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les feuilles, au pied des arbres et dans les vieilles murailles. Quelquesuns, à l'approche de l'hiver, pénètrent dans les maisons et s'y établissent comme les souris. J'ai pris moi-même deux ou trois musaraignes dans le placard d'une salle à manger, où, sans doute, elles étaient attirées par les cloportes et les autres insectes qui abondent dans les lieux frais et obscurs.

L'espèce la plus commune, la musette (sorex vulgaris), est presque européenne; on la trouve en France, en Italie, en Allemagne, etc.; elle paraît très-féconde et fait par année plusieurs portées dont chacune se compose de six à huit petits. Comme elle est presque aveugle, elle palpe et flaire, avec sa trompe, tous les objets qu'elle rencontre. La conque externe de ses oreilles est large et singulièrement développée; la couleur de la robe varie assez souvent; chez certains individus, elle est brune ou roussâtre, chez d'autres presque blanche.

On appelle musaraigne d'eau (sorex fodiens) une espèce un peu plus grande que la musette. Son pelage est d'un noir brillant en dessus et blanc en dessous. Elle fréquente le voisinage des eaux et se nourrit d'insectes aquatiques, de vers et de petits crustacés ; mais on pourrait lui reprocher d'être l'ennemie des jeunes grenouilles.

Les musaraignes secrètent une odeur forte et désagréable; aussi les animaux carnassiers qui les attaquent, se contentent de les détruire et les abandonnent sur le terrain.

On attribue quelquefois à ces bêtes innocentes des propriétés nuisibles on prétend que leur morsure est venimeuse et dangereuse pour le bétail, particulièrement pour les chevaux. Tout dernièrement encore, ces fables m'étaient débitées par certain jardinier qui se plaît à faire montre de son intelligence et de ses talents. Il me semble inutile de réfuter de si sottes accusations, et je laisse à ceux qui me lisent le soin d'en apprécier la valeur. Ernest BoNCENNE.

ARBRES NOUVEAUX

ENVOYÉS A LA SOCIÉTÉ D'ACCLIMATATION PAR SES CORRESPONDANTS ÉTRANGERS.

Parmi les végétaux exotiques dont la Société d'acclimatation enrichit le pays, nous distinguons d'abord le Pin pei-yo-song de Chine. M. Simon, dans sa lettre d'envoi datée de Pékin, dit de cet arbre: « Les Chinois le regardent comme un arbre quasi sacré et ont pour

lui une sorte de respect; aussi ne le rencontre-t-on que dans les cours et les jardins des pagodes, dans les lieux de sépulture des grands personnages et dans les jardins impériaux. Son bois passe pour incorruptible, et l'arbre lui-même serait presque impérissable, puisqu'il vivrait plusieurs milliers d'années.

» J'en ai vu un auquel on attribue deux mille ans. Il a un mètre 65 centimètres de diamètre, et environ 30 à 32 mètres de hauteur. C'est certainement un des plus beaux arbres que l'on puisse voir: tout son tronc et ses branches sont d'un blanc d'argent éclatant. L'ensemble du feuillage n'est pas très-épais, mais il est d'une extrême élégance. Les Chinois recueillent avec soin l'écorce qui se détache, la pulvérisent et, en la mélangeant avec de l'huile, en font un onguent qui est excellent pour les maladies de la peau, les dartres, etc.

» Le pei-yo-song n'est pas originaire des environs de Pékin, où il est assez rare; il doit venir des montagnes voisines du Thibet ou du Thibet même, mais dans la Chine il ne se rencontre qu'ici. »

M. Simon propose à la Société de lui envoyer dans quelques mois 100 kilogr. de graines de cet arbre.

M. Gaudrée-Boileau a expédié du Canada, à la même Société, l'Asclepias, qui croit spontanément à l'état sauvage dans ce pays, et dont les Anglais ont essayé de tirer partie comme pseudo-cotonnier. Ses graines, en effet, renferment une aigrette soyeuse, mais trop courte pour être filée commodément. Ses tiges fibreuses pourraient être employées plus facilement comme chanvre.

