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- CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE NOVEMBRE).

température, et que ne semble pas comporter l'époque où elles se montrent. Ainsi, un de nos abonnés nous écrivait de Bologne, à la date du 17 octobre dernier, une lettre de laquelle nous extrayons ce passage:

...

Vous serez probablement étonné d'apprendre que, à Bologne (Italie), d'où je vous écris, il souffle depuis trois jours un vent du nord trèsfroid, et que, ce matin même, nous avons eu une gelée qui a détruit presque toutes nos plantes ornementales, telles que Vigandia, Solanum, Canna, Salvia, etc., etc.

A Paris, ce n'est que dans la nuit du 26 au 27 octobre que la gelée a détruit ces mêmes plantes, qui jusque-là étaient encore magnifiques; le 26 au soir, nous en admirions la beauté dans les plates-bandes du Trocadéro, et ce même jour, nous étions frappé de la beauté, du nombre et de l'élégance des fleurs que présentait l'Ageratum Lasseauxii, que nous recommandons d'une manière toute particulière, comme plante automnale de premier mérite.

Dans une lettre que vient de nous adresser, de Toulon, M. le docteur Turrel, nous trouvons de nouveaux détails sur le Phylloxera, détails qui n'ont rien de rassurant; au contraire, ils démontrent que, loin de s'arrêter, ainsi que quelques personnes en avaient l'espoir, ce terrible ennemi continue ses ravages. Voici cette lettre :

Toulon, le 25 octobre 1871. Monsieur le rédacteur en chef de la Revue horticole.

J'ai à vous signaler aujourd'hui une nouvelle et menaçante étape du philloxera vastatrix, qui vient d'envahir nos vignobles du Var. Il convient, je crois, de tenir le public au courant des progrès de cet effrayant fléau.

Notre Société avait été avisée d'un rapide dépérissement observé dans un vignoble appartenant à la famille Portalis et situé dans la commune de la Cadière (Var). Au milieu d'un jeune plantier de cinq ans, des rangées entières de Vignes séchaient avant la pousse ou se flétrissaient en pleine végétation. Le 21 de ce mois d'octobre, le gérant du domaine, M. Sicard du Beausset, nous apportait quelques Vignes arrachées de la veille, pour les soumettre à notre examen. M. Sicard avait, du reste, signalé la maladie observée par lui au propriétaire, M. le comte Portalis, qui lui avait donné l'ordre de procéder à l'arrachement et à l'incinération des vignes attaquées, par suite de l'idée qu'il avait que le phylloxera était la cause de la maladie de son vignoble.

L'examen microscopique le plus scrupuleux ne nous fit rien découvrir de suspect. Aucune trace sur les racines, en apparence parfaitement saines, du redoutable puceron. Nous en conclûmes que la maladie ne provenait pas de son fait, mais nous décidâmes qu'une commission mixte du comice agricole et de notre Société irait sur place étudier l'épiphytie.

Hier, 24 octobre, la commission se rendit à la Cadière. Elle se composait de MM. Pellicot, pré

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sident du comice agricole ; Ch. Gérard, trésorier; Marius Barnéond, vice-président de la Société d'horticulture et d'acclimatation; Dr Turrel, secrétaire général.

Au N.-O. de la montagne calcaire de la Cadière, dans les riches alluvions formées par les terrains crétacés qui dominent la vallée où serpente la rivière de Bandol, se trouvent les vignobles les plus vigoureux de la région. Ceux de M. le comte Portalis ont été plantés seulement à une profondeur de Om 25 c., tandis que ceux des voisins, jusqu'ici exempts de maladie, l'ont été selon la méthode usitée dans le pays, c'est-à-dire plantés å Om 50 c. M. Pellicot attribue à cette différence dans la profondeur l'invasion plus facile et plus mortelle du phylloxera chez M. le comte Portalis.

