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DEUX NOUVEAUX CYPRIPEDIUM

Les deux espèces dont il s'agit, et que nous avons vues en fleurs chez M. RougierChauvière, horticulteur, rue de la Roquette, 152, à Paris, sont nouvelles, peu connues et surtout très-rares. Nous allons les décrire. Cypripedium concolor. Cette plante, qui nous a paru peu vigoureuse, est, par son aspect, très-semblable au C. venustum; comme elle, son feuillage est d'un vert trèsfoncé, marmoré de blanc. La hampe florale souvent pluriflore, qui atteint environ 15 centimètres de hauteur, est d'un vert sombre ou plutôt roux, villeuse. Quant à la fleur, elle est d'un jaune pâle roux, légèrement picté marron sur les ailes; le sabot est à peine très-légèrement maculé. Originaire de Î'Inde, le C. concolor réclame la serre chaude.

Cypripedium longifolium, Reichb.; C. Reichenbachianum, Hort. Très jolie espèce, aussi remarquable par la beauté et la forme. de ses fleurs que par la vigueur et l'aspect tout particulier de la plante. Sous ce dernier rapport, elle nous a paru unique; elle ressemble assez à certains Vanda. Ses feuilles subdistiques, ensiformes, atteignent 40 à 50 centimètres de longueur; elles sont d'un beau vert foncé, luisantes; l'axe floral, qui atteint 60 à 80 centimètres de longueur, se termine par des fleurs disposées distiquement à l'aisselle d'une grande bractée d'un vert roux. Les fleurs, très-grandes,

NOYER

Bien qu'anciennement obtenu, le Noyer pleureur est très-peu répandu et à peine connu. Ce n'est en effet que rarement, et exceptionnellement pour ainsi dire, que çà et là on en rencontre un exemplaire. Pourtant c'est un arbre des plus pittoresques et qui joint à un port tout particulier l'avantage de produire en abondance de beaux et bons fruits. L'habitude qu'on a de le greffer à haute tige est probablement la cause que jusqu'à ce jour on ne l'a pas encore mis à sa véritable place qui est dans les rochers, les endroits escarpés où il pourrait s'étendre, ramper et pénétrer partout, où il produirait un effet dont on n'a pas d'idée. C'est une plante rampante, presque volubile, pourrait-on dire. En effet, lorsqu'il est franc de pied (ce qui est facile à obtenir), ses rameaux, qui atteignent une longueur considérable, couvrent le sol de leur large et abondant feuillage. Aussi le signalons-nous d'une manière toute particulière aux jardiniers paysagistes, aux amateurs des aspects rustiques et pittoresques, auxquels ce Noyer peut donner un cachet de beauté sauvage tout à fait particulier.

ont 8 à 10 centimètres de longueur de l'extrémité du labelle à l'extrémité de la pièce supérieure, qui est très-longuement atténuée en une pointe. Cette pièce supérieure, d'un blanc verdâtre, est marquée longitudinalement de lignes marron brunâtre; la division externe inférieure, très-largement ovale, est un peu moins longue que le labelle ou sabot; elle est verdâtre, longitudinalement veinée; les deux divisions latérales très-étroites (8 à 10 millimètres à l'insertion), longues de 10 centimètres, vont constamment en se rétrécissant et se terminent en pointe; elles sont d'un rouge violacé, verdâtres à la base; le sabot, assez allongé, est d'un vert roux brun olivâtre, ponctué rouge violacé à l'intérieur.

Le Cypripedium longifolium, Reichb., est originaire de Sumatra. C'est une plante très-jolie et surtout des plus curieuses par sa végétation qui est complètement différente de celle de toutes les autres espèces du genre; son mode d'inflorescence surtout, qui ressemble assez à celui de certains Glaïeuls, suffirait non seulement pour le distinguer comme espèce, mais encore pour en former un genre particulier. Il ne manque pas de genres dans les Orchidées qui sont moins tranchés que ne le serait celui-ci. A coup sûr, il vaudrait mieux que le genre Selenipedium.

PLEUREUR

E.-A. CARRIÈRE.

