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No 50. LE COMTE DE GRANVILLE A M. ODO RUSSELL, A VERSAILLES.

Foreing-Office, le 27 novembre 1870.

Sir, j'ai reçu la nuit dernière votre télégramme m'annonçant que le comte de Bismarck accepte la base proposée par le Gouvernement de la Reine pour la Conférence à Londres, comme lieu de la réunion, et qu'il allait télégraphier en conséquence à Saint-Pétersbourg et à Berlin.

Conformément à la demande du comte de Bismarck, que vous me transmettez dans votre télégramme, j'ai fait part de son consentement aux Gouvernements autrichien et français, afin d'obtenir leur adhésion à la Conférence; je vais envoyer une semblable communication à la Porte.

J'en ai informé aussi les représentants de la Reine à Saint-Pétersbourg, Berlin et Florence.

Je suis, etc.

Signé: GRANVILLE.

No 51.

SIR A. BUCHANAN AU COMTE DE GRANVILLE.

Saint-Pétersbourg, le 27 novembre 1870.

Mylord, le prince Gortschakoff a reçu hier une dépêche du général Ignatieff, qui lui annonce qu'il a eu l'honneur d'avoir une audience du Sultan, dans laquelle Sa Majesté lui a tenu le langage le plus amical et le plus pacifique, au sujet de la dernière déclaration de la Russie. L'Empereur a été si satisfait du rapport du général Ignatieff, qu'il a envoyé chercher ce matin l'ambassadeur de Turquie, afin de lui exprimer personnellement le plaisir que ce rapport lui avait fait éprouver. Sa Majesté a chargé Rustem-Bey de transmettre ses remerciments au Sultan et de l'assurer qu'il partageait complètement ses assurances pacifiques; car, malgré qu'il ait pris une détermination exceptionnelle, en vue de poser à l'examen des Puissances cosignataires du Traité de Paris, la convenance de réviser les stipulations de cet acte si offensives au sentiment national russe et à la dignité de l'Empire, il n'entretenait aucun sentiment hostile ou ambitieux contre la Turquie. Bien loin de s'être attendu à une guerre, et d'avoir fait des préparatifs en vue de cette éventualité, il lui donnait sa parole d'honneur qu'il n'avait pas ajouté un seul soldat à son armée et

que c'était tout au contraire son plus vif désir d'entretenir des rapports cordiaux et pacifiques avec le Sultan.

Le prince Gortschakoff a tenu le même langage à Rustem-Bey, ét lui a dit que le Gouvernement russe avait été obligé de rompre la glace, mais qu'il n'avait pas l'intention de casser les vitres.

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J'ai informé Votre Seigneurie par télégraphe que l'ambassadeur de Russie m'avait montré des documents d'après lesquels il paraît que, dès 1859, les Gouvernements autrichien, français et prussien encourageaient la Russie à trouver le moyen de se soustraire aux stipulations du Traité de Paris.

En me parlant sur ce sujet, le général Ignatieff m'a dit que le Gouvernement italien avait à plusieurs reprises fait valoir la convenance d'obtenir la modification du Traité, et il faut avouer que les dépêches auxquelles il se référait pour confirmer l'exactitude de ses assertions prouvent trop clairement que trois ans après la date de la signature du Traité, tous ses signataires, à la seule exception du Gouvernement britannique, avaient montré à la Russie qu'ils étaient disposés à faire le sacrifice d'un des principes qui avait été jugé le plus essentiel pour la sécurité de la Turquie, et lui avaient donné à supposer que la défiance exagérée dans laquelle persistait la Grande-Bretagne était le seul obtacle qui s'opposåt à l'accomplissement des légitimes désirs de la Russie.

Le seul encouragement qu'on invoque, comme venant du gouverhement de Sa Majesté, consiste en une observation que le général Ignatieff dit lui-même avoir entendu dé lord Palmerston, que les conditions du Traité étaient si dures pour la Russie, qu'il n'était pas probable qu'elles pourraient durer plus de dix ans, et en quelques autres observations semblables, mais plus réservées, du comte Russell.

Il est inutile de faire aucun commentaire sur des documents sur

lesquels je n'ai pu jeter qu'un coup d'œil rapide, mais Votre Seigneu

rie ne sera pas étonnée d'apprendre que l'effet qu'ils ont produit sur Aali-Pacha a été de lui faire sentir que les clauses du Traité, rejetées aujourd'hui par la Russie, ayant été condamnées par autant de Gou

vernements, non-seulement comme sujettes à objection en ellesmêmes, et comme pouvant mettre obstacle à une bonne entente entre la Russie et la Turquie, mais de nature à ne pouvoir être acceptées par aucune grande puissance, il n'y avait plus à espérer la continuation du maintien du principe de la neutralisation.

No 53.

SIR H. ELLIOT AU COMTE DE GRANVILLE.

