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Instruction du Département militaire fédéral aux autorités militaires des Cantons relativement aux mesures à prendre pour le repatriement de l'armée de l'Est. En prévision de la rentrée en France de l'armée française de l'Est, les instructions suivantes sont émises afin que les Cantons puissent faire à temps les préparatifs nécessaires pour que le mouvement d'évacuation puisse commencer aussitôt que les rapports internationaux le permettront.

1. Dispositions générales.

1o Les troupes suivantes seront mises sur pied aux stations frontières ci-après pendant la durée de l'évacuation :

A St-Gingolph: 2 compagnies du Valais;

A Genève, gare, et aux Verrières : dans chacune de ces stations un bataillon détaché de la Ve division.

Ces troupes doivent être rendues aux lieux de leur destination la veille du jour où le mouvement commencera.

Elles sont chargées du maintien du bon ordre pendant le passage de la frontière par l'armée internée et devront fournir les détachements qui accompagneront chaque colonne jusqu'au point de réception.

2. Les gares principales de chemins de fer ainsi que les stations de halte où les transports pourront prendre des rafraîchissements, seront occupées militairement,

savoir :

Zurich, Winterthur, Olten, Herzogenbuchsée, Bienne, Berthoud, Neuchâtel, Fribourg, Romont, Morges.

Chacun de ces points sera occupé par deux compagnies d'infanterie ou de carabiniers qui seront commandées par un officier supérieur.

Ces troupes seront mises sur pied par les Cantons sur le territoire desquels les stations de chemins de fer ci dessus sont situées et elles devront également y être rendues le soir avant le commencement du mouvement.

Ces détachements sont chargés de maintenir l'ordre dans les gares respectives et à cet effet elles devront être secondées dans l'accomplissement de leur tâche aussi bien par les fonctionnaires du chemin de fer que par les chefs militaires de chaque transport par chemin de fer (commandant de colonne).

Ces détachements se mettront avant tout en rapport avec les inspecteurs des gares respectives.

II. Formation de chaque colonne de marche.

3. Les troupes internées dans les cantons de Fribourg, Vaud et Valais seront évacuées par la Savoie suivant un plan général qui sera transmis avec la présente aux Cantons intéressés. A l'exception de la ligne d'Italie, ces troupes ne pourront pas être transportées par chemin de fer.

L'exécution de ce mouvement est confiée à M. le colonel de Gingins-La-Sarraz, à Lausanne, qui a reçu des instructions spéciales à cet effet et dont les Cantons intéressés sont invités à exécuter les ordres, aussi bien en ce qui concerne la formation de chaque colonne de marche qu'en ce qui concerne les troupes nécessaires pour l'escorte et les locaux qui doivent être préparés pour les loger.

4. Le reste des internés sera transporté aux lieux respectifs de la frontière par chemin de fer et cela par trains express de 1000 hommes chacun suivant un plan élaboré à cet effet de concert avec les compagnies de chemin de fer.

La destination de ces trains sera indiquée suivant les jours où le mouvement s'opérera; les trains militaires qui auront lieu se numéroteront chaque jour, par exemple 1er jour, IIIe train militaire.

5. On indiquera ultérieurement aux Cantons par le télégraphe quel sera le premier jour du mouvement.

6. Le commandement de chaque colonne de transport par chemin de fer sera confié à un officier qui devra être fourni par les Cantons désignés dans l'annexe cijointe. Ces officiers sont dans la règle fournis par les Cantons sur le territoire desquels passent les trains. Ces commandants de colonne doivent se rendre aux stations également désignées par l'annexe.

Il devra être mis à temps à la disposition de chaque commandant de colonne un sous-officier et 10 hommes d'escorte aux stations de chemins de fer indiquées. Le commandant de la colonne et ces 11 hommes d'escorte se rendront avec la colonne respective jusqu'à la frontière.

Pour le transport à pied toute la garde du dépôt restera comme escorte.

Pour transport par bateaux, l'escorte sera la même que pour les transports par chemins de fer (1 officier, 1 sous-officier et 10 hommes).

7. Le commandant de la colonne devra recevoir les instructions suivantes : Il recevra aux stations respectives la troupe qui lui sera expédiée des dépôts et se fera remettre un état sommaire fait en double expédition d'après le formulaire ci-joint.

Il se présentera immédiatement auprès de l'administration des stations de chemin de fer, et prendra, de concert avec elle, les mesures nécessaires. Il pourvoira à ce que l'entrée dans les voitures se fasse régulièrement et à ce que l'ordre soit maintenu pendant la marche du train.

