Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

APONOGETON DISTACHYUS.

-

NOUVELLES ESPÈCES DE CONIFÈRES.

APONOGETON DISTACHYUS

Une vieille plante, mais toujours précieuse | à cause de sa floraison hivernale, est l'Aponogeton distachyus; cette espèce, à peu près exclusivement aquatique, sert à orner les bassins et pièces d'eau durant la belle saison. Sa rusticité est hors de doute; quant à sa culture et à ses moyens de multiplication, ils sont assez connus pour nous dispenser d'en parler ici.

La floraison de cette charmante (le mot n'est pas exagéré) Naïadée passe souvent inaperçue dans les cultures ordinaires, parce qu'elle a lieu à une époque de l'année où les fleurs abondent; mais il en est autrement en décembre, janvier, février, époques où les plantes à fleurs sont recherchées, par ce fait qu'elles sont rares.

Pour avoir en fleurs l'Aponogeton pendant cette saison, il suffit de cultiver les plantes dans des pots de 12 à 15 centimè

73

tres, suivant leur force, de les placer dans des bassins à bonne exposition, et de couper les boutons à fleurs qui paraîtront pendant l'été; puis on les sort de l'eau en septembre, on les met en plein air au pied d'un mur au nord, où on les maintient dans un état d'humidité constante jusqu'en octobre, époque où l'on rentre les plantes sous les gradins d'une serre froide; mieux vaudrait les placer sur des tablettes, parce qu'elles auraient plus d'air et de lumière.

A partir de la fin de novembre, on peut commencer à mettre les plantes dans les bassins des serres tempérées et chaudes. Quinze jours à peine après cette opération, la floraison commencera, et tous les deux ou trois jours, on peut cueillir de belles fleurs blanches parfumées, qui rappellent l'odeur de l'Héliotrope. G. ERMENS.

NOUVELLES ESPÈCES DE CONIFÈRES

Jans le numéro du 16 décembre 1869, p. 462, nous informions nos lecteurs que M. Ortgies, jardinier en chef au jardin botanique de Zurich, avait reçu et vendait pour le compte de M. Roezl, des graines récoltées tout récemment dans les Montagnes-Rocheuses. M. Ortgies nous a envoyé de ces graines six espèces de Conifères sous les noms suivants: Abies magnifica, Murray; A. magnifica longifolia, A. lasiocarpa, A. lasiocarpa longifolia, Pinus strobiformis, Wisliz; enfin, sous la simple désignation Picea nov., sep., un cône, des rameaux et des graines d'une espèce que M. Roezl croit nouvelle, et qu'il a trouvée très-jolie par son port et la disposition de ses branches, qui donnent à l'arbre l'aspect d'un Cèdre Deodora. D'après M. Roezl, cet arbre atteint 16 mètres environ de hauteur.

L'examen que nous avons fait de ces échantillons nous permet d'exprimer sur ces espèces notre opinion, qui toutefois ne pourra être prise que comme renseignement et non d'une manière absolue, ce qui se comprend, notre jugement ne portant que sur des échantillons très-réduits et incomplets. Quoi qu'il en soit, nous nous appuyons d'une part sur ce qu'a écrit M. Roezl, de l'autre sur l'examen que vous avons fait, pour émettre notre opinion sur ces arbres.

Le no 1, Abies magnifica, Murray. Voici ce qu'en dit M. Roezl: «Espèce magnifique, voisine de l'Abies amabilis, mais bien plus belle et fort distincte, forme des arbres de 150 à 200 pieds de hauteur, à branches étalées horizontalement, à la ma

[ocr errors]

nière de l'Araucaria excelsa. Je suppose que c'est l'Abies magnifica, Murr., mais je vous en envoie des cônes et des branches pour vous mettre à même de vendre les graines sous son véritable nom. J'ai trouvé cet arbre dans la Sierra-Nevada, entre 7,000 et 10,000 pieds d'altitude supra-marine; il commence dans la région où l'Abies grandis cesse de croître à cause du froid; il sera donc tout à fait rustique pour l'Europe. >>

