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pas le fil des négociations comme rompu par la déclaration de guerre et les faits qui en ont été la conséquence; et sachant, de plus en plus, d'après les propres déclarations de S. M. Impériale, qu'elle désire seulement voir assurer une égalité parfaite des droits et des immunités octroyés par S. M. le Sultan et ses glorieux ancêtres aux communautés chrétiennes sujettes de la Porte;

Et de son côté, la Sublime-Porte, répondant à cette déclaration par la déclaration qu'elle regarde comme étant de son honneur de continuer à maintenir les susdits droits et immunités, et qu'elle est toujours disposée à mettre un terme au différend survenu entre les deux empires;

La négociation à suivre serait basée :

1o Sur l'évacuation la plus prompte possible des Principautés ; 2° Sur le renouvellement des anciens traités;

3o Sur la communication des firmans relatifs aux priviléges spirituels octroyés par la Sublime-Porte à tous les sujets non-musulmans, communication qui, faite aux Puissances, serait accompagnée d'assurances convenables données à chacune d'elles.

L'arrangement déjà fait pour compléter l'accord relatif aux SaintsLieux et aux établissements religieux à Jérusalem serait définitivement adopté.

La Sublime-Porte déclarerait aux représentants des quatre Puissances qu'elle est prête à nommer un plénipotentiaire, à établir un armistice et à négocier sur les bases ci-dessus énoncées, avec le concours des Puissances, et dans une ville neutre dont elles conviendraient.

Les déclarations faites par les Puissances dans le préambule du traité du 13 juillet 1841 seraient solennellement confirmées par ces mêmes Puissances dans l'intérêt de l'indépendance et de l'intégrité de l'empire ottoman, et de celui du concert européen.

Et la Porte, de son côté, déclarerait dans le même intérêt sa ferme résolution de développer plus efficacement son système administratif et les améliorations intérieures qui devraient satisfaire aux besoins et à la juste attente de ses sujets de toutes les classes.

LXVII.

Note adressée à Réchid-pacha par les représentants de France et de la Grande-Bretagne, en date de Pera, le 18 décembre 1853 (11 rébiul-éwel 1870).

Je dois accuser réception de la Note de V. E. en date du 4 décembre, J'ai appris par elle qu'une division de la flotte russe, qui croisait depuis quelques jours dans le voisinage de Sinope, était

entrée dans ce port le 30 novembre, et avait attaqué les navires turcs qui y étaient mouillés. J'ai, depuis, été instruit des résultats du combat que je déplore profondément, en même temps que j'honore le noble dévouement et le patriotisme de ceux qui ont succombé dans ce combat inégal.

Je suis, cependant, obligé, en ce qui me concerne, de décliner toute responsabilité dans ce désastre. V. E. me rendra la justice de reconnaître que chaque fois que j'ai été consulté sur la convenance d'envoyer une flotte turque dans la mer Noire, j'ai toujours exprimé, sans réserve, mes doutes et mes craintes. Un matériel défectueux, des équipages au-dessous du pied de guerre, les dangers que présente, en cette saison, la navigation de la mer Noire, la possibilité de rencontrer un ennemi avec des forces supérieures, tout a été représenté au Sultan à l'appui d'une opinion opposée à la sienne.

La présence de la flotte anglo-française dans le Bosphore est une pretive incontestable des sentiments qui animent S. M. l'empereur des Français et S. M. la reine de la Grande-Bretagne. Leur présence a une signification politique. C'est un appui moral, tant qu'il reste une espérance de réconcilier des Puissances ennemies.

Cependant si la Russie essayait un débarquement dans le Bosphore ou sur tout autre point de la côte de Turquie, les flottes combinées agiraient aussitôt et entreraient dans la mer Noire pour protéger, s'il était nécessaire, le territoire et l'intégrité de l'empire ottoman.

LXVIII.

Dépêche de M. Drouyn de Lhuys au comte Walewski, Londres, en date du 15 décembre 1853 (14 rébiul-éwel 1270).

