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CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE FÉVRIER).

lieu à Paris en 1867, et qui, on peut le dire, a attiré du monde de toutes les parties du globe, ne pouvait disparaître sans laisser de traces durables. Les documents sont nombreux, très-nombreux même; aussi nous bornerons-nous à la citation d'un fascicule qui vient de paraître, et qui est spécial à l'arboriculture fruitière et à la viticulture (1). On doit ce travail à notre collègue et collaborateur, M. Charles Baltet.

Ce n'est pas seulement un compte-rendu, c'est un véritable traité d'arboriculture que, à propos de l'Exposition universelle, l'auteur à trouvé moyen de faire. Le moment, du reste, était d'autant mieux choisi, que M. Baltet trouvait là tout prêts, sous sa main, peut-on dire, des éléments très-divers et appropriés; aussi en a-t-il tiré un excellent parti.

La brochure que vient de publier M. Charles Baltet comprend 71 pages d'un texte fin et serré, 43 figures intercalées dans le texte, plus trois planches, dont deux doubles qui terminent l'ouvrage ; c'est plus qu'un traité ordinaire d'arboriculture, puisque, à tous les détails que doit comporter celui-ci, c'est-à-dire aux principes qu'il comprend, tels que plantation, taille, pincement, etc., l'auteur a pu, ou mieux a dû parler de ce qui faisait le fond de l'exposition fruitière de 1867. Ce livre comprend les six grandes divisions suivantes :

Multiplication des arbres fruitiers;
Culture des arbres fruitiers;
Fruits;

Multiplication de la Vigne;
Culture de la Vigne ;
Raisins.

Si nous ajoutons que chacune de ces divisions comprend un nombre de sections plus ou moins grand, on sera convaincu que, ainsi que nous le disions plus haut, l'ouvrage que vient de publier notre collègue est plus qu'un traité ordinaire d'arboriculture, et qu'en raison même des particularités qu'il rappelle, il est sinon indispensable, du moins nécessaire à tous ceux qui ont été témoins de cette fète, sans exemple jusqu'à ce jour, qu'on nomme Exposition universelle de 1867.

Le successeur de l'ancienne maison Bossin, Louesse et Cie, M. Duflot, marchand grainier, 2, quai de la Mégisserie, à Paris, vient de publier un supplément de catalogue pour le printemps 1870. Ce supplément, qui se divise en deux parties: Graines de fleurs et graines de plantes potagères, comprend dans la première partie les graines de fleurs en collection, de plantes à feuillage ornemental, de plantes d'orangerie et de serre, etc., et enfin une section particulière

(1) Arboriculture fruitière et Viticulture. Paris, E. Lacroix, imprimeur-éditeur, 54, rue des

Saints-Pères.

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aux nouveautés et récentes introductions figurant pour la première fois sur ce catalogue. Parmi ces espèces, nous remarquons les suivantes : Capucine Tom Thumb cærula, Perilla Nankinensis variegata, Reine-Marguerite pyramidale naine, à bouquets couleur de sang,, Tagetes patula nana parviflora, Centranthus macrosiphon bicolor.

En horticulture comme dans toute autre industrie, il est certains établissements dont on ne peut évaluer l'importance, et dont aucune appréciation n'est possible; il faut se contenter de les citer: telle est dans la finance, à Paris, la maison Rothschild; telle est aussi dans l'horticulture la maison Vilmorin-Andrieux et Cie, dont nous allons dire quelques mots du catalogue général, pour 1870, qu'elle vient de publier. L'importance de ce catalogue est telle, que nous n'essaierons pas de la faire ressortir; nous nous bornerons à une simple énumération des principales divisions qu'il contient. La première est relative aux graines potagères; la deuxième aux graines de plantes officinales; la troisième aux graines de plantes céréales, fourragères et économiques; la quatrième aux graines d'arbres; la cinquième aux graines de fleurs. Une deuxième grande division de ce catalogue comprend des listes dites de choix, propres aux meilleures espèces ou variétés de plantes vivaces, de Fraisiers, d'arbres fruitiers, d'arbres et d'arbustes de pleine terre, de Rosiers, de plantes d'orangerie et de serre, etc. De même que dans les catalogues précédents, on trouve dans celui-ci une quantité considérable de vignettes faites d'après nature, et qui, intercalées dans le texte, donnent une idée des plantes qu'elles représentent. La maison Vilmorin-Andrieux et Cie, dont le siége est quai de la Mégisserie, 4, est fermée les dimanches et fètes.

