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LES CULTURES DE M. CHAPPELLIER.

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Saint-Léger. Son appareil souterrain est constitué par un rhizome grêle, sans intérêt au point de vue alimentaire.

J'ai pu voir, à côté de ces diverses sortes d'Ignames, le très-curieux D. pyrenaica. On sait que cette espèce est le seul représentant du genre Dioscorea en Europe. C'est une toute petite plante qui croit sur le versant méridional des Pyrénées, où elle a été découverte, il y a une vingtaine d'années, à la grande surprise des botanistes. Un pied portait deux fruits, un autre était encore couvert de fleurs måles.

Connaissant les hasards et les bizarreries de l'hybridation, M. Chappellier fait intervenir le pollen de cette espèce minuscule dans la fécondation du D. japonica et Decaisneana.

2o Stachys.

Le 24 mai dernier, M. Chappellier présentait à la Société nationale d'horticulture des tubercules de Stachys floridana qu'il avait reçus de l'Amérique du Nord, et qui rappelaient assez bien, comme forme, ceux du Stachys affinis bien connus aujourd'hui sous le nom de Crosnes. Le présentateur disait alors ne pouvoir donner aucun renseignement sur leur usage, mais il pensait que le nom de Florida Artichoke, sous lequel la plante lui avait été envoyée, permettait de supposer qu'ils étaient comestibles.

J'ai vu, à Boissy-Saint-Léger quelques pieds de Stachys floridana en pleine floraison, et j'en ai même rapporté des échantillons pour l'herbier du Muséum. Dans la plantation qu'en a faite M. Chappellier, un petit nombre de pieds seulement présentent une végétation relativement bonne; des vides indiquent que beaucoup sont morts, les autres languissent.

Il est vrai que cette plante est parvenue en France dans une saison un peu avancée. La mise en végétation tardive de tubercules déjà fatigués par le voyage a bien pu contribuer à lui faire prendre cet aspect chétif. Croqués à l'état cru, ces tubercules n'ont pas une saveur agréable; cependant il est nécessaire d'attendre que la récolte ait été livrée à la cuisinière pour porter un jugement définitif sur leur valeur culinaire'.

1 Depuis notre visite, M. Chappellier a récolté des tubercules de Stachys floribunda. On a pu les voir à l'exposition d'automne de la Société nationale d'horticulture (du 16 au 20 novembre). Leur

3o Mirabilis.

Parmi les plantes qui ornent le jardin de M. Chappellier, j'ai remarqué surtout de nombreuses touffes de Mirabilis hybrida, produit du croisement des M. Jalapa et longiflora. Cet hybride, obtenu depuis longtemps par M. Lepelletier, présente cette particularité qu'il est d'une vigueur extraordinaire, dépassant, dans la plupart des cas, celle des parents. Il produit, en outre, un grand nombre de graines donnant une descendance très-polymorphe. Il en existe des variétés à fleurs roses, lilacées ou blanches, très-odorantes.

Ces plantes sont à ce point floribondes, qu'un pied adulte donne de trois à quatre cents fleurs par jour, pendant près de trois mois. Lorsque les gelées viennent, sous le climat de Paris, surprendre les plantes, elles sont couvertes de boutons. La flo

raison durerait, vraisemblablement, plus longtemps dans le midi de la France.

duction aussi considérable de fleurs, exhaM. Chappellier se demande si une prolant une odeur délicieuse, ne pourrait pas être utilisée à Grasse pour la production des parfums. « Je tiendrai, me dit-il, bien volontiers, des pieds à la disposition des cultivateurs de cette région qui voudraient

se livrer à des essais. >>

40 Safrans.

Au dernier moment, M. Chappellier met sous nos yeux une série de pieds de Safran (Crocus sativus) dont les fleurs présentent des particularités remarquables.

Dans un premier cas, les six pièces du périanthe sont complètement déformées et ont une tendance évidente à se transformer en étamines et en stigmates.

Dans un second, le périanthe est intact; la modification porte sur les anthères, qui prennent l'aspect de stigmates, et deviennent susceptibles d'être utilisés comme tels par le commerce, leur structure et leur composition rappelant celles des stigmates véritables.

Dans un troisième cas, il n'y a plus de périanthe; non seulement les étamines sont transformées en faux stigmates, mais les pièces du périanthe ont elles-mèmes subi cette modification, de telle sorte que

taille dépasse celle des plus beaux Crosnes; ils ont le meilleur aspect; malheureusement ils laisseraient, parait-il, à désirer sous le rapport de la

saveur.

