent les diverses substances dont il est formé à se combiner entre elles, de manière à lui faire subir une transformation lente mais complète, toujours la même, qui commence à la verdeur et finit à l'entière désorganisation. Divisons cette existence du fruit en trois époques correspondant à celles de la vie ordinaire période ascendante, période pleine et période décroissante. Ce sera d'abord la verdeur plus ou moins éloignée de la maturité, puis l'entière maturité, enfin la maturité plus ou moins avancée. Il est évident que si, à l'une ou l'autre de ces époques, on soumet le fruit, préalablement écrasé, à une pression suffisamment puissante, pour en exprimer le jus, ce jus contiendra la plus grande partie des substances qui composaient le fruit lui-même ; substances qui continueront à se trouver en présence les unes des autres, dans des conditions différentes, il est vrai, d'ordre et de milieu, mais suivant des proportions sensiblement égales. Le principal changement apporté consistera dans ce fait que le jus exprimé sera mis en grand contact avec l'air atmosphérique, tandis qu'au sein du fruit, il ne communiquait avec lui que dans une mesure très-faible et par l'organe ténu et serré des pores.

Attachons-nous maintenant à la première époque de la maturation, et prenons pour exemple des raisins parvenus aux trois quarts de leur maturité. Ecrasons-les et pressons-les

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