568 MULTIPLICATION DE L'EILLET DES FLEURISTES. MULTIPLICATION DE L'ILLET DES FLEURISTES L'Eillet des fleuristes peut se multiplier à l'aide de quatre procédés différents: le greffage, le marcottage, le bouturage et le semis : Le greffage n'est pas pratique et n'est guère usité que pour réunir plusieurs variétés sur un même pied. On greffe en fente, en mai, avec de jeunes rameaux et à l'étouffée. Le bouturage s'emploie surtout quand les pousses sont trop courtes ou trop nombreuses pour être toutes marcottées et qu'on désire cependant utiliser tout ce qui peut servir à propager la variété. On peut bouturer l'illet à diverses époques, tant que les pousses ne sont pas lignifiées, mais juin-juillet est l'époque la plus favorable pour cette opération. Les boutures doivent | Le marcottage est le moyen le plus employé pour la multiplication des variétés de collection et en général de toutes celles qui ne se reproduisent pas franchement par le semis. On peut marcotter les plantes en pots, en employant à cet effet des godets fendus sur le côté ou des cornets de plomb, comme le montre la fig. 182, mais la difficulté de l'opération et celle de l'entretien de l'humidité autour des marcottes fait qu'on opère rarement ainsi. Il est bien plus pratique de mettre les pieds en pleine terre, au printemps, ou d'y enfoncer simplement leurs pots si l'on désire les conserver après le sevrage des marcottes. Il est bon de garnir le pied des sujets que l'on va marcotter d'une couche de ètre soigneusement tranchées au dessous d'un noeud et, si cela se peut, munies d'un talon; les feuilles de la partie qui sera enterrée doivent aussi être retranchées; quelques personnes fendent en deux ou même en quatre la base des boutures, pour hater et faciliter le développement des racines, mais cela n'a rien d'indispensable (fig. 181). Ces boutures sont ensuite plantées dans une terre très-légère, dans des terrines ou des pots, puis ceux-ci placés sur une petite couche et sous cloches; l'enracinement s'effectue également bien à froid, mais alors plus lentement. L'essentiel est que ces boutures soient étouffées, ombrées et tenues trèsmodérément humides. Une fois enracinées, on les traite comme de jeunes semis ou marcottes. Fig 182. Marcottes d'Eillet des fleuristes, en l'air, dans des cornets de plomb. quelques centimètres d'un compost de terre franche, de terreau de feuilles et de sable; les racines se développent plus vite et plus abondamment que dans la terre ordinaire. On doit aussi se munir d'une quantité de petits crochets de bois ou, à défaut, d'épingles à cheveux, pour fixer les marcottes dans le sol. La fig. 183 montre d'une façon si claire les détails de l'incision avec talon qu'il devient inutile de la décrire. Il n'est pas inutile de placer un brin de bois, une petite pierre et de préférence un morceau de feuille coriace dans la fente, pour que celleci ne se ressoude pas. Si l'on entretient le sol modérément humide et que les marcottes aient été toutes bien enterrées, l'enracinement sera suffisamment avancé au bout de cinq à six LES PLANTES ORNEMENTALES DANS LES PARTERRES DU MUSEUM EN 1893. 569 semaines pour qu'on puisse sevrer les plus vigoureuses. A cet effet, on coupe simplement les rameaux nourriciers avec un sécateur, puis, quelques jours après, on soulève les marcottes avec soin, pour ménager toute leur motte; on coupe alors le reste du rameau aussi près du talon que cela se peut; enfin on les empote séparément ou | vigueur, les fleurs sont plus petites, plus pâles, etc., en un mot les plantes s'épuisent et l'on est obligé d'avoir recours au procédé qui nous occupe pour en obtenir de nouvelles plus vigoureuses. Quand les graines ont été récoltées sur des plantes de choix, on peut espérer un certain nombre de fleurs semi-doubles, plus ou moins parfaites et souvent quelques sujets d'élite; mais, même les pieds simples, dont le nombre est toujours en quantité notable, ne sont pas à dédaigner, car ils peuvent servir à orner les massifs, à confectionner des bouquets, etc. Le semis s'effectue de préférence en avril-mai, en pépinière, à exposition abritée ou en terrine et sous châssis froid, dans une terre légère et très-perméable. Quand les plants ont six à