196 CHRONIQUE HORTICOLE. Les fruits d'Australie. Les fruits de ce pays continuent à arriver sur nos marchés, et il est bon de les noter, pour savoir quelle concurrence ils peuvent faire à nos producteurs de fruits forcés. Le 12 avril, des ventes ont eu lieu sur le marché de Londres, à Covent-Garden. Elles s'appliquaient à des Prunes, Raisins, Poires, Tomates, Pommes, qui avaient mis six semaines à faire le voyage dans la chambre réfrigé rante des navires. Les Pommes étaient superbes et se sont très-bien vendues. Les fruits mous se tenaient beaucoup moins bien: Prunes et Raisins surtout. Les Tomates étaient excellentes. On voit que c'est surtout sur les Pommes qu'il faut compter, et que les fruits mous provenant de ces importations, Raisins, Prunes, Pèches, etc., ne sont pas encore de nature à donner d'inquiétudes à notre industrie de fruits forcés. Les plantes des terrains salants. Nous nous faisons un devoir d'attirer l'attention de nos lecteurs sur un travail présenté dernièrement à la Société d'acclimatation sur les plantes cultivables dans les terrains salants. On sait que ces plantes sont relativement peu nombreuses, surtout les végétaux ligneux. On pourrait en accroître le nombre. Dès aujourd'hui, M. Vilbouchevitch, l'auteur de cette étude, recommande comme pouvant prospérer dans ces conditions: Populus euphratica, bel arbre. Chenopodium nitrariaceum, pour le Midi. Atriplex Halimus var. capensis, pour le Midi, nourriture des moutons et des autruches. Portulacaria afra, fourrage arborescent. Apocynum sibiricum, textile. Medicago sativa turkestanica, Luzerne fourragère de Turkestan. Melilotus dentatus, fourrage recommandé. Des essais suivis sous divers climats et dans des terrains variés permettront d'asseoir une opinion éclairée sur la valeur de ces plantes encore mal connues et qui sont depuis peu de temps à l'ordre du jour. Les Ancolies comme plantes de serre. Dans la visite que les membres du jury de l'Exposition de Gand ont faite aux serres de S. M. le roi des Belges, à Laeken, tous ont été charmés du riant aspect que présentaient les nouvelles galeries vitrées, longues de 1,200 mètres, qui relient une des entrées du pare au grand jardin d'hiver. Parmi les nombreuses plantes en fleurs qui ornaient ces galeries et ces serres, se trouvaient de petits groupes d'Ancolies qui présentaient l'aspect le plus délicat et le plus gracieux. Ces plantes sont sorties de croisements entre l'Aquilegia chrysantha et l'A. corulea, peut-être aussi de l'A. formosa. Elles ont produit des formes à feuillage fin, glauque, et des fleurs érigées à grandes corolles et à longs éperons dont les nuances, bicolores sur chaque fleur, produisent un effet charmant. Toutes présentent une gamme de tons doux, très-variés, qui constituent des éléments de décoration absolument de premier ordre. Jusqu'ici on n'avait guère employé ces hybrides que dans les jardins où les fleurs ne tenaient guère contre les ardeurs du soleil, où les feuilles sont d'ailleurs mangées bien souvent par les chenilles. Leur véritable place parait donc indiquée pour la décoration des serres froides au printemps et dans l'été, ainsi que pour les vestibules, les jardins d'hiver et les appartements. Pensées unicolores. En Angleterre, on emploie très-généralement ces Pensées unicolores, jaunes, blanches, bleu foncé, violettes, etc., qui y forment non seulement de charmantes garnitures de corbeilles printanières, mais garnissent encore les jardins pendant une bonne partie de l'été. On dit trop souvent que leur culture est impossible chez nous, et que notre climat est trop sec. Cela est vrai jusqu'à un certain point, car on peut voir chaque année à Ferrières, grâce aux soins de M. Bergman, de très jolies corbeilles