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SERRES FLEURIES.

obtenue à Verrières, et qui a été décrite dans le même article, est une nouveauté de marque, sur laquelle nous nous proposons d'attirer de nouveau l'attention de nos lecteurs. C'est qu'en effet il y a un intérêt d'actualité à faire connaitre tout de suite une plante nouvelle lorsqu'elle se produit. Plus tard, lorsqu'elle a fait ses preuves, on peut la reprendre, la faire peindre et lui attribuer définitivement sa place dans les cultures.

C'est ce qui arrive aujourd'hui pour le Papaver umbrosum flore pleno.

Cette variété se fait remarquer par la transformation des étamines en pétales, ce qui donne aux fleurs une semi-duplicature très-élégante, plus même que si elle était à fleurs très-pleines, comme certains Coquelicots anciens. On trouve jusqu'à 20 ou

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25 de ces organes pétaloïdes transformés, que les quatre pétales extérieurs entourent comme une conque élégante, à tons écla

tants.

La culture de notre plante ne diffère pas de celle du type: semis à l'automne, en pépinière d'attente ou directement sur place, pour obtenir une belle floraison printanière, ou bien semis en place pour la floraison de l'été.

Le Papaver umbrosum flore pleno, qui se reproduit assez fidèlement de graines, peut laisser un certain nombre de semis retournant au type, qui ne le cède guère en beauté à la variété double, dont les fleurs sont seulement moins durables.

On trouve ces graines chez MM. Vilmorin-Andrieux et Cie, 4, quai de la Mégisserie, à Paris. Éd. ANDRÉ.

SERRES FLEURIES

Le mois de novembre et le commencement de décembre de cette année ont été particulièrement mauvais pour les fleurs; le manque de soleil et l'humidité constante ont amené un surcroit de travail et d'attention pour les serres fleuries.

Pendant ces longues semaines privées de soleil, nous avons dû, pour que les fleurs ne moisissent pas, donner de l'air presque jour et nuit, ne laisser que le moins d'humidité possible aux plantes et tenir les tuyaux suffisamment chauds pour que la température se maintienne à son état normal, c'est-à-dire de 10 à 12 degrés pour la nuit et de 12 à 15 pendant la journée. De cette façon nos fleurs se sont conservées belles en dépit du mauvais temps, et au 15 décembre, rien ne saurait peindre la fraîcheur et l'éclat de tous ces coloris mélangés ensemble, depuis le rouge vif des Salvia, le blanc pur des Primevères de Chine et toutes les teintes intermédiaires des Cyclamens, des Bouvardias, des Chrysanthèmes, des Pélargoniums zonales, des Ruellia macrantha, des Eillets, des Primula obconica, des Agathea cœlestis, des Coronilles jaunes, des Cinéraires bleues et variées, des Begonia carminata, lucida et castanexfolia alba, des Ageratum Perle blanche, etc., etc.

J'ajoute que, tous les samedis, les plantes sont nettoyées et replacées; celles qui sont défleuries ou qui ne sont plus assez fraiches sont enlevées pour faire place à de nouvelles.

Je viens de citer la floraison du Ruellia macrantha; je veux dire quelques mots à son sujet. Cette plante a été décrite et figurée dans la Revue horticole ', et je la considère comme la plus marquante et la meilleure parmi celles que je réserve pour la culture hivernale; ses belles fleurs tubuleuses, rose carmin vif, longues de 10 centimètres et larges de 7, ne manquent jamais de provoquer l'admiration de tous ceux qui les

voient.

Cette charmante Acanthacée est originaire des parties ombragées des forêts tropicales du Brésil, et quoique n'étant pas nouvelle, elle est assez peu connue et surtout beaucoup moins cultivée qu'elle ne mérite de l'être; il en est ainsi de beaucoup de belles plantes qui sont souvent délaissées pour faire place à d'autres qui ne les valent. pas. Sa floraison commence avec les premiers jours de décembre et se prolonge pendant tout l'hiver jusqu'aux mois de mars et d'avril. Sa culture est assez simple, et je vais expliquer de quelle façon je la pratique *.

