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- Si nous jugeons de l'effet que produira la pluie après la séche resse, sur quelques arbres fruitiers, par ce que nous venons de voir, nous aurons bientôt des fleurs.

Nous avons vu un poirier dont les feuilles étaient tombées et dont les branches étaient ridées. Pour rétablir ces dernières, dans leur état normal, on avait copieusement arrosé l'arbre à plusieurs reprises. Maintenant ses bourgeons à fruit se développent; dans quelques jours il aura de nouvelles fleurs et de nouvelles feuilles comme si c'était au printemps. Ce que nous venons de voir sur cet arbuste, se reproduira certainement, après les pluies actuelles, sur beaucoup d'arbres souffreteux. L'année prochaine, ces arbres seront stériles.

LA COCHYLIS DE LA GRAPPE DE RAISIN.

Cet insecte, connu dans la Bourgogne et le Beaujolais sous le nom de ver rouge, par opposition au ver de la vigne ou pyrale, sur le territoire d'Aï en Champagne sous le nom de ver de la Vendange, dans le Lyonnais sous le nom de ver vert, appelé dans d'autres localités teigne des grains, ver coquin, est, après la pyrale, un des ennemis les plus redoutables de la vigne. Ses dégâts, sans être aussi grands, ont causé dans certaines années des pertes considérables. M. Morelot, dans sa statistique de la vigne du département de la Côte-d'Or, établit que durant 1804, 1813, 1821 et surtout 1836, la teigne de la vigne a commis de grands ravages dans ce département. Dans le Mâconnais, en 1830, on attribuait au ver rouge la perte des trois quarts de la récolte en 1837, presque tous les raisins épargnés par la pyrale, se trouvèrent à l'automne ravagés par la cochylis. On a vu pendant plusieurs années les vignes de Seine-et-Oise dévastées à l'époque de la récolte par cet insecte. Les départements de l'Yonne, de la Nièvre, de Maine-et-Loire, de la Charente-Inférieure, du Loiret, ont eu également à souffrir de ses attaques, tant à l'époque de sa floraison qu'à celle des vendanges. Les vignobles du Beaujolais et du Mâconnais, depuis bien longtemps, n'ont autant souffert du ver rouge que cette année-ci: dans les terres fortes, et à l'exposition du nord surtout, il a détruit le quart et quelquefois le tiers de la récolte. Il est done important que les propriétaires de nos vignobles connaissent cet insecte et sa manière de vivre, afin de pouvoir le détruire et s'en préserver.

Comme personne n'oserait, et moi moins que tout autre, parler sur ce sujet avec autant d'autorité et de savoir que l'auteur de l'Histoire des insectes nuisibles à la vigne (1), ce chef-d'œuvre de savoir et de patience, je n'ai rien de mieux à faire que de copier textuellement les passages les plus importants, concernant la Cochylis de la grappe. Je passe sous silence la description purement anatomique, intéressante seulement pour les savants, et j'arrive aux mœurs et aux habitudes de cet insecte.

« Dès le mois d'avril, dit Audouin, on peut apercevoir dans les vignes les petits papillons de la Cochylis; ils ont à peine la grosseur d'une mouche d'appartement, et, lorsqu'ils sont au repos, leurs ailes serrées l'une contre l'autre, sur les parois du corps, forment une sorte de crête et leur donnent un aspect tout différent de celui du papillon de la pyrale, dont les ailes sont étendues presque horizontalement. On en voit quelquefois voltiger isolément pendant le jour; mais habituellement durant l'ardeur du soleil, ils restent immobiles et cachés sous les feuilles de la vigne, et on ne les aperçoit en grand nombre qu'au crépuscule du matin et du soir. Ces papillons s'accouplent peu de jours après être sortis de la chrysalide, et vont ensuite déposer leurs œufs sur les bourgeons ou sur les jeunes grappes. C'est dans le courant du mois de mai, et généralement au moment de la floraison de la vigne, que les petites larves sortent des œufs et commencent à attaquer les grappes naissantes. Ces petites chenilles sont très-agiles: elles marchent avec rapidité en avant ou à reculons, et se laissent tomber quand on les inquiète, comme le font les chenilles des pyrales.

