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C'est assez vous dire que je n'admets l'action de la Confédération que comme un pouvoir planant sur les Etats confédérés, posant des principes généraux, donnant des directions, mais abandonnant aux Cantons l'action gouvernementale et législative et l'administration, sauf sur les points fort rares qui lui sont dévolus.

Appliquant ces règles à la question militaire, je me serais contenté de ce qui existe, toutefois en supprimant l'échelle des Cantons. Mais comme on semble tenir tout particulièrement à l'instruction de l'infanterie par la Confédération, j'y donnerai les mains, mais comme dure concession, et en espérant que, dans la pratique, on ne portera pas trop d'atteinte à la souveraineté et à la dignité des Cantons.

Mais vouloir faire passer l'administration militaire à la Confédération, s'emparer des arsenaux, priver les Cantons de munitions, c'est les mettre sous tutelle, procéder par sentiment de défiance, leur enlever un des attributs essentiels de la souveraineté, porter atteinte aux principes que vous venez de proclamer dans les articles premiers de la Constitution. Un Etat sans milices est un être incomplet, appelant le désordre. M. Cérésole, conseiller fédéral, et M. Ruchonnet vous ont suffisamment développé l'inutilité et les dangers de cette administration fédérale. M. Delarageaz complète l'énumération de ces dangers, en démontre les effets contradictoires, et ajoute : Si vous enlevez aux Cantons l'administration, si vous les rendez indifférents à l'armée, le goût militaire disparaîtra, l'idée de corvées et de prestations désagréables et onéreuses prendra le dessus, et au lieu d'avoir des citoyens, des soldats agissant par le sentiment du devoir, vous n'aurez qu'une multitude et des numéros démoralisés au premier revers.

Au point de vue financier, bien qu'en définitive le peuple supporte toutes les charges, l'orateur préfère le système proposé par le Conseil fédéral, parce qu'en laissant aux Cantons leurs attributions, il épargne des dépenses considérables que la centralisation provoquerait en pure perte.

Fondé sur ces considérations, M. Delarageaz termine en recommandant les propositions qui ont été présentées par M. Cérésole au nom de la majorité du Conseil fédéral; ces propositions lui paraissant mieux préciser que celles de M. Steblin les attributions de part et d'autre. Toutefois, il proposera qu'on reprenne, dans la rédaction du Conseil fédéral, l'expression de « contingents de Cantons » qui se trouve à l'art. 19, ainsi que la disposition d'après laquelle les unités tactiques devront autant que possible être formées de troupes d'un même Canton.

M. Kuenzli, d'Argovie. Ce n'est pas dans l'instruction militaire seulement que les Cantons se sont, en général, montrés au-dessous de leur tâche, soit parce que le nombre des troupes à instruire n'était pas suffisant, soit parce qu'on manquait de bons instructeurs. Ils ont aussi laissé beaucoup à désirer au point de vue de l'équipement et de l'habillement. Lors de la dernière levée des troupes, on a trouvé que les troupes de certains Cantons n'avaient que 20 cartouches par homme y compris les munitions du parc, et plusieurs corps offraient une étrange bigarrure quant à l'habillement. Il est donc indispensable de centraliser ces trois branches du militaire.

Mais que restera-t-il aux Cantons, et que prétend-on leur réserver?

La nomination des officiers? On y tient surtout pour faire des nominations un capital politique; mais quand l'instruction sera entre les mains de la Confédération et que la nouvelle organisation militaire aura donné d'autres bases à ces nominations, le droit des Cantons aura singulièrement diminué d'importance.

On a donc enlevé aux Cantons tout ce qui offrait pour eux un certain intérêt. Pourquoi leur imposer maintenant le rôle de commissionnaires du pouvoir fédéral?

Du reste, il est un fait patent: c'est que les armes spéciales, dont l'instruction a été centralisée par la Confédération, ont été convenablement instruites. Il est à espérer que la Confédération réussira aussi bien dans l'instruction de l'infanterie.

On a dit que la centralisation militaire entraînerait une certaine indifférence; qu'elle ferait disparaître l'initiative privée. C'est une erreur, que réfute d'ailleurs l'esprit qui règne actuellement dans les bataillons de carabiniers, centralisés aujourd'hui comme on propose que le soient plus tard les autres corps.

On a aussi parlé de bureaucratie. L'orateur connait plusieurs Cantons où l'on est au moins aussi bureaucrate que dans la Confédération. Est-ce à dire, d'ailleurs, que tout partira du centre? Il est probable que l'autorité fédérale nommera des commissions dans les Cantons, avec certaines attributions militaires, par exemple pour le recrutement, et en général pour qu'il soit satisfait aux besoins locaux autant que peut le permettre le salut de l'ensemble.