Ne connaissant pas l'Abies magnifica décrit par Murray, nous ne pouvons nous prononcer; ce que nous croyons, c'est que ce n'est pas l'A. magnifica des cultures, qui n'est qu'une forme de l'Abies nobilis. Nous fondons notre opinion sur l'examen des cônes envoyés par M. Roezl. Ces cônes, longs de 12-13 centimètres, larges de 8 centimètres, un peu atténués à la base, élargis au-dessus du milieu, sont obtus et comme tronqués aux deux bouts; les écailles, très-régulièrement peltées, sont courtement pédiculées, planes; le bord supérieur est relevé vers le sommet du cône; elles sont accompagnées à la base d'une petite bractée (7-8 millimètres de long, sur 3-4 dans la plus grande largeur) élargie, arrondie au milieu, membraneuse denticulée sur les bords, brusquement terminée au sommet par un petit mucron; les graines, longues de 11-12 millimètres, sont surmontées d'une aile gris roux, longue de 15-20 millimètres au-dessus de la graine, à bords droits, s'élargissant régulièrement à partir de sa base, présentant à son sommet, qui affleure l'extrémité supérieure de l'é

caille, une largeur de 16-18 millimè- | tres.

Le caractère qui nous fait éloigner cette espèce de l'Abies nobilis, c'est que celui-ci a les bractées longuement saillantes et réfléchies, tandis que celles de l'espèce envoyée par M. Roezl a les bractées très-petites et beaucoup plus courtes que les écailles. Nous ne serions pas étonné que ce soit une forme de l'Abies amabilis vrai.

Le n° 2. Abies magnifica longifolia, Roezl, dont nous n'avons vu que des écailles, des graines et un rameau avec feuilles, pourrait bien, ainsi que l'a dit M. Roezl, être une forme du précédent; c'est en effet l'opinion que nous nous sommes faite, d'après l'examen des échantillons que nous avons eu à notre disposition. Nous pouvons en dire autant du no 3, bien que nous ne le confondions pas avec le n° 2. Ce sont des formes distinctes, et certainement très-intéressantes et très-belles. Faisons toutefois remarquer que le no 1 est un peu différent par ses écailles et ses graines des nos 2 et 3.

Le no 4 est l'Abies grandis, Lindl., Pinus lasiocarpa, Hook., espèce très-jolie et dont on ne pourrait trop recommander la culture, d'autant plus qu'elle est vigoureuse et pousse bien presque partout.

Le n° 5 est le Pinus strobiformis, Wisliz, espèce très-rare et des plus intéressantes, et

dont très-probablement nous donnerons une figure. M. Roezl a vu des arbres de cette espèce qui mesuraient 5 pieds de diamètre. Le n° 6. (Picea nov. spec., Roezl). << C'est un arbre de 50 pieds de hauteur, écrit M. Roezl, croissant, clair semé, dans les forêts où domine l'Abies grandis, couvert de branches pendantes de haut en bas. Vu à distance, l'arbre ressemble à s'y méprendre au Cèdre Deodora. »

L'étude que nous avons faite des cônes, des branches et des graines de cette espèce, semble nous démontrer qu'elle appartient au genre Tsuga, et qu'elle se place près des Tsuga Hookeriana et Mertensia. Dans tous les cas, ce n'est pas moins une espèce trèsintéressante.

Les six espèces de Conifères dont nous venons de donner une courte énumération sont des plantes d'avenir pour notre pays, - pour l'Europe, s'entend. L'examen que nous avons fait de ces graines nous a démontré que 60 %, environ, sont bonnes.

[ocr errors]

Les personnes qui désireraient se procurer des graines de ces six espèces de Conifères, ou bien d'autres espèces de plantes diverses et variées provenant des mêmes localités, pourront s'adresser à M. Ortgies, jardinier en chef au jardin botanique de Zurich (Suisse). E.-A. CARRIÈRE.