Il s'entendra avec le chef de train sur les petites et les grandes haltes à faire et ne permettra pas que l'on descende de voiture en dehors de ces haltes

Il laissera la moitié de sa troupe sur les plates-formes entre les wagons et gardera l'autre moitié pour relever la première

Arrivé à la station frontière il mettra immédiatement les internés à la disposition de l'officier fédéral chargé de les recevoir et lui donnera les états sommaires dont il sera porteur, états dont un double (annexe imprimée) devra lui être rendu.

8. Pour la formation des colonnes de transports par chemin de fer, vous voudrez bien, aux jours indiqués dans l'annexe par écrit, faire partir des dépôts pour les stations de chemins de fer désignées, le nombre prescrit d'internés, qui devront arriver chaque fois aux stations respectives au moins une heure avant le départ du train.

Le chef de l'escorte qui aura accompagné les internés à la station les remettra, audit lieu, au commandant de la colonne et rentrera au dépôt avec l'escorte ou sera licencié.

9. Nous laissons aux Cantons le soin de prescrire de quelle manière et par quelle marche les détachements éloignés doivent arriver à l'heure fixée à la station de départ; il est cependant désirable que, pour les trains du matin, ces détachements soient rendus la veille au soir à la station respective.

10. Afin de s'en tenir expressément au plan de courses établi, il est ordonné que les subdivisions de troupes qui arriveront trop tard aux stations de départ ne seront évacuées qu'après et occasionnellement. Leur solde et leur entretien seront à la charge du Canton respectif pendant la durée de ce retard.

Là où, suivant le tableau de marche ci-joint, le dépôt tout entier ne pourrait pas être expédié en une seule fois, on pourvoira à ce que la troupe appartenant au même corps soit si possible expédiée par les mêmes trains.

11. Le Département prendra des dispositions particulières au sujet des internés qui, après la remise du nombre indiqué dans l'annexe, devraient encore rester dans les dépôts ainsi qu'au sujet des malades à l'hôpital. Il est, par conséquent, expressément recommandé d'attendre ces ordres du Département, car il est absolument interdit de faire transporter, en même temps que toute la troupe, les malades ou les convalescents incapables de marcher.

Les hommes soignant des chevaux doivent de même être retenus jusqu'à ce que l'ordre soit donné de les expédier.

III. Entretien et solde pendant la marche.

12. Les internés et la troupe chargée de l'escorte devront être munis pour le jour de marche d'une portion de vivres (viande cuite). Au lieu de viande cuite on peut délivrer de la saucisse ou du fromage.

13. La troupe d'escorte qui accompagne la colonne reçoit un supplément de route de 1 franc par homme et de 3 francs par officier et par jour

Les internés, les officiers comme les troupes, reçoivent la solde actuelle jusqu'à leur rentrée en France; cette solde leur sera payée avant le départ des dépôts et suivant le nombre d'étapes prescrites.

Chaque sous-officier et soldat interné recevra en outre pour chaque transport par chemin de fer ou par jour de marche, un supplément de 25 centimes par jour qui sera également payé au dépôt avant le départ.

IV. Service sanitaire.

14. Des sections d'ambulance seront placées aux gares désignées sous chiffre 2 ainsi qu'aux stations frontières afin de donner les soins médicaux nécessaires,

V. Remise des internés à la frontière.

15. Des officiers fédéraux pourvoiront, aux lieux de réception, à la remise des internés aux officiers français délégués à cet effet; ces officiers fédéraux sont : Pour St Gingolph, M le lieutenant-colonel fédéral Cocatrix. Pour Evian, M. le lieut.-colonel fédéral Murisier.

Pour Thonon, M. le colonel fédéral Grand.

Pour Genève, M. le colonel fédéral Rilliet.

Pour les Verrières, M. le colonel fédéral Borgeaud.

Ces officiers disposeront à St-Gingolph, Genève et Les Verrières des troupes mentionnées sous le chiffre 1.

16. Les commandants de colonnes se présenteront à ces officiers fédéraux et leur remettront avec la troupe respective l'un des états sommaires, rempli et signé, qu'ils auront reçu des dépôts. L'autre exemplaire leur sera rendu, signé par l'officier suisse chargé de la remise des internés, pour être renvoyé aux Cantons respectifs.

17. Les commandants des colonnes prendront les ordres des officiers fédéraux chargés de la remise des internés, au sujet du logement et du retour de la troupe d'escorte.