Au milieu des Vignes les plus robustes d'aspect et de végétation, encore couvertes de feuilles vertes, en revêtant la riche livrée d'automne, nous avons remarqué, sur une surface d'à peu près 1,200 mètres, des feuilles sèches, d'aspect terreux, comme si elles eussent été soumises à l'action d'un ardent foyer. Cependant ces Vignes malades avaient donné leur récolte de Raisins, aussi bien que les Vignes saines, ce qui prouvait que l'invasion du mal était toute récente. Cà et là, au sein des rangées malades, on voyait des Vignes desséchées qui, au printemps, avaient produit de faibles pousses, mais avaient succombé dès le mois de juin.

D'après les ordres de M. le comte Portalis, M. Sicard avait fait procéder à l'arrachage et à l'incinération sur place, mais il restait encore des rangées entières non encore entamées; c'est là que la commission fit en sa présence procéder à l'arrachage successif de plusieurs ceps qui, examinés, nous montrèrent, même à l'œil nu, la véritable cause de la mortalité, dans des groupes nombreux du phylloxera.

Il n'y avait plus de doute possible, et la loupe nous fit voir plus distinctement encore des masses du puceron jaune livide, qui se livraient à leur travail de saignée de sève sur les racines.

Le phylloxera se tient sur les grosses racines, et de préférence dans les gerçures naturelles qui se forment par le développement du diamètre de ces racines. Nous n'en avons rencontré aucun sur les racines ténues ni sur les radicelles qui forment en ce moment de l'année un abondant chevelu.

Le chef ouvrier qui procédait à l'opération de l'arrachement nous dit que si on laissait les souches sur le champ d'où elles ont été extraites, sans les soumettre à l'action du feu, du jour au lendemain les pucerons disparaîtraient. Cette circonstance, qui s'explique par les mœurs souterraines de ces animaux, nous donna la clé du doute que l'examen des racines apportées à Toulon avait fait naître dans notre esprit. Les pucerons n'avaient pas accepté d'être transportés à l'air libre et s'étaient détachés des racines.

Après cette inquiétante constatation, la commission s'est transportée dans les vignobles limitrophes, et avec l'assentiment des propriétaires a fait arracher çà et là quelques Vignes d'apparence suspecte, mais il lui a été impossible d'y découvrir des pucerons.

Il nous a été dit qu'au nord-ouest du vignoble Portalis, on avait observé dans une Vigne plantée dans le même sol des altérations analogues à celle que nous avons constatée.

Il est difficile de se rendre compte, s'il est admis que ce puceron se propage par migration, comment il s'est transporté sans toucher aux points intermédiaires des seules localités où il a été signalé jusqu'ici en Provence, savoir: le village des Milles, près d'Aix, et celui de SaintChamas (Bouches-du-Rhône).

Nous avons recommandé de procéder, dès qu'ils sont arrachés, au flambage des ceps, pour prévenir le détachement des pucerons; mais faire la part du feu n'est pas guérir, et nous attendons toujours la panacée promise par les guérisseurs. Votre très-humble serviteur,

L. TURREL, Secrétaire général.

-Au sujet de la Pomme Quetier, "dont il a été plusieurs fois question dans ce journal, nous venons de recevoir une circulaire dont nous extrayons ce qui suit :

Cette Pomme, qui a été l'objet d'une récompense à l'Exposition d'horticulture de Meaux en 1868, qui a été décrite et figurée dans la Revue horticole (1868, p. 253), est d'une qualité tout à fait supérieure qui permet de la placer sur la même ligne que le Calville blanc.

Pour les qualités que présente la Pomme Quetier, nous renvoyons au numéro de la Revue où elle a été figurée.

La Pomme Quetier sera livrée au commerce à partir du 15 novembre prochain, aux conditions suivantes :

La pièce, 6 fr.; les quatre, 20 fr.

Pour le paiement, envoyer un mandat sur la poste à l'adresse de M. Quetier, horticulteur à Meaux.

Un de nos collaborateurs nous a écrit une lettre que nous croyons de nature à intéresser nos lecteurs, et que par conséquent nous croyons devoir reproduire. Elle est relative à la migration des végétaux, c'est-àdire à leur dissémination à la surface du globe. Voici cette lettre :

Versailles, ce 25 octobre 1871.
Mon cher monsieur Carrière,

Bien que l'objet de cette note soit du ressort de la botanique, nous avons pensé qu'il pourrait intéresser les lecteurs de la Revue horticole, et c'est pourquoi, si vous le jugez à propos, je vous autorise à donner à la présente telle publicité que vous jugerez convenable.