Nous avons la bonne fortune d'annoncer à nos lecteurs la publication des quatrième, cinquième et sixième livraisons du tome XVIII de la Flore des serres et des jardins de l'Europe, éditée par M. Louis Van Houtte, horticulteur à Gand (Belgique). Cet ouvrage qui comme on le sait, est l'un des plus remarquables qui se soient jamais faits en ce genre, est entièrement fait dans les ateliers de M. L. Van Houtte, et presque exclusivement avec des plantes de ses cultures, ce qui toutefois n'étonnera aucun de ceux qui connaissent son établissement. Pour donner une idée de l'importance de cette publication, il nous suffira de dire que les dix-sept volumes parus contiennent 1819 planches coloriées, et environ 2,000 planches noires. Quant à la beauté et à l'exacti

tude des dessins, à l'importance et à la va- ! leur du texte, ce sont des choses connues et sur lesquelles il serait inutile de nous arrèter. Ajoutons toutefois que, sur de nombreuses demandes qui lui ont été faites, M. Van Houtte a consenti à faire un nouveau tirage, et qu'il lui en reste encore quelques exemplaires dont il peut disposer. Le fascicule qui vient de paraître comprend 41 figures, 20 coloriées et 21 noires; parmi les premières se trouvent 10 planches doubles représentant les plantes suivantes: Tapeinotes Caroline, Vavra, charmante Gesnériacée rapportée du Brésil par le prince Maximilien, pour la princesse Charlotte; les Rhododendrons Princess of Wales, Ange Vervaet; les Azalées de l'Inde Léonie Van Houtte, Madame Iris Le Febvre et Marie Van Houtte, trois plantes hors ligne obtenues par l'éditeur de la Flore; les Plectopoma nægelioides suave roseum, P. nægelioides triumphans, P. nagelioides colibri, plantes tout à fait hors ligne et également dues à l'établissement Van Houtte. Les figures coloriées simples représentent les plantes dont voici les noms: Achimenes bleu, V. H.; Primula intermedia, Bull.; Rosiers Ile-Bourbon Révérend Dombrain, Begonia rosa flora, J. D. Hooker, charmante espèce acaule, à grandes fleurs roses, originaire des régions froides des Andes, (12,000 pieds); Spirea palmata, Thunb., plante vivace des plus jolies, originaire du Japon, et très-rustique; Deutzia crenata flore albo pleno, V. H., charmant arbuste qu'on ne saurait trop recommander; Camellia Japonica, Princesse Clotilde, Rovelli; enfin le Gloxinia speciosa Voix lactée, V. H. Inutile d'ajouter que les descriptions et les différents renseignements concernant toutes ces plantes se trouvent consignés à la suite de chacune des figures. Quant aux Miscellanées, nous n'avons rien à en dire; tous ceux qui connaissent l'éditeur de la Flore se feront facilement une idée de ce qu'elles doivent être.

Bien que cette analyse que nous venons de faire du fascicule qui vient de paraître puisse sembler longue, nous ne pouvons la terminer sans dire quelques mots des Plectopoma qui y sont figurés, et pour lesquels une simple énumération n'est pas suffisante. En effet, ce sont des plantes d'une valeur ornementale tout à fait hors ligne; à une végétation vigoureuse et à un très-joli feuillage, se joignent des fleurs grandes, nombreuses, de coloris admirable et très-variés. Si nous ajoutons que la floraison de ces plantes se prolonge pendant plus de quatre mois, et surtout qu'elle se montre à une époque où les fleurs sont rares, on sera convaincu que nous n'exagérons pas en disant que ce sont des plantes qu'on ne saurait trop recommander.