Lorsqu'on ne possède qu'une petite quantité de plantes et que l'on veut obtenir beaucoup de boutures, il est préférable de sacrifier la floraison de quelques-unes en les rabattant d'une dizaine de centimètres,

1 1881, p. 410.

Nous obtenons chaque année des R. macrantha qui fleurissent depuis la fin de l'été jusqu'au printemps, en bouturant sur les plantes les plus florifères. E.-A.

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et de les porter, vers le milieu de février, dans la serre à multiplication; là, elles débouchent rapidement de jeunes pousses qui sont très-propices pour faire des boutures, et que l'on doit séparer aussitôt qu'elles ont quelques centimètres de long. Lorsqu'on possède une certaine quantité de plantes, l'on trouve toujours, parmi elles, des boutures en nombre suffisant pour renouveler le stock dont on a besoin. J'ajoute que ce stock se compose d'une moitié de plantes de l'année précédente, et de l'autre moitié de boutures faites au printemps.

Il est inutile de garder les plantes plus longtemps, car à la troisième année on n'obtiendrait plus d'aussi bons résultats. Les boutures, étant détachées, sont insérées chacune dans un très-petit godet rempli de terre de bruyère sableuse et placées sous cloche dans la serre à multiplication. La reprise se fait assez vite; aussitôt reprises, les boutures sont rempotées séparément en godets de 8 centimètres et placées sur couche chaude. La terre employée pour le rempotage devra se composer d'une moitié de terreau provenant de vieilles couches et bien consommé, et d'une autre moitié de terre de bruyère sableuse. Les plantes sous châssis et sur couche devront être garanties des rayons du soleil, mais seulement pour les empêcher de brûler, ce qui n'empêchera pas de les habituer progressivement au grand air. Quand les plantes ont atteint une dizaine de centimètres de hauteur, je pratique un premier pincement que je renouvelle à deux feuilles plus haut, et même davantage si les plantes venaient à pousser trop vite; mais, en général, ces deux pincements suffisent amplement et, par la suite, les plantes se ramifient d'ellesmêmes et forment des petits arbrisseaux bien garnis de feuilles depuis la base et ne s'élevant pas à plus de 40 centimètres audessus du pot.

Cette plante a une tendance à pousser du pied des rejets qui se ramifient assez difficilement, et qu'il est préférable de supprimer à leur naissance.

Au commencement de juin on enlève totalement les châssis'; cependant, pendant les journées les plus chaudes, on devra continuer à ombrer les plantes; cet ombrage reposera sur des pots de 20 centimètres de haut, posés sur les angles des coffres, et sur lesquels reposeront des tringles de fer ou de bois. Sur ces tringles, on déroulera des claies, qui, ainsi que je viens de le dire, ne resteront que le strict nécessaire pour garantir les plantes des rayons les plus chauds du soleil.

Vers le milieu de juillet, je donne un second rempotage en pots de 12 centimètres; ces pots sont suffisamment grands pour les boutures de l'année, en les espaçant assez pour qu'elles puissent bien se ramifier.

Pendant les journées les plus chaudes on devra faire l'arrosage soir et matin et, de temps en temps, on pourra donner un peu d'engrais liquide (la bouse de vache délayée est l'un des meilleurs engrais).

Les arrosages devront être faits avec beaucoup de soin, car, bien que ces plantes soient très-voraces, un peu trop d'humidité aux racines les fait promptement jaunir.

Les plantes que nous réservons pour l'année suivante sont rabattues aussitôt leur floraison finie et mises au repos avec trèspeu d'eau aux racines, juste suffisamment pour empêcher le bois de se rider. Quand les jeunes pousses apparaissent, les plantes sont dépotées; l'on réduit la motte le plus possible en coupant les racines et on les rempote dans des pots plus petits que ceux où ils étaient, pour les mettre ensuite sur vieilles couches et les cultiver comme je viens de l'expliquer pour les jeunes plantes de boutures.