Vous vous rappelez sans doute que l'année 1870 ayant été excessivement sèche, la récolte des fourrages fut très-mauvaise et de beaucoup insuffisante aux besoins ordinaires. La guerre vint, et avec elle les réquisitions de pailles, céréales, foins, etc., leur déplacement et leur transport d'une contrée dans une autre, etc., etc.

Il en est résulté que partout où l'on a répandu sur le sol d'une contrée des fourrages ou des pailles provenant d'un pays différent, les graines de ces fourrages, de ces pailles, et surtout celles des mauvaises herbes qui s'y trouvaient mélangées, ont germé en plus ou moins grande abondance; les espèces annuelles surtout se sont empressées de pousser et de fleurir, en 'sorte que les personnes qui ont parcouru cette année les campagnes qui avaient été occupées par les armées ont pu constater le long des che

mins, des routes et surtout aux places de déballage ou de campement, une végétation particulière, enfin la présence de plantes complètement différentes de celles de la localité.

Mais c'est principalement pendant le règne de la Commune, de triste mémoire, que cette migration des végétaux s'est faite sur la plus grande échelle et de la façon la plus intéressante.

Au moment où l'on a rassemblé et formé l'armée dite de Versailles, la provision de fourrages de la récolte de 1870 était à peu près et même complètement épuisée, de sorte qu'on a dû faire venir du Midi, des bords de la Méditerranée, de la Provence, de la Corse, et plus particulièrement d'Algérie (on dit même d'Italie et de Sicile), les foins fraîchement récoltés dans ces contrées, et on les a acheminés, en balles fortement comprimées, à la suite des corps de troupes qui accouraient au secours de la capitale.

Il en est résulté que partout où ces fourrages ont passé, ils ont répandu en abondance des graines qui, tombant en saison convenable (on était alors en mars et avril, mai et juin), ont geriné rapidement, et l'on a pu voir sur un assez grand nombre de points autour de Paris, notamment dans les campagnes de la rive gauche de la Seine, aux places occupées par la cavalerie, un grand nombre de plantes annuelles (environ cent cinquante à deux cents espèces) appartenant à la région méditerranéenne, qui sont arrivées à fleurir, et beaucoup même à fructifier et à se ressemer avant l'hiver.

Quant aux plantes bisannuelles, quelques-unes seulement sont arrivées à fleurir; mais les vivaces, probablement assez abondantes, seront probablement détruites par l'hiver.

Il nous paraît inutile de citer ici les noms de ces plantes; mais nous nous demandons si, dans le nombre de ces annuelles, quelques espèces ne vont pas reparaître l'an prochain, pendant plusieurs années même, et si finalement il n'en restera pas quelqu'une définitivement acquise à la flore de notre contrée.

Il n'y aurait d'ailleurs rien d'étonnant à cela, et les exemples de ce genre ne manquent pas. Pour n'en citer que quelques-uns des plus connus, nous rappellerons qu'une partie des plantes de nos moissons, le Coquelicot, le Bleuet, le Githago, le Chrysanthème des moissons, etc., sont supposés originaires d'Orient et se retrouvent à peu près partout où les céréales sont cultivées.

L'Erigeron ou Vergerette du Canada, qui s'est répandu sur presque toute la surface du globe; le Phytolacca (dit Raisin d'Amérique), parce qu'on supposait qu'il s'était répandu en Europe par les oiseaux voyageurs venant d'Amérique, est originaire du Caucase oriental, d'où il s'est étendu sur une partie du globe. Le Panicum digitaria, originaire du sud de l'Amérique et qui a envahi de très-grandes étendues de terrain dans le sud-ouest de la France, nous donnent des exemples de ces migrations qu'on pourrait multiplier à l'infini. On pourrait citer, en outre, un certain nombre de nos espèces qui, introduites en Australie, s'y sont multipliées par places au point d'en chasser les espèces locales et de s'y substituer.

