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RÉPARATION RAPIDE DES RAVAGES DU DERNIER HIVER A CANNES.

fragilité de leur constitution, le coup d'eil était vraiment lamentable. Les feuilles gigantesques des Fougères tropicales, des Strelitzia, des Musa et de plusieurs Palmiers s'inclinaient douloureusement vers le sol, avec une teinte d'herbes cuites, bientôt changée en couleur de feuilles tombées. Je n'oublierai jamais ce spectacle navrant, dont l'effet de la gelée, sur les plantes des jardins du Nord, ne peut donner qu'une idée très-affaiblie. A ce moment, il n'était pas exagéré de présumer que morts et blessés ne valaient guère mieux les uns que les autres, et qu'une notable partie de la plantation serait à remplacer dans le courant de l'année. Et de fait, si une pareille température s'abattait sur la culture d'une serre tempérée, peuplée des mêmes plantes dont je contemplais les ruines, il est bien vraisemblable qu'aucun des sujets ne survivrait à l'accident.

Fort heureusement, l'atmosphère se radoucit un peu pendant les jours suivants, et l'hiver s'acheva sans retour trop sensible d'hostilité. Mais les plantes qui, pendant cette saison, font l'ornement de nos jardins et excitent l'admiration des étrangers, devaient conserver pendant longtemps encore un aspect plus digne de pitié que d'intérêt. Restait à savoir comment tout cela se comporterait pendant l'été, et jusqu'à quel point cette saison pourrait réparer le désastre, et cicatriser les plaies faites par l'hiver.

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fois sur certains arbres, dont la croissance est lente, et qui végéteront encore plusieurs années avant de retrouver leur équilibre et leur santé.

Voici, accompagnée des observations qu'elles m'ont permis de faire, une liste de quelques plantes prises parmi les plus intéressantes ou celles qui avaient le plus souffert. Cette nomenclature aura l'avantage d'indiquer les espèces les plus rustiques, et de donner à ceux de nos lecteurs à qui la Provence subalpine est inconnue, une idée des végétaux dont on peut se permettre la culture sans abri sur ce territoire privilégié qui est assurément, de tous les points de la France, celui où l'horticulture offre à ses disciples le plus d'attrait et d'intérêt.

I. — Végétaux d'ornement.

Hebeclinium atrorubens. Fortement atteint par le froid; a perdu toutes ses feuilles et une partie de ses tiges, et n'a pu fleurir en février-mars selon son habitude. A reformé pendant l'été des tiges de 2 mètres de hauteur, et promet, sauf accident, une belle floraison prochaine.

Wigandia macrophylla. A perdu également ses feuilles et n'a pas donné de fleurs pour la première fois depuis douze ans qu'il est planté. Restauré complètement aujourd'hui.

Datura (Brugmansia) suaveolens. Non seulement le feuillage, mais une grande partie des rameaux ont été détruits: il ne restait que le tronc de l'arbuste. Néanmoins, il a pu fournir dans le courant de la saison trois floraisons successives, en juillet, septembre, novembre, toutes très-abondantes : la dernière est à peine terminée au mois de décembre. J'ai compté tout récemment plus de 100 fleurs ouvertes à la fois sur le même arbuste.

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Greya Sutherlandi. A résisté passablement et s'est rapidement reconstitué. Il promet une belle floraison, et ses longs épis rouge orangé ont commencé à se développer dès le mois de décembre.

