Mais l'important pour le consommateur est de savoir la manière de faire un plat délicieux du chou rouge, tel qu'il est; or, la voici et je la recommande au baron Brisse, de la Liberté : Prenez un chou rouge; enlevez les feuilles une à une; découpezles par morceaux en supprimant les côtes; faites passer les morceaux par l'eau bouillante, pour leur enlever leur premier goût, sui generis; mettez-les ensuite dans une casserole avec de la graisse blanche et des morceaux de lard; salez, poivrez; mouillez avec un verre de vin; laissez mijoter le tout sur un petit feu pendant deux heures. Enfin, mettez pardessus des saucisses; puis, une demi-heure après, servez chaud. Mangez et buvez beaucoup sans crainte, car les choux, en général, ont, dit-on, la propriété de faire supporter le vin et même de guérir de l'ivresse. C'est pourquoi Jules Lafricain en mangeait tant. Lorsque vous aurez savouré ce mets, vous m'en direz des nouvelles. J. C. L'ARTICHAUT REMONTANT On appelle remontantes les plantes, notamment les rosiers, qui donnent une deuxième ou troisième floraison, après celle du printemps. Je puis done, par analogie, donner le nom de remontant à l'artichaut qui produit deux ou trois fois des fruits pendant la belle saison. L'artichaut remontant n'est pas une variété nouvelle ou extraordinaire; c'est simplement l'artichaut commun (Cynara scolimus). S'il donne plusieurs fois des fruits dans la même saison, c'est grâce à un mode de culture imaginé par M. Dardaine-Bernanose, de Metz. Lorsqu'un pied d'artichaut a donné une première récolte, en juin, M. Dardaine-Bernanose coupe la tige au ras de terre; puis, lorsque le pied a poussé de nouveau, il supprime les œilletons, excepté le plus beau, qui produit fin août ou au commencement de septembre une seconde récolte. Aussitôt après celle-ci, il répète l'opération, et le même pied produit une troisième récolte en novembre. L'horticulteur que je viens de nommer a prouvé l'efficacité de sa méthode en exposant, dans les séances du 2 septembre et du 4 no vembre 1866, de la Société d'horticulture de la Moselle, de beaux échantillons d'une deuxième et d'une troisième récolte. Voici un autre mode de culture de l'artichaut pratiqué avec succès par M. Morand, jardinier en chef de l'asile de l'Orne, à Alençon. Au mois d'août, il met en pot des œilletons d'artichaut nouvellement détachés du pied-mère. Il les conserve sous châssis, en bâche, pendant les grands froids de l'hiver. En mars, il les dépote, les met en pleine terre, à 80 centimètres de distance en tous sens. Ainsi transplantés, tout enracinés, les œilletons prennent une rapide croissance, et ils produisent plus tôt et plus abondamment que ceux mis tout d'abord, suivant l'usage ordinaire, en pleine terre. Jules DESCHAMPS. NOUVELLES PLANTES POTAGÈRES Les plantes potagères annoncées comme nouvelles sont toujours en grand nombre, mais c'est le cas de leur appliquer les paroles de l'Evangile Il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus. Cependant quelques-unes résistent aux rudes épreuves de l'expérience et entrent de plein pied dans la grande culture maraîchère, pour alimenter la population. Les nouveautés reconnues comme réellement méritantes par la culture expérimentale, pendant ces dernières années, sont les suivantes : Carotte demi-longue nantaise. — Elle surpasse ses devancières par son goût savoureux, sa grosseur. Elle passe l'hiver en pleine terre ou en silo, sans devenir coriace, ni filandreuse. Chou de Schweinfurt. - Très-précoce, très-gros et excellent, surtout en été. Chicorée de Ruffec. - Précoce, excellente, la meilleure. peau, chair très-fine, savoureuse, très-recommandable. Courge gaufrée. - De la grosseur d'un cantaloup argenté, à côtes saillantes, ridées ou gaufrées, chair jaune d'or, très-fine, parfumée, délicieuse. Pommes de terre Marceau. Dans une séance de la Société centrale d'horticulture (Paris), M. Vavin a présenté des échantillons d'une pomme de terre qui lui a été apportée, en 1864, d'Amérique par son fils, officier de marine. Il lui a donné le nom de Marceau, à défaut du nom anglais qu'il ignore. « Cette variété, a-t-il dit, doit être regardée comme une des meilleures variétés connues; elle est très-productive; les tubercules sont gros, à chair très-fine, trèsblanche, farineuse et de bon goût; les yeux sont peu apparents et donnent une gerçure bleuâtre qui ne permet pas de la confondre avec la jaune longue de Hollande; elle est hâtive. » FREMONTIA CALIFORNICA Frémontie de la Californie. (Planche XVI). Nous avons cité dans notre précédent numéro un abrégé des principaux caractères de la plante dont le nom précède. Voici quelques nouveaux renseignements. Elle a fleuri en juin 1866, chez MM. Veitch. « C'est, sans contredit, dit M. Hooker, le plus remarquable arbuste qui ait été importé dans ces dernières années et qui surpasse de beaucoup le Forsythia, avec lequel il a, par son aspect, quelque similitude. Quant à ses caractéres botaniques, ils ne sont point encore fixés par la science. Il a été rapporté, par les uns, à une nouvelle section des bombacées, et placé, par les autres, à côté de la plante à mains, ou Cheirostemon platanoïdes, d'autres enfin, placent les frémontiées près de la tribu des éterculiées. Mais les amateurs de plantes ornementales, moins minutieux, ne verront dans le nouvel arbuste qu'une plante de choix pour leurs massifs. CHERPIN, Éditeur. -- Lyon. Imprimerie du Salut Public. Bellon, rue Impériale, 33. |