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Jamais, depuis que Noé planta la vigne, on ne l'avait autant torturée qu'aujourd'hui pour la faire produire à outrance. A chaque instant de nouveaux systèmes de culture, de taille, etc., surgissent dans les journaux, systèmes qui doivent tous infailliblement remplir les celliers et qui, après quelques semaines d'examen et de discussion, ne se trouvent être que de vieux systèmes abandonnés et repris.

On connait depuis longtemps la méthode à laquelle le docteur J. Guyot a donné son nom, mais qui existait, ainsi qu'il le reconnaît luimême, bien longtemps avant qu'il l'eût préconisée. Elle consiste à cultiver le cep près de terre, à tailler à deux yeux devant former deux sarments, l'un couché horizontalement et l'autre tenu verticalement. Le premier est destiné à porter des raisins beaux et nombreux, le deuxième à être taillé l'année suivante et à continuer la vie du cep. Ce système n'est avantageux que pour les plants vigoureux, qui ne donnent des raisins qu'à l'extrémité de leurs sarments, les yeux près du cep ne se développant que difficilement. Les vignerons de la basse Bourgogne et du Beaujolais, qui cultivent de préférence le petit Gamet, peu vigoureux et très-fertile, repoussent cette méthode et lui préfèrent le cep formant buisson.

Un jardinier d'origine hollandaise, qui a vécu longtemps en Autriche, M. Hooibrenk, a voulu perfectionner le système Guyot et est venu, l'automne dernier, à Paris pour préconiser son système. Epaulé par quelques hommes bien posés, mais peu versés dans la viticulture, vanté à outrance par quelques jardiniers camarades qui croiraient volontiers aux sorciers, s'il y avait encore des sorciers, proclamé par un journal horticole comme le créateur d'une méthode appelée à faire une révolution... viticole, M. Hooibrenk est devenu en peu de temps un grand personnage.

Malheureusement pour lui, la Société d'horticulture de Paris, jalouse de remplir convenablement sa mission, a voulu voir clair dans cette affaire, et a chargé plusieurs de ses membres les plus compétents

d'examiner et de juger la nouvelle méthode. Cette commission s'est transportée au château de Roquencourt, chez M. Fournier, jardinier de Mme Furtado, où des spécimens du système lui ont été exhibés. Elle n'a vu dans l'invention de M. Hooibrenk que la méthode Guyot, avec cette légère différence qu'au lieu d'être horizontale la branche coursonne était inclinée à 12 ou 45 degrés. Elle a jugé ce système défectueux, parce que tous les yeux ne se développent pas uniformément sur la branche inclinée comme sur la branche tenue horizontalement dans le système Guyot. Peut-être la méthode faciliterait-elle le développement des sous-yeux des plants vigoureux qui, nous l'avons dit plus haut, restent latents et ne portent pas des fruits; mais, dans ce cas, ce serait au détriment des bourgeons de l'extrémité de la branche inclinée qui sont seuls productifs.

Voilà donc un prétendu nouveau système condamné par la science et l'expérience. Mais cela n'a pas empêché un autre cultivateur de mettre. en avant un autre système de son invention. Cet inventeur est du département du Puy-de-Dôme. Il veut nous faire manger des raisins. jusqu'à Pâques ou à la Trinité.

On sait que pour conserver des raisins on coupe le pampre qui les porte et qu'on le met dans une fiole remplie d'eau mêlée de charbon de bois pilé, etc. L'inventeur dont nous venons de parler propose de planter la vigne en espalier, à un mètre de distance, de lui laisser à la taille, suivant le système Guyot, deux bourgeons devant produire deux sarments qui seront conduits en zig-zag et dont l'un sera condamné par le pinçage à ne produire que tous les deux ans. Avant les gelées on coupera le sarment chargé de belles grappes: on le portera au fruitier pour mettre le talon dans une bouteille remplie d'eau mêlée de poussière de charbon; on bouchera ensuite hermétiquement la bouteille; on appuiera le sarment contre le mur et on pourra de cette manière faire vendange au fruitier pendant tout l'hiver.

Si ce système réussissait, qu'arriverait-il? On négligerait les poires pour croquer les raisins, comme on néglige les pommes quand on a des poires. Mais, en attendant, nous conseillons aux amateurs de ne pas arracher leurs poiriers.

La plupart de nos lecteurs connaissent déjà sans doute le système de classification des pêchers, de M. Buisson, amateur distingué des en

virons de Grenoble. Il consiste dans l'existence ou la non-existence de glandes, placées à l'extrémité du pédoncule de la feuille, sur les bords inférieurs de celle-ci, et dans la forme de ces glandes; il consiste aussi dans la dimension et le coloris des fleurs, divisées en trois catégories les grandes, les moyennes, les petites.

M. Buisson ne se pose pas comme l'inventeur de ce système. Dès 1840, un célèbre amateur des environs de Paris, M. Desprez, le mettait au jour. Ensuite, pendant vingt ans, MM. Poiteau, Vilmorin et autres horticulteurs écrivains, le discutaient et le préconisaient dans le Bon Jardinier. Le savant botaniste anglais Lindley, créait en même temps à Londres sur le même sujet une autre méthode qui avait beaucoup de rapports avec celle de M. Desprez, et qui, loin de contredire celle de M. Buisson, ne fait que la corroborer. Tels sont les éléments que M. Buisson s'est procurés, qu'il a fondus, limés, polis pour en faire une méthode perfectionnée et à laquelle un savant botaniste regretté, M. Seringe, donna le nom de son ami.