Le printemps s'annonça assez précoce : dès le mois de mars, les végétaux les moins maltraités entrèrent peu à peu en sève. Quelques pluies tièdes vinrent seconder le travail de la nature, et l'horticulteur put bientôt recouvrer un commencement d'espoir. Sans amener avec lui une température sensiblement supérieure à la normale, l'été fut de longue durée, suivant une marche assez régulière, exempt de bourrasques et de tourmentes, et nous donnant plusieurs fois par mois, jusqu'en juillet, des ondées abondantes, ce qui n'est pas ordinaire sous notre climat, et pouvait être considéré comme une faveur inappréciable, surtout pour une année où, sur une grande partie Bougainvillea spectabilis. Ce bel de l'Europe, le ciel ne versait pas une arbuste est appuyé à une muraille; ses goutte d'eau. Aussi, sous l'influence de ces feuilles sont tombées pour la plupart, mais conditions favorables, on put observer avec le bois n'a pas été trop atteint, et la floraiintérêt - je dirais presque avec émotion son, épanouie seulement en avril avec plus - les effets quotidiens d'un travail répara- d'un mois de retard, a été la plus splendide teur dont les progrès s'accomplissaient avec que j'aie encore vue. Elle a duré jusqu'à la une étonnante rapidité. Longtemps avant la fin de juin dans tout son éclat. fin de l'été, la plupart des traces du fléau Astrapea Wallichii. Son beau feuilétaient en voie de disparaître, sauf toute-lage a succombé et la végétation d'été n'a

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RÉPARATION RAPIDE DES RAVAGES DU DERNIER HIVER A CANNES.

réparé le mal qu'imparfaitement la plante est restée languissante.

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Poinsettia pulcherrima. Ce magnifique arbuste qui prendrait vite, dans nos cultures, les proportions d'un arbre si on pouvait le protéger efficacement contre les vents d'automne, avait beaucoup souffert de la gelée. De grosses branches âgées de plusieurs années ont été desséchées jusqu'à leur insertion sur le tronc. Un jeune plant de deux ans a même péri jusqu'au niveau du sol, mais les vieux sujets (dix ans), plus robustes, se sont promptement rhabillés, et ont émis des rameaux de près de 3 mètres de développement. Aujourd'hui, leurs larges rosettes de bractées écarlates sont dans tout leur éclat depuis la fin d'octobre, et doivent persister jusqu'en janvier, s'il ne survient pas de contre-temps. Strelitzia augusta. Feuilles presque complètement roussies par la gelée. La grande tige médiane paraissait même fortement atteinte. Cependant elle s'est ranimée et a même fourni, en juin et juillet, une floraison assez abondante. Un de ses épis distiques, coupé au moment de l'inflorescence, dépassait le poids d'un kilogramme. Les drageons basilaires de la souche se sont développés avec un grand luxe de végétation. Le Strelitzia Reginæ n'a pas sensiblement souflert.

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Kentia Forsteriana et Belmoreana. Ces Palmiers, d'une si haute élégance, sont, parmi les arbres de cette famille, ceux qui ont été le plus maltraités. Les longues et gracieuses folioles de leurs frondes ont été presque complètement détruites, et les rachis seuls sont demeurés vivants, comme témoins de la violence du fléau. Je ne sais si la sève de ces arbres a pu, pendant l'été, développer une plus grande force d'expansion, parce qu'elle se trouvait localisée dans les parties restées saines après la suppression des organes perdus, mais j'ai constaté avec surprise que les Kentia, qui n'ont pas l'habitude d'émettre plus de deux frondes chaque année, en ont donné trois dans la dernière saison, de sorte que, si l'été prochain amène le même résultat, l'arbre sera, en deux ans, redevenu présentable. Du reste, même dans notre région, on le voit bien rarement en pleine terre : ceux que les horticulteurs élèvent par milliers sous des abris sont tous destinés à l'ornementation des appartements.

Il parait que les Areca sont moins frileux, car ils ne semblent pas s'être ressentis sérieusement de l'abaissement de la température.