huit feuilles, on les repique en pépinière, à environ 10 centimètres en tous sens; on les laisse passer l'hiver en cet état, en les recouvrant de paille longue, de toiles-abri ou châssis si cela se peut, et en donnant alors le plus d'air et de lumière possible. Au printemps suivant, on transplante ces plants en place, soit en planches, à environ 30 centimètres de distance les uns des autres, soit dans les massifs ou les plates-bandes, etc., où ils fleuriront alors dans le courant de l'été. A ce moment, on choisit et on marque les pieds à fleurs doubles dignes d'être conservés, et l'on supprime les autres après leur première floraison. S. MOTTET. LES PLANTES ORNEMENTALES DANS LES PARTERRES DU MUSEUM EN 1893 Nous donnons ci-après la liste des plantes à feuillage placées sur les grandes platesbandes en face des serres, et qui ont produit cette année le meilleur effet. Avant tout, nous devons signaler que la disposition des plantes en avait été faits avec goût, en double amphithéâtre, Au premier rang des Cosmosphyllum cacaliæ folium Gymnotrix latifolia, Helianthus lætiflorus, Ricins sanguins et variétés à feuilles et tiges glauques, Wigandia macrophylla, Solanum laciniatum, Nicotiana Tabacum ou Tabac géant à fleurs pourpres, Phytolacca dioica, Cannas variés, Helianthus à larges fleurs et à tige plus ou moins poilue, provenant probablement de l'hybridation de l'H. argophyllus avec l'H. annuus. Au deuxième et au troisième rang, on avait mélangé, suivant la force des plantes, des Solanum laciniatum, S. sisymbrifolium à feuillage découpé et à fleurs blanches auxquelles succèdent des fruits rouges; Maïs panaché, Dahlia à fleurs doubles, Solanum marginatum. On réservait pour le troisième rang les espèces moins. hautes, telles que Abutilon striatum panaché, Dahlia à fleurs simples, surtout des variétés à fleurs rouge cocciné; Acalypha Wilkesiana var. Williamsi, Canna violacé, Caryopteris Mastacanthus, plante assez nouvelle, très-jolie, couverte de fleurs bleues; Amarantus speciosus, à inflorescence allongée, réunie en grosses boulerouge violacé; Chrysanthemum frulescens, Salvia splendens, Amarantus mes 570 ROSIERS NOUVEAUX EN 1893. lancolicus, Perilla nankinensis, Abutilons à fleur rouge carminé. Comme bordure, on remarquait: Coleus Verschaffelli, Ageratum Tom Thumb, Cineraria maritima, Pelargonium zonale type, Tagetes signata pumila, Begonia versaliensis, se répétant dans le même ordre sur toute la longueur, avec une contrebordure, en Lamium maculatum. Parmi les jolies corbeillles des grands parterres, citons, pour cette année : 1o Zinnia elegans rouge cocciné vif, bordés de Tagetes patula jaune pur; 2o Aster floribundus bordés d'A. Amellus; 30 Chrysanthemum Madame Caboche, à fleurs jaunes, bordés de Chrysanthèmes rose pâle; 40 Acalypha Wilkesiana var. macrophylla, à feuillage rouge brique, bordés de Gnapha lium lanatum; 5o Acalypha Wilkesiana var. Williamsi, à feuille bronzée, bordée de rouge, entourés de Pelargonium Distinction; 60 Pelargonium Madame Odot, bordés de Begonia semperflorens Bruanti; Diverses corbeilles de Pélargoniums PaulLouis Courier, Gloire de Corbeny, Héliotropes, Cuphéas et autres de peu d'importance, doivent encore être signalées. Indépendamment des garnitures qui précèdent et qui étaient fort bien réussies, nous avons remarqué une disposition trèsheureuse dans les carrés du Muséum. C'est une collection de plantes grimpantes cultivées sur armatures en fer, isolément. Le public peut ainsi s'instruire sur la valeur décorative comparée de ces diverses plantes. Voici la liste des principales: Mina lobata, Volubilis variés, Tropæolum variés, Clematis Jackmani, C. Marie VanHoutte, C. viticella venosa, Passiflora cærulea, Convolvulus mauritanicus, Maurandia antirrhiniflora, M. Barclayana, Lophospermum scandens, Ipomaa hederacea, à fleurs roses, rouges et violettes; Thunbergia alata, Loasa lateritia, Eccremocarpus scaber, Boussingaultia baselloides, etc. Nous souhaitons que cette idée heureuse 70 Lantana Rougier-Chauvière entourés de puisse être appliquée à d'autres groupeCentaurea candidissima; 80 Une corbeille de Begonia versaliensis, variété d'un port compact, régulier, qui convient bien pour les grandes masses; 9o Une