Le Bois de plomb, recommandé par M. Gaudrée-Boileau, nous paraît plus intéressant: « L'écorce de la tige, dit-il, est d'une rare ténacité; elle forme des ligaments excellents; la feuille est un violent purgatif. L'arbuste lui-même est joli; sa fleur est une des premières au printemps. >>

Quatre espèces ou plutôt variétés de pommiers étaient comprises dans l'envoi.

« Ces quatre espèces de pommiers, dit-il, sont les plus estimées que le Bas-Canada possède. On envoie, chaque automne, en Angleterre des quantités considérables de pommes fameuses, de pommes grises (peut-être notre reinette du Canada) et de pommes de Saint-Laurent. Il y a une autre qualité, la bourassa, qui jouit aussi de beaucoup de réputation, mais elle devient fort rare, et je n'ai pu me la procurer cette année. »

La Société attend la floraison d'une plante extraordinaire, qu'elle a reçue des sources de l'Amazone, pour déterminer son espèce. Cette plante, cultivée en pleine terre au jardin, a produit une quantité considérable de tubercules qui sont soumis à l'analyse. J. C.

DU CHARENÇON DIT PIQUE-BROS.

Cet insecte est trop connu de tous les arboriculteurs, qui le nomment pique-bros, pour qu'il soit nécessaire d'en parler longuement. Dans son vol rapide, il s'arrête momentanément sur les jeunes pousses des arbres, principalement des poiriers, en mai et juin. Muni d'un dard, il l'enfonce à plusieurs reprises et en différents endroits dans la jeune tige herbacée, et dépose un œuf dans un de ces petits trous. Cet œuf ne tarde pas à éclore et produit un petit ver blanc qui descend peu à peu dans le canal médullaire du rameau, où il trouve sa nourriture.

Le rameau attaqué cesse de végéter au-dessus du ver, et les yeux du dessous poussent des bourgeons, mais le ver descend toujours et les rameaux latéraux cessent à leur tour de végéter. Alors l'équilibre de "l'arbre se trouve compromis.

Pour remédier au mal il faut détruire le ver, et l'opération est facile. Au printemps, lorsqu'on voit l'extrémité des jeunes pousses retomber fanées et noircies, on les coupe au-dessous de la piqûre de l'insecte, ou, si on ne voit pas la piqûre, à cinq centimètres au dessus de la partie flétrie. L'œuf se trouve ainsi enlevé.

En automne ou en hiver, lorsqu'on taille les arbres, on s'aperçoit de la présence du ver dans les rameaux à la poussière jaunâtre qui remplit le canal médullaire. Cette poussière est l'excrément de l'insecte. Alors on retranche impitoyablement toute la partie du rameau perforé, jusqu'à ce qu'on trouve toute la moëlle intacte. Cette fois l'insecte est détruit dans sa retraite. Les rameaux ainsi supprimés sont remplacés au printemps par de nouvelles pousses dont on facilite l'extension, et l'équilibre de la charpente de l'arbre est rétabli.

Maurice RIVOIRE, Horticulteur aux Brotteaux (Lyon).

DES TRUFFES ET DES TRUFFIÈRES.

Dans le Midi, on ne cultive pas les chênes en taillis pour eux-mêmes, mais parce que la truffe noire, ce champignon si cher aux gastronomes, croît principalement entre les racines des arbres de ce genre; elle y acquiert un parfum qui lui manque quand elle végète entre les racines du charme, du hêtre, du noisetier, du châtaignier, du pin d'alep, du marronnier, du lilas, etc., aux pieds desquels on la rencontre quelquefois. Quelques détails sur le champignon lui-même auront peutêtre de l'intérêt pour ceux,- et le nombre en est grand,-qui prisent la truffe, sans savoir précisément ce qu'ils mangent.