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Bambusa arundinacea. Il est bien regrettable que cette espèce soit aussi peu rustique, car elle laisse bien loin derrière elle, pour les dimensions, la vigueur et la beauté toutes ses congénères cultivées en Europe. Par malheur, si ses feuilles, comme celles de tous les autres Bambous, se développent en été, la croissance de ses tiges ne s'opère que pendant l'hiver. De là la difficulté de le conserver intact, car on ne peut songer à abriter une plante de pareille taille. En janvier dernier, à la suite de la gelée, il s'était dépouillé de ses feuilles; de plus, ses tiges nouvelles, qui étaient alors en pleine croissance, et, par conséquent, encore herbacées, furent désorganisées jusqu'à leur base. Ici, se place un fait assez remarquable pour être signalé en passant; il permettrait de supposer la présence d'un instinct presque merveilleux chez un végétal. Depuis plus de dix ans. que je l'ai sous les yeux, ce Bambou n'a jamais émis les œilletons de sa souche avant la fin de septembre ou le commencement d'octobre, de sorte qu'à l'arrivée de la saison froide, ses tiges se trouvaient exposées aux effets de la gelée pendant la période la plus critique de leur existence, avec leur maximum de sensibilité. Aussi, vers le milieu de l'été dernier, quel ne fut pas mon étonnement lorsque je vis mon Bambou donner naissance, dès le 20 août, à d'énormes bourgeons qui se développèrent si rapidement, qu'en ce moment, où leur croissance n'est pas achevée même, les trois tiges nouvelles s'élèvent à une hauteur d'au moins 15 mètres, acquise dans l'espace de trois mois environ, ce qui donne, par jour, une moyenne d'accroissement de 15 centimètres. Ces tiges ont à leur base une circonférence de 40 centimètres, et les vastes gaînes de leurs courtes feuilles ne mesurent pas moins de 45 à 50 centimètres de largeur, sur 50 à 60 centimètres de hauteur: c'est une vraie curiosité végétale.

Quoi qu'il en soit, si c'est en souvenir de ce qui lui est arrivé l'hiver dernier, que ce Bambou a jugé prudent de prendre ainsi de l'avance cette année, on peut dire que la leçon du malheur n'a pas été perdue pour lui. Survienne une légère gelée, comme celles qu'on éprouve ici le plus ordinairement, elle pourra rabattre quelques entre-noeuds du sommet, mais elle n'atteindra jamais une notable partie de la tige.

Musa paradisiaca et M. Ensete. Le

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SOCIÉTÉ NATIONALE D'HORTICULTURE DE FRANCE.

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Macadamia ternifolia. Semble être très rustique sous notre climat; du moins il n'a pas souffert la moindre atteinte du froid. Un seul arbre a produit environ 5 kilogrammes de fruits, c'est-à-dire au moins dix fois plus qu'il n'en avait porté jusqu'ici.

premier est l'une des plantes qui ont le | septembre, époque normale malgré le retard plus souffert. Toutes les tiges qui portaient d'un mois subi par la floraison. des régimes ont été exterminées jusqu'à la racine; parmi les autres qui n'avaient pas encore fleuri, les plus fortes ont été les plus compromises, et, au bout de quelques semaines, plusieurs tombaient d'elles-mêmes sur le sol. D'autres, sur lesquelles la végétation languissait, ont dû être abattues au printemps; en un mot, l'emplacement de la plantation était presque entièrement dénudé. En avril, après une fumure copieuse additionnée d'une forte dose de sulfate d'ammoniaque et de superphosphate, quelques tiges moyennes restées debout reprirent une végétation active, et les souches dépouillées donnèrent naissance à une foule de rejets, trop nombreux même. Aussi, avant la fin de l'été, de nouveaux stipes avaient surabondamment remplacé les anciens; mais, malgré leur vigueur et leur bonne tenue, un seul de ceux qui avaient survécu a pu arriver à floraison.

Un peu plus rustique que le précédent, le Musa Ensete avait été aussi très cruelle ment éprouvé il n'avait conservé aucune de ses feuilles. Mais il entrait en végétation dès le mois de mars, et vers la fin de juillet, il émettait des feuilles larges de 1 mètre sur une hauteur de 3 mètres, sans y comprendre le pétiole. Jamais je n'avais constaté pareilles dimensions sur les feuilles de ce Bananier. La plante en portait dix ou douze à peu près égales, et, comme pendant tout le cours de l'été, le vent n'a pas soufflé avec assez de violence pour entamer ces grandes feuilles si faciles pourtant à déchirer, elles s'étaient déroulées paisiblement, sans aucun accident, et s'étalaient dans l'espace, aussi exemptes d'avaries que si c'eût été des feuilles de métal. On peut se figurer l'effet qu'aurait produit, sur une vaste pelouse, un groupe de M. Ensete de la taille de celui-là.