Monsieur le comte, je vous ai fait connaître la première impression du gouvernement de l'Empereur à la nouvelle de la destruction. de la flottille ottomane dans la rade de Sinope, et je ne doutais pas qu'elle ne fût complétement partagée par le gouvernement de S. M. britannique. Je vois par la dépêche télégraphique de lord Stratford, que lord Clarendon a bien voulu vous communiquer, que nos représentants à Constantinople ont tout de suite compris la nécessité d'une démonstration de nos forces navales dans la mer Noire, et je me plais à penser qu'au retour des frégates à vapeur envoyées en reconnaissance à Bourgas et à Sinope même ils n'auront pas hésité à faire sortir du Bosphore le gros des deux escadres. L'opération qu'ils se proposaient de seconder, et qui est celle dont lord Clarendon et moi nous avions eu également l'idée, sera un premier indice de la surveillance qu'il est devenu nécessaire d'exercer

sur une côte où nous n'avions pas supposé qu'une agression pût si vite se produire.

En effet, nos dernières informations de Saint-Pétersbourg nous représentaient encore la Russie comme disposée à traiter, et décidée surtout à ne prendre nulle part l'offensive. Cette confiance expliquait l'immobilité de nos flottes. Il nous paraissait suffire que la présence de notre pavillon dans les eaux de Constantinople attestât notre ferme intention de protéger cette capitale contre un danger soudain, et nous ne voulions pas que notre apparition prématurée dans des parages plus rapprochés du territoire russe risquât d'être prise pour une provocation. L'état de guerre rendait sans doute une collision possible sur mer comme sur terre entre les parties belligérantes, mais nous avions été autorisés à inférer des déclarations réitérées de la Russie que notre réserve serait imitée par elle, et que ne se méprenant point sur le véritable but de notre démonstration, elle éviterait avec le même soin que nous, les occasions d'une rencontre, en s'abstenant de procéder à des mesures agressives dans des limites où, si nous avions pu la croire animée d'intentions différentes, notre action aurait naturellement dû s'exercer concurremment avec la sienne.

En un mot, monsieur le comte, nous admettions, sans le dire cependant, que la flotte de Sébastopol protégeât le littoral asiatique de l'empire russe, en éclairât les approches, en ravitaillât les garnisons; et dans aucune de ces circonstances nous n'aurions eu à intervenir pour gêner ses mouvements. C'eût été attaquer la Russie; et nous n'avions franchi les Dardanelles que pour défendre la Turquie.

L'expédition dirigée contre Sinope a donc dépassé toutes nos prévisions ce fait modifie également le rôle que nous aurions désiré pouvoir garder jusqu'au bout. A l'usage que nous lui laissions de la mer, dans l'intérêt de sa défense, la Russie a substitué comme une sorte d'abus de sa position pour attaquer notre allié dans ses ports; et, non contente d'exercer une souveraineté illégale dans les principautés du Danube, elle semble vouloir encore étendre, avec toutes les horreurs de la guerre, sa domination absolue sur l'Euxin. Lorsque le gouvernement de S. M. I. et celui de S. M. britannique ont décidé le mouvement de leurs escadres vers Constantinople, il avait été question, vous vous le rappelez, d'inviter nos amiraux à informer le commandant en chef des forces navales russes de l'objet de leur mission. Le moment est venu d'accomplir cette démarche puisque nos ménagements n'ont, en définitive, servi qu'à empirer la situation. Je propose donc, monsieur le comte, d'ordonner à MM. les vice-amiraux Hamelin et Dundas de déclarer à M. le prince Ment

chikoff ou à M. le vice-amiral Korniloff que les gouvernements de France et d'Angleterre sont résolus à prévenir la répétition de l'événement de Sinope, que tout bâtiment russe rencontré en mer par les nôtres sera dorénavant invité à rentrer dans le port de Sébastopol, et que toute agression tentée, malgré cet avertissement, contre le territoire ou le pavillon ottoman sera repoussée par la force.

Par suite de cette déclaration, nous nous trouverons, conjointement avec la Turquie, les maîtres d'un vaste bassin qui baigne les provinces à la fois les plus importantes et les plus exposées de l'empire russe; et à l'occupation de la Moldavie et de la Valachie nous opposerons, tant qu'elle durera, une occupation correspondante dont les conséquences seront assurément plus graves pour le cabinet de Saint-Pétersbourg que celles de la prise de possessien des principautés ne sauraient l'être pour la Porte. Ou l'armée commandée par M. le prince Gortchakoff repassera le Pruth, ou nos vaisseaux, autant que la saison le permettra, croiseront dans l'Euxin et intercepteront toutes les communications maritimes de la Russie avec ses provinces asiatiques.

