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avait peur de voir la Russie régler scule la question hellénique, un protocole est signé à Saint-Pétersbourg, entre l'Angleterre et la Russie, en vertu duquel les deux puissances s'engagent à obtenir une amélioration dans la situation de la Grèce (1). Le cabinet de Paris demanda que le protocole de Saint-Pétersbourg fût converti en un traité d'alliance, et, le 6 juillet 1827, un traité est signé à Londres (2) par la France, l'Angleterre et la Russie qui s'allient « pour mettre un terme à un état de choses préjudiciable à leur commerce. » Elles invoquent en outre la raison d'humanité et ce fait que la Grèce a adressé un appel formel à deux d'entre elles. « L'intervention en fa

(1) Art. 4 du prot. du 4 avril 4826: « La Grèce serait une dépendance de cet empire (turc) et les Grecs payeraient à la Porte un tribut annuel dont le montant serait de commun accord fixé une fois pour toutes. Les Grees seraient exclusivement gouvernés par des autorités choisies et nommées par eux-mêmes, mais dans la nomination desquelles la Porte aurait une certaine influence.

Dans cet état de choses, les Grees jouiraient d'une liberté publique complète de conscience et de commerce et dirigeraient exclusivement leur gouvernement intérieur. Cf. de Clercq. t. III.

(2) Un acte additionnel du traité du 6 juillet 1827 entre l'Angleterre, la France et la Russie pour mettre fin à la guerre turco-grecque et faire de la Bulgarie un gouvernement mi-souverain tributaire disait : « I. — Qu'il serait déclaré à la Porte que les inconvénients et les maux signalés dans le traité patent comme inséparables de l'état de choses qui subsistait en Orient depuis six ans, imposaient aux puissances, par la faute de la Porte, la nécessité de prendre des mesures immédiates pour se rapprocher des Grees, pour nouer avec eux des relations en leur envoyant et recevant d'eux des consuls.

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II. — Que si dans le terme d'un mois la Porte n'acceptait pas l'armistice proposé par l'art. Ier du traité patent, ou si les Grecs se refusaient à son exécution,les Puissances signataires du traité signifieraient à la partie récalcitrante qu'elles s'efforceraient par tous les moyens que les circonstances leur suggéreraient de prévenir toute collision,

veur de la Grèce (1) était dictée par des considérations morales et politiques de l'ordre le plus élevé et le plus respectable, conformes en tous points aux saines notions du droit des gens. »>

Les trois puissances déclarent aussi qu'en cas de résistance de la Turquie, elles reconnaîtraient le gouvernement de fait établi en Grèce et au besoin useraient de la force. Le traité de Londres était le dernier coup porté à l'œuvre de la Sainte-Alliance, qui avait tout d'abord considéré les Grecs comme des sujets rebelles, en révolte contre leur légitime souverain.

L'Autriche avait joué un rôle effacé dans toutes ces négociations. Hésitant entre l'opinion publique qui aurait voulu soutenir les Grecs et la crainte de la Russie qui le portait à les combattre de peur de les voir devenir des clients dévoués de l'empire moscovite, Metternich déclarait que l'insurrection grecque a été « l'incident le plus désagréable de tout son ministère » (2). Pendant tout cet épisode de la question d'Orient la politique autrichienne est flottante et indécise.

L'entente des trois puissances amena un blocus paci

sans toutefois prendre part aux Ecstilités entre les deux parties contendantes.

A cet effet, elles transmettraient immédiatement des instructions éventuelles, conformes aux dispositions du traité, aux amiraux commandant leurs escadres respectives dans les mers du Levant.

III. – Enfin si l'un des contendants ou mème tous les deux ne voulaient pas adhérer aux propositions de ce traité, les trois cours contractantes ne poursuivraient pas moins leur œuvre de pacification. » Saripolos, La question gréco-turque (Revue de droit international, 1879).

(1) Calvo. Traité de droit international.

(2) Léger. Histoire d'Autriche-Hongrie.

fique (1) des côtes de la Morée et, par un concours de circonstances imprévues, la bataille involontaire de Navarin.

Après le « déplorable malentendu » de Navarin, le Sultan appella les Musulmans à la guerre sainte. « Le but des infidèles, disait la proclamation turque, est d'anéantir l'Islamisme et de fouler aux pieds la nation musulmane. Que tous les fidèles sachent que le combat est un devoir pour nous (2). » La Russie répondit en déclarant la guerre, qu'elle entreprit pour son compte, non pour les Grecs.

A côté de la guerre russo-turque, les trois puissances, en tant que collectivité, continuent à s'occuper des Hellènes. Le général Maison débarque en Morée et le protocole de Londres du 16 novembre 1828 met la Morée et les Cyclades « sous la garantie provisoire des trois puissances, qui regarderaient comme une agression contre elles-mêmes, l'entrée d'une force militaire quelconque dans ces pays » (3).