Un argument essentiel des adversaires de la réforme militaire dans notre pays consiste à dire qu'une fois centralisée notre armée ne pourrait plus être mobilisée avec la même facilité, et que si l'Allemagne a été victorieuse dans la dernière guerre, cela vient de ce que son organisation militaire était fédérative. L'orateur fait observer que ce n'est pas le fédéralisme qui a donné la victoire à l'armé allemande, mais plutôt le sentiment national et la supériorité stratégique.

Il ne parle pas, d'ailleurs, au point de vue strict des intérêts financiers du canton d'Argovie, car ce Canton perdra une centaine de mille francs par année dans la nouvelle combinaison; mais pour le bien de la patrie et de la défense du pays on ne doit pas craindre d'abandonner un lambeau de la souveraineté cantonale.

On ne doit pas non plus se laisser effrayer par le tableau qui a été fait des dangers qu'une centralisation militaire fera courir à la cause du progrès et de la liberté, car tous les bons fruits qu'a portés la constitution de 1848 sont le résultat des attributions qu'on a données à la Confédération. L'orateur exprime la conviction que la centralisation militaire ne sera qu'un nouvel élément de prospérité pour la patrie commune.

M. Vonmatt s'exprime à peu près dans le même sens; il recommande les propositions de la commission en opposition à celles de M. Stehlin et du Conseil fédéral. (A suivre.)

NOUVELLES ET CHRONIQUE.

Vaud.

Samedi 11 courant, la Société des sous-officiers de Lausanne a tenu une séance pleine d'intérêt et qui a duré de 8 heures du soir à minuit sans qu'il y ait un moment de lassitude chez les assistants.

Affaires de la société, travaux de membres, discussion sur la révision fédérale au point de vue militaire, discussion sur la fourniture des capotes par l'Etat, tout fut traité et discuté avec un réel sérieux d'intentions et de sentiments.

En outre la réunion s'est occupé du choix de sujets que les membres auraient à traiter pendant l'hiver en les répartissant entre diverses commissions ou sections de travail, enfin de cours que le comité a demandés à quelques officiers de Lausanne et qui porteront sur :

Quelques points de la géographie militaire de la Suisse ;

Les armes actuelles et leurs effets dans la dernière guerre;

Les connaissances des cartes et du terrain.

Les travaux à faire par les membres eux-mêmes sont divisés en cinq groupes et programmes, qui sont :

La discipline militaire ;

La nomination des sous-officiers;

La nomination des officiers;

L'organisation de l'armée fédérale ;

Le service du soldat suisse, sa durée dans l'élite, la réserve et la landwehr. Ce sont cinq sujets fort intéressants à étudier et sur lesquels, nous n'en doutons pas, il pourra être présenté de bons travaux.

Voilà donc une section de société de sous-officiers qui se prépare à ne pas perdre son temps cet hiver.

Disons aussi que celle de Vevey entre dans la même voie, et sans que nous connaissions son programme nous savons qu'elle travaillera.

Que cet exemple serve aux autres sociétés du Canton et non-seulement aux sous officiers, mais aussi aux officiers, qui semblent un peu trop s'endormir. Centralisés ou pas nous aurons toujours besoin d'étude et de travail.

Le 2 décembre prochain aura lieu à Lausanne la réunion habituelle des officiers d'état-major et d'armes spéciales. Le programme promet une séance intéressante et un agréable banquet à l'Arc.

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France. Le nouveau journal La République française, qui s'occupe volontiers et avec compétence de sujets militaires, dit qu'il serait question de fusionner le génie dans l'artillerie, et il recommande cette fusion pour mieux harmoniser la défense avec l'attaque des positions et des places.

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Le 26 septembre, MM. Ulysse Badoux, à Cremin, capitaine aide-major du 2o bataillon de landwehr, et Fs-Ls-Henri Guex, à St-Légier, 1er sous-lieutenant des chasseurs de droite du 3e bataillon de landwehr.

Le 29, MM. Jean-Abram-Adrien Jayet, à Moudon, porte-drapeau du 10° bataillon d'élite, au grade de lieutenant; Emile Badoux, à Cremin, lieutenant du centre n" 2 du 46o bataillon d'élite; Jean-Jaques Destraz. à Essertes, lieutenant du centre no 4 du 2o bataillon de landwehr; Théophile Cornaz, à Missy, lieutenant du centre no 3 du 45 bataillon d'élite, et Emile-Daniel Chevalley, à Champtauroz, lieutenant du centre no 2 du 112o bataillon R. F. Le 6 octobre, M. Emile Gros, vétérinaire à Bière, 2e sous-lieutenant à l'état-major sanitaire cantonal.