de ces Pensées, pendant tout le printemps. En espaçant les semis depuis mai jusqu'en août, et en repiquant pour mettre en place en motte, soit en automne, soit au printemps, on peut varier l'époque de la floraison de ces plantes. Parmi les bonnes variétés à recommander, et qui se trouvent maintenant chez bon nombre d'horticulteurs, où l'on peut se les procurer comme porte-boutures ou porte-graines, on citera, parmi les bleues : Charles Turner et Ormonde; dans les jaunes, Yellow Boy, The Queen; dans les blanches, Mistress Pearce, Lord Fitzgerald, Countess of Hopetonn, etc.] Nous ne saurions trop conseiller la culture de ces aimables plantes. Le parfum des fleurs. - D'après les récentes expériences de M. E. Mesnard sur TREIZIÈME EXPOSITION INTERNATIONALE DE GAND. PLANS DE L'INSTALLATION. le mode de production du parfum dans les fleurs, dont il a récemment entretenu l'Académie des sciences, on arrive aux conclusions suivantes : L'huile essentielle se trouve généralement dans les cellules épidermiques de la surface supérieure des pétales ou des sépales. On la trouve aussi sur les deux surfaces, spécialement si les segments floraux sont complètement couverts dans le bouton. La surface inférieure contient ordinairement du tanin ou des pigments qui en sont dérivés. La chlorophylle paraît être toujours le régénérateur de l'huile essentielle. Cela s'explique par ce fait que les divisions florales sont simplement des feuilles modifiées et remplissant une nouvelle fonction. La chlorophylle se change alors en tanin ou en huile essentielle. L'émission du parfum de la fleur est discernable seulement lorsque l'huile essentielle diffère suffisamment des produits intermédiaires qui lui donnent naissance; elle est en proportion inverse de la quantité de tanin et de pigment coloré dans la fleur. Cela explique pourquoi les fleurs vertes sont généralement inodores, et pourquoi les fleurs blanches ou roses sont le plus souvent odorantes, pourquoi les Composées sont riches en tanin, quoique souvent d'odeur déplaisante; enfin pourquoi les Lilas et les Roses forcés ont un si délicat parfum. Cependant on doit ajouter que toutes les fleurs vertes ne sont pas dépourvues de parfum; la Vigne en est un exemple remarquable. 197 Bibliographie: Orchidées rustiques '. Sous ce titre, M. Correvon vient de publier un joli petit livre, illustré de trenteneuf figures noires, et qui est de nature à populariser chez nous le goût des Orchidées de pleine terre. On se figure que la culture de ces gracieuses et étranges plantes est bien plus difficile qu'elle ne l'est en réalité. Il y faut seulement du soin, disons mieux, une affection tendre et empressée. Avec ce mobile pour point de départ on va loin, c'est-à-dire au succès. Lisez les préceptes de M. Correvon : ils sont basés sur la pratique. Il vous initiera à la physiologie et à la classification des Orchidées terrestres, à la description de leurs espèces, à leur élevage et à leur emploi; enfin il vous prouvera, dans son dernier chapitre, que leur recherche et leur culture peuvent enfanter même des poètes, et qu'il peut dire à son tour: Anch'io son poeta! Nécrologie M. Alexandre Mackensie. Nous devons annoncer la mort très-regrettable d'un architecte-paysagiste distingué de l'Angleterre, M. Alexandre Mackensie. Après avoir consacré une partie de sa vie à l'horticulture, il s'était fait connaître avantageusement comme dessinateur de jardin dans son pays. Il avait dessiné, entre autres, l'Alexandra Park, de Londres, et présidé aux plantations des quais de la Tamise. E.