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FLEUR MONSTRUEUSE DE SELENIPEDIUM LONGIFOLIUM.

les parties utilisables de la fleur sont au nombre de neuf au lieu de trois, comme dans le type normal du Crocus sativus. Il faut, cependant, ajouter que les organes modifiés atteignent un développement moindre que celui des stigmates véritables. |

Une quatrième modification porte seulement sur le connectif de chaque anthère, qui s'allonge pour prendre l'aspect d'un véritable stigmate.

Enfin, dans un cinquième cas, ce sont les feuilles elles-mêmes qui prennent l'aspect de stigmates; leur extrémité a non seulement la couleur caractéristique, mais aussi l'apparence extérieure de ces organes. Ces modifications, des plus curieuses et des plus intéressantes au point de vue tératologique, M. Chappellier est arrivé à les

obtenir par de très-longues et de très-patientes recherches. Il s'attache maintenant à les mettre à profit et à les accentuer en vue d'arriver à augmenter le plus possible le rendement des cultures de Safran, fort limité, comme on le sait.

Sous ce rapport, les monstruosités que je viens de signaler présentent d'autant plus d'intérêt qu'on peut les reproduire exactement, la multiplication des Safrans se faisant exclusivement à l'aide des caïeux. On sait, en effet, que ces organes donnent naissance à des individus absolument semblables aux plantes mères.

M. Chappellier a donc ouvert la voie pour l'amélioration du Safran. On peut même ajouter qu'il a déjà fait faire un pas important à la question. D. BOIS.

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POIRE AVOCAT TONNELIER.

leurs formes singulières, leur disposition, | suppléent à la vivacité des couleurs, et chose importante, leur floraison dure très-longtemps.

Nous ne saurions donc trop en recommander l'emploi

dans les serres et dans les jardins d'hiver tempérés. En les plaçant par touffes isolées sur un gazon de Lycopodes, on en obtiendra le meilleur effet. Ce sont des plantes d'une culture généralement facile, dont les fleurs sont peu brillantes de coloris, mais grandes, vigoureuses et de formes curieuses.

En rapprochant la figure qui représente une fleur anormale (fig. 5) de celled'une fleur normale (fig. 4)

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côtés avec le pétale gauche, qui se confond avec lui.

Or, on sait que le caractère tiré du labelle, plat au lieu d'être ventru, était l'un de ceux qui avaient servi à Lindley pour établir le genre Uropedium, comprenant alors une espèce, l'Uropedium Lindeni. On s'accorde mintenant à considérer cette plante comme étant une forme monstrueuse du Selenipedium caudatum, opinion émise depuis fort longtemps auparavant par Ad. Brongniart (Annales des sciences naturelles, e série, vol. XIII, p. 113.) Le fait que nous signalons montre que la

Fleur anormale de Selenipedium longifolium.

que nous donnons comme point de comparaison, on voit que le labelle est aplati au lieu d'être ventru et en forme de sabot, et qu'il est en outre soudé par l'un de ses

structure du labelle peut se mo

difier et constitue, ce nous semble, un argument de plus en faveur d'une manière de voir admise généralement aujourd'hui. D. Bois.

POIRE AVOCAT TONNELIER

Cette Poire est un « fruit de hasard ». Toutefois, sous le rapport historique, nous ne sommes pas complètement dépourvus de renseignements, et au contraire ceux que nous possédons sont de premier ordre, puisqu'ils nous montrent le point initial de cette variété.

Le pied-mère du Poirier Avocat Tonnelier est né à Nancy, dans le jardin de M. le docteur André, rue Stanislas, 102, où il existe encore. Cet arbre est àgé d'environ quarante à cinquante ans; il est très-vigoureux et mesure 8 à 10 mètres de hauteur; il est également frès-robuste, puisqu'il n'a pas souffert de l'hiver 1879-1880 quand tant d'autres arbres, placés dans les mèmes conditions, ont péri. Ce Poirier est aussi très-productif, et à peu près chaque année, il se charge de fruits. Ce qui contribue peut-être à cette fertilité, c'est que, fleuris

sant tard, au printemps, ses fleurs sont à l'abri des gelées tardives.