Le 7, MM. Adolphe Jordan, à Granges, 1er sous-lieutenant des chasseurs de droite du bataillon de landwehr no 2; Henri-Ls Givel, à Payerne, er sous-lieutenant du centre no 2 du même bataillon ; Henri-DI-SI Guiguer, à Payerne, 1er sous-lieutenant du centre no 2 du 1er bataillon de landwehr; Louis Freymond, à St-Cierges, 1er sous-lieutenant du centre no 2 du 112 bataillon R. F., et Alexis Perrin, à Corcelles près Payerne, ier sous-lieutenant portedrapeau du même bataillon.

Le 10, M. Samuel Dupuis, à Orbe, 2o sous-lieutenant des chasseurs de gauche du 46e bataillon d'élite.

Le 20, M. Jules Delessert, à Donneloye, lieutenant du centre no 2 du 2o bataillon de landwehr.

Le 3 novembre, MM. Aloïs Couvreu, à Vevey, capitaine de la compagnie de dragons d'élite n° 15, et Paul André, à Lausanne, capitaine de la compagnie de dragons d'élite no 47.

Le 4, MM. Henri Oguey, à Aubonne, commandant du 10o bataillon d'élite; Louis Jaccard, à l'Auberson, commandant du 112o bataillon R. F.; Alexis Bonzon, à Bex, commandant du 3 bataillon de landwehr, et Henri Massy, au Chenit, commandant du 12 bataillon de landwehr.

La Revue militaire suisse paraît deux fois par mois à Lausanne. Elle publie en supplément, une fois par mois, une Revue des armes spéciales. Prix: Pour la Suisse, 7 fr. 50 c. par an. Pour la France, l'Allemagne et l'Italie, 10 fr. par an. Pour les autres Etats, 15 fr. par an. Pour tout ce qui concerne l'Administration et la Rédaction, s'adresser au Comité de Direction de la Revue militaire suisse, à Lausanne, composé de MM. F. LECOMTE, colonel fédéral E. RUCHONNET, lieut -colonel fédéral d'artillerie; V. BURNIER, major fédéral du génie. Pour les abonnements à l'étranger s'adresser à M. Tanera éditeur, rue de Savoie, 6, Paris, ou à la librairie Georg, à Genève.

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Rapatriement des internés français.

XVIe Année.

La révision constitutionnelle

Sur l'inter

à l'Assemblée fédérale. I. (Suite.) — Nouvelles et chronique. ARMES SPÉCIALES. L'artillerie française avant et depuis la guerre. diction des décorations étrangères. - Bibliographie. De l'état-major en France, en Prusse et en Belgique, par le capitaine Stab; De l'instruction obligatoire dans l'armée belge, par Clément Lyon, sous-lieutenant. Nouvelles et chronique.

RAPATRIEMENT DES INTERNÉS FRANÇAIS.

Le rapatriement des internés français a fait l'objet d'une opération fort intéressante. Nous avons pensé que nos lecteurs nous sauraient gré de leur fournir làdessus quelques détails authentiques et instructifs par les extraits suivants du rapport de M le colonel de Gingins, inspecteur des internés du canton de Vaud et chargé de la direction du mouvement dans la Suisse française :

« Les premiers ordres et directions pour le rapatriement des internés furent donnés par une circulaire du Département militaire fédéral du 2 mars. Ils portaient que les troupes françaises internées dans les cantons de Fribourg, Valais et Vaud seraient transportées en Savoie par le lac Léman, tandis que celles venant des autres parties de la Suisse le seraient par sept trains express et journaliers, portant chacun un millier d'hommes, dont quatre seraient dirigés sur Genève et trois sur les Verrières. Ces transports devaient se continuer pendant dix jours consécutifs; ils n'étaient d'ailleurs à l'usage que des fantassins et cavaliers démontés valides, des dispositions spéciales pourvoyant au rapatriement des convalescents et au renvoi en France des chevaux.

Un ordre du 5 mars fixa au 8 le commencement général de ces mouvements. Le Département militaire fédéral, ayant confié au soussigné l'exécution de ceux concernant les internés de Fribourg, Valais et Vaud, celui-ci, en vue de ce service spécial qui s'ajoutait à ses fonctions d'inspecteur de l'internement dans le Canton, s'attacha un nouvel adjudant, M. le capitaine fédéral G. Monod.