-A. CARRIÈRE et Éd. ANDRÉ. TREIZIÈME EXPOSITION INTERNATIONALE DE GAND PLANS DE L'INSTALLATION Depuis 1839, date à laquelle eut lieu la première exposition internationale de Gand, l'importance de ces Floralies n'a pas cessé de croître chaque fois dans des proportions considérables. La Société Royale de Gand, propriétaire du vaste local appelé le Casino, se vit obligée, devant l'affluence des exposants et les proportions croissantes de leurs apports, de recourir à des constructions temporaires élevées dans ses jardins et agrandies à chaque période quinquennale. Cette année, la Société s'est décidée à substituer aux tentes et autres abris provisoires un bâtiment de grandes dimensions, couvrant un espace de 2,500 mètres carrés et pouvant recevoir les plus grands spécimens des jardins d'hiver et des palmariums. Cette vaste salle a été construite par MM. Morial et Tertzwell, et l'arrangement intérieur en a été confié à M. Ed. Pynaert, l'habile horticulteur, l'architecte-paysagiste bien connu, de Gand. Nous en reproduisons ici le plan (voir fig. 73). L'architecte a adopté le style régulier, qui pouvait seul donner le meilleur résultat dans l'endroit qui était mis à sa disposition et où les développements du style paysager eussent été à l'étroit. Les côtés sont fortement massés par de grandes plantes à feuillage orne 11 vol. in-12, chez Doin, éditeur, place de l'Odéon, 8, Paris. 198 TREIZIÈME EXPOSITION INTERNATIONALE DE GAND. mental dont la partie basse est cachée par PLANS DE L'INSTALLATION. Que nos amis de Gand nous permettent, avant de quitter cette salle, de formuler une critique qu'ils ont bien voulu d'ailleurs prendre en considération : les quatre plates-bandes rectangulaires qui se trouvent à l'entrée de l'annexe avaient été quatre gros massifs, d'un contour très-ferme, sont séparés par un bas sin circulaire d'où jaillit un jet d'eau. Signalons, en cet endroit, une disposition fort ingénieuse que nous voudrions voir employer dans nos expositions parisiennes les quatre angles de cette partie de la salle étaient ornés par de magnifiques spécimens de Rhododendrons, d'Azalées, etc., disposés en pyramide par gradins cuvelés et non rectilignes. De la sorte, l'oeil saisit comme un vallonnement fleuri dont la courbe le satisfait et qui lui permet d'embrasser l'ensemble d'un seul coup. Le charmant effet de cette scène était encore augmenté par un excellent système de vélums en tissus vert clair et rose tendre, à mailles très-lâches, tamisant la lumière à souhait. Fig. 73. ornées de Palmiers, fort agréables à voir, mais dont le feuillage empêchait d'avoir dès l'arrivée une vue générale du bâtiment et de l'exposition. Leur place naturelle était sur les bords, où ils pouvaient servir de cadre plantes fleuries. aux En sortant de cette annexe, que nous avons décrite la première puisque c'est une innovation, pénétrons dans le grand hall de la Société déjà connu de nos lecteurs. C'est encore M. Ed. Pynaert qui est l'auteur du plan que nous publions (fig. 74). Le dessin en est conçu d'après un principe différent du précédent une artère principale contourne la salle et se trouve coupée par des allées transversales courbes. Ici, à cause du grand nombre d'exposants à placer et de En terminant, adressons nos compliments | cement des envois, le premier dans la à MM. F. Burvenich et Van Hulle pour le grande salle, le second dans l'annexe. bonheur avec lequel ils ont présidé au pla René-Ed. ANDRÉ. TREIZIÈME EXPOSITION INTERNATIONALE DE GAND. PLANS DE L'INSTALLATION. 199 la variété considérable de formes et de | blement l'harmonie du tracé à la commograndeurs des plantes, le style régulier devait dité de répartition des lots et à la facilité être écarté. Le dessin exécuté allie agréa- de la circulation. 