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moralité, le bien-être et l'accord harmonique d'une famille résultent du régime que leur chef sait y établir, la sécurité et l'avenir des nations reposent dans les institutions et dans les lois qui les régissent, fait qui, en montrant à ceux qui sont placés à leur tête, qu'ils doivent faire, leur en indique les

moyens.

ce

La leçon est dure, et les événements qui viennent de s'accomplir sont de nature à nous éclairer. En profiterons-nous? Espérons-le.

Bornant ici ces détails un peu étrangers au journal la Revue, mais que nous avons crus nécessaires en raison de la position tout exceptionnelle dans laquelle nous nous trouvons, nous allons parler de ce qui fait particulièrement le sujet de cette note: de l'Exposition d'horticulture de l'arrondissement de Meaux.

Ainsi que nous l'avions annoncé, cette Exposition a ouvert ses portes le 28 sep-. tembre. On aurait pu craindre qu'à la suite de pareilles épreuves elle s'en soit ressentie. Il n'en a rien été pourtant, au contraire; elle était bien fournie, très-belle, sinon brillante. Les exposants étaient nombreux, et leurs lots étaient surtout très-beaux, ce qui avait lieu d'étonner, la saison ayant été peu favorable. Amateurs, marchands, c'est-àdire pépiniéristes, jardiniers de maison, avaient rivalisé de zèle et, disons-le, leurs efforts ont été couronnés de succès.

Un fait que nous sommes heureux de faire ressortir, qui nous paraît être de bon augure, c'est la part qu'avaient prise cinq instituteurs. Leurs apports étaient beaux et assez nombreux; le choix des fruits était surtout bien entendu et témoignait des connaissances des exposants.

Bien que cette Exposition fût à peu près exclusivement réservée aux fruits et tout à l'honneur de Pomone, cette déesse, par un sentiment de fraternité qui certainement n'étonnera personne de la part d'un divinité,

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quoique pourtant nous sachions que la paix n'était pas un privilége dans l'Olympe et que bien des fois les mortels ont eu à subir de terribles conséquences de ses discordes divines, exemples dont malheureusement l'on voit très-fréquemment des analogies sur la terre, Pomone, dis-je, avait consenti à accorder un petit coin àl'une de ses sœurs, à FLORE qui, du reste, en avait tiré un excellent parti. Cet emplacement, qu'on regrettait de trouver si petit, était occupé par un lot de plantes de serre chaude dont le choix et la beauté le disputaient à la culture, qui était des plus soignées, toutes choses qui faisaient l'éloge du propriétaire non moins que du jardinier qui les avait exposées. En effet, si celui-ci est un jardinier hors ligne, un véritable artiste, sonmaître, M. Ménier, est un véritable amateur; et comme, d'une part, il est un de ces

amis du progrès comme on en voit peu, il sait mieux que personne qu'il est impossible de faire quelque chose avec rien; et que, d'une autre part encore, il possède une immense fortune dont il sait faire un si bon usage, il accorde à son jardinier tout ce qui lui est nécessaire. Disons toutefois que celui-ci sait en tirer un excellent parti.

Dans ce lot, qui pouvait soutenir la concurrence avec les plus beaux qu'on est habitué à voir dans les grandes Expositions, se trouvaient une demi-douzaine de pieds d'Ananas dont les admirables fruits pouvaient, pour les dimensions, rivaliser avec ce que nous avons jamais vu de plus beau et de plus gros en ce genre, et qui formaient comme la couronne du bouquet.

La science qui, heureusement pour l'humanité, à l'exemple des bonnes fées, sait se fourrer partout, avait trouvé moyen de pénétrer dans cette Exposition. Dans une petite pièce, on voyait un lot très-modeste, mais qui, s'il parlait peu aux yeux, frappait l'homme intelligent, en démontrant ce que la science peut faire lorsqu'elle se joint à sa sœur intime, la pratique. En effet, on voyait là l'influence si considérable de la fécondation artificielle et les immenses services qu'elle est appelée à rendre. C'est une mine de richesse que jusqu'ici on a à peine effleurée.