Les exemples ne manquent pas de plantes transportées d'un pays dans un autre par les oiseaux, par les laines et les poils des animaux; par le lest des bâtiments, par les emballages, le commerce des fourrages, des pailles, des se

RHUS COTINUS PURPUREUS.

DES ESPÈCES DE DRACENA CONNUES AUJOURD'HUI.

mences; enfin par les déplacements des hommes, des animaux, et les transactions de toutes sortes. La plupart de ces plantes, après avoir végété et s'être montrées pendant une ou plusieurs années, finissent par disparaître; mais quelquesunes, trouvant dans ce nouveau milieu des conditions favorables, s'y maintiennent, s'y multiplient et finissent peu à peu par se répandre dans leur nouvelle patrie adoptive, au point de faire croire qu'elles y ont toujours existé. Il en est même plusieurs dans ce cas, sur la vraie origine desquelles on discute et l'on doute encore, tellement elles ont l'air d'être chez elles sur plusieurs points du globe en même temps.

Je me propose de suivre et de surveiller attentivement les faits et gestes à venir des nouvelles débarquées et de vous rendre compte en temps et lieu du résultat de mes observations.

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En rendant compte, dans le précédent numéro de la Revue, p. 544, de quelques nouveautés récemment mises au commerce, il s'est glissé une erreur très-importante, que nous nous empressons de réparer. Cette erreur est relative au Pélargonium zonale double Vicomtesse Elisabeth de Chatelus, et se rapporte à la fleur. Au lieu de 22 centimètres de diamètre, il faut lire 22 centimètres de circonférence.

- M. Eugène Verdier, horticulteur, 3, rue Dunois, à Paris, nous informe que c'est par suite d'un contre-temps qu'il regrette qu'il a annoncé la mise en vente dans son établissement des Fraisiers Duc de Magenta, Auguste Nicaise et Madame Nicaise, qui sont la propriété de M. Riffaut, horticulteur à Châlons (Marne). Désirant vulgariser ces bonnes variétés, qui primitivement devaient être livrées au commerce en 1871, M. Verdier avait cru devoir les annoncer, se proposant, bien entendu, de les faire venir de chez l'obtenteur, qui, pour des raisons que nous avons fait connaître (voir Revue horticole, 1871, p. 505), ne les mettra au commerce qu'en 1872. E.-A. CARRIÈRE.

RHUS COTINUS PURPUREUS

Depuis longtemps déjà, j'avais remarqué cette plante qu'on trouve parfois dans les semis, mélangée au type. Tout récemment encore, j'ai eu l'occasion d'en voir une forte touffe couverte de nombreuses panicules légères, d'un pourpre foncé, qui produisaient le plus bel effet qu'il soit possible de voir. N'ayant jamais vu cette espèce annoncée sur aucun catalogue, j'en ai conclu qu'elle n'était pas commune, ou qu'elle n'avait pas été remarquée, ou qu'elle n'avait pas été estimée à sa juste valeur. Aussi ai-je cru devoir la signaler aux lecteurs de la Revue horticole, en leur assurant que rien n'est plus ornemental que cette plante.

Alterné avec le type (Rhus cotinus), le R. cotinus purpureus produirait un très-joli effet par le contraste de ses panicules (perruques), comme on les appelle à cause de la légèreté des parties dont la finesse a été comparée à celle des cheveux.

L'aspect général du R. cotinus purpureus ne présente rien de particulier; les feuilles, de la même forme et de la même dimension que celles du type, sont d'un vert un peu plus foncé; mais l'ensemble diffère par la couleur de l'écorce des rameaux, qui est d'un rouge pourpre, et surtout aussi par la couleur foncée des parties qui constituent l'inflorescence; les graines elles-mêmes sont fortement colorées.

Comme il est douteux que cette variété se reproduise par graines, il convient, pour la conserver, de la multiplier par couchage, ce qui malheureusement est peu expéditif, les rameaux mettant deux ans à s'enraciner. Néanmoins, nous croyons devoir engager d'en semer les graines, car si l'on n'obtient pas toutes plantes à fleurs pourpres, on aura toujours chance d'en obtenir un certain nombre.