Pendant ce temps les armées russes poursuivaient leurs victoires et bientôt la paix était signée à Andrinople (1829). La paix d'Andrinople att ibue les bouches du Danube à la Russie, ouvre les détroits aux navires des escadres russes, et confirme le traité d'Akerman en ce qui concerne les Principautés. La Serbie est indépendante avec un prince héréditaire; la Grèce est affranchie. Les troupes russes, ne doivent se retirer qu'au fur et à mesure des paiements d'une indemnité de guerre de 125.000.000.

Malheureusement l'Épire, la Thessalie, la Macédoine et

(1) L'Autriche, la France et la Russie n'avaient pas déclaré la guerre au sultan. Le blocus avait pour but d'empêcher les communications par mer entre les Tures et l'armée d'ibrahim-Pacha, alors en Morée. (2) La Jonqui re, p. 462. (3) Cf. de Clercq, t. III, P. 508.

les iles (1) étaient laissées à la Turquie. C'était une lourde faute qui, à bien des reprises, et de nos jours encore, a amené dans les provinces des Balkans et à Candie des soulèvements et par suite de grandes difficultés européennes. « Cette pacification, dit Debidour, était le triom«phe le plus éclatant que la Russie pût à cette époque « obtenir en Orient.

«La politique (2) hautaine et résolue de Nicolas avait «porté ses fruits.

«Par la perte de la Moldavie, de la Valachie et de la « Grèce dont le régime nouveau était, sans nul doute, un <«<acheminement vers l'indépendance absolue, l'Empire <«< Ottoman, démantelé, était de toutes parts ouvert à l'in«< gérence russe.

« Le Tsar tenait en outre la Turquie en son pouvoir, « grâce aux indemnités qu'elle était manifestement hors « d'état de payer. Il venait d'acquérir contre elle des posi«<tions offensives en Asie. Par la liberté de la mer Noire « et des détroits, par les avantages considérables qu'il ve

(4) Après la guerre de 7 ans (Indépendance de la Grèce), les puissances se déclarent décidées à obtenir pour la Crète et Samos une bonne administration. En 1832, Samos reçoit une bonne administration; elle prospère depuis lors la Crète attend toujours.

:

(2) Voici comment M. F. de Martens apprécie la politique russe en Orient (Revue de droit international, 1877) : « La Russie, dit-il, est, à l'égard de la Turquie, le représentant du Concert européen, le champion de la justice et du droit international. En 1821-29 comme en 1833-40, ajoute M. F. de Martens, sa politique fut toujours la même : elle n'a jamais cherché à s'agrandir. »

Dans le memorandum remis en mai 1855 par Ali-Pacha aux représentants des puissances à Chypre, la mème politique russe est ainsi jugée :

« Désorganiser l'Empire Ottoman, l'amoindrir par tous les moyens possibles, démembrer son autorité politique aussi bien que ses provinces, et ensuite, s'établir dans les contrées où la confusion aurait

« nait de s'assurer, par son influence sur les États vas«saux et par ses prétentions au protectorat de tous les « sujets chrétiens de l'Empire, il l'exploitait, la paraly<«<sait, et pouvait à volonté lui chercher querelle; il la do<«<minait ainsi à moins de frais que s'il se fùt ostensible« ment emparé de Constantinople. »

Au mois de mai 1830, le Sultan reconnut l'indépendance de la Grèce. La conférence de Londres reprit ses travaux et étudia l'organisation à donner au nouvel État.

Léopold de Saxe-Cobourg, à qui l'on proposa la couronne, demanda que l'indépendance de la Grèce fùt garantie par les puissance et qu'il fut donné au nouveau royaume des limites plus rationnelles. Sur ce dernier point les puissances eurent la malheureuse inspiration de ne pas céder. Léopold refusa le trône qui lui était offert dans de telles conditions.

Après trois années de dissensions intestines, marquées par la dictature et l'assassinat du comte Capo d'Istria, les trois puissances protectrices interviennent encore, et par traité avec le roi de Bavière, élèvent sur le trône de Grèce Othon Ier: Mai 1832.

remplacé tout ordre régulier. Tel a été et est encore le plan de la Russie. Heureusement elle n'a plus de complices.....

«Les évènements qui ont entouré la révolution de laquelle est sorti le régime actuel de Grèce sont le dernier exemple de cette habileté perfide dont la dernière heure a enfin sonné. »

Sauf sur ce dernier point où Ali-Pacha se trompait ou voulait paraitre se tromper, nous croirions assez volontiers que c'est lui qui donne la plus juste appréciation de la politique russe qui n'était évidemment pas uniquement désintéressée

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