II. Arbres fruitiers exotiques. Psidium Cattleyanum. - N'a subi aucune altération, et s'est couvert de fruits excellents dont la maturité est arrivée en

Persea gratissima (Avocatier). — Ce bel arbre, des Antilles et de l'Amérique du Sud, a supporté vaillamment les graves intempéries de l'hiver. Agé d'une dizaine d'années, le seul sujet que je possède ne m'avait encore donné que deux ou trois fruits, dont l'un a même figuré sur les pages de la Revue. Cette année, il en portait une vingtaine, tous arrivés à parfaite maturité vers le milieu de novembre. La qualité de ces excellents fruits leur permettait, au dire des connaisseurs, de rivaliser avec les produits de pays d'origine. Leur énorme noyau germe et lève sans difficulté dans nos cultures. Diospyros Kaki. Paraissent aussi avoir fourni une abondante récolte, à en juger par l'approvisionnement des magasins de comestibles, pourvus d'une grande quantité de beaux fruits, qui s'écoulent facilement à des prix modérés, et qui sont promptement remplacés par d'autres.

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Conclusion.

Telles sont, en résumé, les principales plantes qui m'ont fourni le sujet de quelques observations sur l'influence des vicissitudes atmosphériques auxquelles nous avons assisté dans le cours de l'année. Il serait aisé

de multiplier les citations, et de passer en revue d'autres végétaux: Cocos, Jacaranda, Ptychosperma, Hibiscus, Bromelia, Fourcroya, Balantium, Alsophila, Cyathea, Alpinia, Rogiera, Citrus, Cocos, Phoenix reclinata, etc., mais ce petit nombre d'exemples suffira pour renseigner le lecteur sur la rusticité relative des espèces mentionnées, et pour lui faire entrevoir les ressources infinies que le climat méditerranéen tient à la disposition de ceux qui viennent lui confier leurs plantes de prédilection, pour lesquelles on se passionne si vite dès qu'on a commencé à les aimer. A. CONSTANT.

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CULTURE DES POINSETTIA PULCHERRIMA.

insigne montanum, plante supérieure au C. insigne, type, par son coloris, qui rappelle plutôt celui de la variété Chantini, quoique inférieur. Cependant, cette variété relativement nouvelle, puisqu'elle a été introduite dans nos serres il y a 4 années seulement par la maison Sander, offre ceci de particulier qu'il est extrêmement difficile de trouver deux plantes qui se ressemblent. Chaque pied pourrait être considéré, pour ainsi dire, comme une sous-variété, les fleurs présentant des différences non seulement dans le coloris, mais encore dans la forme des parties qui les constituent.

Le même présentateur montre 6 Cattleya labiata var. Warocqueana très beaux. Selon lui, il n'était pas nécessaire de donner un nom nouveau à cette plante qui, en somme, ne diffère pas du C. labiata type. C'est une superbe forme, très floribonde, puisque des pieds arrivent à produire de 4 à 6 et même 7 fleurs de septembre en décembre.

M. Sallier fils, horticulteur, rue Delaizement, à Neuilly (Seine), soumet à l'appréciation du Jury un exemplaire du Cypripedium (Selenipedium) Lindleyanum, à hampe pluriflore et å fleurs verdâtres, veinées de rouge brun.

M. Régnier, horticulteur, avenue Marigny, à Fontenay-sous-bois, montre un bel exemplaire de Phalaenopsis Schilleriana, non fleuri, mais remarquable par la dimension de ses feuilles mesurant jusqu'à 40 centimètres de longueur.