Le plan détaillé d'évacuation fut préparé et, après entente avec l'autorité française sur la côte de Savoie et son adoption par le Département militaire fédéral, des ordres de marche furent adressés à chacun de nos dépôts, ainsi qu'à ceux de Fribourg et du Valais. Ce plan consistait dans l'embarquement et le transport en Savoie des huit dépôts vaudois dans les journées du 8 et 9 mars. Le contingent d'internés de Fribourg, marchant par colonnes de dépôts, devait s'embarquer les 9, 10 et 11 mars à Vevey et Ouchy pour Evian et Thonon, après avoir traversé par étapes à pied notre Canton. Les internés du Valais se seraient embarqués au Bouveret sans toucher le territoire vaudois.

L'ordre du jour de l'Inspection du 5 mars, no 11, donna aux commandants des dépôts vaudois des directions générales relatives au départ des internés, prescrivant entr'autres que ceux de chaque dépôt, formant une colonne, fussent conduits jusque sur territoire français par le commandant en personne.

Le 6 mars, à 8 heures du soir, un télégramme du Département militaire fédéral annonça que sur le désir du gouvernement français l'évacuation des internés sur France était ajournée. Les 9 et 10 mars vinrent l'ordre de commencer le mouvement le 13 dit, et l'instruction de tout diriger sur Genève; le gouvernement français ayant demandé que l'évacuation sur Savoie n'eût pas lieu, et de répartir les transports par le lac sur six journées, afin d'éviter un trop grand encombrement à Genève, où arrivaient aussi chaque jour par chemin de fer environ 4000 hommes.

En conséquence de ces ordres, les modifications nécessaires furent faites au plan d'évacuation précédent et les mouvements qui en résultaient dans les dépôts d'internement et sur le territoire vaudois commencèrent effectivement à s'exécuter dès le 13 mars au matin de la manière suivante :

Ce premier jour, la colonne formée par le dépôt de Bex, forte de 1125 internés, partit de grand matin pour Villeneuve et s'y embarqua à 71, h. sur le Winkelried. Le dépôt de Vevey embarqua à 9 '/, h. 256 internés sur le Bonivard, qui, passant à Ouchy, prit à son bord 541 hommes du dépôt de Lausanne. Total de l'embarquement pour Genève le 13 mars 1922 internés.

La colonne formée par le dépôt de Lausanne avait 250 hommes de plus à embarquer, en grande partie des internés sortis la veille seulement des ambulances et sur lesquels on n'avait pas compté. Par crainte, peut-être exagérée, de surcharger le bateau, ces hommes en surplus durent regagner le dépôt et y attendre l'embarquement du lendemain.

Le 14 mars, le dépôt de Morges embarqua à 8 h. 20 m. 701 internés sur le Bonivard. Le dépôt de Moudon, dont la colonne s'était mise en marche la veille et avait couché à Lausanne, descendit à Ouchy avec 683 hommes, auxquels se joignirent 301 hommes du dépôt de Lausanne, et tous ensemble s'embarquèrent à 91, h. sur le Winkelried. La colonne du dépôt de Payerne, partie la veille pour Moudon où elle avait couché, était venue de cette dernière ville à Ouchy et s'y embarqua à 2 h. 20 m. sur le Bonivard, au nombre de 502 internés. Total de l'embarquement pour Genève le 14 mars 2187 internés.

Le 15 mars, le dépôt d'Yverdon, dont la colonne, forte de 600 hommes, était venue la veille coucher à Lausanne, embarqua son dit personnel à Ouchy, à 8 h. 10 m., sur le Bonivard. La colonne du dépôt de Bière, descendue dans la matinée à Rolle, s'y embarqua à midi et quart sur le Winkelried, au nombre de 1010 hommes. Total de l'embarquement pour Genève le 15 mars 1610 internés.

Le 16 mars, les dépôts fribourgeois de Bulle, Romont et ChâtelSt-Denis, formant ensemble une colonne de 427 hommes venue la veille coucher à Vevey, s'y embarquèrent à 8 h. sur le Bonivard. 1040 internés du Valais s'embarquèrent à midi sur le Winkelried, au Bouveret. Total de l'embarquement pour Genève le 16 mars 1467 internés, mais dont 1040 n'ont pas touché le territoire vaudois.

Le 17 mars, une colonne formée par le dépôt fribourgeois de Hauterive ayant couché le 15-à Bulle et le 16 à Châtel-St-Denis, donc sans séjourner dans le Canton de Vaud, s'embarqua, après avoir

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