Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

Les échantillons envoyés pour être dégustés par un Jury spécial, composé des fins gourmets du pays, étaient assez nombreux. Cependant on a regretté qu'il ne l'ait pas été davantage, et on a déploré l'apathie des vignerons qui se contentent du coin du feu traditionnel. Il faut espérer qu'ils se laisseront bientôt emporter dans le grand mouvement progressif qui se fait autour d'eux.

Les bouteilles-échantillons étaient enveloppées d'un papier blanc; sous ce papier était l'étiquette portant le nom du crû, le nom et l'adresse de l'exposant, le prix de la pièce de 215 ou 212 litres, le nombre de pièces de la cuvée d'où était sorti l'échantillon. L'exposant était obligé de céder toute sa cuvée au prix indiqué si un acheteur se présentait. C'est ainsi que le lot marqué du 1er prix a été vendu séance tenante au prix de 145 fr. logement non compris.

La distribution des médailles a eu lieu à midi dans la salle de la Mairie, sous la présidence de M. Abel Sauzey, président du conseil de la préfecture du Rhône, assisté de M. de Saint-Trivier, président de la section de viticulture du comice, de M. Terrel des Chênes, secrétaire de ce comice, et de M. V. Pulliat, secrétaire de la section viticole.

Ces Messieurs ont prononcé des allocutions de circonstance qui ont été bien appréciées. Voici le rapport de M. Terrel des Chênes, qui renferme le compte-rendu explicite de la séance.

MESSIEURS :

Les vingt-quatre communes viticoles de notre circonscription, -à la rigueur il y en a vingt-sept; mais trois, sur ces vingt-sept, ont chacune seulement quelques hectares de vignes et ne peuvent être appelées viticoles.

Les vingt-quatre communes viticoles du Haut-Beaujolais

cultivent environ dix mille hectares de vignes, dont le rendement annuel, évalué en moyenne à 35 hectolitres à l'hectare, donne un produit total de 350,000 hectolitres de vin. Ce vin ne peut pas être estimé, en moyenne, à moins de 30 francs l'hectolitre c'est donc un revenu brut de dix millions, cinq cent mille francs, donné à notre pays par la vigne. Certes! voilà un grand et beau résultat pour une contrée peu étendue, et le vin qui nous fait un si généreux présent a droit à tous nos soins, à notre plus reconnaissant intérêt.

Les cuvées, dans notre vignoble, sont ordinairement de 40 hectolitres, aussi en moyenne, ce qui donne une commune de 8,750 cuvées. Comment donc se fait-il qu'un certain nombre de cuvées seulement sont représentées à votre exposition? Est-ce l'indifférence, est-ce la fatigue, est-ce le manque de confiance qui a retenu les vignerons?

L'indifférence? elle serait mal avisée. Nous ne pouvons être indifférents aux choses qui se rapportent au produit d'où vient la richesse de notre contrée et qui fait sa renommée.

Prétend-on que l'utilité des expositions de vins soit douteuse? C'est une erreur fàcheuse qui doit être dissipée. Ces expositions, en signalant les meilleurs produits, procurent un avantage réel, immédiat à celui dont le vin a obtenu nos distinctions. Sa cave est bien notée auprès des acheteurs; il vend plus tôt et plus cher son vin, qui est le vin de la médaille; son nom est signalé pour plusieurs années comme étant celui d'un bon vigneron.

Car, Messieurs, il n'est pas vrai que le sol et l'exposition, unis aux bons cépages, soient les conditions qui font exclusivement les bonnes cuvées. Dans des conditions absolument les mêmes, le viticulteur appliqué, actif et soigneux fera du vin meilleur que le vin du vigneron paresseux, négligent et apathique.

Je ne vous ai parlé que du profit matériel qui suit nos médailles; mais à côté de ce profit, et même au-dessus de lui, n'est-ce donc rien que l'honneur d'avoir produit le meilleur vin

de sa classe? Faire du bon vin a toujours été un honneur. Ne savez-vous pas que les anciens ducs de Bourgogne mettaient leur fierté à s'intiiuler: « Seigneurs des meilleurs vins de la chrétienté? »

A côté de l'honneur et du profit particulier, il y a aussi l'honneur et le profit du Haut-Beaujolais tout entier, que je dois vous signaler comme un résultat certain de nos expositions. Le bon vigneron doit se proposer trois choses principales:

1° Obtenir, dans les conditions où il se trouve, les meilleurs raisins;

2o Avec ces raisins, faire le meilleur vin;

3o Améliorer ce vin dans sa cave par des soins intelligents, tout cela autant que possible.