Dans une précédente Chronique, en parlant du Zamia Lehmanni, et en faisant connaître les résultats obtenus par M. J. Verschaffelt par la fécondation artificielle de cette plante, nous avons dit que des résultats non moins remarquables avaient été obtenus au Muséum, et que nous reviendrions sur ce sujet, ce que nous allons faire. Ainsi, M. Houllet, chef des serres, ayant fécondé un Ceratozamia longifolia avec du pollen de Ceratozamia Mexicana conservė depuis quatre ans, en obtint de très-bonnes graines qui sont en pleine germination; beaucoup même ont donné des plantes qui déjà ont atteint 20 centimètres de hauteur. Plus récemment, il féconda des fleurs de Ceratozamia Miqueliana avec ce même pollen de C. Mexicana, lequel, par conséquent, était encore plus vieux; l'opération réussit parfaitement, et les graines entrent en germination. Une autre expérience qu'avait faite aussi M. Houllet, c'est, avec ce même pollen de Ceratozamia Mexicana, conservé, d'avoir fécondé un Cycas revoluta; les ovules grossirent et atteignirent même les dimensions normales et étaient très-bien conformés. Mais malheureusement ils étaient dépourvus d'embryon. Cet insuccès doit probablement ètre attribué au manque d'analogie qui existait entre les deux plantes soumises à l'expérience.

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En parcourant la chronique du dernier numéro de la Revue (1869, p. 462), j'ai lu que dans son numéro 11 du Verger, M. Mas fait mention de la Poire Giram. Habitant la contrée où elle s'est trouvée et la cultivant depuis longtemps, je puis donner les renseignements les plus précis sur cette variété. Le pied mère existe encore à Vryosse, canton de Novaro, au milieu de la haie entourant le palus de la maison Giram; il provient d'un semis naturel fait au milieu des bois, où il a été arraché avec le plan d'aubépine auquel il était mélangé, et planté avec lui.

Du tronc et des racines qui effleurent le sol sortent tous les ans de nombreux jets dont quelquesuns, munis de racines, sont donnés par le propriétaire aux nombreux demandeurs... La maturité des fruits a lieu vers le 15 août, et si on a le soin de les entrecueillir, on peut en manger pendant près d'un mois. La bonne qualité de ces fruits les fait rechercher par les consommateurs; aussi pendant toute leur durée, et bien que les campagnes environnantes soient amplement fournies de cette variété, c'est à peine si elles peuvent fournir à la consommation de la ville.

Nous cultivons cette variété depuis une trentaine d'années, et nous avons toujours constaté

UNE TEMPÈTE DE NEIGE DANS LE MIDI DE LA FRANCE,

une grande fertilité, soit greffée sur franc ou sur Coignassier. On la cultive généralement en plein vent; mais alors, lorsque l'arbre est greffé sur Coignassier, il arrive fréquemment que sa tête se décolle à l'endroit où l'écusson a été placé.

Afin de faciliter la propagation de cette excellente variété, j'offre à ceux qui le désireraient de leur envoyer franco, par la poste, quatre rameaux pour greffe en fente, longs de 15 à 20 centimètres, implantés dans un tubercule et renfermés dans des sacs en papier; je leur enverrai sur une demande contenant 1 franc en timbresposte.

Nous avons dans nos pépinières des sujets de cette variété, élevés en pyramide, que nous vendons 2 francs pièce, emballage compris.

Agréez, etc.

- Dans la Revue horticole 1869, p. 162, en parlant d'une publication ayant pour titre : De la Culture de la Vigne et des arbres fruitiers chez les Romains (1), traduite de l'allemand par le docteur Louis Marchant, nous avons cherché à faire ressortir ce qui était exclusivement propre à la Vigne, et à démontrer que, à ce point de vue, les anciens étaient plus avancés en culture que, en général, on est disposé à le croire. Aujourd'hui que la seconde partie de l'ouvrage est parue, nous allons, ainsi que nous l'avons fait pour la première partie, indiquer les principaux paragraphes qu'elle contient.

Après une sorte d'avant-propos, dans lequel l'auteur entre dans des considérations générales sur les arbres fruitiers, vient le paragraphe 1er, qui a pour titre : La Pépiniere (Seminarium); le paragraphe 2 est relatif à la Transplantation; le paragraphe 3 a pour titre : Le Jardin fruitier (Pomarium); le paragraphe 4, intitulé: De la greffe des arbres fruitiers, se subdivise en cinq sections, qui sont l'Incision (Insitio), l'Inoculation (Inoculatio), l'Emplastration (Emplastratio), la Copulation (Copulatio), la Térébration (Terebratio); le paragraphe 5 a pour titre : Des soins à donner aux arbres; le paragraphe 6, qui a pour titre Des diverses espèces de fruits, comprend les trois sections suivantes : 1° Pommes, 2o Poires, 3o les autres fruits; le paragraphe 7 a pour titre: La récolte des fruits; le paragraphe 8 est intitulé De la conservation et des divers emplois

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des fruits; le paragraphe 9 est intitulé: Le Châtaignier.