Dans ce lot, qui appartenait à M. Quetier, on voyait d'abord de très-jolies Pommes de terre issues de graines fécondées artificiellement (1), puis deux variétés de Raisins et une Pèche obtenues par le même procédé. Tout à côté, étaient un Navet rose d'Auvergne, un Rutabaga blanc type, et deux autres Rutabaga fortement lavés-marbrés de violet, couleur qu'on remarquait, mais seulement sur le collet du Navet rose d'Auvergne et qui lui est propre. Voici l'explication de ces faits: le Navet rose d'Auvergne ayant été pris pour père, M. Quetier a pris du pollen de ses fleurs pour féconder celles du Rutabaga ordinaire blanc, qui avait été pris pour mère. Ce sont les graines provenant de cette fécondation qui ont produit les Rutabagas violets qui ont été exposés. Ajoutons que ces Rutabagas étaient plus beaux, plus gros, plus unis, plus succulents que sont les Rutabagas ordinaires. Dans ce même lot se trouvait aussi exposées quelques Pommes Quetier (2), plus une Poire résul

(1) V. Revue hort., 1869, p. 346; 1871, p. 509. (2) Cette Pomme, que nous avons décrite et figurée dans la Revue horticole, 1868, p. 251, a quelque analogie avec la Pomme de Calville blanc, dont elle est issue; elle a même sur celle-ci certains avantages; l'arbre parait être moins délicat. Quant au fruit, il est également de qualité supérieure et se conserve aussi très-longtemps. M. Quetier va la mettre au commerce cet automne prochain, 1871, à raison de six francs le sujet. Ceux qui désirent la recevoir pourront adresser un man

EXPOSITION D'HORTICULTURE DE L'ARRONDISSEMENT DE MEAUX.

fant de graines de Poire de Saint-Germain, | fécondée par du pollen du Bon-Chrétien d'hiver. La forme et l'aspect général de cette Poire sont bien intermédiaires entre les parents. Quels seront les caractères de ces fruits? Nous le dirons plus tard.

Quant à l'industrie, bien que très-faiblement représentée, elle renfermait néanmoins quelques instruments essentiellement horticoles, par exemple des châssis en fer, légers et très-solides, d'un très-bon usage, fait confirmé par la pratique qui est toujours le meilleur critérium. Ces châssis ont cet avantage que le cadre étant d'un seul morceau coudé pour former les angles, ils ne cèdent pas, ainsi que cela arrive fréquemment, comme cela a lieu lorsqu'ils sont faits de pièces particulières ajustées.

Un métier à faire des paillassons, exposé par M. Hattrait fils, 10, rue de l'Abreuvoir, à Meaux, a attiré tout particulièrement l'attention du jury. Ce métier présente de nombreux avantages, d'abord celui de pouvoir travailler debout, de ne pas écraser la paille, ainsi que cela a lieu lorsque l'ouvrier, à genoux et courbé, est obligé de se traîner, pourrait-on dire, sur la paille. Des instruments divers de coutellerie, tels que sécateurs, greffoirs, serpettes, etc., ainsi qu'une tondeuse pour les gazons et une pompebrouette de jardins très-puissante, terminaient cette partie de l'Exposition, qui, nous le répétons, était très-intéressante. Aussi les jurés qui ont eu à se prononcer sur le mérite des objets se sont-ils trouvés plusieurs fois très-embarrassés pour rendre leur jugement, et, à l'exemple du berger Pâris, disposés à laisser au sort le soin de prononcer. Néanmoins ils ont fait pour le mieux. Si dans certains cas leur jugement s'est écarté de l'équité, leur intention est un garant du sentiment de leur impartialité. Nous osons donc espérer que, usant d'indulgence, le public, de même que ceux qui croiraient avoir à s'en plaindre, leur accorderont un bill d'indemnité.

Rappelons aussi que toute œuvre importante est toujours collective, le fait d'hommes qui s'entendent, se concertent, puis agissent dans un but commun; que pour élever des palais il faut des architectes pour en dresser le plan, des conducteurs pour diriger les travaux, des maçons pour exécuter ceux-ci. Aucune de ces choses n'a manqué à l'exposition d'horticulture dont nous parlons; l'entente a été parfaite, et aucun concours n'a fait défaut. Qui dans cette œuvre a le plus de droit à la reconnaissance? Personne, les efforts étant relatifs; il en est de même du mérite; aussi ne citerons-nous qu'une personne dans laquelle toutes les autres se

dat sur la poste à M. Quetier, horticulteur à Meaux, qui s'empressera de leur faire parvenir le nombre de sujets dont ils auront besoin.