Eh bien, Messieurs, que chacun de nous s'efforce de faire toutes ces choses mieux que son voisin, et voilà l'émulation la plus salutaire établie; voilà le progrès général réalisé; voilà la renommée et la prospérité de notre cher Beaujolais grandies en proportion du gain de qualité que nos vins auront fait.

Ne soyons donc pas indifférents. Travaillons courageusement et avec persévérance, et venons chaque année faire apprécier, dans ces expositions qui sont de bonnes et douces fêtes de famille, les résultats de nos efforts.

Je demandais si c'était la famille qui avait retenu cette année les exposants. Je sais bien qu'on a un peu abusé depuis quelque temps des expositions, comme on abuse toujours des bonnes choses. Cependant, il ne faut pas se lasser. Peut-être y aura-t-il lieu d'examiner si une meilleure organisation des expositions de notre contrée ne pourrait pas être adoptée, afin d'en diminuer le nombre et la fréquence, et d'augmenter leur intérêt. Mais je le répète, ne nous fatiguons pas de ce qui est excellent, même dans l'état actuel des choses.

Il est impossible que les exposants aient manqué par défaut de confiance. Toutes les mesures sont prises pour que nos expositions soient d'une sincérité inattaquable. Un membre du Jury de dégustation disait avant-hier, et avec raison: Je vou

drais que les exposants fussent présents à nos opérations. Et, en effet, Messieurs, vous imagineriez difficilement, quelle conscience, combien de soins, d'application votre Jury de dégustation a apportés à l'accomplissement de sa tâche, quelles précautions rigoureuses il a prises pour rendre bonne et sûre justice! Qu'il me soit permis, à moi qui l'ai vu et jugé, de le remercier au nom du Comice et au nom de tous les exposants, car il a bien merité de tous.

Espérons, Messieurs, que tous les habitants du Beaujolais apprécieront bientôt à leur valeur vraie nos expositions de vins, et qu'ils y concourront en grand nombre l'année prochaine. Voici le jugement porté par votre Jury de dégustation sur la récolte de 1867.

Les vins de cette année se placent, par leurs qualités, entre les récoltes de 1863 et de 1864, mais plus près de la dernière que de la première. Ils sont nerveux, fermes, bien constitués et beaucoup plus vineux qu'on ne s'y serait attendu. Ces caractères distinctifs des 1867 en font des vins dont la solidité et la faculté de s'améliorer en vieillissant, ne peuvent pas laisser place au doute. Nous devons nous en applaudir, car c'est de ces sortes de vins que le Haut-Beaujolais tirera toujours son plus grand et plus solide avantage.

Voici, pour chacune des trois catégories de vins exposés les numéros des échantillons primés :

1 Catégorie composée des échantillons de vin du prix de 120 fr., et au-dessus, les deux hectolitres.

N° 44. M. Chavat, propriétaire à Morgon, médaille d'argent.

N° 39. Claude Dupont, vigneron, à Morgon, médaille de bronze.

N° 19 M. Jambon, vigneron de M. A. Sauzey, à Chénas, mention honorable.

N° 49. M. Lanneyrie, vigneron de M. Sarrazin, à Morgon, 1re mention honorable.

N° 42. M. Cotillon, vigneron de M. Sarrazin, à Morgon, 2m mention honorable,

2me Catégorie, comprenant les vins du prix de 100 à 120 fr. N° 11. M. Félissent, propriétaire, à Chiroubles, médaille d'argent.

N° 50. M. Champagnon, vigneron de M. Terrel des Chênes, vin de Douby, médaille de bronze.

N° 12. M. Félissent, sus-nommé, 1re mention honorable. N° 30. M. Pine-Desgranges, de Reynié, vin des Craux, 2me mention honorable.

3me Catégorie composée des vins de 70 à 100 fr.

No 53. M. Terrel-Gaudet, propriétaire, à Villié-Morgon, médaille d'argent.

N° 6. M. L. Janson, à Chiroubles, médaille de bronze.

[ocr errors][merged small][merged small][merged small]

N° 51. M. Gaudet, vigneron de M. Terrel des Chènes-Villié, mention honorable.

Aucun exposant ne s'est présenté pour concourir dans la quatrième catégorie formée des vins de 70 fr. la pièce, et audessous.

Les lauréats ont reçu leurs récompenses et ont été applaudis. La Commission de viticulture a décidé qu'elle aurait des réunions mensuelles dans lesquelles seraient traitées les questions. scientifiques et pratiques de viticulture et de vinification. Nous rendrons compte de ces séances, qui ne peuvent manquer d'offrir un vif intérêt aux nombreux amateurs de vigne.

J. CHERPIN.

LA BOUTURE DE VIGNES A DEUX BOURGEONS.

SYSTÈME DU POITOU.

Il y a deux ou trois ans il n'était bruit que du semis de vigne par le bourgeon.

« ZurückWeiter »