200 EXPOSITION QUINQUENNALE DE GAND. LES PLANTES NOUVELLES. EXPOSITION QUINQUENNALE DE GAND LES PLANTES NOUVELLES chove, y consentit libéralement, afin d'enlever aux compétiteurs tout prétexte à suspecter la compétence et l'impartialité de leurs juges. La section spéciale du jury chargée de juger ce concours fut donc composée de : M. le docteur Maxwell Masters, rédacteur en chef du Gardeners' Chronicle, président; Les concours de plantes nouvelles à l'Ex- | président de la Société, M. le comte de Kerposition de Gand ont présenté cette année un intérêt tout particulier. On aurait cru assister aux grands tournois internationaux qui avaient si brillamment commencé à Londres en 1866, pour se continuer à Paris en 1867, à Gand en 1868, à Saint-Pétersbourg et à Hambourg en 1869, et que la guerre de 1870 avait interrompus pour plusieurs années. Depuis cette époque, nous avons eu encore de grandes Expositions internationales d'horticulture, comme celles de 1873, 1878, 1883, 1888, à Gand; de 1874 à Florence; de 1878 et de 1889 à Paris, etc.; mais on peut bien dire que, dans aucune, on n'a plus rencontré le grand nombre et le choix de plantes d'introduction nouvelle et directe, qui avait tant passionné précédemment les amateurs. On a bien vu, cette fois, que la passion des découvertes n'était pas encore éteinte, et que les horticulteurs savaient encore trouver des explorateurs enthousiastes pour introduire en Europe des végétaux d'ornement arrachés à grand'peine et à grands frais des régions encore inexplorées du globe. Dix-sept concours avaient été ouverts, comprenant les nouveautés fleuries ou non fleuries, soit d'introduction directe, soit obtenues de semis, et appartenant soit à la serre chaude, soit à la serre froide, soit enfin à la pleine terre. Toutes devaient, ou ètre inédites et n'avoir jamais paru dans le commerce, ou n'avoir pas encore paru à l'une des Expositions de la Société. L'attraction principale des amateurs et du public s'était surtout concentrée vers le premier concours, ainsi libellé : SIX PLANTES FLEURIES OU NON FLEURIES RÉCEMMENT INTRODUITES ET NE SE TROUVANT PAS DANS LE COMMERCE. Ces simples paroles avaient déchaîné toute une tempête et donné lieu à un défi assez retentissant. Aussi attendait-on avec impatience le résultat de la lutte, que l'on sut bientôt devoir se concentrer sur deux concurrents seulement. Tous deux, peu de temps avant l'ouverture de l'Exposition, demandèrent même à désigner leurs jurés. Bien que cette dérogation au programme constituat un précédent peu acceptable, le M. Ed. André, rédacteur en chef de la M'. Kegeljan, amateur M. L. Lubbers, directeur des cultures du M. O'Brien, orchidographe, à Londres; Les deux maisons concurrentes étaient : Le verdict du jury, rendu au scrutin secret, a été celui-ci : 1er prix, à l'unanimité, à MM. Sander et Cie. Une description sommaire des douze plantes exposées suffira à nos lecteurs pour leur en donner l'idée, en attendant que nous puissions revenir avec plus de détails sur celles qui priment les autres par leur beauté. De MM. Sander et Cie : Alocasia Watsoniana. Aroïdée originaire de Sumatra. Espèce voisine de l'A. Putzeysi et des hybrides connus sous les noms de Sanderiana, Chantrieri, etc. Les feuilles que nous avons mesurées avaient 57 centimètres de long sur 30 centimètres de large; elles étaient supportées par des pétioles hauts de 50 à 60 centimètres, rouge-violacé, et présentaient un limbe pelté, ovale-oblong sagitté, violet foncé en dessus avec de fortes glandes blanches transparentes à l'aisselle des grosses nervures. La face supérieure était d'un vert noir lustré, à nervures saillantes, à veines transversales nombreuses, argentées, avec bordure de même couleur. Serre chaude. Alsophila atrovirens. Fougère de l'Amé rique du Sud, dont la patrie exacte n'est pas indiquée. Elle présente des frondes robustes, |