MALADIE DES RACINES DES ARBRES A FRUITS A NOYAUX

Dans beaucoup de jardins, on voit souvent un grand nombre d'arbres, à fruits à noyaux surtout, atteints sur leurs racines d'une maladie connue sous le nom de champignons blancs. Je me rappelle qu'en 1846, dans le département de la Côte-d'Or, un grand nombre d'arbres furent attaqués de cette maladie, et que la plupart ont succombé. En 1865, un pareil fait se présenta chez un propriétaire. Un jeune Pècher, qui un matin paraissait bien portant, avait le soir même toutes ses feuilles fanées et le bois ridé. A quoi ce fait était-il dù ? Très-probablement à de mauvais arrosements donnés à contretemps. Les arbres étaient plantés au midi, et on les arrosait vers midi, précisément au moment où le soleil était le plus fort; de plus, cet arrosage était mal fait au lieu d'arroser fortement, on se bornait à mouiller tout simplement le dessus de la terre qui était brûlante, ce qui favorisait le développement des champignons sur les racines. Une chose tout aussi nuisible aux arbres, c'est d'enterrer, à leur pied, du fumier de cheval et de mouton sortant des écuries, et à l'appui de mon dire,

[ocr errors]

je vais citer un fait dont j'ai été témoin. Il y a environ trois ans, à cette époque, je cultivais des Pêchers le long d'un mur, dans un terrain humide. Les trois ou quatre pieds les plus rapprochés du foyer de l'humidité n'ont pas tardé à périr, par suite d'un Champignon qui en avait envahi les racines. Afin de préserver ceux qui restaient, j'ai découvert les racines de ces arbres à une profondeur d'environ 25 centimètres, de manière à mettre à nu les premières radicelles. Ensuite j'ai fait un mélange de chaux en poudre avec des cendres de charbon de terre, auxquelles j'ai ajouté une certaine quantité de terre bien meuble et bien divisée.

Depuis ce jour, cette espèce de Champignon n'a pas reparu, et les Pêchers se portent bien.

J'engage donc ceux qui planteraient des Pêchers dans les conditions désavantageuses dont je viens de parler de faire un mélange analogue à celui dont je viens d'indiquer la composition, et de le joindre au sol, lors de la plantation. N. DURUPT, Horticulteur à Dijon.

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][graphic][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

tion (moins les fleurs) de la plante qui fait l'objet de cette notice.

Nous lui conserverons jusqu'à nouvel ordre, par les motifs de neutralité ci-dessus énoncés, son appellation première d'Episcia tessellata sous laquelle nous l'avons trouvée étiquetée chez M. Linden.

C'est une des plus curieuses et des plus intéressantes introductions de M. G. Wallis, qui rencontra cette plante à Maynas, dans le Pérou oriental, en 1867. Il l'envoya de cette localité à M. Linden, la même année. De jeunes multiplications, qui acquirent en peu de temps un développement considérable, permirent bientôt de constater que l'Episcia tessellata pouvait figurer avec avantage dans la tribu des plantes de serre chaude à feuillage coloré, fait qui a été corroboré depuis par les échantillons vigoureux que nous avons observés.

La plante présente une ou plusieurs tiges dressées, robustes, herbacées, cylindriques et qui, de même que les pétioles et les feuilles, sont hérissées de poils mous, épars. Vers le sommet, la couleur verte est remplacée par une teinte rouge vineux sur les jeunes pousses.

Les feuilles sont opposées, ovales-lancéolées, acuminées à la base, à limbe décurrent en un pétiole canaliculé, semi-amplexicaule; elles sont d'abord dressées, puis horizontales et un peu retombantes. Entre les nervures principales, très-saillantes en dessous, à extrémité d'un rouge violacé uniforme comme sur toute la face inférieure, une multitude de cavités coniques sont semées sur la surface entière. Elles ressortent sur la face supérieure en un nombre égal de saillies ou bullatures, à base polygonale.

Cette surface de mille petits mamelons hérissés de poils au sommet et disposés en zones convexes séparées par les nervures principales, offre une couleur uniforme d'un vert très-foncé bronzé, brillant, comme vernissé et à reflets saumonés.

Les dimensions de ces feuilles, 'qui rappellent la teinte de l'Alocasia cuprea, sont souvent de 35 centimètres en longueur sur 15 de large.