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personnifient: M. le baron d'Avène, président de la Société d'horticulture de l'arrondissement de Meaux.

Comme toute appréciation, qu'elle qu'elle soit, est une conséquence du jugement, et qu'il arrive fréquemment qu'on se trompet sur celui-ci, nous nous garderons bien d'en porter sur le mérite des exposants, parce qu'alors nous serions obligé d'estimer, peser, etc., la valeur des objets, toutes choses difficiles à faire équitablement, et sur lesquelles, bien qu'animé des meilleures intentions, l'on peut commettre de graves erreurs, blesser des susceptibilités dignes de respect en touchant au for intérieur, c'est-à-dire au MOI, qui constitue la personnalité humaine. Comme d'une autre part le mérite étant relatif, rien ne peut l'indiquer, sinon relativement, il peut même arriver qu'une chose considérée comme peu importante ait nécessité de la part de celui qui l'a faite des efforts ou des combinaisons relativement considérables. Aussi nous abstiendrons-nous de toute citation en ce qui concerne les récompenses.

En terminant ce compte-rendu succinct, et comme une sorte de résumé ou de conclusion philosophique, nous disons:

Pour l'homme qui réfléchit sérieusement sur les hommes et sur les choses, cette lutte pacifique (l'Exposition d'horticulture de Meaux), succédant à une lutte armée, produisait un singulier contraste, surtout lorsqu'on songe qu'elle avait lieu dans une ville que l'ennemi venait de quitter depuis quelques jours seulement. Mais ce sont surtout les résultats qui étaient de nature à inspirer de sérieuses réflexions. D'une part des hommes armés, excités les uns contre les autres, et cherchant à s'exterminer; de l'autre des hommes mettant leur intelligence et leurs connaissances au service de l'humanité tout entière. En effet, la science ne connaît pas de limites; pour elle les nations n'existent pas, et les mots Anglais, Français, Prussiens, Allemands, etc., n'ont aucune signification; elle ne reconnait qu'un pays: le globe, et comme occupants que des hommes qui sont frères! Seul l'homme est l'ennemi de l'homme! Au lieu de considérer leurs intérêts comme étant communs, et alors de s'entendre et de s'aider mutuellement, de

suivre les conseils du maître : « s'aimer les uns les autres, » c'est-à-dire de pratiquer la fraternité universelle qui devrait être leur véritable devise, les hommes se sont comme parqués sur le globe, renfermés dans des sortes de мor collectifs; alors leurs intérêts étant contraires, ils sont devenus étrangers, puis ennemis !...

Ce règne, qui est celui de Satan, finira-til bientôt? Finira-t-il? Espérons-le. Et comme l'espérance n'est pas un moyen d'obtenir les choses, mais seulement un encou

ragement, un mobile, peut-on dire, travaillons tous à amener ce règne du bonheur et de la paix universels après lequel nous aspirons. Unissons nos efforts en ne perdant jamais de vue ce précepte: « Aide-toi, le ciel t'aidera. >>

Parce qu'on a reconnu qu'une chose est difficile à obtenir, ce n'est pas une raison pour ne pas la tenter, au contraire. Si l'on ne réussit pas, du moins on prépare les voies à d'autres qui seront plus heureux. Notre devoir est tracé. E.-A. CARRIÈRE.

PRUNUS INSIGNIS

Lorsqu'on essaie de faire l'histoire d'une chose quelconque, de remonter à sa source, c'est-à-dire à son origine, ce que, toutefois, on ne peut faire que d'une manière relative, il ne faut négliger aucun des détails que l'on connaît, parce que, dans ce cas, le plus petit fait peut avoir de très-grandes conséquences. Aussi est-ce bien convaincu de cette vérité que nous appelons particulièrement l'attention sur l'espèce qui fait le sujet de cet article et qui est appelée à jeter quelque lumière sur l'origine de nos plantes domestiques, origine qui, grâce à l'aveuglement

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ou à la mauvaise foi de certaines gens, est si obscure. Le fait dont nous allons parler est l'explication d'une sorte d'énigme comparable à celle proposée par le Sphinx au futur roi Edipe, lorsqu'il se rendait en Crète.