Un autre apport d'Orchidées est dû à M. Perrenoud, 107, avenue de Choisy, à Paris; il comprend un Lælia præstans purpurea, belle plante encore très rare et deux hybrides issus de Cattleya Pineli marginata croisé par Lælia Perrini: l'un se rapprochant de la plante qui a fourni le pollen, l'autre rappelant davantage celle qui a porté les graines. Ces deux hybrides ont été obtenus de semis faits le 1er juillet 1888; ils ont fleuri pour la première fois le 12 novembre 1893.

Comme présentations ordinaires nous notons : De M. Duval, ci-dessus nommé un beau lot de Vriesea Rex, ravissante Broméliacée dont il a été plusieurs fois question dans ce journal et qu'on ne saurait assez recommander pour la décoration des serres et des apparte

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ments. On sait que c'est à la suite d'hybridations et de sélections que M. Duval a obtenu cette plante remarquable, d'autant plus intéressante qu'elle est le résultat d'efforts persévérants pour l'amélioration successive de types primitifs, qui ont été ainsi complètement transformés.

De M. Dallé, horticulteur, 29, rue PierreCharron, à Paris, 12 variétés nouvelles de Chrysanthèmes : Ferd. Cayeux, belle variété à ligules duveteuses, tubuleuses, spatulées au sommet, rouge grenat pointé or, avec revers teinté de jaune ; Florence Davis, mi-tubuleux, blanc et mauve clair; MM. D. Ward, grands capitules jaune bronzé, pointe des ligules teintée de saumoné; Comte Pierre Chaudon, très grands capitules à larges ligules incurvées, jaune d'or strié orangé ; Duke of York, grands capitules à ligules incurvées, rose violacé, argentées à la face inférieure; Fleur Lyonnaise, grands capitules à ligules incurvées, duveteuses, rouge pourpre avec revers bronzé ; Vaucanson, ligules duveteuses, incurvées, amarante avec revers lilas; M. A. G. Remsay, beaux capitules à ligules jaune pâle veinées de jaune foncé ; Feu follet, ligules ébouriffées, rouge orangé avec doré; M. de Mortillet, capitules à ligules tubuleuses, vieil or, spatulées et rouge cramoisi au sommet; Waban, grands capitules roses; Maurice Dallé, grands capitules à ligules mi-tubuleuses, roses, celles du centre jaunes.

revers

Arboriculture fruitière.

M. Ed. Lefort, secrétaire de la Société d'horticulture de Meaux, présente une intéressante collection de Pommes sans pépin; Quétier, belle variété de couleur jaune ; Belle de Pontoise; Belle du Havre; Friandise; Calville Boisduval; Calville rouge; Belle Dubois ; Calville Garibaldi, beau fruit issu de semis de la variété Grand Alexandre; puis les variétés américaines dont les noms suivent : Peter Smith, Missouri Pippin, Nonnetel, Ontario, qui mériteraient d'être cultivées expérimentalement. D. Bois.

CULTURE DES POINSETTIA PULCHERRIMA

Les Poinsettias, ainsi que leur proche | occupé avec prédilection de la culture des parent l'Euphorbia jacquiniæfloru et plantes de serre chaude et de serre tempéd'autres Euphorbiacées n'ont pas encore rée, parmi lesquelles se trouvaient des passé de mode, mais, toutefois, ils sont un Poinsettia, Poinciana, Murraya, etc. peu négligés dans les cultures. Le climat de la Nouvelle-Orléans est trèsconvenable pour ce genre de culture.

Les Poinsettias, dont les feuilles bractéales sont si frappantes par leur vif coloris, augmentent beaucoup en beauté quand ils sont cultivés avec connaissance des soins qu'ils réclament.