Là s'arrête notre description prise sur le vif. Nous la complétons, pour les caractères manquants, par une traduction de la partie de diagnose latine qui s'applique à l'inflorescence, d'après M. Lemaire :

Les fleurs, très-nombreuses, subsessiles, sont agrégées en fascicules axillaires. Les calyces, très-grands, sont obliques à la base,

à pédicelles ou très-courts ou atteignant jusqu'à 3 centimètres. Les sépales sont grands, réunis à la base (l'un d'entre eux dorsal), denticulés, ovales-lancéolés, acuminės, rétrorses à la base, visqueux et d'un vert påle à leur point de connexion, atteignant ou dépassant un peu le limbe des fleurs. Le tube de la corolle, brusquement renflé à la base, puis contracté et enfin dressé-sillonné, est couvert de poils et d'une couleur jaune pâle, et les lobes presque égaux, arrondis, trèsglabres, sont imbriqués. Les étamines, de même que le style, sont didynames; elles égalent le tiers de la longueur du tube et sont connées avec lui à la base, libres un peu plus haut, circinées et arrondies-comprimées. Les anthères, entières sur leur face dorsale, portent, du côté opposé, deux loges séparées. Le style, qui les dépasse un peu, robuste, poilu, est terminé par un stigmate plane, dilaté, ouvert à l'extrémité. L'ovaire, très-velu au sommet, est réuni avec le calyce, et il est muni dorsalement d'une glande sillonnée en dessus.

La cinquième étamine fait toujours défaut; le connectif des autres s'élève entre les loges, qui sont séparées.....

Le reste des caractères manque par l'absence de fruits mûrs.

L'épithète de tessellata, qui veut dire quadrillé, eût été avantageusement remplacée par bullata, qui s'accorde mieux avec la forme des mamelons de la surface supérieure des feuilles. Ces proéminences bizarres et la couleur métallique du feuillage sont les caractères principaux qui attirent le regard sur cette Gesnériacée. Sa multiplication facile et sa culture très-simple en serre chaude moyenne la recommanderont aux amateurs.

Nous pouvons conseiller, dès à présent, de la placer dans un sol composé de terre de bruyère et de terreau de feuilles par parties égales; de n'employer que de jeunes plantes renouvelées souvent par le bouturage; d'arroser abondamment avec des engrais liquides très-dilués, au moment de la forte végétation; enfin, de tenir les plantes dans une partie de la serre plutôt sombre que trop exposée au soleil.

Ainsi cultivé, l'Episcia tessellata prendra de belles proportions qui, jointes à l'aspect et à la couleur des feuilles et des jeunes pousses, sera digne de figurer parmi les plus belles plantes de serre à feuillage or

nemental.

DE LA FÉCONDATION ARTIFICIELLE

Si nous revenons aujourd'hui sur l'importante question de la fécondation artificielle, ce n'est pas pour la recommander, mais tout

Ed. ANDRÉ.

simplement, en rappelant des faits anciens, pour en faire ressortir les conséquences au point de vue général, c'est-à-dire au point

DE LA FÉCONDATION ARTIFICIELLE.

de vue de la science et de la pratique ou, si l'on aime mieux, du raisonnement théorique, et à celui de l'application.

Faisons d'abord observer que, bien que le raisonnement théorique puisse conduire à l'application et la guider, il peut aussi l'égarer; la pratique, au contraire, peut raisonner faux, mais ses conséquences sont toujours vraies ce sont des faits. Or, discuter avec ceux-ci est inutile; l'énoncé seul prouve qu'ils ont raison, quoi qu'en puisse dire la théorie.

Nous sommes loin du temps où les savants, du haut de leur chaire, étaient crus sur parole, et où les élèves se contentaient de dire Magister dixit; aujourd'hui, tous les hommes sont plus ou moins « des Thomas; ils veulent voir et souvent même toucher pour croire, et de même que le dernier des croyants se reconnaît le droit de discuter les dogmes religieux, que le plus humble citoyen ose discuter les actes des souverains, quels qu'ils soient, le plus petit des jardiniers se croit autorisé à émettre des doutes sur les théories des savants, des professeurs mêmes, lorsque ces théories ne s'accordent pas avec les faits que lui démontre la pratique. Le temps est passé où Jupiter n'avait qu'à secouer sa chevelure pour ébranler le monde. Comme tout, les dieux passent, et si celui de l'Olympe est disparu, celui de la science théorique est fortement menacé; le Jupiter scientifique perd tous les jours de son prestige, l'isolement le tue; pour se maintenir et vivre, il faut qu'il s'associe. Avec qui? Avec la pratique. Là, et là seulement, est son salut.