Dans un précédent ouvrage (1), en essayant de démontrer l'enchaînement des êtres et des modifications qu'ils présentent, nous avons déjà parlé de la plante qui nous occupe, et déjà, en nous appuyant sur ses caractères, nous émettions l'hypothèse que beaucoup de nos Pruniers cultivés (Pruniers domestiques) proviennent probablement du Prunus spi

(1) Description des variétés de Pêchers et de Brugnonniers, p. 29, 30, 31, 32.

nosa, de même que nos Poiriers domestiques proviennent du Pyrus communis, fait qui, pour nous, est tout à fait aujourd'hui hors de doute. En effet, bien qu'étant le résultat d'un premier semis du Prunellier épineux, le Prunus insignis est déjà une forme que l'on peut dire ÉLEVÉE parmi nos espèces domestiques. Toutefois, nous proposant ici d'établir, autant que nous le pourrons, l'origine des choses afin d'en montrer l'enchaînement, nous croyons, avant de décrire le P. insignis, devoir en indiquer l'origine; nous l'extrayons de l'ouvrage que nous venons d'indiquer, page 30. Voici ce que nous écrivions :

.... En ce qui concerne les Pruniers, je pourrais même presque affirmer, qu'une partie des variétés que nous cultivons vient du Prunellier sauvage (Prunus spinosa), qui se trouve en si grande quantité le long de la plupart de nos chemins.

Bien que ceci ne soit encore qu'une hypothèse, les faits sur lesquels je m'appuie équivalent, pour moi du moins, à une presque certitude. Voici ces faits :

Ayant semé des noyaux du P. spinosa que j'avais récoltés à l'état sauvage, c'est-à-dire dans un lieu très-éloigné de toute habitation, j'ai obtenu des plantes dont le port, les feuilles étaient très-différents. Il y en avait dont les feuilles, plus ou moins grandes, étaient soit glabres, soit velues; certains individus étaient buissonneux, tandis que d'autres s'élevaient verticalement et avaient les rameaux gros, peu épineux; leur écorce, au lieu d'être noire, comme l'est celle du P. spinosa, était d'un vert cendré. Certains individus avaient les fleurs sessiles; elles étaient plus ou moins longuement pédonculées chez d'autres ; il y en avait même UN QUI NE PRÉSENTAIT AUCUNE DIFFÉRENCE, par son aspect général ainsi que par ses fleurs, avec le P. insititia, L. Celui-ci, du reste, ainsi que les Pruniers petit et gros Saint-Julien qu'on trouve à l'état sauvage dans certains endroits, ne sont non plus que de simples modifications naturelles du P. spinosa, ce qui vient démentir cette fausse assertion sur laquelle on s'appuie si souvent encore, <qu'il ne se forme pas de races à l'état sauvage. Les exemples du contraire abondent; il serait superflu de s'y arrêter.

Le fait que je vais rapporter vient, du reste, Prunus insilitia (2) (premier jalon pour arriver à démontrer, ainsi que je viens de le dire, que le

(2) Le Prunus insititia est une forme que l'on rencontre fréquemment dans les haies qui avoisinent les villages; ses fruits, assez gros (j'en ai mesuré qui avaient de 12 à 15 millimetres de diamètre), subsphériques, noirs, à chair adhérente,

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PRUNUS INSIGNIS.

nos Pruniers cultivés) sort du Prunus spinosa (1). Ainsi, d'un semis de noyaux du Prunus insititia récoltés par moi sur un seul arbre, considéré comme type pur, j'ai obtenu des choses très-différentes les unes des autres; il y avait presque autant de variétés diverses qu'il y avait d'individus; plusieurs de ceux-ci étaient tellement semblables au Prunus spinosa, que c'est à peine si on pouvait les distinguer de ce dernier. Parmi les autres, il y avait on peut dire toutes les formes que peuvent présenter les Pruniers.