18. Les internés qui seront rendus par la Savoie ont été autorisés à emprunter le territoire du canton de Genève, mais seulement par les routes de St-Julien et de St-Genix et pour les sous officiers et soldats sans armes.

La direction de ce passage au travers du territoire suisse, s'il a lieu, est confiée au commandant de la Ve division de l'armée. Il lui sera adjoint un officier qui sera envoyé à Corsier, frontière de Savoie à Genève, et auquel les conducteurs de colonnes devront se présenter avant de rentrer sur le territoire suisse.

VI. Matériel de chemin de fer.

19. Les chemins de fer ne pourront pas être utilisés, en dehors du plan de transport fédéral, pour les mouvements de troupes dans les Cantons. La ligne d'Italie en est exceptée pour l'évacuation du canton du Valais.

VII. Direction.

20. Le mouvement sera dirigé par le Département militaire fédéral depuis Olten, où toutes les communications et demandes relatives à l'évacuation devront lui être adressées à partir du moment où le mouvement aura commencé.

Le chef du Département militaire fédéral,

WELTI.

Avant de quitter Neuchâtel, l'état-major général a adressé les lettres suivantes à la municipalité de cette ville et au Conseil d'Etat :

Neuchâtel, le 15 février 1871.

Monsieur le président et Messieurs les membres de la municipalité,

La marche rapide des événements qui a d'une manière si imprévue changé l'aspect de votre paisible cité, nous a fait établir notre quartier-général chez vous en date du 29 du mois passé, et en revanche nous permet une réduction notable de troupes, ainsi que de l'état-major. C'est en ce moment que je viens, suivant les ordres du général en chef de l'armée, vous offrir nos remerciements de l'accueil que nous avons trouvé chez vous et de tous les moyens d'agir que vous avez mis à notre disposition.

Il y a cependant un autre point de vue sur lequel nous ne pouvons nous empêcher d'insister, c'est le spectacle vraiment sublime auquel nous avons assité pendant tout ce temps, alors que nous avons vu se dérouler devant nos yeux tant de misères, et en même temps tant de générosité et d'esprit de sacrifice. En quittant votre ville, nous emportons en même temps de vifs sentiments de gratitude et d'estime pour une population où les vertus publiques et privées se pratiquent à un si haut degré. Veuillez, etc. Le chef d'état major fédéral, R. PARAVICINI.

Monsieur le président et Messieurs les conseillers d'Etat, N'ayant plus eu le temps de vous remercier verbalement de votre aimable lettre du 16 courant, je prends la liberté de vous adresser ces lignes.

Je suis très touché de l'indulgence avec laquelle vous voulez bien taxer mes actions et celles des états-majors et des troupes fédérales lors des événements extraordinaires survenus au commencement de ce mois d'une manière si inattendue et qui ont tant pesé sur la population de votre Canton.

J'ai la conviction que de mon côté, certaines mesures auraient dû être mieux prises pour arriver à bonne fin, mais l'irruption du torrent a été si prompte et la besogne momentanée, là où je me trouvais, si forte, que bien des choses m'ont

échappé les premiers jours. La faible assistance que les généraux et officiers fran çais nous ont prêtée augmentait aussi de beaucoup notre tâche.

Si celle-ci a été finalement résolue d'une manière relativement satisfaisante, il faut l'attribuer, non pas à nous, mais bien à cet effort sublime de la population du canton de Neuchâtel et surtout de celle de la ville de Neuchâtel qui, émues par des sentiments de charité et de bienfaisance comme on en trouvera difficilement ailleurs à un pareil degré, ont vraiment surpassé toute imagination.

Sans ces efforts inouïs des autorités civiles et de toute la population, il eût été impossible de nourrir pendant près de huit jours cette armée affamée et harassée et de prodiguer tant de soins à ces malades et blessés.

Les événements de la première quinzaine de février 1871 seront un des plus beaux épisodes dans l'histoire du canton de Neuchâtel, et vous devez être fiers, Messieurs, d'administrer un peuple qui doit faire l'admiration de la France, si une fois elle connaît la portée de tous les sacrifices faits avec tant d'empressement et presque instinctivement.

Je vous remercie, Messieurs, bien cordialement de l'appui bienveillant que vous m'avez prêté en toute circonstance et par lequel vous avez tant facilité ma tâche, et vous assure que je conserverai toute ma vie un profond sentiment de gratitude de ce que je dois à vous et au peuple neuchâtelois.

Agréez, etc.

Neuchâtel, 16 février 1871.

Vaud.

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Hans HERZOG, général.