Nous conserverions ainsi la mer Noire comme un gage, jusqu'à l'évacuation des principautés et le rétablissement de la paix. En attendant, l'influence de l'Occident presque inconnue dans ces parages y pénétrera: les dangers auxquels notre présence exposera une domination mal assise, les rapports et les intérêts nouveaux qu'elle peut développer dans des contrées perdues pour le commerce du monde, tels sont, monsieur le comte, les sérieux motifs de réflexion qu'une pareille démonstration, accomplie avec vigueur, est faite pour inspirer au cabinet de Saint-Pétersbourg.

L'attitude de ce cabinet, les prétentions qu'il a affichées, l'envahissement de la Moldavie et de la Valachie en pleine paix, l'agression hardie dont Sinope était le théâtre il y a peu de jours, tout cet ensemble de circonstances annonce des vues et des résolutions que l'Europe ne saurait changer qu'en prenant à son tour un parti énergique, et je n'en vois pas, pour le moment, de plus efficace que celui que je viens d'indiquer. La France et l'Angleterre, par l'indépendance de leur politique et les moyens dont elles disposent, se trouvent appelées à se décider les premières. C'est une tâche, monsieur le comte, que le gouvernement de l'Empereur est prêt, pour sa part, à accepter, si le gouvernement de S. M. britanique est, de son côté, disposé à la soutenir avec lui. La volonté de S. M. I. est donc que vous en transmettiez l'assurance à lord Clarendon, en lui remettant copie de cette dépêche.

Agréez, etc.

LXIX. - Dépêche de lord Stratford de Redcliffe à lord Clarendon, en date du 17 décembre 1853 (16 rébiul-éwel 1270).

Milord, j'ai reçu hier de lord Westmoreland, conformément aux instructions de Votre Seigneurie, une Note collective adressée à la Porte par les représentants des quatre puissances à Vienne, agissant ensemble avec la qualité reconnue de conférence ressuscitée.

La lettre scellée adressée à Rechid-pacha, et contenant cette Note, m'est parvenue en même temps, avec l'invitation de la présenter personnellement à S. A. en me rendant chez elle avec mes collègues l'ambassadeur de France, l'internonce d'Autriche et l'envoyé de Prusse. Cette Note, qui conseille une prompte conclusion de la paix et qui invite la Porte à déclarer à quelles conditions elle est disposée à négocier avec la Russie, n'aurait en d'autres circonstances que des avantages douteux; mais je n'hésite pas à exprimer nettement la conviction où je suis qu'elle ne peut être remise à la Porte en ce moment sans déranger nos espérances de paix et sans rendre l'acceptaption du projet que Rechid-pacha a reçu le 15, de moi et de mes collègues, plus incertaine et plus difficile qu'elle ne l'est déjà. Telle est aussi l'opinion de mes collègues. Les termes de la Note sont sans aucun doute polis et flatteurs pour le gouvernement turo, mais ils donnent en même temps tant d'encouragements au parti de la guerre, que la communication de cette Note ne peut guère manquer de fortifier ce parti et d'éloigner le succès des négociations. A tout événement, en retardant la remise de cette Note, nous gardons en nos mains une occasion de rouvrir la question des négociations, dans le cas où notre proposition actuelle serait repoussée. Tel est donc le parti que j'ai résolu de prendre, et j'espère qu'il obtiendra l'approbation de Votre Seigneurie.

J'ai l'honneur, etc.

LXX. -Note de lord Stratford de Redcliffe à Réchid-pacha, en date du 21 décembre 1853 (20 rébiul-éwel 1270).

Monsieur le Ministre, je viens d'apprendre d'une manière digne de foi que les softa et autres individus ont eu recours à des réunions qui menacent la capitale d'une insurrection immédiate, et les chrétiens d'un grand désastre.

N'ayant ni le temps ni les moyens de vérifier soit la cause soit la portée de cet incident, je crois devoir m'adresser en premier lieu à V. A. pour avoir des informations plus exactes de ce qui en est, et,

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