Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

sauf peut-être, nous devons le répéter et le regretter, celles relatives au landsturm.

En somme cette salutaire réforme accroîtrait notablement la force militaire du royaume en augmentant de bien moins la part de ses sacrifices. Elle fournirait une nombreuse et bonne armée à un prix relativement très-inférieur, grâce au fait particulier des troupes permanentes utilisées dans les meilleures conditions possibles, c'est-àdire comme cadre instruit et solide d'une forte milice nationale convenablement instruite elle-même.

Assurément c'est bien là la vraie solution du grand problème qui s'offre actuellement à tous les états de l'Europe. Dans un pays qui, comme la Suède, pouvait se procurer à si peu de frais relatifs un tel avantage, par le simple maintien de son indelta et de quelques corps enrôlés, c'eût été une immense folie de rechercher une organisation qui eût commencé par détruire cette précieuse base.

D'autres systèmes plus absolus paraissent plus séduisants au premier coup d'œil, semblent pouvoir fournir ou des forces plus aptes à la guerre ou des masses plus nombreuses. Mais ils ont en revanche des inconvénients majeurs que nous n'avons pas à examiner ici. Le système mixte de milices nationales, plus ou moins nombreuses et exercées, suivant les ressources disponibles, s'agençant dans de bons cadres plus ou moins forts et permanents, suivant les circonstances financières, nous paraît supérieur aux autres systèmes, en ce qu'il réunit la plus grande somme de leurs avantages avec la plus petite de leurs inconvénients.

La Suède entre franchement dans cette voie, que lui dictaient ses traditions particulières, et nous ne pouvons que l'en féliciter; d'autant plus que le projet de M. le général Abelin, si bien étudié et ajusté qu'il soit dans ses diverses parties, laisse la porte ouverte å toutes les améliorations dont ce système est susceptible.

La Revue militaire suisse paraît deux fois par mois à Lausanne. Elle publie en supplément, une fois par mois, une Revue des armes spéciales. Prix: Pour la Suisse, 7 fr. 50 c. par an. Pour la France, l'Allemagne et l'Italie, 10 fr. par an. Pour les autres Etats, 15 fr. par an. Pour tout ce qui concerne l'Administration et la Rédaction, s'adresser au Comité de Direction de la Revue militaire suisse, à Lausanne, composé de MM. F. LECOMTE, colonel fédéral; E. RUCHONNET, major fédéral d'artillerie; V. BURNIER, major fédéral du génie (absent). Pour les abonnements à l'étranger s'adresser à M. Tanera éditeur, rue de Savoie, 6, Paris, ou à la librairie Georg, à Genève.

IL VIENT DE PARAITRE

chez CHANTRENS, éditeur, à Lausanne, et chez les principaux libraires de la Suisse:

ÉTUDES D'HISTOIRE MILITAIRE

Temps modernes jusqu'à la fin du règne de Louis XIV par Ferdinand LECOMTE, colonel fédéral suisse.

2me édition, augmentée d'un

avant-propos sur la guerre de 1870.
1 vol. in-8°. Prix: 5 francs.

LAUSANNE.

IMPRIMERIE PACHE, CITÉ-DERRIÈRE. 3.

REVUE MILITAIRE SUISSE

No 8.

Lausanne, le 21 Avril 1871.

SOMMAIRE. Sur l'entrée de l'armée Bourbaki en Suisse. du Commissariat fédéral des guerres.

XVIe Année.

Sur la réorganisation

--

Pièces officielles. Ordre général pour les écoles d'instructeurs et de tir (bataillon de cadres), réunies à Thoune du 16 avril au 6 mai 1871. Nouvelles et chronique.

Rap

SUPPLÉMENT. Metz. (Journal d'un officier suisse après la capitulation.) ports du général Metman sur la bataille de Pange (14 août) et sur les combats de Servigny et de Noiseville (31 août et 1er septembre 1870).

SUR L'ENTRÉE DE L'ARMÉE BOURBAKI EN SUISSE.

Les renseignements ci-dessous, qui renferment plusieurs détails pouvant intéresser le public suisse, sont extraits de correspondances particulières d'officiers supérieurs français internés en Suisse, adressées à des camarades ou à d'anciens chefs en France et en Allemagne, correspondances que d'obligeants procédés nous permettent de faire connaître à nos lecteurs.