» La chenille de la Cochylis n'attaque jamais les feuilles de la vigne, elle tend bien des fils comme la pyrale; mais elle ne s'en sert que pour réunir en tresses les fleurs de raisin ou les petits grains; une fois cachée sous cet abri, elle attaque les fleurs par le calice et en détruit bientôt complètement un grand nombre. Les chenilles de cette première génération font par conséquent un tort immense aux vignes: car les fleurs ou les petits grains ne leur offrant qu'une nourriture peu abondante, elles sacrifient un grand nombre de grappes à leur voracité. On a calculé qu'à cette époque trois chenilles suffisaient pour dévorer complètement une grappe de grosseur ordinaire.

» C'est à la fin du mois de juin, ou durant les premiers jours de

(1) Paris 1842. Fortin, Masson et Cie, place de l'Ecole-de-Médecine, 1.

juillet, que la chenille de la Cochylis, après s'être réfugiée entre les petits grains flétris ou desséchés qu'elle a réunis par des fils, se construit une coque soyeuse dans laquelle elle se transforme en chrysalide; elle passe douze à quinze jours sous cette forme et, dans la seconde quinzaine de juillet, on retrouve de nouveau, sur les vignes, de petits papillons semblables à ceux qu'on y avait observés au commencement de mai. Ceux-ci déposent presque aussitôt leurs œufs, et de ces œufs placés ordinairement sur les grains même du raisin, sort peu de jours après, une nouvelle génération de chenilles non moins voraces que celles qui les avaient précédées et dont les dégâts deviennent d'autant plus pénibles pour le cultivateur que, durant un mois entier, il a pu se croire délivré de ses ennemis. En effet, pendant qu'elle est à l'état de chrysalide, de papillon et d'œufs, la Cochylis ne nuit en rien aux vignes qui reprennent bientôt toute leur vigueur; mais ce calme apparent n'est que l'annonce de nouveaux désastres, et le mois d'août vient détruire tout l'espoir du vigneron.

Les grains du raisin, qui ont déjà acquis à cette époque une certaine grosseur, sont tout aussitôt perforés par les jeunes chenilles qui, passant leur tête et même quelquefois une grande partie de leur corps dans le petit trou qu'elles ont pratiqué, dévorent toute la substance charnue qui se trouve contenue dans le grain, et même jusqu'aux pepins.

» On a évalué que chaque chenille de cette seconde génération consommait quatre à cinq grains de raisin entiers pendant la durée de sa vie; mais elle se trouve en détruire un nombre bien plus considérable, car elle en entame souvent plusieurs qu'elle laisse à moitié mangés et qui, se moisissant promptement, surtout si la saison est pluvieuse, amènent bientôt de proche en proche la destruction complète de la grappe et la maladie nommée pourriture par les vignerons. Cette seconde invasion, où les chenilles en outre sont souvent plus nombreuses qu'au printemps, est donc au moins aussi nuisible aux vignes que la première, à moins toutefois que la température générale de l'année n'ait été assez élevée pour qu'on puisse faire la récolte de bonne heure, ou que la sécheresse n'ait été suffisante pour s'opposer à la pourriture.

» Les chenilles de Cochylis atteignent ordinairement leur développement complet vers la fin de septembre ou vers le commencement d'octobre; elles abandonnent alors les grappes qui leur avaient servi

de nourriture, et, cherchant un refuge dans les fissures des ceps de vignes, ou sous les esquilles des échalas, quelquefois même restant à la surface de ceux-ci, elles se filent un petit cocon d'un soie fine, d'un gris blanchâtre et d'une forme ovalaire, et qui est souvent enveloppé lui-même de fragments de bois ou d'autres corps étrangers. C'est dans l'intérieur de ce cocon qu'elles se métamorphosent en chrysalides pour rester dans cet état jusqu'au mois d'avril de l'année suivante, époque à laquelle les petits papillons recommencent à paraître. »