A l'appui de cette opinion j'ajoute que le Prunus spinosa est susceptible, sans qu'il y ait eu fécondation avec des sortes cultivées, c'est-à-dire par le seul fait d'extensivité et de modifications naturelles, de produire des variétés analogues à celles qu'on cultive; ce qui le prouve, c'est que, d'un premier semis que j'ai fait de graines récoltées à l'état sauvage, j'ai obtenu, indépendamment de l'individu très-modifié dont j'ai parlé cidessus, des variétés à fruits de grosseurs et surtout d'époques de maturité très-différentes.

L'individu très-modifié dont il vient d'être question est précisément celui qui fait l'objet de cette note et dont voici les caractères :

Arbre vigoureux, non épineux, à tige droite élevée, à écorce claire, unie. Bourgeons vigoureux, légèrement pubescents. Feuilles ovales ou elliptiques, relativement grandes et épaisses, lisses et luisantes en dessus, à pétiole assez gros, rougeâtre, portant près du limbe de la feuille deux, trèsrarement quatre très-petites glandes; sensiblement dentées-serrées. Fruit (fig. 72), mûrissant en septembre, noir, fortement glaucescent à sa maturité, un peu plus haut que large, à chair non adhérente, assez fondante, bien que ferme, mais d'une astringence, lorsqu'il est vert, qui rappelle celles des fruits du P. spinosa, quoique un peu moins forte. Lorsqu'il est bien mûr, au contraire, il est très-mangeable. Noyau obovale-elliptique, large, légèrement renflé sur le milieu.

Le fruit du P. insignis (fig. 72), qui atteint 25 millimètres de longueur sur environ 22 de largeur, mûrit en août-septembre; il se conserve assez longtemps sur l'arbre, même après qu'il est mûr.

Le Prunus insignis nous présente le fait le plus intéressant de modification que peut produire un type sauvage, ainsi qu'un exemple des plus remarquables du passage d'un type sauvage à une forme domestique. Port, vigueur, faciès, feuilles, bois, végétation, fruit, etc., tout est modifié ; l'un des carac

sans être très-bons, sont cependant mangeables lorsqu'ils ont atteint un certain degré de maturité. Dans beaucoup de villages on les nomme Prunes de chien. Les Pruniers de Saint-Julien, qui sont encore plus modifiés, soit au point de vue du faciès des arbres, soit à celui de la nature des fruits, ne sont pas moins des formes du Prunus spinosa.

(1) Toutefois, de même qu'on ne peut assurer qu'il n'y a pas eu sur certaines parties du globe plusieurs types d'Amandiers d'où serait sorti le groupe Pêcher, de même aussi on ne peut soutenir

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tères les plus singuliers réside dans la nonadhérence de sa chair. Sous ce dernier rapport, il rentre dans la section des Damas. Relativement au fruit, faisons remarquer que celui que nous avons reproduit a été récolté sur le pied-mère, qui avait été arraché et replanté en décembre 1869,d'où l'on peut conclure que greffé, le P. insignis produira des fruits beaucoup plus gros que celui qui est représenté ci-contre.

Les personnes qui ont vu l'arbre dont il s'agit pourraient peut-être trouver que la qualification insignis (remarquable) que nous lui avons donnée est impropre ; ils auraient tort ou raison, suivant le point de vue dont on veut envisager cette question: tort si l'on prend la qualification dans le sens de beau, de grand; raison si on la considère par l'importance du fait qu'elle rappelle. Quoi de plus remarquable en effet que cette preuve directe du passage d'une plante sauvage à une plante domestique? C'est un grand fait scientifique, une belle leçon que nous fournit la nature (2).