Pendant plusieurs années, je me suis

Toutes ces plantes sont cultivées en pleine terre, dans les serres, sur des platesbandes élevées de 50 à 60 centimètres audessus du niveau des sentiers. Ces serres, d'une largeur de 6m 70, sont dirigées de

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CULTURE DES POINSETTIA PULCHERRIMA.

l'est à l'ouest, de sorte que le vitrage fait face au nord et au sud. A l'intérieur, il y a une plate-bande de chaque côté et une au milieu, celle-ci de 2m 15 de largeur.

Au mois de février ou mars, les Poinsettias sont plantés sur ces plates-bandes qui sont remplies d'une terre de la composition suivante: sable du Mississipi, terreau de feuilles, bouse de vache et un vingtième de chaux vive. Ce compost, préparé un an avant de s'en servir et conservé par couche, renferme toute la nourriture nécessaire aux Poinsettias.

On donne de l'air quand il fait chaud. Si la reprise est trop longue, on ombrage les plantes jusqu'à ce qu'elles aient émis des racines. Lorsque la végétation est vigoureuse, et quand le soleil darde par trop ses rayons, on peut alors enlever l'ombrage.

Pour augmenter la puissance des Poinsettias, qui ont besoin de beaucoup de nourriture, on fait bien de les arroser, une fois par semaine, de jus de fumier additionné d'eau, quand le temps est couvert. Si le temps est sec, on les bassine tous les soirs.

On peut commencer à tailler les Poinsettias à la fin du mois de juin. Cette première taille se fait à une hauteur de 30 centimètres. Une seconde taille est faite à la fin du mois d'août ou au commencement de septembre. A partir de cette époque, on ne les touche plus, on attache seulement les

branches des extrémités.

Au milieu du mois d'octobre, on voit se former les tiges qui porteront les feuilles. bractéales, lesquelles se conserveront jusqu'au mois de mars si les plantes sont vigoureuses. C'est à ce fait que les Poinsettias doivent le nom que leur donnent les Espagnols Fleurs de Pâques ».

Ces plantes atteignent un certain âge. J'en possède beaucoup qui ont de quatre à cinq ans, et, bien taillées chaque année, je

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les cultive avec succès. Les plantes âgées produisent plus de feuilles bractéales que les jeunes, mais elles sont plus petites; la végétation est moins vigoureuse, mais les feuilles sont meilleures pour les fleurs coupées.

La véritable fleur de ces plantes, de la forme d'un fruit ou graine, n'est pas moins curieuse que les vives feuilles bractéales.

Je connais trois formes du Poinsettia: le P. pulcherrima, à feuilles bractéales rouge cinabre, nuancé jaunâtre; P. pulcherrima plenissima, feuilles beaucoup plus échancrées, et feuilles bractéales écar late foncé, plus serrées et plus larges: c'est une variété moins vigoureuse que la précédente, beaucoup plus compacte et plus propre à la culture en pots; enfin, le P. pulcherrima albida, d'un blanc crème, avec les feuilles bractéales incomplètes; à cause de cette particularité, cette variété a presque disparu des cultures.

Je n'ai pas trouvé une différence notable dans les soi-disant sous-espèces du P. pulcherrima. La différence consiste seulement dans les nuances plus ou moins écarlates des feuilles bractéales, les feuilles plus ou moins échancrées, la croissance plus ou moins vigoureuse. La lumière défectueuse du soleil semble produire de nouvelles variétés ; j'ai remarqué que les feuilles bractéales qui se développent au-dedans de la plante sont d'un coloris plus pâle que celles qui viennent à l'extrémité en plein soleil.

Le climat d'ici est assez doux pour que les plantes que l'on protège dans d'autres contrées durent plus longtemps; cependant, les feuilles bractéales et les organes fécondants des Poinsettias sont gelés quand la température s'abaisse à 4o centigrades au

dessous de zéro.

R. MAITRE, Horticulteur, à la Nouvelle-Orléans. Traduit du Deutsche Gärtner Zeitung.

L'Administrateur-Gérant: L. Bourguignon.

Imp. G. Jacob. Paul Pigelet, successeur,

-Orléans

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