Un pépiniériste lyonnais a voulu aussi manipuler cette matière et en faire un système à lui, portant son nom. Mais ce nouveau système est né manchot et boiteux. Quoique le congrès pomologique, dans sa session d'Orléans, en 1861, l'acclamât et lui donnât des béquilles pour marcher, il n'a pu aller que jusqu'à la session de Montpellier, en 1862, où ses béquilles lui ont été enlevées par le même congrès.

Le système du pépiniériste dont il s'agit n'avait demandé à son auteur ni beaucoup de science, ni beaucoup de peine; il consistait tout simplement dans la conjonction et. M. Buisson avait dit qu'il y a des fleurs grandes, des fleurs moyennes et des fleurs petites; notre pépiniériste dit: Il y a des fleurs grandes, des fleurs moyennes et petites. Sur la proposition de M. Paul de Mortillet, arboriculteur distingué des environs de Grenoble, le congrès pomologique, dans sa session d'automne dernier, tenue à Montpellier, est implicitement. revenu au système Buisson. Il a décidé: « que la classification du pêcher serait étudiée de nouveau, surtout en ce qui a rapport à ses fleurs; que la Société d'horticulture de Grenoble et celle de Tours seraient invitées à transmettre à toutes les sociétés d'horticulture de France une note à ce sujet, indiquant les divers caractères qui peuvent servir de base à un classement méthodique et rationnel, en les priant de faire part du résultat de leurs observations au congrès, lors de sa prochaine réunion.

M. de Mortillet dit dans une circulaire de la Société d'agriculture

et d'horticulture de Grenoble, où nous puisons ces renseignements:

"Si j'ai trouvé une opposition prononcée dans le congrès, je dois dire que j'ai rencontré aussi un énergique soutien dans M. RouilléCourbe, chargé également par la Société d'horticulture de Tours de soutenir les trois divisions de fleurs. Plusieurs autres membres de la commission hésitaient dès le principe, et tous ont fini par convenir qu'une nouvelle étude devenait nécessaire.

» Je dois mentionner encore une observation de M. Rouillé-Courbe qui a, selon moi, beaucoup d'importance, savoir: qu'il est plus facile de distinguer les moyennes fleurs des petites par la couleur, à une certaine distance des arbres, qu'en s'en tenant trop rapproché: le rose uni des moyennes fleurs et la couleur terne et pâle des petites ressortent alors infiniment mieux. M. Rouillé-Courbe citait un espalier de pêchers dirigés en cordons obliques qui, à l'époque de la floraison, présentait un aspect aussi tranché que le serait celui d'un étalage de rubans de divers roses, et où il était impossible de se méprendre, à une certaine distance, entre les moyennes et les petites fleurs. Le mode de procéder de la commission de Lyon aurait donc été défectueux sous ce point de vue.

» M. Rouillé-Courbe indiquait encore que les sépales sont habituellement plus petites dans les fleurs moyennes que dans les petites : c'est encore un caractère à étudier. »

Les Sociétés d'horticulture de Grenoble, de Tours, de Montpellier, de Toulouse, de Bordeaux, etc., s'occupent aujourd'hui du système de M. Buisson, qui ne peut manquer de triompher, car il a pour lui la vérité.

La Société d'horticulture de l'Ain n'a pas un journal spécial pour publier mensuellement les travaux de ses séances; mais, ce qui vaut mieux, elle publie à la fin de chaque année une brochure où sont résumés ses travaux les plus importants. Celle qui a paru en décembre dernier renferme des articles fort bien écrits sur des sujets horticoles intéressants. Nous avons surtout remarqué celui de M. Mas, président de la société, sur le Jardin de la Ferme; celui du docteur Tiersot, secrétaire de la société, sur la création et l'organisation de celle-ci; l'Appel au zèle des instituteurs, par M. Vincent, directeur de l'école normale, etc.

M. Mas, arboriculteur renommé, fera un cours d'arboriculture à Ambérieu-en-Bugey, en mars prochain. Il ne peut manquer d'avoir du

succès.

En automne dernier, une belle exposition des produits agricoles et horticoles normands a eu lieu à Aunay-sur-Odon, village de 2,000 âmes, du Calvados. Il avait été organisé par les soins du comice créé par M. Victor Châtel, agronome renommé autant par sa science que par son zèle et son dévoùment, et auquel on doit d'ingénieuses méthodes et d'excellents procédés de culture.

Dans ce pays, les instituteurs emploient une partie des congés et des récréations de leurs élèves aux cultures horticoles, et les produits obtenus figurent honorablement dans les expositions.

Celle d'Aunay-sur-Odon a été une véritable fête pour le pays. « Tout le monde, nous écrit-on, grands et petits, pauvres et riches, administrateurs et administrés, avaient voulu concourir aux dépenses de cette fête; d'humbles ménagères, de jeunes enfants avaient souscrit. » J. CHERPIN.

CAUSERIE HORTICOLE.

DE LA CRÉATION DES JARDINS pittoresques SUR UNE GRANde ou petite superficie DE TERRAIN.

Aujourd'hui que le goût du jardin pittoresque est généralement répandu et que l'on a compris que l'imitation de la nature est préférable à la forme régulière et symétrique, si longtemps appliquée aux jardins, nous croyons être agréable à nos lecteurs en leur donnant quelques notions sur la création et la composition du jardin pittoresque.

Nous nous occuperons d'abord du jardin connu sous le nom de jardin bourgeois ou jardin anglais. Nous entendons par cette dénomination la scène pittoresque que l'habitant des villes peut créer dans l'étendue toujours restreinte que lui offre le voisinage des villes populeuses.

Choisir le terrain sur lequel on a l'intention d'élever sa maison de campagne, et les plantations qui doivent l'embellir, est chose qui se rouve rarement. Tel terrain dont la situation vous charmerait et dont

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