Les bataillons de landwehr levés pour la garde des internés ont à suivre le programme suivant, donné par le Département militaire, pour que ce service tienne lieu des cours de répétition :

I. Service journalier.

A 6 heures: Diane, lever, soins de propreté, arrangement des chambres.

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Appel sur le terrain, rapport sur l'appel, rapport sanitaire, noms des malades donnés avec indication des logements.

Exercice ou théorie des hommes non de garde ou de patrouille avec 1/2 heure de repos.

Rapport.

Appel en armes, inspection, garde-montante.

Appel sur le terrain.

Exercice ou théorie avec 1/2 heure de repos.

Retraite.

Chaque soldat doit être rentré dans son logement.

NB. Patrouilles dans les rues et établissements publics pour conduire au poste les militaires qui s'y trouveraient.

II. Emploi du temps.

1er jour. Arrivée de la troupe, lecture des ordres, commander le service, loger la troupe, échanger les armes, s'il y a lieu, service de garde.

2e

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Matin, 1re et 2 section de l'école du soldat en laissant de côté la gymnastique. Insister sur les exercices de position et les principes des feux. A chaque exercice alterner entre la 1re et la 2e section Après midi continuation du service de garde.

Comme le deuxième.

Aux deux reprises continuation de l'école du soldat, les deux sections alternativement.

Matin et soir école de compagnie.

Nomenclature d'armes et premier tir pour les hommes non de service; 20 coups par homme.

Nomenclature d'armes et premier tir pour les hommes de service la veille, 20 coups par homme. Pour les autres non de service école de tirailleurs.

Nomenclature d'armes et 2e tir. 20 coups par homme

Nomenclature d'armes et 2e tir pour ceux de service la veille, 20 coups
par homme. Pour les autres non de service école de tirailleurs
Matin, école de tirailleurs. Après midi, école de campagne. Inspection.
Jour de licenciement; rendre les capotes, solder la troupe; licencie-

ment.

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LAUSANNE. IMPRIMERIE PAChe, cité-derrIÈRE, 3.

REVUE MILITAIRE SUISSE

No 1.

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Programme d'une étude de la géographie militaire de la Suisse.
Pièces officielles. Nouvelles et chronique.

Question de Savoie.

ARMES SPÉCIALES. - Réorganisation de l'armée suédoise.

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Programme d'une étude de la géographie militaire de la Suisse.
(Décembre 1870.)

La géographie militaire a pour but d'étudier et de décrire la nature et la configuration de la surface de la terre en ayant égard aux influences que cette nature et cette configuration peuvent exercer sur les opérations de la guerre. Autrement dit: la géographie militaire de la Suisse a pour but l'étude géographique des divers théâtres de la guerre où la Suisse peut être appelée à défendre son indépendance.

On appelle théâtre de la guerre l'espace qui est employé pour toutes les opérations d'une guerre, ou plutôt qui pourra être employé pour ces opérations; on voit donc qu'il sera difficile de déterminer le théâtre d'une guerre avant que celle-ci soit finie. Nous allons néanmoins chercher à établir des limites à nos recherches.

L'étude qui nous occupe comprendra tout le territoire de la Suisse et une certaine partie des pays voisins.

N'ayant aucune de nos frontières appuyée sur une barrière stratégique complète, telle que mer ou océan, et étant entourés de tous côtés par de grands Etats, il serait difficile de fixer le périmètre où devrait s'arrêter notre examen; mais comme par suite de notre position politique, nous ne pouvons être appelés qu'à une guerre défensive, nous ne pousserons notre étude dans les pays voisins que jusqu'à la base d'opérations la plus proche de ces pays contre la Suisse.

La géographie militaire en général comprend deux branches distinctes :

1° Description;

2o Raisonnement.

Dans la description on devra réunir, analyser et grouper les divers matériaux géographiques et statistiques qui sont à notre disposition soit pour la Suisse soit pour les pays voisins; et la description ne servira en général qu'à constater quels sont les éléments géographiques de tel théâtre de la guerre ou de telle de ses parties.

Le raisonnement consisterait à rechercher quels sont les avantages que l'on pourrait retirer, au point de vue stratégique, des circonstances géographiques que l'on a constatées.

Pour le moment nous nous contenterons de traiter la première partie, qui est la seule purement scientifique; la deuxième partie est plutôt un jugement personnel et par suite discutable, qui variera du reste nécessairement suivant une foule de circonstances.

Aussi, sauf quelques cas où il ne peut y avoir aucune divergence

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