Voici une description de cette variété :

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Poire Avocat Tonnelier. Jeune sujet formant un arbre de vigueur moyenne, très-fertile. Scions légèrement flexueux, nombreux, strictement dressés, à écorce verte, à peau lenticellée. Feuilles très-rapprochées, nombreuses, pourvues de stipules, souvent réunies et formant des petits groupes. Pétiole court, vert-jaunâtre. Limbe étroitement et courtement ovale, atténué à la base, d'un vert luisant à la partie supérieure, vert très-glauque sur la face opposée, largement denté, à dents courtes; yeux petits, brunâtres, courtement ovales, pétiole et stipule vert-jaunâtre.

Fruit d'une bonne grosseur moyenne, trèsrégulièrement turbiné, obtus, parfois légèrement bosselé sur son pourtour, ventru vers sa base, d'environ 8 centimètres de hauteur sur 7 de diamètre, parfois presque subglobuleux.

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Peau épaisse, ayant parfois des sortes d'auréoles larges et quelquefois un point central plus foncé, dure au toucher, d'un beau jaune orangé à la maturité, finement pointillé de rose. Pédoncule assez long, un peu arqué, renflé à son extrémité, implanté dans une petite cavité souvent légèrement bosselée, parfois placé à fleur du fruit. Cavité ombilicale dans une partie élargie presque plane. Eil régulier, petit, fermé ou mi-clos, peu profond, à divisions calicinales petites, courtes. Chair très-dense, blanc légèrement teinté, homogène, fondante ou légèrement cassante, juteuse, très-sucrée, d'une saveur douce, agréable, rappelant assez celle du Bon-Chrétien d'hiver. Cavité ovarienne très-petite ou presque nulle; pépins rares ou nuls par avortement.

Cette Poire, parfois très-fondante, de première qualité, présente les quelques particularités suivantes: d'abord elle est trèspesante relativement, ce qui est dû à la

densité et à l'homogénéité de sa chair, ainsi qu'à l'absence de trognons et presque de loges et de pépins. D'autre part, elle présente cette singularité que son fruit peut être mangé dès sa cueillette et pendant tout l'hiver jusqu'à sa complète maturité.

Cueilli très-tard, après la chute des feuilles, le fruit se conserve très-bien au fruitier. Il est de toute première qualité pour cuire.

Le Poirier Avocat Tonnelier, qui est très-fertile, pousse suffisamment sur Cognassier; il se prète à toutes les formes, soit de palmettes, soit de contre-espalier; il s'accommode également du plein vent et convient donc pour le verger, surtout si les arbres sont placés à bonne exposition.

On trouve cette variété chez M. A. Arnould fils, pépiniériste, rue de Metz, 44, à Nancy (Meurthe).

FORÇAGE DES POIREAUX

Rien de plus naturel que le désir d'avoir en toutes saisons, c'est-à-dire en dehors de leur époque normale de production, nos meilleures espèces et variétés de légumes; aussi a-t-on dû recourir de bonne heure aux semis à contre-saison, et de là sont venus ensuite les divers modes de forçage. Mais s'il est relativement facile de forcer des plantes de croissance rapide, comme les Radis ou les petites Laitues, on comprend combien la chose est moins aisée avec des légumes à végétation lente et prolongée, comme sont, par exemple, les Poireaux qui, en pleine terre, mettent de huit à neuf mois pour arriver à tout leur développement. Aussi n'a-t-on cherché pendant longtemps qu'à obtenir des Poireaux qu'on vendait ou qu'on consommait à demi-grosseur, ou même encore plus jeunes. Cette culture se fait encore maintenant, et voici comment on procède.

Du 15 au 20 septembre, on sème le Poireau gros court, qu'on appelle aussi Poireau chaud, en planches et très-clair, car on ne le repiquera pas; on recouvre la graine en hersant avec la fourche et on plombe. Par là-dessus, les maraichers sément souvent un peu de Mâche qui partira pendant l'hiver ; on ratisse et on émiette un peu de fin terreau sur le tout. On éclaircit les plants, quand ils sont bien levés, de manière qu'ils restent espacés à 5 centimètres les uns des autres. On a dù naturellement arroser d'une façon suffisante pour

E.-A. CARRIÈRE.

que la levée se fasse bien et pour entretenir la végétation; mais à partir de mars, quand les grands froids sont finis, on mouille plus abondamment et on a soin aussi de bien désherber. Dès la première quinzaine de mai, on arrache les Poireaux qui sont, à vrai dire, encore petits et ont peu de blanc, et on les porte au marché.