Un officier d'artillerie écrivait ce qui suit:

Après avoir inspiré des craintes sérieuses aux Prussiens, près de Belfort, la fatalité nous a ramenés à Pontarlier, où nous avons souffert du froid et de la faim, et n'avons sauvé notre matériel qu'en le faisant passer en Suisse. Les Prussiens ont essayé de couper notre retraite, et nous ont accompagnés de leurs boulets jusqu'à la frontière. Les officiers suisses ont dû faire cesser le feu, les projectiles prussiens tombaient déjà sur le territoire suisse.

Nos soldats ne pouvaient plus se défendre, usés par la fatigue et les veilles dans la neige. Il a donc fallu subir la triste nécessité de se faire désarmer.

Bourbaki n'a pas été heureux dans son attaque près de Belfort, jusque-là nous avions marché de succès en succès. Devant Héricourt, les Prussiens avaient des positions d'où trois jours de combat et de tir à outrance n'ont pu les déloger. Je crois que Bourbaki n'avait pas la première connaissance de la position, que l'on a vainement essayé de tourner (1). Les Prussiens recevaient sans cesse des renforts par l'Alsace.

Nous avons construit des batteries fixes qui ont bien tenu, mais comme il y avait peu de place pour les établir, nous n'avons pu être assez en nombre et nous n'avons pu éteindre les batteries prussiennes, aussi bien celles qui étaient revêtues, que celles de campagne qui avaient la ressource de se tenir à très-grande distance. Au surplus, la position des Prussiens nous dominait, ils avaient au moins 60 pièces en batterie et nous n'avons pu leur en opposer que 24, avec du 12 par exemple, et 6 mitrailleuses, dont 2 seulement ont pu faire feu. Dans la nuit du troisième jour, on a pris subitement la résolution de se retirer......

Bourbaki s'est tiré un coup de pistolet à Besançon. Il avait perdu la tête. Au

(') Au delà, à gauche de Frahier, par le Ban de Champagney, Aurelles-leHaut, Aurelles-le-Bas et La Chapelle sous Chaux, il existe une route et une dépression de terrain au pied des derniers contreforts du Ballon de Girumagny. C'est une route vicinale de grande communication, praticable en tout temps à l'infanterie, au-dessus du passage du tunnel du chemin de fer. Aucune tentative n'a été faite de ce côté-là Il n'y a que 6 à 8 kilomètres de Frahier, où était l'extrême gauche française.

Le corr.

tour de cette ville nous avons perdu un temps précieux en marches et contremarches, sans faire occuper sérieusement les points importants de Quingey, de Dôle, de Salin, etc., etc., sans pousser en masse vigoureusement sur Grey et Dijon; cette dernière ville était en notre pouvoir. Pendant ce temps, les Prussiens nous ont occupés dans toutes les directions. Le général Clinchant a eu le triste devoir de conduire une armée épuisée, indisciplinée, sans chefs, démoralisée, jusqu'à Pontarlier où les Prussiens nous ont suivis en resserrant les liens, d'abord trèséloignés et dispersés, qui nous enveloppaient. Le matériel est entré à peu près en entier en Suisse, mais les convois, qui du reste étaient à sec, ont dû tomber en partie entre les mains de l'ennemi.

Les Suisses se montrent très-sympathiques à nos malheurs, je crois que nous n'avons plus qu'à courber la tête, à la merci de nos vainqueurs. A Besançon, on parlait encore de trahison; c'est ce qui troublé la conscience de Bourbaki. Imprévoyance et incapacité, voilà sans doute ce que l'on peut reprocher au commandement; c'est déjà bien assez, c'est déjà trop.

Une autre lettre, d'un officier de cavalerie, explique comme suit les cruelles et fatales indécisions du commandant en chef de l'armée de l'Est :

Bourbaki avait auprès de lui, pour le surveiller, un certain M. Deserre, ingénieur de 25 à 30 ans, délégué comme commissaire par le gouvernement de Bordeaux. C'est lui qui donnait les ordres généraux, c'est lui qui empêcha l'armée de se retirer à temps, qui l'arrêta à Besançon, etc. Bourbaki, déjà mis en suspicion légale par Gambetta, menacé par M. Deserre qui pouvait et devait l'accuser pour se disculper, se crut déshonoré et prit une résolution extrême....