Mais un des plus beaux rôles peut-être que le Noyer pleureur soit appelé à jouer, et auquel personne très-probablement n'a jamais pensé, c'est comme arbre fruitier propre à garnir les glacis en maçonnerie le long des chemins de fer, là où la hauteur parfois considérable ne permet même pas d'y mettre des végétaux. Dans ce cas, tout à fait au sommet du talus et le plus près possible du bord, on ferait une bonne tranchée (nous supposons un sol aride, stérile), dans laquelle au besoin on apporterait des terres qu'on mélangerait de manière à avoir un bon sol suffisamment profond, et l'on y planterait les Noyers, qui alors ne tarderaient pas à produire de nombreux rameaux qui, par leur allongement successif, finiraient par couvrir entièrement le talus. Comme ces branches que nous pouvons nommer charpentières ne tarderaient pas à émettre des bourgeons et des feuilles, il en résulterait une sorte de réseau ou de lacis qui dissimulerait le mur, et qui chaque année se couvrirait de fruits. Nous appelons tout particulièrement sur ce Noyer l'attention des entrepreneurs de plan

SPARTIUM JUNCEUM.

tation; ce mode de culture est plus sérieux qu'il n'en a l'air. Il est bien entendu que pour ces sortes de plantations il faut avoir des Noyers francs de pied, ce qui est du reste assez facile à obtenir lorsqu'on possède une mère. Dans ce cas l'on en couche les

SPARTIUM

Pourquoi, dira-t-on peut-être, parler de cette plante si commune, si vieille, et que

tout le monde connaît? La chose est bien simple pourtant: c'est d'abord parce qu'il est peu de plantes dans son genre qui, non seulement la dépasse, mais qui l'égale en beauté; qu'elle n'est pas difficile sur le terrain, puisqu'elle croit à peu près dans tous, pourvu qu'ils ne soient pas trop alumineux, et, indépendamment de cela, parce qu'elle est rustique et d'une culture facile. Voilà, certes, un contingent passable de qualités à porter à son avoir, et qui, peut-être, sont suffisantes pour expliquer, justifier même cet article. Ajoutons encore que, bien qu'il y ait beaucoup de gens qui connaissent cette plante, il en est aussi un certain nombre qui l'ignorent, et que, par conséquent, ne seraitce même qu'à cause de ceux-ci, nous aurions raison de parler du Spartiumjunceum. Quant à l'accusation de vieille, loin d'être un reproche, c'est presque un éloge. En effet, à notre époque, et d'après l'inconstance de nos goûts, résister au temps et surtout aux caprices de la mode est une preuve de mérite.

Ce n'est pas tout encore: aux qualités que nous venons d'énumérer, nous pouvons ajouter cette autre que le Spartium junceum est une plante économique, au point de vue du jardinage, par l'usage que l'on peut faire de ses rameaux, ce que semble indiquer le qualificatif junceum qu'on lui a donné. Ses rameaux, en effet, qui sont très-nombreux, sont tellement fibreux, qu'on peut les nouer presque aussi bien qu'on pourrait le faire d'une corde. Ils sont tellement doux et moelleux, qu'on peut s'en servir pour attacher des parties très-délicates, et même, en les écrasant un peu avec les doigts, on peut les employer pour ligaturer des greffes. Sices ramilles sont vertes et très-herbacées, on peut les laisser faner un peu; alors, tout en restant souples et douces, elles sont coriaces et très-résistantes. On peut aussi les conserver pour les employer pendant l'hiver, ou même plusieurs années après qu'elles ont été coupées. Pour cela, il suffit de les faire sécher à l'ombre, puis de les placer à l'abri de l'humidité. Lorsqu'on veut s'en servir,

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JUNCEUM

LEBAS.

on n'a qu'à les laisser tremper quelques heures dans l'eau. Si l'on en était pressé, qu'on voulût les employer de suite, au lieu d'eau froide, l'on devrait se servir d'eau chaude. Nous ne serions même pas éloigné de croire que, au point de vue de la spéculation, comme liens seulement, il y ait avantage à cultiver le S. junceum. Pour cela, chaque année, on couperait les plantes qui, alors, formeraient de fortes touffes.

Nous profitons même de cette occasion pour la signaler aux industriels comme plante propre à la fabrication du papier. Cette espèce nous paraît d'autant plus propre à cet usage qu'elle croit très-bien dans les terrains secs, et cela quelle qu'en soit la nature, et qu'elle permettrait ainsi d'utiliser très-avantageusement des surfaces immenses de terrains vagues qui sont complètement impropres à d'autres cultures.