Contrairement aux habitudes de la pyrale, qui n'a jamais qu'une génération chaque année et passe l'hiver à l'état de larve, la Cochylis produit tous les ans deux générations et passe l'hiver à l'état de chrysalide. C'est dans cet état, et pendant l'arrêt de la sèvè, qu'il serait possible de détruire cet insecte par l'échaudage, ce procédé si simple, qui nous a préservés de la pyrale. Le savant auteur de l'Histoire des Insectes, enlevé par la mort avant d'avoir pu mettre la dernière main à son remarquable ouvrage, publié plus tard par les soins de sa famille et de ses amis, n'avait pas connaissance de ce préservatif qui ne fut pratiqué en grand et avec succès, dans le Mâconnais et le Beaujolais, que quelques années après sa mort. Il conseille seulement, comme moyen de destruction, de râcler le plus possible les parties des ceps où les cocons se trouvent placés extérieurement, en ayant soin de brûler tous les détritus que l'on enlèverait, et de soumettre à unc fumigation énergique les échalas qui renferment souvent, sous leurs esquilles, un grand nombre de chrysalides.

Je crois que la vapeur de l'eau en ébullition, conduite dans une étuve où serait renfermée une certaine quantité d'échalas, serait un moyen plus sûr pour détruire complétement toutes les chrysalides qu'ils pourraient recéler: quelques expériences faites avec soin suffiraient du reste pour éclaircir ce point important. D'ailleurs, ce ne serait qu'autant que l'on apercevrait en février ou mars, lors de la taille, une certaine quantité de chrysalides qu'il serait urgent d'avoir recours aux moyens que nous venons d'indiquer. Les papillons, qui se sont montrés moins nombreux en juillet qu'ils ne l'étaient au printemps, doivent nous faire espérer que nous en serons quittes pour les dégâts de la première génération, ordinairement la plus dangereuse, et comme les vendanges se feront dans le courant de septembre, les vers occupés encore à sucer la graine du raisin, trouveront la mort dans la cuve avant leur métamorphose en chrysalide.

V. P.

LES ROSES D'ÉTÉ.

Juillet et août sont ordinairement les mois de la chaleur et de la sécheresse, et un temps d'arrêt pour la végétation; car s'il faut de la chaleur aux plantes pour prospérer, il leur faut aussi de l'humidité. Sans l'humidité, les suçoirs des racines ne peuvent plus fonctionner, c'est-à-dire trouver dans la terre endurcie ou réduite en cendre, suivant sa nature, une nourriture suffisante pour l'alimentation des plantes. Celles-ci restent donc dans un état de langueur pendant la durée de la sécheresse et perdent même quelquefois leurs feuilles. L'humidité sans la chaleur cause la pourriture de ces mêmes suçoirs, et les plantes désorganisées dans leur partie essentielle périssent. Voilà ce que les savants nous ont appris dans leurs livres, et, après avoir soumis leur enseignement à la pratique, nous sommes resté convaincu que cette fois ils avaient raison.

Pour ne parler que d'un genre de plantes, éminemment ornemental, des rosiers, nous considérons comme privilégiées par la nature les variétés qui, dans des conditions aussi difficiles que celles d'une sécheresse intense comme celle d'aujourd'hui, continuent à fleurir.

Leurs fleurs sont, il est vrai, pâles et maigres; mais elles existent et figurent encore avec distinction dans les bouquets composés de toutes sortes d'autres fleurs.

Nous avons noté les variétés qui se comportent le mieux dans les circonstances actuelles; voici leurs noms :

Les Thés, les Bengales, les Noisettes, les Iles-Bourbons, francs de pied, en général; mais surtout parmi les Iles-Bourbons: Souvenir de la Malmaison, Mistriss Bosanquet, Comtesse de Barbantane; parmi les Hybrides Toujours fleuri, Louise Perony, Cavaignac, Léon Kotchoubey, Victor Trouillard (assez vigoureux, greffé sur racines), Duchesse de Cambacérès, Gloire de Lyon, Duchesse d'Orléans, Souvenir. de la Reine des Belges, Prince Impérial, Edouard Ory, Julie de Saint-Aignan, Comtesse de Chabrillant, Alice Leroy, Madame Knorr, Madame Domage, Marie de Bourges, Victor Verdier, Mère de saint Louis, Robert de Brie, Pierre Dupont, docteur Henon, Robert Fortune, Madame Furtado, Desgrand, L. Descours.

Avec ces espèces ou variétés, et quelques autres que nous oublions, on aura des roses pendant toute la belle saison. J. C.

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