DES ARBRES FRUITIERS, CONTENANT LEUR FIGURE, LEUR DESCRIPTION, PAR M. DU HAMEL DU MONCEAU, TOME TROISIE ME. A PARIS, M. D C C. LX X X I I. TRAITÉ DES ARBRES FRUIT IER S PYRUS, POIRIE R. DESCRIPTION GÉNÉRIQUE: LA nombreuse famille du Poirier eft divifée en deux branches principales, dont l'une reconnoît le Poirier fauvage pour fon auteur; l'autre paroît être le fruit de l'alliance du Coignaffier avec le Poirier. La ref= femblance des traits & de la conformation montre évidemment l'origine de l'une, & forme au moins une préfomption de celle de Fautre. Les alliances multipliées entre ces Tome III A deux branches, & entre les particuliers d'une même branche, ont multiplié presqu'à l'infini les variétés du Poirier. Ne pourroit-on pas encore fans témérité foupçonner le Poirier vivant folitaire dans les bois, de n'avoir pas dédaigné tout commerce avec le Cormier & la belle famille des Mefpilus? La forme, lá couleur & les caracteres de quelques Poires femblent fonder ce foupçon. Quoiqu'il en foit de ces conjectures, le Poirier en général eft un grand & bel arbre qui s'éleve droit, & foutient bien fes branches. Ses variétés fe diftinguent par la grandeur & la force de l'arbre; la couleur des bourgeons; la forme & la grandeur des feuilles & des fleurs; & nieux par la figure, la groffeur, la couleur, le goût & la faifon des fruits. Mais les caracteres fuivans font communs à toutes. La fleur eft compofée 1°. d'un calyce en forme de godet peu profond, divifé par les bords en cinq échancrures épaiffes, terminées en pointe, qui fubfiftent fouvent jufqu'à la maturité du fruit: 2°. de cinq pétales un peu creusés en cuilleron; blancs, excepté en un très-petit nombre de variétés où les bords font teints de quelques traits rouges, mais beaucoup moindres & plus légers qu'aux fleurs du Coignaffier; leur grandeur & leur forme varient fuivant les efpeces: 3°.de vingt à trente étamines affez longues, blanches, terminées par des fommèts de la forme d'une olive, fillonnés fuivant leur longueur : 4°.d'un pistil formé de cinq ftyles déliés,moins longs que les étamines, furmontés par des ftygmates; & d'un embryon qui fait partie du calyce. Les fleurs du Poirier viennent par bouquets; les queues font attachées le long d'une petite tige, ou rafle commune. L'embryon devient un fruit charnu, fucculent terminé par un oeil ou ombilic bordé des échancrures defféchées du calyce; il eft attaché par une queue plus ou moins longue & grofle fuivant l'efpece. On trouve dans l'intérieur cinq capfules ou loges féminales rangées autour de l'axe, & fermées de membranes minces & faciles à rompre, quelquefois on n'en trouve que quatre: chaque loge contient un ou deux pepins de la forme d'une larme, compofés de deux lobes, & enveloppés d'une pellicule affez dure. Nul autre arbre ne contientļautant d'efpeces & de variétés diftinguées par la forme des fruits. Il y a des Poires pyriformes, rondes, longues, turbinées, cucurbitacées, pyramidales, &c. Les feuilles du Poirier font entieres, attachées fur la branche dans un ordre alterne par des queues plus ou moins longues; leurs bords font unis, ou dentelés plus ou moins profondément; fuivant les efpeces. Le dehors eft d'un vert-blanchâtre ou plus pâle que le dedans, relevé de nervures fines & peu faillantes; le dedans eft liffe & un peu luifant, creufés de fillons étroits & très-peu |