Ici, à Zurich, nous avons momentanément 5,000 internés français; les mobiles paraissent assez éprouvés par 3 mois de campagne. Par contre, deux régiments de ligne, dont le 92me, sont dans un parfait état de propreté, de santé, de tenue et de discipline. Ils viennent directement de l'Afrique à l'armée de la Loire et de là à l'armée de l'Est. On les a reçus aux cris de « Vive la France, vive l'armée. » C'était un vrai triomphe pour eux, les villages qui n'en ont pas en réclament. Vraiment, les Suisses sont aussi bons et braves que possible, et nous sont des plus sympathiques .....

་་

<< ressort de ces diverses communications, nous dit avec raison notre correspondant, deux faits d'une importance de premier ordre au profit de la science expérimentale pour ceux qui en ont connu le besoin, comme le ministre de la guerre de la délégation de Bordeaux, lorsqu'il décrétait la victoire :

1° C'est que l'on ne saurait trop flétrir la présence aux armées des commissaires-délégués qui n'entendent rien aux choses de la guerre.

2o C'est que l'organisation des régiments de l'ancienne armée régulière est bien supérieure à celle des levées en masse, dont les cadres sont aussi incapables que leurs hommes, même si l'organisation des régiments laisse à désirer. »

-La correspondance suivante a été échangée entre M. le général Clinchant, commandant en chef de l'armée française internée en Suisse, et M. le président de la Confédération :

Monsieur le président,

Berne, le 20 mars 1871.

Au moment de quitter le sol hospitalier de la Confédération suisse, je tiens à exprimer à V. E. au nom de l'armée que je commandais, le profond souvenir de reconnaissance que nous emporterons tous de l'accueil plein de sympathie qui nous a été fait par vos compatriotes.

Je voudrais pouvoir donner directement ce témoignage de notre gratitude à tous les officiers fédéraux qui ont commandé les dépôts d'internement, à tous les méde

cins qui ont dépensé près de nos malades leur temps et leur talent, à toutes les dames qui leur ont apporté des soins si précieux et si touchants.

Qu'ils sachent bien, tous, que les sentiments qu'ils nous ont inspirés seront durables, comme tous ceux qui prennent naissance dans les cœurs frappés d'affliction, et qu'ils sont un sûr garant des liens de cordialité qui uniront, à l'avenir, nos deux nations. Je prie V. E. d'agréer, etc.

Le général commandant en chef de la 1re armée française, (Signé) CLINCHANT.

Monsieur le général,

Berne, le 22 mars 1871.

Nous avons l'honneur de vous accuser réception et de vous remercier de votre lettre du 20 mars 1871, dans laquelle vous exprimez au nom de l'armée que vous commandez le profond souvenir de reconnaissance que vous emportez de l'accueil sympathique qui vous a été fait en Suisse.

De son côté, le Conseil fédéral se fait un devoir de rendre hommage à la bonne conduite qui, à peu d'exceptions près, n'a cessé de régner parmi les officiers et les soldats de la première armée française pendant son internement en Suisse, et qui a largement contribué à faciliter la tâche du gouvernement fédéral et des gouverne

ments cantonaux.

Le peuple suisse a été heureux de soulager, autant qu'il était en son pouvoir, les souffrances d'une armée que des événements malheureux pour elle ont jetée momentanément sur son territoire.

Puissent les bons rapports qui se sont établis entre la population suisse et l'armée française internée dont le souvenir restera longtemps vivant dans la mémoire, fortifier les liens d'amitié qui heureusement existent déjà entre les deux nations. En faisant des vœux pour le bonheur de votre patrie, nous vous assurons, etc. Au nom du Conseil fédéral, Le Président de la Confédération, (Signé) SCHENK. - Des adresses de remerciements sont encore parvenues au Conseil fédéral du Consistoire de Montauban et de la ville de Belfort. Nous conseillerons cependant à nos chers voisins de France de suspendre leurs dithyrambes en l'honneur de notre magnanimité jusqu'à réception de la carte à payer que nous leur dressons en ce moment. Certains comptes tiendraient, dit-on, des Mille-et-une Nuits.