DUPUY-JAMAIN.

DES ESPÈCES DE DRACENA CONNUES AUJOURD'HUI (4)

Les Dracaena occupent dans les jardins l'un des rangs les plus distingués parmi les végétaux aussi recommandables pour la beauté du port que pour l'élégance du feuillage; malheureusement les espèces en

(1) Traduit du Gartenflora (mai 1871) par M. Du

chartre.

sont en partie assez mal connues, surtout pour ce motif que plusieurs d'entre elles n'ont pas encore fleuri dans les cultures, de telle sorte qu'on ne peut les caractériser que d'après leurs organes végétatifs. Ces élégantes Monocotylédones ont été, dans ces dernières années, l'objet de quelques études

spéciales, notamment de la part du professeur Karl Koch; mais ces travaux sont ou à peu près inconnus en France, ou forcément incomplets au moment présent; nous croyons donc rendre service aux amateurs de belles plantes en résumant ici, sous une forme aussi concise que possible, le mémoire spécial que M. Regel vient de consacrer au genre Dracaena, dans le dernier des cahiers de son Gartenflora qui soient arrivés à

Paris.

Nous devons faire avant tout ici une observation de la plus haute importance: c'est que M. Regel, comme tous les botanistes, ne comprend sous le nom de Dracana que les plantes auxquelles la délimitation du genre opérée par Kunth permet de conserver ce nom, et non toutes celles qui le reçoivent encore à peu près habituellement de la part des horticulteurs et amateurs. En effet, l'ancien groupe des Dracæna a été subdivisé par Kunth en deux genres distincts et séparés, les Dracaena proprement dits et les Cordyline. Le caractère essentiel sur lequel il a fondé cette distinction consiste en ce que, chez les Dracaena, l'ovaire ne renferme qu'un seul ovule dans chacune de ses trois loges, tandis qu'il en renferme de 8 à 14 dans chacune de ses trois loges chez les Cordyline. Une particularité distinctive entre ces deux genres est encore fournie par les organes de la végétation; c'est que les racines des Dracæna ont une couleur jaune orangé et ne donnent jamais naissance à des stolons ou rejets, tandis que les racines des Cordyline sont blanches et que leur souche produit d'épais stolons. Pour rappeler des exemples connus, ce sont des Cordyline que les espèces répandues dans les jardins sous leur nom ancien de Dracaena australis, nobilis, stricta, terminalis, congesta, indivisa, etc.

Tous les Dracaena connus aujourd'hui sont absolument dépourvus de villosité. Leur tige simple ou rameuse, marquée de cicatrices plus ou moins annulaires laissées

les feuilles qui sont tombées, tantôt reste basse et tantôt devient arborescente, au point même que le Dracaena Draco, L., peut acquérir des proportions suffisantes pour en faire l'un des colosses du règne végétal. Leurs feuilles se rapprochent le plus souvent sur la portion supérieure de la tige ou des branches; elles sont toujours indivises, le plus souvent lancéolées étroites, parfois un peu plus larges ou même ovales, sessiles ou pétiolées, avec ou plus rarement sans côte médiane. Leurs fleurs forment une inflorescence terminale, grappe, panicule ou tête, et on a vu plus haut leur principal caractère tiré de l'existence d'un seul ovule dans chaque loge de leur ovaire: elles donnent naissance à un fruit globuleux, qui constitue une baie renfermant 1 à 3 graines.

I. Espèces à feuilles sessiles.

A. Feuilles offrant une côte médiane fortement proéminente sur les deux façes.

a) Feuilles de la même couleur aux bords qu'ailleurs.

1. Dracaena umbraculifera, Jacq. L'une des plus remarquables et des plus belles espèces; elle est vraisemblablement originaire de l'Ile-de-France, où elle est également cultivée et d'où on l'a transportée ailleurs. Quoique introduite depuis longtemps, elle est assez peu répandue dans les jardins, parce qu'elle est difficile à multiplier et, par suite, toujours chère. Sa tige courte, droite et épaisse porte des feuilles lustrées, d'un vert foncé, longues de 0m 65 à 1 mètre, larges de 0m 025-0m 040, rapprochées en touffes denses et retombantes

de tous les côtés.