autre à mi-ombre de Torenia Fournieri, dont le coup d'œil a été ravissant cet été. ments horticoles de plantes. C'est au Muséum à donner de pareils exemples, et nous ne pouvons qu'applaudir à ces « leçons de choses », si fécondes en résultats pratiques. Ém. BRUNO. La Neige (Bengale). - Arbuste vigoureux; inflorescence en corymbe, fleur moyenne, pleine, coloris blanc neige. M. Veysset, rosiériste à Royat-les-Bains livre au commerce, sous le nom de Mademoiselle Antonine Veysset (thé), une nouveauté qui est un dimorphisme fixé de Madame Joseph Schwartz. rebord saumoné, intérieur blanc jaunâtre, panaché rose vif. Souvenir de Lucie (hybride de noisette). Arbuste vigoureux, coloris variant du rouge rubis au rose carminé pâle. Par M. Pernet, aux Charpennes-lès-Lyon: Madame Carnot (thé). Coloris blanc jaunâtre. · Ar Hippolyte Barreau (hybride de thé). Sont encore mises au commerce par - Marquise Litta (hybride de thé). Arbuste vigoureux, coloris rose carminé. 572 BEGONIA DOUBLE A FLEUR DE CHRYSANTHÈME. BÉGONIA DOUBLE A FLEUR DE CHRYSANTHÈME Au nombre des belles variétés de Bégo- | petites que la centrale, qui est mâle. Celle nias hybrides dont les jardins s'enrichissent chaque année, celle qui fait l'objet de cet article est si distincte qu'elle a créé le type d'une race nouvelle, à laquelle il est à souhaiter de voir bientôt venir s'ajouter d'autres variétés de coloris différents. A n'envisager que sa fleur, le Bégonia à fleur de Chrysanthème (fig. 184) est d'une beauté surprenante, tant par l'élégance de sa forme que par sa teinte rose saumoné très-tendre et brillant. Mais les tiges sont un peu faibles pour supporter ces grandes fleurs et, quand elles s'allongent, elles finissent par plier et s'étaler autour du pot si on ne les tuteure pas. Toutefois, ce port pendant constitue un caractère particulier et, en quelque sorte, un avantage, en ce qu'il permet d'utiliser la plante pour orner le devant des tablettes des serres; ces longs rameaux fleuris se prêteront parfaitement au genre de garnitu res florales que les Fig. 184. fleuristes exécutent ci mesure, chez notre plante, jusqu'à 10 centimètres de diamètre; les pétales externes en sont nombreux, longs de 3 à 5 centimètres et demi et larges d'un centimètre ou un peu plus; les pétales internes, dus à la transformation des étamines, naissent d'un axe central portant primitivement les étamines; ils sont plus étroits, plus courts, et de longueurs variables. Ces pièces flo Begonia double à fleur de Chrysanthème. aujourd'hui d'une façon si artistique. De plus, une fois la plante développée, on pourra la suspendre comme les Pélargoniums à feuilles de Lierre et certains Fuchsias. Dans ces conditions, elle fera le meilleur effet dans les serres froides, les vérandahs, etc., car ses fleurs sont vraiment admirables. Peut-être pourrait-on la cultiver en pleine terre, sur les rangs du bord des massifs, en redressant solidement ses tiges à l'aide de tuteurs. Comme chez la plupart des Begonias hybrides, les fleurs sont le plus souvent réunies par trois au sommet du pédoncule commun; les latérales sont femelles et plus rales sont inégale ment recourbées en dehors, parfois contournées et donnant à l'ensemble de la fleur l'aspect de certains Chrysanthèmes japonais. La teinte est rose saumoné, remarquablement tendre et douce. Les tiges sont un peu grèles, fortement lavées de rouge, et les pédoncules ont 6 à 7 centimètres de longueur. Les feuilles sont un peu consistantes, vert foncé, lavées de pourpre en dessous, assez grandes, étroites et portant quelques poils raides. Le Bégonia à fleur de Chrysan thème a été obtenu par M. Chauvet, horticulteur; il est mis au commerce cette année par la Maison Vilmorin-Andrieux et Cie. La culture de cette élégante variété est en tous points semblable à celle des Bégonias tubéreux hybrides, dont elle fait naturellement partie; toutefois, et plus encore que certains Bégonias doubles, on ne peut guère l'obtenir belle qu'en pots, à cause de son port pendant, de ses grosses fleurs et de la teinte délicate de celles-ci. Quoique aujourd'hui bien connue, rappelons en quelques mots les points essentiels de la culture de ces belles plantes: Les tubercules doivent être mis en végé |