Le Spartium junceum, L., Genista juncea, Scopol, G. odorota, Moench., Spartianthus junceus, Link, se multiplie par graines, que l'on sème au printemps, et qui lèvent très-facilement. Si, à l'automne, on arrache les plantes pour les enjauger, il faut bien les couvrir de terre, car, sans cela, il arrive fréquemment que toute la partie exposée à l'air se dessèche ou gèle. Lorsqu'on plante, il faut les placer assez profondément, de manière que le sommet tronqué excède peu le sol. Sans cette précaution, les plantes souffrent beaucoup, périssent même parfois.

Les S. junceum se déplantent difficilement lorsqu'ils sont forts. Dans ce cas, on doit opérer l'arrachage avec précaution, lorsque les plantes commencent à bourgeonner. Il faut surtout, ainsi qu'il a été dit plus haut, supprimer une grande partie des ramilles jonciformes qui donneraient prise aux hâles, se dessècheraient et fatigueraient beaucoup les plantes.

Le S. junceum présente une variété à fleurs pleines qui est très-ornementale. On pourrait aussi employer comme liens les ramilles de cette variété, usage auquel elles sont moins propres, toutefois, que celles du type, parce qu'elles sont plus courtes, plus grosses, et surtout aussi beaucoup plus raMAY. mifiées.

CYTISUS ALBA ROBUSTA

En général, lorsqu'on a une belle plante, on se borne á la multiplier. On a raison;

mais pourtant ce n'est pas assez, car le dernier mot des choses n'étant jamais dit, l'on

à celle dont elle est issue. Nous n'hésitons pas à la recommander soit comme arbuste pour l'ornement des jardins, soit pour la culture en pot, pour le marché, ainsi qu'on le fait du Cytisus albus. A tous ces avantages, ajoutons que la culture est absolument la même.

doit donc, tout en conservant les bonnes | c'est une très-belle plante, bien supérieure choses, chercher à obtenir mieux. L'exemple que nous allons citer en est une preuve. Le Cytisus albus, Link.; Genista alba, Lam.; Spartium album, Desf.; Spart. dispermum, Willd.; Spart. multiflorum, Ait.; Argyrolobium album, Walp., se trouve à l'état sauvage en Portugal et dans diverses autres parties de la région méditerranéenne. C'est un des plus charmants arbustes printaniers. Dans les cultures où il est assez commun, on se borne à le multi-tés supérieures, mais on peut aussi en obplier de greffe sur le Cytisus laburnum, sur lequel il vient très-bien et acquiert 1 mètre 50 à 2 mètres de hauteur.

Bien qu'il soit assez connu, nous croyons néanmoins devoir, en quelques mots, en rappeler les principaux caractères, afin d'en faire ressortir les différents sur la variété robusta qui fait l'objet de cette note. Ses rameaux sont très-longuement effilés, ténus, souvent si rapprochés l'un de l'autre, qu'ils se touchent et forment des parties compactes comme des sortes de balais; leur longueur et leur ténuité font que ces rameaux sont toujours penchés. Les fleurs, très-nombreuses, sont d'un blanc pur, trèssouvent réunies par petits groupes à l'aisselle des feuilles. Quant aux feuilles, elles sont à trois folioles linéaires gris blanc par une villosité.

Le C. alba robusta, variété que nous avons obtenue de graines, a les feuilles à peu près semblables à celles du type. Mais au lieu de former, comme lui, un arbuste confus et étroit, il constitue un buisson étalé, arrondi, gracieux. Ses rameaux sont courts, robustes, dressés. Ses fleurs, qui s'ouvrent très-bien, sont relativement plus trapues que celles du C. albus; l'étendard, largement ouvert, est rosé violacé en dessus. Les boutons sont rose violacé. Somme toute,

Quant à la multiplication, on peut la faire par graines et par greffes. Dans le premier cas, on court la chance d'obtenir des varié

tenir de moins méritantes. Aussi, tout en faisant des semis chaque année, — ce que nous conseillons de faire, nous recommandons, conformément à ce précepte conservateur, « de ne pas jeter à ses pieds ce qu'on tient dans ses mains, » c'est-à-dire de multiplier les bonnes variétés, et tout particulièrement celle qui fait l'objet de cette note, le C. alba robusta.