A l'automne, quand les froids sont à craindre, je les rentre dans la serre aux fleurs, mais tout à fait le long du verre et derrière le premier rang de plantes fleuries où il nous reste assez de place pour un ou deux rangs de plantes. C'est là aussi que je place, jusqu'à leur floraison, les Libonia floribunda et penrhosiensis, les Cinéraires hybrides, par petites quantités et seule

Vers le milieu d'avril ou le commencement de mai, je donne un second rempotage en godets de 10 centimètres, et je replacement pour hater la floraison, le Centropoles plantes sur vieilles couches, en donnant le plus d'air possible.

Au mélange de terre recommandé précédemment on peut ajouter un quart environ de bonne terre franche, reposée depuis longtemps et ayant reçu des engrais.

gon Warszcewiczii (encore une bonne plante qui va commencer à fleurir et dont je dirai quelques mots dans mon prochain article). Au fur et à mesure que ces différentes plantes sont en fleur, elles sont placées parmi celles qui ornent déjà la serre fleurie. Ch. MARON.

LES CULTURES DE M. CHAPPELLIER.

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LES CULTURES DE M. CHAPPELLIER

geant aux difficultés à vaincre pour arriver à faire fleurir et surtout à fructifier des plantes aussi frileuses.

Au mois d'août dernier, M. Chappellier | semblable est peu facile à obtenir en sonm'invita à visiter son jardin de Boissy-SaintLéger. J'acceptai avec d'autant plus d'empressement que j'étais désireux de voir plusieurs plantes intéressantes dont il a déjà été question dans les colonnes de ce journal.

On sait qu'après s'être longtemps livré à la culture expérimentale des nombreuses espèces du genre Crocus, en vue d'obtenir une race de Safran à rendement élevé, M. Chappellier s'est mis à l'œuvre pour chercher à créer, soit par sélection, soit par hybridation, une Igname d'arrachage facile.

1o Ignames.

On sait que l'Igname de Chine est un excellent légume, supérieur même, dans certains usages, à la Pomme de terre. Malheureusement, son tubercule a un grave défaut celui de plonger verticalement dans le sol à une profondeur atteignant parfois 1 mètre, ce qui rend son extraction dispendieuse et d'autant plus difficile qu'il est très-fragile et qu'il perd de sa valeur commerciale lorsqu'il a été cassé. Une variété, de l'Igname de Chine et du Japon, l'Igname de Decaisne (Dioscorea japonica var. Decaisneana) a bien les tubercules plus courts, mais ce caractère est, dans ce cas, tellement exagéré, que le rendement de la plante en devient pour ainsi dire presque nul.

Opérer le croisement entre ces deux Ignames de manière à obtenir un moyen terme était le but à poursuivre, c'est ce qu'on a longtemps proposé, mais sans qu'aucun résultat ne soit venu montrer que le projet ait été suivi d'exécution.

L'Igname de Decaisne n'est pas la seule qui ait le tubercule moins allongé que l'I. de Chine (Dioscorea japonica, dont J. Decaisne avait fait le D. Batatas), il en existe même un certain nombre d'autres: notamment les D. alata, bulbifera, etc., mais ces plantes croissent dans les régions chaudes et ne présentent aucune chance de se prêter à la culture sous notre climat. Il y aurait cependant, peut-être, intérêt à s'en servir pour l'obtention d'hybrides qui, grâce à l'intervention d'un parent moins exigeant sous le rapport du climat, pourraient arriver à constituer des races plus ou moins rustiques. Néanmoins un résultat

On sait, d'autre part, que c'est par la voie du semis qu'ont été obtenues la plupart des variétés qui peuplent nos jardins. Il suffit, en effet, qu'une modification, même minime, se produise dans un semis pour que, par une sélection bien entendue et répétée, on arrive à l'accentuer et à créer un type nouveau s'adaptant mieux à certains besoins. On comprend l'intérêt qu'il y avait, en vue d'arriver à ce résultat, à obtenir des graines d'Igname, et il est tout naturel que M. Chappellier ait également fait porter ses efforts de ce côté. Mais obtenir des graines d'Igname n'est pas chose aussi facile qu'on pourrait le supposer. Les Dioscorea sont des plantes dioïques, c'est-à-dire que les sexes sont portés sur des pieds différents : qu'en un mot il y a des plantes mâles et des plantes femelles; or, il s'est trouvé, justement pour l'Igname de Chine, que l'un des sexes avait à peu près disparu de nos jardins presque partout on ne cultivait que des pieds males.