« ...

Chaque paragraphe, de même que les sections qu'il comprend, contient des préceptes très-rationnels, et dont, sans crainte, on pourrait aujourd'hui encore recommander l'application. Nous allons en citer un exemple; il concerne la pépinière. Le voici : Le sol le plus convenable pour l'établissement d'une pépinière est un terrain d'une qualité médiocre, comme pour la Vigne, afin que les arbres, s'ils sont transportés dans une terre meilleure, croissent avec plus de vigueur, ou bien n'aient pas trop à souffrir si le contraire arrive. » Ainsi qu'on peut le voir, on ne pourrait guèro dire mieux aujourd'hui. A l'occasion nous pourrons en citer d'autres exemples. Terminons en disant que les Romains, pas plus que nous, n'aimaient les taupes; on pourrait même douter que, de leur temps, ces animaux trouvassent des défenseurs comme ils en trouvent encore de nos jours, ce que laisse supposer ce passage:

... Ils (les Romains) ne supportaient asphixaient au moyen de vapeurs sulfupas les taupes dans les pépinières et les reuses qu'ils faisaient pénétrer dans leurs galeries au moyen d'un soufflet... >> Cette vapeur était-elle la même que celle que de nos jours on emploie pour asphyxier les rats? Si le fait était, il prouverait qu'à de trèsgrands intervalles de temps (des milliers de siècles), la même idée peut se rencontrer chez les hommes; ce serait le cas de répéter cette phrase: nihil sub sole novum.

--Le Gardener's Chronicle, dans son numéro du 11 décembre 1869, figure et décrit une nouvelle variété de Pois, le Cook's favorite (le favori du cuisinier), obtenue par MM. Carter et Cie, d'un semis du Saxon et du Nec plus ultrà. Cette variété, qui atteint 1m 30 de hauteur, est très-productive et plus tardive de quatorze jours que le Suprême. La fleur est très-belle; les siliques sont grandes, arquées, de la couleur foncée du Nec plus ultrà. Les Pois (grains), dit-on, sont d'un vert pâle, très-distinct, couleur qui, par suite de la cuisson, deviendrait d'un beau vert foncé. E.-A. CARRIÈRE.

UNE TEMPÈTE DE NEIGE DANS LE MIDI DE LA FRANCE

Ceux qui, par goût ou par devoir, s'adonnent à la culture des plantes, surtout des plantes exotiques, ne se préoccupent guère, d'ordinaire, que des vicissitudes de la température, de la gelée, du vent, de l'excès des pluies ou de la sécheresse prolongée. Le baromètre et le thermomètre sont à tout ins

(1) Dijon, Manière-Loquin, libraire-éditeur, place

d'Armes, 22.

tant consultés, et l'expérience justifie pleinement ce souci; mais ces accidents météorologiques ne sont pas les seuls qui puissent causer des dégâts dans les jardins; sans parler de la grèle, il'y en a encore un autre auquel on songe peu, parce qu'il est heureusement assez rare: c'est la neige, non la neige modérée et bénigne qui fait toujours plus de bien que de mal, mais la neige ex

cessive, qui brise et écrase tout sous son poids. De cette dernière, le mois de janvier de l'année 1870 nous a fourni un exemple dont on se souviendra longtemps dans la région qui borde la moitié orientale de la chaine des Pyrénées.

Tout le monde a appris par les journaux que les convois, sur le chemin de fer du Midi, entre Toulouse et Cette, ont été arrêtés pendant plusieurs jours par la neige qui encombrait la voie. Sur bien des points cette neige arrivait à 1 mètre d'épaisseur, quelquefois même davantage, et il a fallu le travail de quelques milliers de terrassiers pour en débarrasser les rails. Le Roussillon, qnoique plus méridional et beaucoup mieux abrité par la chaine des Cordillières, n'a pas été épargné. Dans toute la plaine, la neige est tombée avec une abondance extrême; mais c'est surtout, paraît-il, dans les vallons encaissés de la chaîne des Albères, où sont situées les bourgades de Collioure, Port-Vendres, Cosprons, Banyulssur-Mer et Cerbère, qu'elle s'est accumulée en plus grande quantité. Voici, pour m'en tenir à ce que j'ai observé personnellement, comment le phénomène s'est passé à Collioure, et quelles en ont été les conséquen

ces:

Après une longue série de belles journées pendant lesquelles la température diurne, prise au nord et à l'ombre, oscillait entre 10 et 16 degrés, le temps s'est insensiblement refroidi. Dès le 18 janvier, le thermomètre ne marquait plus, à 2 heures du soir, que 8 degrés 2 dixièmes; le lendemain, à la même heure, 6 degrés; le 20, à 7 heures du matin, il était tombé à zéro, se relevant à 4 degrés 2 dixièmes vers les deux heures, pour redescendre le soir à 1 degré. Le ciel s'était en même temps fortement couvert, et le vent du nord, faible encore, mais déjà piquant, faisait pressentir la chute prochaine de la neige. Elle commença, en effet, le lendemain 21, à 5 heures du matin, tombant par flocons fins et serrés, que le vent du nord, soufflant par rafales, poussait dans toutes les directions. Elle continua ainsi, sans trève ni relâche, jusqu'au matin du 23, après avoir duré au moins 44 heures. A ce moment, son épaisseur, autour de ma maison, était de 94 centimètres d'un côté, de 96 centimètres du côté opposé; mais dans la partie plus basse du jardin elle dépassait 1 mètre, et même, le long du mur de clôture qui longe le fond du vallon, elle devait avoir au moins de 1m 50 à 1m 60, car ce mur, haut de près de 2 mètres, n'avait plus que sa crête au-dessus de la neige. On comprend que toute circulation fut arrêtée dans le pays, non seulement dans les propriétés rurales, mais sur les routes les mieux entretenues, et cette séquestration forcée dura une dixaine de jours.

Si ces grandes chutes de neige n'avaient que cet inconvénient, ce ne serait pas la peine d'en parler; on les noterait dans les relevés météorologiques, et tout serait dit; mais il n'en est malheureusement pas ainsi. Les pays sur lesquels elles s'abattent sont ravagés comme par une trombe. De mes fenêtres, j'ai pu à loisir assister à l'incroyable destruction d'arbres qu'elles occasionnent. On dirait une lente agonie, dans laquelle l'arbre résiste d'abord de toutes ses forces, mais à mesure que la neige s'accumule sur sa tête, ses branches se courbent, puis éclatent, tantôt restant suspendues comme un membre mutilé, tantôt se détachant entièrement. D'autres fois, quand les branches sont longues et flexibles, elles s'inclinent jusqu'à terre sans se rompre, et leurs sommités, bientôt emprisonnées sous la neige, donnent à l'arbre une figure étrange. On conçoit que tous les arbres ne se conduisent pas, dans cette lutte, de la même manière, et que ceux qui succombent les premiers sont naturellement les arbres qui conservent leurs feuilles. Parmi ceux-ci, les plus maltraités ont été les Chênes-Liéges qui, malgré leur apparence robuste, ont éclaté comme du verre sous le poids de la neige. Des bois entiers de ces arbres sont ravagés; beaucoup d'entre eux ont eu leur tête enlevée tout d'une pièce par la rupture du tronc, réduit alors à un baliveau informe; souvent aussi, lorsque le tronc était bifurqué par la naissance de deux branches, il s'est fendu du haut en bas jusqu'à la racine. L'Olivier plie davantage et se rompt moins, mais cela n'a pas empêché les olivettes de perdre une immense quantité d'arbres. Beaucoup d'Orangers et de Citronniers, malgré la solidité de leur bois, n'ont guère mieux résisté; [toutefois, ce qui a le plus souffert, ce sont les jeunes arbres fruitiers, les Pêchers particulièrement, dont les tiges ont été cassées, souvent en trois ou quatre endroits. Les Ormes et les Platanes, quoique dépouillés de feuilles en cette saison, ont eu quelques-unes de leurs plus grosses branches abattues. Ce qui peut paraître singulier, c'est qu'au milieu de cette dévastation générale, les Pins pignons, qui portaient sur leur large tête arrondie des quintaux de neige, n'ont pas perdu une brindille; ils sont aussi intacts aujourd'hui qu'avant la tempête.