Ainsi que nous l'avons dit, c'est par la greffe en fente sur le C. laburnum que, à peu près toujours, on multiplie le C. albus. Il devra donc en être de même pour le C. alba robusta; mais, vu la ténuité des rameaux, il faut, pour avoir une bonne réussite, opérer à l'abri de l'air qui dessèche promptement les rameaux-greffons. Pour cela on met en pots des sujets de C. laburnum, et, l'année suivante, lorsqu'ils sont bien repris, on les greffe et les étouffe sous des châssis dans des coffres ou dans une serre bien close, ou, si l'on en a peu, sous des cloches. Ainsi traitées, non seulement l'opération de la greffe réussit très-bien, mais les plantes greffées peuvent être pincées (travaillées, comme l'on dit) de manière à faire des plantes marchandes l'année qui suit celle où elles ont été greffées. E.-A. CARRIÈRE.

PLANTE NOUVELLE OU PEU CONNUE

Aralia Sieboldii. Bien que plusieurs fois | déjà il ait été question dans ce journal de l'Ä. Sieboldii, nous n'hésitons pas à y revenir de nouveau pour la recommander. Cette plante n'est pas seulement jolie; elle est excessivement rustique, à ce point que cet hiver dernier 1870-71, un pied que nous avions en pleine terre n'a même pas perdu une de ses feuilles. Ces dernières, qui sont portées sur un gros et long pétiole, rappellent celles de certains Sterculia; elles sont persistantes, épaisses, d'un vert gai, luisantes et comme vernies en dessus.

L'Aralia Sieboldii n'atteint que de fai

bles dimensions, bien qu'il soit vigoureux. et d'une croissance rapide; il vit très-bien en pot et ne se dénude pas facilement, avantages qui le rendent propre à l'ornementation des appartements où il se conserve trèsbien. Il n'est pas non plus difficile sur la nature de la terre, et pourvu que celle-ci soit légère et contienne beaucoup de matières organiques, il s'en accommode parfaitement. Quant à sa multiplication, à défaut de graines, on la fait par fragments de racines qui, plantés en terre de bruyères, développent facilement des bourgeons.

E.-A. CARRIÈRE.

Orléans, imp. de G. JACOB, cloître Saint-Etienne, 4.

CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE DÉCEMBRE)

Les grands froids.

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Agave

Température observée à Paris, à Nancy, etc. - Plantęs phénoménales. expansa, Jac., Salmiana, Otto, de M. Goupil, à Saint-Germain-en-Laye. Précautions prises pour la conservation de ces plantes. Société régionale de viticulture du Rhône. Compte-rendu de la

séance du 17 novembre.

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Journal d'horticulture pratique, publié à Gand par la jeunesse horticole. - Collections d'Agaves cultivées en Angleterre, en Belgique, en Hollande et en Allemagne. - Collection de M. de Jonge van Ellemeet. Circulaire de M. Boisbunel. - Variétés de Poires et de Pommes nouvelles mises en vente par cet horticulteur. - Fraises mûres le 25 novembre. - Lettre de M. Bouvet. - Hivernage des plantes. Échelle thermométrique. Conversion des degrés Réaumur en centigrades et inversement. Moyen de combattre le puceron lanigère. Note de M. Hordebise. — Chaulage des arbres à fruits. Fondation de l'Horticulteur lyonnais. — Pollen de Dion edule, offert par M. Hauguel. — Collection de Phormium de M. Rougier-Chauvière. Thermomètre comparatif de M. Eon fils. - Rectification. - Encre à écrire sur le zinc. Recette de M. Sisley. Nouvelle espèce

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blier que nous sommes au 11 décembre.

-Aquelques lieues de Paris, au Pecq, près Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise), l'amateur de plantes phénoménales, du merveilleux, pourrait-on presque dire, peut satisfaire sa curiosité. Là, en effet, existent des végétaux monstrueux, des plantes qui par leur nature et leur aspect semblent avoir été oubliées par le destin, se rattacher aux temps antediluviens et être les contemporains des mastodondes, des dinothériums, des épiornis, etc.; de ces êtres enfin dont la force prodigieuse annonce une puissance, une exubérance de vie qu'on chercherait vainement aujourd'hui.