La science, c'est la vérité, et celle-ci, qui ne peut être monopolisée, est le fruit de l'observation des faits. Or, qui peut mieux que les praticiens observer ces derniers? Interrogée, la vérité dirait aux savants: Que m'importe que vous croyez ou que vous ne croyez pas tel fait, que vous niez la transformation du Raphanus raphanistrum en Radis, si le fait existe? Tant de fois déjà vous avez fait des dénégations qui ont tourné contre vous, que pourtant vous devriez être plus réservé. Vous oubliez toujours que je ne me soumets pas aux théories faites dans votre cabinet, où vainement vous croyez m'enfermer. En défendant ces théories, vous faites preuve d'amour pour les vôtres. Cela vous honore peut-être, parce que c'est le devoir d'un bon père, mais pourtant ne me suffit pas. Je suis le destin; mon devoir est d'éclairer, sans me préoccuper de ceux auxquels la lumière est nuisible.

Aussi, de même que les physiciens, les chimistes, etc., sont obligés de visiter les ateliers où se font souvent les plus grandes découvertes, les botanistes doivent descendre dans les jardins, qui sont les véritables laboratoires de la science végétale, et tenir

77

compte des expériences qui s'y font et des résultats qu'on y obtient; autrement ils seront dépassés et mis de côté, ce qui est déjà arrivé pour plusieurs qui, au lieu de marcher avec les découvertes, se contentent de répéter ce qu'on leur a appris. Ce sont de véritables échos qui ne tardent même pas à répéter mal, ce qui se comprend; l'écho n'étant qu'un effet de causes qui varient sans cesse, doit, pour s'accorder avec celles-ci, se modifier continuellement, ce que ne font pas certains savants; leur amour - propre, au contraire, leur fait regarder leur ténacité comme une preuve de la vérité absolue de leur opinion; aussi sont-ils parfois aussi étrangers aux choses dont ils parlent que les habitants de la terre le sont à ceux de la lune (1). Nous connaissons des hommes qui, pour avoir toujours eu des opinions absoÎues, ont été forcés de se déjuger sans cesse, et dont les travaux scientifiques sont une suite de contradictions. Nous ne serions même pas éloigné de croire que celui qui le premier a dit que les caméléons changent de couleur, suivant les objets qui les entourent, voulait jouer un mauvais tour aux savants en cherchant à faire ressortir la variabilité de leurs théories.

Faisons encore remarquer que ce sont presque toujours les hommes pratiques qui font les grandes découvertes, ce qui se comprend, du reste, car n'ayant pas d'idées préconçues, et leur jugement n'étant pas faussé par des théories souvent faites dans le cabinet, en dehors de la nature, ils observent et, instinctivement pourrait-on dire, ils font des expériences que des savants n'auraient jamais eu l'idée de faire, parce qu'elles sont opposées à leurs théories. Ces praticiens, au contraire, dégagés de tous préjugés, obéissent à un certain « on ne sait quoi, » probablement la folle du logis, » qui seule les guide et les initie aux grandes lois universelles. Mais trop ignorants ou placés dans une position inférieure, ils ne peuvent tirer parti de leurs découvertes, et c'est alors que des savants s'en emparent, les arrangent, et c'est souvent à l'aide de matériaux ainsi

(1) Les naturalistes qui passent une partie de leur vie dans leur cabinet, l'autre dans un laboratoire ou dans un musée, à cataloguer, à examiner, à classer ou déclasser des échantillons ou des fragments de végétaux secs toujours plus ou moins imparfaits, ou bien à étudier des squelettes ou disséquer des cadavres, peuvent être comparés à ces ménagères affairées qui, dans leur maison, déplacent et replacent constamment les objets qui s'y trouvent, croyant avoir beaucoup fait quand la pièce est propre et que tout est en ordre. Ceux-là, de même que celles-ci, pourront avoir remué beaucoup; mais quant au progrès, qu'y aura-t-il gagné? En quoi l'humanité devra-t-elle leur être reconnaissante? Il est vrai qu'on leur rend justice: que la plupart de ces savants sont ignorés, même de leur vivant, et qu'ils disparaissent sans avoir été remarqués, excepté d'un petit nombre de personnes qui, pour monter, ont besoin de leur appui, et qui alors se font leurs valets.

« ZurückWeiter »