Le fait météorologique que je viens de rapporter est tout à fait exceptionnel en ce pays, que sa latitude, comparativement basse (42° 32'), doit faire classer parmi les pays tempérés-chauds. Il faut, en effet, remonter jusqu'à l'année 1805 pour retrouver une chute de neige qui puisse se comparer à celle-ci. Des rapports encore peu circonstanciés qui me sont parvenus m'apprennent que l'immense nuée neigeuse qui nous a visités s'est portée fort loin en Espagne, et

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PLANTES INDIGÈNES DES ENVIRONS DE HYÈRES

Globularia alypum, Lin.- Cette espèce, qui croit très-communément dans les terrains secs des environs de Hyères, en compagnie du Calluna vulgaris, et qui forme des buissons arrondis, compactes, mérite d'être cultivée dans les jardins et d'entrer dans la composition des massifs d'ornement. Ses fleurs, bleues, très-nombreuses, disposées en capitules très-denses, qui se montrent pendant une partie de l'année, surtout pendant tout l'hiver, produisent un effet splen

dide.

Le G. alypum ou Globulaire turbith, que les habitants des environs de Hyères appellent Bec de Passeroum (bec d'oiseau), à cause de la forme de ses feuilles, est l'objet d'un commerce assez considérable. On en récolte les feuilles, qui sont très-fortement purgatives, propriété qui le fait rechercher par les herboristes. Parmi ceux qui sont en mesure d'en fournir de grandes quantites, à des prix très-raisonnables, on peut citer en première ligne M. Augustin Fouque, dit Coco, à Hyères (Var).

Daphne gnidium, Lin. - Arbuste trèsramifié dès sa base, atteignant jusqu'à 2 mètres de hauteur, à branches effilées-dressées. Feuilles persistantes, étroites, acuminées en pointe. Fleurs nombreuses, disposées en panicules, blanches, se succédant depuis le mois de février jusqu'au mois d'août. Fruits

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petits, charnus, ne contenant qu'une seule graine.

Cette espèce, que l'on nomme vulgairement Sainbois ou Garou, croit dans les terrains incultes, et où elle est d'autant plus verte que le terrain est plus aride et plus chaud; craint l'humidité. La multiplication se fait par graines, que l'on sème aussitôt qu'elles sont récoltées. Lorsque les plants ont 50 centimètres de hauteur, il faut les pincer, afin de les faire ramifier. Si l'on veut avoir de belles touffes basses et très-compactes, on coupe les plantes du pied lorsqu'elles sont âgées de 3 ans; alors elles repoussent de très-nombreux jets.

Le D. gnidium redoute surtout l'humidité; il craint les très-grands froids; aussi, là où ceux-ci sont à craindre, est-il prudent de butter les pieds pendant l'hiver. On fera même bien d'en conserver quelques-uns en pots, qu'on rentrera dans une orangerie pendant l'hiver. L'écorce de cette espèce possède des propriétés vésicantes très-prononcées. Les habitants l'emploient pour former et entretenir les vésicatoires. Les pharmaciens et les herboristes la vendent pour le même usage. Dans le commerce, elle est connue sous le nom de Sainbois.

HOYA CARNOSA

Tout en faisant bon accueil aux plantes | nouvelles qui nous arrivent de tous les points du globe, gardons-nous de mettre en oubli cette vieille et jolie plante, le Hoya Carnosa, qui est à peine connue dans les serres et qu'il serait temps de faire sortir de l'oubli où on l'a laissée, mal à propos.

Voici l'énumération de ses caractères: Arbuste à tige et rameaux munis de crampons radiciformes. Feuilles ovales, charnues et persistantes. Fleurs blanches, épaisses et luisantes, disposées en ombelles pendantes, rehaussées au centre par la couronne staminale, formant une étoile couleur amarante du plus bel effet.

RANTONNET,

Horticulteur à Hyères (Var)

Sa multiplication se fait avec facilité, soit de marcottes, soit de boutures, sous chassis et sous cloches.

Cette espèce, dont nous ne saurions trop recommander la culture, est, nous le répétons, des plus belles. Elle peut être employée pour orner les serres tempérées, dont elle tapissera agréablement les murs, ou pour en décorer les colonnes. Dans ce derdier cas, on obtiendra un charmant effet de ses longues guirlandes. C'est une plante robuste d'une culture des plus faciles.

Gustave DEHAIS,

Jardinier au Fontenay (Seine-Inférieure).

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