Mylord, j'ai demandé hier à Aali-Pacha s'il était informé du bruit que le Gouvernement russe avait acheté ou était sur le point d'acheter un certain nombre de navires cuirassés pour former le noyau d'une escadre dans la mer Noire.

Il m'a dit qu'il en avait entendu parler, mais qu'il n'y croyait nullement.

Les assurances qu'il avait reçues de la détermination de la Russie de respecter la Convention d'après laquelle les Détroits restent fermés aux navires de guerre étaient si explicites qu'il ne pouvait avoir aucune crainte à cet égard.

J'ai, etc.

Signé H. ELLIOT.

No 54. - LE COMTE DE BERNSTOFF AU COMTE DE GRANVILLE.

Ambassade de Prusse, le 27 novembre 1870.

M. le Comte, par suite des pourparlers avec M. Odo Russell, M. le Comte de Bismarck a été autorisé par S. M. le Roi à me charger de soumettre au Gouvernement de S. M. Britannique la proposition de se déclarer prêt à désigner des Plénipotentiaires pour se réunir en Conférence à Londres avec les Représentants des Puissances signataires du Traité de Paix de Paris du 30 Mars 1856, afin de prendre en considération les questions qui se rattachent aux ouvertures faites par le Cabinet de Saint-Pétersbourg dans sa Circulaire du 19131 Octobre dernier.

Agréez, etc.

Signé BERNSTORFF.

N 55.

LE COMTE APPONYI AU COMTE DE BEUST.

(Télégramme).

Londres, le 28 novembre 1870.

Reçu votre dépêche du 23. Lord Granville me charge de vous dire combien le Gouvernement anglais est sensible à l'empressement cordial des offres de concours de l'Autriche-Hongrie.

Conférence à Londres proposée par la Prusse a été acceptée par la Russie. On attend réponse de la France, qui hésite, pour adresser invitations pour prompte réunion. Le Principal Secrétaire d'Etat met pour condition entière liberté d'examen sans engagement préalable.

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LE COMTE DE BEUST AU COMTE APPONYI, A LONDRES.

Vienne, le 28 novembre 1870.

Il me semble peu prudent d'accepter la Conférence avant d'en avoir arrêté, ainsi que lord Granville, d'après votre rapport du 25, vous l'a dit, les bases et les conditions et surtout avant qu'il soit bien constaté que les questions en instance ne sont pas préjugées par la circulaire du Prince Gortschakoff du 19131 octobre. C'est ainsi que je me suis énoncé envers le Ministre de Prusse.

Parlez dans ce sens à lord Granville.

No 57. LE BARON DE PROKESCH AU COMTE DE BEUST.

(Télégramme).

Constantinople, le 28 novembre 1870.

En suite des dispositions à Londres, le Grand-Vizir s'est décidé à prévenir par télégramme ses représentants près les Cours signataires du Traité de Paris que la Porte n'adhérera à une réunion des représentants qu'à condition d'un programme fixé et accepté d'avance, excluant toute question en dehors des articles du Traité incriminés par la Russie. Elle préférerait Londres.

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L'Angleterre nous fait proposer la réunion d'une Conférence des signataires du Traité de 1856 pour examiner la question soulevée par la dépêche du prince Gortschakoff. Veuillez me dire le plutôt possible si la Russie est disposée à accepter cette Conférence.

No 59. LE COMTE DE GRANVILLE A SIR A. BUCHANAN,
A SAINT-PÉTERSBOURG.

Foreign-Office, le 28 novembre 1870.

Sir, le baron de Brunnow m'a donné lecture le 25 courant et laissé copie de la dépêche ci-incluse du prince Gortschakoff (1) en réponse à ma dépêche à Votre Excellence.

En la recevant j'ai dit au baron de Brunnow que je ne pouvais lui faire aucune observation avant de consulter mes collègues, mais que je serais heureux de lui adresser une question sur un point de fait.

Il était dit dans la dépêche que la Russie n'aurait pas demandé mieux que d'arriver au résultat par un accord avec les signataires du Traité de 1856, mais que toutes les tentatives faites à diverses reprises pour réunir les Puissances en délibérations communes afin d'écarter les causes des complications qui troublent la paix générale ont constamment échoué. Je demandai au baron de Brunnow s'il pouvait me dire quand la Russie avait fait une proposition quelconque à l'Angleterre pour la révision du Traité de 1856, S. Ex. répondit que la Russie n'en avait jamais faite, mais que, dans certaines occasions, lorsque quelques éventualités avaient été discutées, il avait déclaré à lord Malmesbury et à lord Clarendon que, si ces éventualités venaient à se réaliser, la Russie se réserverait le droit de mettre en question quelques-unes des stipulations du Traité de 1856.

Je lui demandai si quelqu'un des événements auxquels il faisait allusion avait eu lieu, il répondit négativement; il mentionna aussi les propositions de congrès à propos d'affaires qui ne concernaient pas la Turquie.

Je lui fis alors observer que ses paroles n'étaient guère une réponse

(1) Voir no 33, 20 novembre.

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