SUR LA REORGANISATION DU COMMISSARIAT FÉDÉRAL DES GUERRES.

De toutes les branches de l'organisation militaire, le commissariat est celle qui a le plus grand nombre de points communs avec la vie civile, c'est-à-dire avec les institutions commerciales; aussi nous sommes d'avis qu'on devrait consulter pour une révision de tout ce qui s'y rapporte, non seulement des militaires, mais de grands négociants, des industriels de mérite, etc., parce que ce serait le seul moyen de rompre une fois pour toutes avec la routine.

Si, par exemple, on mettait au concours, séparément et d'une manière bien compréhensible, les chapitres les plus épineux du règlement général, on verrait surgir, nous en avons la certitude, beaucoup de bonnes idées réalisables.

Ceci dit, nous abordons la question des réformes qu'ont pu recom-mander les expériences des dernières mises sur pied:

I. L'insuffisance du personnel s'est fait sentir.

D'après le tableau de répartition de l'armée fédérale, on compte à l'état-major d'une division: 1 commissaire-chef avec rang de lieut.colonel, 1 commissaire-payeur avec rang de major, 2 lieutenantsadjoints; à l'état-major d'une brigade d'infanterie: 1 commissaire avec rang de capitaine ou de lieutenant.

Les brigades de carabiniers, d'artillerie, y compris le parc, le génie et la cavalerie n'ont aucun commissaire.

Ainsi, sept hommes pour administrer un corps de troupes qui monterait jusqu'à 15,000 hommes en temps de guerre, c'est-à-dire dans la seule éventualité dont on doive se préoccuper; c'est intenable!

Si, au lieu de cela, on avait: à l'état-major d'une division: 1 commissaire-chef avec grade de lieut.-colonel, 1 commissaire-payeur avec grade de major, 2 capitaines préposés à l'administration des magasins, 3 lieutenants-comptables au bureau; à l'état-major d'une brigade d'infanterie : 1 capitaine-administrateur, 2 lieutenants-adjoints; pour une brigade de carabiniers ou pour une brigade d'artillerie avec le parc 1 capitaine-administrateur, 1 lieutenant-adjoint; le génie et la cavalerie, en raison de leur faiblesse numérique, relevant directement du commissariat de division; cela pourrait suffire en temps ordinaire; mais nous croyons qu'il faudrait encore recourir à des aides dans les moments les plus difficiles.

Dans tous les cas, cela formerait pour l'administration d'une division un total de 20 hommes dont on serait en droit d'attendre quelque profit, tandis qu'il est à peine permis de se plaindre dans l'état actuel des choses.

Si l'on songe que le quartier-maître, pour administrer son bataillon d'au plus 750 hommes, a 7 commis, soit le fourrier d'état-major et les 6 fourriers des compagnies, on conviendra qu'il n'y a rien d'exagéré à 20 hommes pour l'administration d'un corps de 8 à 15,000 hommes.

Le travail dans les bureaux serait un excellent stage pour les lieutenants-commissaires; il conviendrait du reste de former toujours davantage les commissaires de tous grades à l'équitation, qui leur est indispensable.

Signalons en terminant ce chapitre un fait anormal qui se présente souvent dans les brigades: le commissaire qui doit y donner des ordres aux capitaines quartiers-maîtres des bataillons, n'est souvent qu'un simple lieutenant.

II. Les rapports du commissariat central, à Berne, avec ses subordonnés dans les corps de troupes, ne laissent pas assez de compétence à ces derniers..

.

Actuellement, l'administration centrale met au concours toutes les fournitures; elle conclut tous les marchés pour pain, viande, foin, etc., et au lieu d'avoir égard à la position des corps de troupes, elle se préoccupe uniquement du bon marché. C'est ainsi qu'elle a pu commander à Lausanne du pain qui devait être mangé dans des localités écartées du Jura bernois. Ce pain, bien fabriqué à Lausanne, se détériorait en route, les convois n'arrivaient pas à temps et les malédictions des troupes retombaient naturellement sur les commissaires, étrangers à la chose.

On pourrait multiplier les citations.

Pour porter remède à ce grave défaut, il faudrait supprimer beaucoup de mises au concours et, en général, décentraliser le plus possible toute cette administration.

« ZurückWeiter »