2. Dr. arborea, Link. (Dr. Knerckiana, C. Koch). L'une des plus belles plantes à feuillage ornemental pour serres et appartements, mais qu'on n'a jamais encore vu fleurir. Sa tige droite et épaisse porte vers son extrémité une touffe de feuilles d'une belle verdure foncée et lustrée, un peu ondulées, faiblement plissées en long, qui atteignent, pour une largeur de Om 065 å Om 080, 0m 65 à 1 mètre de longueur.

3. Dr. angustifolia, Roxb. Cette espèce, qui est des Indes orientales, n'a pas été encore introduite dans les jardins. Sa tige rameuse et dressée atteint 3m 3 de hauteur, et se termine par une touffe de feuilles dressées, linéaires lancéolées, larges de Om 027, longues de Om 40-0m 50.

4. Dr. fruticosa, Blume. Cette espèce javanaise est frutescente et a les feuilles longues de Om 500-0m 550, larges de Om 055, et les fleurs en grappes lâches qui, réunies, forment une panicule terminale simple. Elle n'est pas cultivée.

5. Dr. fragrans, Gawl. (Aletris fragrans, L.) Belle espèce de la Guinée et de Sierra-Leone, qui vient presque mieux dans une chambre chauffée qu'en serre. Sa tige, haute de cinq mètres, même davantage, est forte, simple ou rameuse; ses feuilles d'un beau vert intense, oblongues, lancéolées, un peu ondulées, sont longues de Om 40 à 0m 65 et larges de Om 060 à 0m 085.

b) Feuilles étroitement bordées de rouge. 6. Dr. Kochiana, Regel. (Dr. arborea, C. Koch). Belle espèce d'origine inconnue, dont la tige droite, assez haute, simple ou rameuse, porte vers le haut des feuilles retombantes, coriaces, à forte côte, linéaireslancéolées, larges d'environ 0m 034, longues de Om 50.

7. Dr. concinna, Hort. Berol. (Dr. Betschleriana, C. Koch). Espèce vraisemblablement venue de l'Afrique tropicale et qui, bien cultivée, est une des plus belles du genre; elle a alors le port du Dr. arborea. Sa tige

DES ESPÈCES DE DRACENA CONNUES AUJOURD'HUI.

droite et forte se termine par une touffe dense de feuilles colorées en beau vert jaunâtre lustré aux deux faces, avec une bordure nette brun rouge, arquées et retombantes, qui atteignent près d'un mètre de long sur Om 06-0m 08 de large. La floraison en est inconnue.

8. Dr. marginata, Lamk. Plante de Madagascar et Bourbon, dont la floraison est inconnue. Sa tige droite, un peu grêle, généralement ramifiée, porte des feuilles peu fermes, colorées en joli vert clair avec bordure rouge brun en dessus, souvent brun rouge en dessous, fortement retombantes, rétrécies en longue pointe au sommet, longues de Om 3-0m 4, larges de Om 01Om 02.

B. Côte médiane des feuilles à peine visible en dessus, proéminente et arrondie en dessous.

* Feuilles de la même couleur aux bords qu'ailleurs, couvrant entièrement les entrenoeuds de la tige avec leur base embrassante.

9. Dr. ensifolia, Wall. (Dr. fruticosa, C. Koch; Dr. quitensis et arborea, Hort.) Espèce originaire des Indes orientales, l'une des meilleures pour la décoration des serres et des appartements, parce qu'elle se maintient relativement bien dans des endroits assez peu éclairés. Sa tige dressée, haute de 3-5 mètres, souvent rameuse, est couverte sur une grande longueur de feuilles étroiteslancéolées, un peu ondulées, longues de Om 25-0m 40, larges de 0m 025-0m 035; sa panicule est plus ou moins penchée.