Le fait le plus remarquable, probablement | il faut compter avec la saison, ne pas ouunique en son genre, que nous avons à signaler, est le froid tout à fait exceptionnel qu'il fait en ce moment (9 décembre) à Paris. Depuis plusieurs semaines on était entré dans la période d'hiver, bien que les froids n'étaient pas considérables; c'était un hiver un peu indécis, » comme l'on dit vulgairement. Mais tout à coup, le 7 décembre, après une nuit où le thermomètre était descendu à 5 degrés au-dessous de zéro, dans l'après-midi la neige tomba en quantité telle, que le soir, vers neuf heures, il y en avait environ 20 centimètres d'épaisseur. Le thermomètre, qui dans la journée s'était maintenu à trois degrés au-dessous de zéro, était alors descendu à 5. La neige ayant cessé de tomber, le ciel s'éclaircit, et le lendemain matin (le 8 courant), le thermomètre marquait 15 degrés au-dessous de zéro. Jamais nous n'avions vu un abaissement de température aussi rapide. Pendant toute la journée, bien qu'il fit un beau soleil, le thermomètre ne dépassa pas 8 dégrés audessous de zéro; le soir, à neuf heures, il était descendu à 13, et le lendemain à huit heures il marquait 20 degrés 5 dixièmes au-dessous de zéro. Ces froids considérables ne sont pas exceptionnels; ils paraissent être généraux, ce que nous annoncent des lettres que nous avons reçues de différentes parties de la France. Ainsi, un de nos collègues, M. Lemoine, nous informait que le 4 décembre, à Nancy, le thermomètre était descendu à 18 degrés au-dessous de zéro, et seulement à 16 degrés le lendemain; mais depuis il est descendu à 21 degrés au-dessous de zéro, ce qui n'a rien d'étonnant, puisqu'aux environs de Paris, dans certains endroits, il est descendu jusqu'à 25 degrés. Constatons toutefois que la période des grands froids parait passée; aujourd'hui lundi 11 décembre, à huit heures du matin, le thermomètre marque seulement 2 degrés au-dessous de zéro; il fait un brouillard qui semblerait même annoncer le dégel, mais

16 DÉCEMBRE 1871.

Les plantes dont il s'agit sont deux Agave expansa, Jac., Salmiana, Otto, originaires du Mexique, d'où elles ont été rapportées par M. Goupil, qui les a plantées en pleine terre dans sa propriété du Pecq, il y a une dizaine d'années environ. Devant revenir sur ces plantes, en en donnant une description et une figure, nous allons seulement en donner ici un aperçu, tout en exquissant à grands traits leurs principaux caractères, et en essayant surtout de faire ressortir l'impression générale qu'on éprouve en face de végétaux d'un aspect aussi imposant, effrayant presque, surtout lorsqu'on les voit à la tombée du jour, et que leur silhouette se détache à peine dans l'obscurité. Il semble qu'on se trouve en présence de ces êtres comme l'imagination en place parfois devant l'entrée de palais également imaginaires, qu'habitent des génies redoutables. Là, toutefois, rien de semblable; tout est naturel habitation des plus agréables, un jardin charmant, des vues comme on n'en voit nulle part ailleurs, et au lieu d'un génie malfaisant on trouve le propriétaire, M. Goupil, qui accueille les visiteurs avec toute la courtoisie qu'on est sûr de rencontrer chez les gens d'esprit. Il est toujours heureux de montrer ces plantes rapportées

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par lui d'un pays qu'il a habité, plantes qu'il admire et pour lesquelles il n'hésite pas à faire les sacrifices que nécessite leur conservation. En effet, bien que relativement rustique si on la compare à certaines autres espèces d'Agaves, l'A. expansa, Jac., ne supporte pas, tant s'en faut, le froid de nos hivers; il faut donc la garantir, ce qui, pour des plantes comme celles dont nous parlons, n'est pas une petite affaire, ainsi qu'on va en juger. La première des deux plantes dont il s'agit n'a pas moins de 6m de diamètre à partir d'une extrémité des feuilles à l'autre extrémité, sur environ 2m 50 de hauteur; la tige sur laquelle sont insérées les feuilles, composée en partie de la base de celles-ci, a environ 1m de diamètre; quant aux feuilles étalées de chaque côté,

ce sont des masses charnues arrondies en dessus, évidées concaves en dessous, et dont une ferait plus que la charge d'un homme. Une cabane en planches a été construite autour de cette plante; à l'intérieur on a disposé un poêle, afin d'empêcher la gelée d'y pénétrer. Cette plante ne présente rien encore qui annonce sa prochaine floraison.