On sème quelquefois ce Poireau très clair, dans les couches à châssis ou à cloches, avec la Carotte rouge très-courte à châssis. On ne le repique pas ; on se contente de l'éclaircir, et, après l'enlèvement de la Carotte, on le vend tel qu'il est, en même temps que l'autre Poireau; c'est ce que les maraichers appellent du « Poireau de

semence ».

Pendant longtemps on a forcé sur couche le Poireau long d'hiver de Paris, pour le vendre, comme nous avons dit plus haut, c'est-à-dire à demi-grosseur; la culture en était, à peu de chose près, la même que celle dont nous allons parler un peu plus loin, sauf qu'on plantait le Poireau plus serré et qu'on l'arrachait plus tôt, avant tout son développement. On semait fin décembre ou courant janvier, sur couche, et on repiquait au commencement ou au milieu de mars, soit à bonne exposition, en côtière, soit sur des couches qui venaient d'être débarrassées d'autres légumes et dont on enlevait les panneaux après la reprise des Poireaux. On les espaçait de 5 à 6 centimètres en tous sens et on les enfonçait

FORÇAGE DES POIREAUX.

profondément, de façon à ne laisser qu'un peu de blanc au-dessus de terre. En juin et juillet, ce Poireau était bon à vendre; il n'était pas à sa grosseur, étant planté dru, mais il arrivait à fournir autant que dans une plantation plus espacée, où les produits moins nombreux deviennent plus gros.

Maintenant on est arrivé à obtenir dans le courant de l'été ces beaux et larges Poireaux blancs, à toute grosseur, qu'on n'était habitué à voir paraitre qu'en plein automne. On emploie, dans ce but, le Poireau très-gros de Rouen (fig. 6), qui est actuellement, et de plus en plus, la race préférée par les maraîchers de Paris pour tous les semis de primeur, parce qu'il se forme plus vite et acquiert plus promptement du volume

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planter, un temps couvert ou mème pluvieux; on soulève le sol de la couche et successivement on apporte sur place le Poireau par poignées; puis, on coupe le bout des feuilles et des racines, comme on fait toujours en pareil cas, et on plante, en enfonçant profondément les tiges dans le sol, presque jusqu'à l'endroit où les feuilles s'ouvrent et s'écartent. On donne immédiatement une bonne mouillure et, par la suite, quand les Poireaux sont bien << repartis », on sarcle et on arrose fréquemment, copieusement par les temps de sésécheresse. Le Poireau est une plante gourmande et, si l'on veut obtenir de très-beaux produits, il est bon d'activer sa végétation en donnant des arrosages fréquents à l'en

Poireau très-gros de Rouen.

Vers la fin de mars, ou mieux dans le courant d'avril, le Poireau, bien qu'encore assez faible (il n'a guère encore plus de 5 à 6 millimètres de diamètre), est bon à mettre en place. On prépare donc en bonne terre forte, bien labourée et divisée, dès la sortie de l'hiver, des planches dont on ameublit de nouveau la surface, qu'on dresse et qu'on charge, en l'y mêlant à la fourche, d'environ 10 centimètres de terreau pur, parfaitement consommé. On trace des lignes distantes d'environ 25 à 30 centimètres et on y plante les Poireaux à 15 centimètres sur la ligne. On choisit autant que possible, pour re

|

grais liquide, soit avec du tourteau de Colza, soit avec de la poudrette ou de la colombine pulvérisée, délayés dans l'eau. Le mieux pour cela est de tracer entre les lignes de Poireaux un sillon dans lequel on verse l'engrais li

quide, et on en

terre, en binant, le

résidu laissé à la surface.

Personne ne s'étonnera de voir les efforts faits pour avoir de beaux Poireaux le plus longtemps possible, car c'est assurément un

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des meilleurs légumes que nous ayons. Il ne sert pas seulement à faire les excellents potages que tout le monde connaît et apprécie; c'est encore un des condiments essentiels du pot-au-feu. Autrefois, pendant longtemps, il a constitué un des meilleurs plats qu'on rencontrât l'hiver, au moins dans les campagnes nous voulons parler du Poireau à la sauce blanche. Il ne faut pas pour cela le comparer à l'Asperge; c'est un mets moins délicat. Mais on en peut faire ainsi pendant tout l'hiver, et à très bon marché, un plat savoureux, d'autant plus apprécié que les autres légumes sont alors plus rares ou font même en partie défaut.

G. ALLUARD.

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