La truffe est un champignon souterrain dont les spores ou organes reproducteurs sont intérieurs comme ceux d'un champignon blanc sphérique assez commun en automne sur les terrains gazonnés, où il acquiert parfois un volume énorme, et que l'on connaît vulgairement sous le nom de vesse de loup; les botanistes l'appellent lycoperdon bovista. M. Tulasne, de l'Institut, a parfaitement élucidé l'histoire des truffes et leur a consacré un magnifique ouvrage; il résulte de ses recherches que le genre tuber (truffe) renferme vingt-une espèces. Quatre d'entre elles sont confondues sous le nom de truffe ordinaire, ou truffe noire; deux mûrissent en automne et se récoltent au commencement de l'hiver. Ce sont la truffe noire, proprement dite, et la truffe d'hiver; la premiere, la plus parfumée et la plus estimée de toutes, présente une surface couverte de petites aspérités; la partie intérieure, d'un noir uniforme tirant sur le rouge, est parcourue par des veines d'abord blanches, puis rougeâtres quand le champignon vieillit; cette espèce est commune en Italie, en Provence et dans le Poitou; elle se trouve, mais rarement, aux environs de Paris et en Angleterre.

La truffe d'hiver, inférieure à la première, est toujours mêlée avec elle. Sa chair est blanche dans sa jeunesse, puis noirâtre et parcourue par des veines blanches.

Deux autres espèces de truffes acquièrent tout leur développement dans le commencement même de la belle saison; ce sont la truffe d'été et la truffe mésentérique. La première, commune en Allemagne et dans le centre de la France, est parsemée de tubercules asses gros, et sa chair, d'abord blanchâtre, tire plus tard sur le brun et est parsemée par des veines toujours blanchâtres.

La deuxième, répandue en Italie et dont le tissu est d'un brun grisâtre, offre des sinuosités très-contournées, rappelant celles du mé sentère (replis de l'abdomen).

Ces deux espèces se trouvent aussi aux environs de Paris, par exception, sous les pelouses qui tapissent le Côteau-de-Beauté et la terrasse de Charenton, dans le bois de Vincennes. A Apt, dans le département de Vaucluse, on les coupe en tranches minces que l'on fait sécher. Il s'en exporte annuellement 200,000 kilog. environ.

Aux quatre espèces précitées, il faut ajouter la truffe blanche du Piémont, que Napoléon préférait aux espèces noires. Les autres ne sont pas comestibles. Il est probable qu'on en reconnaîtra encore d'autres espèces.

Les truffes viennent en général dans les sols calcaires ou argilocalcaires.

De même que beaucoup de champignons épigés, c'est-à-dire aériens, ne poussent jamais que sur le bois mort et même sur certains bois, de même les truffes noires ne peuvent végéter qu'au milieu du chevelu des arbres en général, et en particulier de trois espèces de chênes, répandus en France; le chêne ordinaire, appelé chéne blanc dans le Midi, dont les feuilles sèchent sur l'arbre pendant l'hiver, et les deux espèces à feuilles persistantes, le chêne vert ou yeuse et le chêne kermès.

C'est entre les racines de ces essences que les tubercules se multiplient le plus, et acquièrent un parfum qui les fait rechercher dans le monde entier. Quand les arbres sont trop grands et ombragent trop le sol, la récolte diminue, mais elle va en augmentant à mesure que le taillis grandit.

Le mode de reproduction des truffes est celui de tous les champignons. A leur maturité, elles contiennent des spores d'une ténuité extrême, car ils n'ont que 1/10e de millimètre de diamètre.

Quand la truffe pourrit dans le sol, les spores produisent des filaments blancs analogues au blanc des champignons de couche;ce mycelium, comme l'appellent les botanistes, donne naissance aux truffes elles-mêmes, qui sont, pour ainsi dire, le fruit de cette trame souterraine.

Quoique ces faits soient acquis à la science, mille préjugés bizarres sont encore en vogue parmi les chercheurs et les cultivateurs de truffes. Les uns s'imaginent que la truffe est une exeroissance naturelle de la racine du chêne; les autres, le résultat de la piqure d'une mouche

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