Il fallait donc commencer par se mettre à la recherche de pieds femelles. A cet effet, M. Chappellier adressa un appel aux personnes se livrant à la culture de l'Igname par des notes insérées dans les bulletins des diverses Sociétés, notamment dans celui de la Société nationale d'acclimatation, et il fut assez heureux pour se trouver, à un moment donné, possesseur des deux sexes du Dioscorea japonica.

Quelques pieds, placés le long d'un mur exposé au sud-est et abrités par quatre châssis ajustés de manière à constituer une sorte de petite serre, fleurirent et donnèrent des fruits contenant des graines fertiles.

Depuis deux ans, M. Chappellier effectue des semis et il poursuivra ses tentatives d'amélioration avec ses récoltes futures.

Cette année, un fait curieux s'est produit dans ses cultures. Un pied måle de Dioscorea japonica a donné, entremêlées sur une même grappe, cinq fleurs mâles et trois autres fleurs auxquelles ont succédé des fruits qui se sont parfaitement développés, et qui ont été présentés à la Société nationale d'horticulture dans la séance du 13 octobre.

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LES CULTURES DE M. CHAPPELLIER.

La réunion des fleurs mâles et des fleurs femelles sur une même inflorescence, dans les plantes dioïques, s'observe quelquefois, notamment dans les Saules. Je me souviens même d'avoir reçu autrefois, du docteur Maupon, des chatons hétérogames d'un Salix babylonica cultivé dans le jardin botanique de Nantes et dont tous les chatons étaient ainsi constitués; mais ce fait tératologique n'avait, que je sache, jamais été signalé dans le genre Dioscorea.

La figure ci-contre (fig. 3) montre un rameau d'Igname portant cette inflorescence mixte. Au moment de ma visite, la plante était

déjà dans un état avancé. Les fruits, noués depuis quelque temps, avaient atteint une certaine grosseur, et il me fut impossible d'arriver à reconnaître si les fleurs qui leur avaient donné naissance étaient des fleurs femelles ou des fleurs hermaphrodites, ce dont M. Chappellier n'avait pu se rendre compte lui-même, au moment de la floraison, vu l'extrême petitesse des organes.

J'ai vu de jeunes Ignames de deux ans et d'un an, issus de graines récoltées à BoissySaint-Léger. M. Chappellier, tout en reconnaissant qu'il n'existe pas de caractères précis pour distinguer les sexes d'après le

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Fleurs mâles et graines de Dioscorea japonica sur le même rameau.

simple examen de ces plantes, croit cepen- | dant pouvoir reconnaitre les pieds mâles des pieds femelles, surtout par la forme des feuilles. Dans le Dioscorea japonica femelle, les feuilles seraient plus étroites, plus acuminées, terminées par une sorte de petit mucron; elles seraient, en outre, plus gaufrées et d'un vert plus foncé que celles des pieds males. Mais ces caractères, très-variables, d'ailleurs, n'auraient de valeur qu'à la condition d'être observés sur des feuilles arrivées à l'état adulte. En examinant les plantes que me montrait M. Chappellier, j'ai bien vu qu'il existait de légères différences entre elles, mais il m'est impossible

de dire jusqu'à quel point elles peuvent servir à reconnaître les sexes.

Quant au D. japonica var. Decaisneana, on le distingue très-aisément à la teinte vert påle de ses feuilles. J'en ai vu des pieds dont les fleurs ont été fécondées par du pollen de D. japonica type.

M. Chappellier possède aussi le D. bulbifera, puis une espèce encore indéterminée qui lui a été donnée par le Muséum d'histoire naturelle, et qui provient de graines envoyées du Japon par M. l'abbé Faurie. Cette plante, qui pourra être nommée en temps opportun, a, paraît-il, commencé à donner des fleurs à Boissy

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