L'autre sujet, que l'on suppose être une variété de cette même espèce expansa, est un peu plus compact; ses feuilles sont un plus rapprochées, tout aussi fortes, bien que légèrement moins longnes. Quant au tronc et à l'aspect général, ils sont à peu près semblables à ceux que présente le pied dont nous venons de parler. Comme pour la précédente, on a construit autour de cette plante une cabane de planches, un peu moins large, mais beaucoup plus haute (elle a 10m de hauteur), à cause de sa hampe florale qui commence à se développer. Cette hampe, dont les dimensions sont en rapport avec le reste de la plante, et qui sort du centre du sommet de celle-ci, a environ 25o de diamètre; sa hauteur, à partir du sommet de la plante, le 12 novembre, lorsque nous l'avons vue, dépassait 1m de hauteur; elle est d'un vert foncé sombre ou gris de plomb, entièrement recouverte de grosses écailles charnues fortement appliquées. Pour cette plante on a établi à l'intérieur de la cabane deux poêles, ce qui se comprend, car il ne suffit pas de l'empêcher de geler; il faut encore une température un peu plus élevée, afin de favoriser le développement de cette masse considérable qui constitue l'inflorescence de laquelle sortiront les fleurs. Vers le sommet de ces cabanes on a placé des croisées pour donner accès à la lumière, et qui s'ouvrent à volonté pour qu'on puisse

donner de l'air au besoin.

Ainsi qu'on peut en juger par ce qui précède, rien n'a été négligé pour mener la chose à bonne fin; aussi doit-on en remercier M. Goupil qui, par amour de ces plantes,

n'a pas reculé devant tant de sacrifices. Grâce à lui on verra ce qu'on n'avait probablement jamais vu en France, fleurir, en pleine terre, une plante que jusqu'ici on n'a jamais cultivée qu'en pot ou en caisse, où elle n'atteignait que de très-faibies dimensions, qui ne lui permettaient que très-rarement de fleurir. Nous reviendrons prochainement sur cette espèce, dont nous donnerons une description et une figure, ainsi que des détails sur sa culture au Mexique, où l'espèce est cultivée en grand pour en extraire une boisson alcoolique connue sous le nom de Pulqué.

Le 17 novembre a eu lieu à Lyon, au palais des Arts, la réunion mensuelle de la Société régionale de viticulture du Rhône. M. Chaurand présidait.

Il a, dès l'ouverture de la séance, appelé l'attention sur les espérances que les agriculteurs doivent fonder sur les aptitudes et les connaissances spéciales du ministre ac tuel de l'agriculture.

Une commision a été nommée pour s'occuper de l'Exposition universelle, qui aura lieu à Lyon, l'année prochaine, à laquelle la Société veut prendre part (1).

Elle y fera figurer tous les objets relatifs à la viticulture,

Après les rapports des différentes localités du département, sur le rendement des dernières vandanges et l'état des vignobles, et des observations sur les mesures défec. tueuses existantes pour le transport des vins par les chemins de fer, un de nos collaborateurs, M. Victor Pulliat, a lu une lettre fort intéressante de M. Terrel des Chênes, datée de Pesth, en Hongrie, sur la viticulture de cette contrée, où elle est en grand progrès, ce que l'honorable écrivain attribue en grande partie à ce que l'instruction y est généralement repandue et très-avancée, et sous ce rapport il déplore notre infériorité (2).

Espérons que l'instruction gratuite et obligatoire, réclamée de toutes parts, nous relèvera sous peu de l'état d'ignorance dans lequel gémissent encore la plus grande partie des habitants de nos campagnes.

L'horticulture belge compte un organe de plus. C'est un recueil qui a pour titre: Journal d'horticulture pratique publié par la jeunesse horticole. Il s'imprime à Gand, cette ville qu'on peut considérer comme le centre horticole européen. Le premier numéro, que nous avons sous les yeux, contient de très-intéressants articles qui font bien augurer de cette publication.

(1) Très prochainement nous publierons le programme de cette exposition,

(2) Une lettre que nous publierons, écrite par un de nos compatriotes alsaciens, démontrera malheureusement pour notre pays que ce fait est vrai.

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