10. Dr. stenophylla, C. Koch. (Dr. punctata, H. Van Houtte). Vraisemblablement originaire de l'Afrique tropicale, cette espèce a le port du Dr. marginata. Sa tige un peu grêle est couverte sur une grande longueur de feuilles peu fermes, colorées en dessus en beau vert foncé avec de courtes lignes longitudinales plus claires, pâles en dessous, longues de Om 33-0m 40, larges de Om 012Om 020.

** Feuilles ne recouvrant pas la tige avec leur base embrassante.

11. Dr. reflera, Lamh. (Dr. cernua, Hort., non Jacq.) Indigène dans les Indes orientales et à Madagascar, cette belle espèce a la tige grêle, rameuse, chargée vers son extrémité de feuilles retombantes, vert foncé en dessus, vert plus clair en dessous, longues de Om 125-0m 220, larges de Om 020Om 033.

12. Dr. cernua, Jacq. Cette espèce, originaire de l'Ile-de-France, est absolument semblable à la précédente pour le port, la forme des feuilles, etc.; mais elle s'en distingue par ses feuilles munies d'une bordure rouge et par sa panicule penchée. Elle paraît avoir disparu des jardins.

Feuilles recouvrant entièrement la

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tige avec leur base embrassante, entourées d'une étroite bordure translucide.

13. Dr. Rumphii, Hook. (Dr. Hookeriana, C. Koch.) Originaire des Indes orientales, ce Dragonnier a le port du Dr. Draco pendulifolia. Sur le haut de sa forte tige dressée se trouvent ramassées les feuilles qui sont linéaires-lancéolées, creusées presque en gouttière, d'un vert bleuâtre, rétrécies graduellement à leur sommet en une longue pointe mince, sans côte visible en dessus, mais en montrant une large et convexe en dessous où elles sont d'un vert clair, longues de Om 40-0m 60, larges de Om 027-0m 034. Sa panicule terminale est doublement ramifiée.

14. Dr. latifolia, Regel (Dr. Rumphii latifolia, Hort.). Le jardin botanique de Saint-Pétersbourg a reçu cette espèce de celui de Kew sous le nom de Dracena spec. de l'Afrique australe. La plante n'a pas encore fleuri. Elle ressemble absolument au Dr. Rumphii pour le port, la teinte des feuilles, leur bordure et leurs nervures; mais elle s'en distingue parce que ces feuilles sont environ trois fois plus larges, quoique ayant la même longueur; en outre, elles ne sont pas rétrécies en une pointe aussi longue ni aussi étroite, et elles sont un peu ondulées. Originaire des contrées à la fois chaudes et sèches de l'Afrique australe, elle doit être tenue dans une serre chaude, basse et sèche; l'humidité en tache les feuilles par places qui sèchent ensuite.

C. Feuilles sans côte médiane.

15. Dr. Draco, Linn. C'est le Dragonnier bien connu des îles Canaries, d'où il a été introduit dans l'Inde et dans plusieurs autres contrées tropicales. Il devient de plus en plus rare dans son pays natal, où on sait que, malgré l'extrême lenteur de son accroissement, il finit, dans la suite des siècles, par former un tronc énorme, fortement ramifié supérieurement, mais, au total, de manière à constituer un arbre peu élevé, proportionnellement à sa grosseur. On n'en trouve à peu près plus, aujourd'hui, que dans l'ile de Ténériffe; il a été presque entièrement détruit à Madère, et il a complètement disparu à Porto-Santo, où il croissait jadis en abondance. Un violent orage a achevé de détruire le célèbre pied de cette espèce, qu'on admirait dans l'île de Ténériffe, à la villa de Orotava, sur la propriété du marquis de Sauzal, et qui avait déjà considérablement souffert d'orages antérieurs. Son tronc colossal n'avait pas moins de 14 mètres de diamètre à sa base, d'après une mesure prise en 1843; la hauteur totale de l'arbre ne dépassait cependant pas 20 mètres. On en cite encore un autre individu parfaitement sain, qui se trouve à Icod de los Vinos, dans la même île, et qui, bien que moins colossal, n'en a pas moins de

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