D'une autre part, on pourrait aussi dire que nous avons manqué aux règles de la filiation en ne rappelant pas le nom du type, ainsi qu'on doit le faire lorsqu'on décrit une variété. Ceux qui connaissent notre opinion au sujet de l'espèce ne seront pas surpris de cette infraction que nous avons faite à la règle; n'admettant pas l'espèce telle que la comprennent les savants, nous ne pouvons nous conformeraux lois qui la régissent, ce qui toutefois ne doit pas nous dispenser de faire connaître les motifs qui nous ont fait rejeter, pour notre plante, la qualification spinosa. Les raisons qui nous ont fait agir sont fondées sur ce fait que nous regardons comme de la plus haute importance: qu'il vaut beaucoup mieux donner un nom sans signification tranchée que d'en donner un où cette signification est nette, précise et fausse, parce que dans le premier cas on fait des recherches et qu'on a alors la chance d'arriver à la vérité; dans le second cas, au contraire, prenant le mot à la lettre, comme l'on dit, on est dans l'erreur et l'on y reste, ne voyant pas de raison pour chercher autre chose. Pourquoi, en effet, dans cette circonstance, rappeler la qualification spinosa, puisqu'elle serait fausse, le Prunus insignis n'ayant plus rien du P. spinosa? En effet, port, végétation, feuilles, fruits, tout en un mot, est différent.

qu'il n'y a pas d'autre type que le Prunus spinosa qui ait concouru à la production de nos Pruniers domestiques: le contraire paraît même certain. Il pourrait donc bien se faire que les Prunus Brigantiaca, cocomilio, etc., aient donné naissance à certains groupes de nos Pruniers cultivés.

(2) Ce fait est tout à fait analogue à celui que nous avons signalé sur le Raphanus raphanistrum. En effet, le Prunus insignis est à nos Pruniers domestiques ce que nos Raphanodes sont aux différentes sortes de Radis.

Nous croyons que la manière de procéder | qu'alors on la fait reposer sur des bases qui, que nous avons adoptée est la seule ration- étant fausses, ne peuvent déterminer que nelle, et qu'agir autrement, c'est-à-dire chaos et confusion, choses qui malheureudonner à une variété un nom dont la signi- sement ne sont pas rares dans les sciences. fication est contraire aux caractères qu'elle E.-A. CARRIÈRE. présente, est nuisible à la science, parce

PRÉSERVATIF CONTRE LA MORTALITÉ DES PÊCHERS

Parmi les causes qui peuvent déterminer la mort des Pêchers, l'une des plus redoutables est le blanc qui en attaque les racines. Ce blanc n'est autre chose qu'un végétal cryptogamique, appartenant à ce grand groupe que d'une manière générale on désigne par le nom de champignons. Les jardiniers le nomment blanc des racines ou champignon des racines. Il est constitué par de nombreux filaments blancs formant un réseau qui enveloppe les racines, les pénètre, les altère et en paralyse les fonctions. Aussi, et comme le développement de ce parasite est extrêmement rapide, voit-on très-fréquemment des arbres, jeunes ou vieux, bien que très-vigoureux, se faner instantanément, pour ainsi dire, comme s'ils étaient foudroyés. Quels que soient alors les moyens qu'on emploie, ils sont sans efficacité, car, en général, les arbres sont morts. Comme c'est pendant l'été, lorsque les arbres sont couverts de feuilles, parfois même de fruits, que ces effets se produisent, on dit qu'ils ont reçu un coup de soleil. Il est facile de s'assurer du contraire: en déterrant les arbres, on verra alors que le soleil n'est pour rien dans ce fait et que sa véritable cause est le champignon qui s'est emparé des racines. Ce champignon est-il la vraie cause du mal? Qui et non. Oui, si l'on ne pousse pas plus loin l'examen, car, en effet, on ne peut mettre en doute que sans lui les arbres ne seraient pas morts; non, si l'on étend les investigations, car alors on ne tarde pas à reconnaître que lui-même, ce champignon, n'est qu'une conséquence, mais que le principe se trouve ailleurs, c'est-à-dire dans le milieu où sont plongées les racines. On pourrait donc et avec une apparence de raison admettre que la cause est dans le sol; mais, d'une autre part, les divers essais qu'on a faits semblent démontrer que là ne se trouve pas toute la cause. En effet, on a beau enlever la terre du sol et la remplacer par des terres neuves, prises dans des lieux éloignés, là où jamais l'on n'a vu de trace du mal qu'on cherche à combattre, on remarque que, peu de temps après, le champignon reparaît et exerce de nouveau ses ravages. Quelle en est la véritable cause? Elle est probablement complexe, et il serait sans doute bien téméraire de l'indiquer d'une manière absolue. Je crois néanmoins devoir émettre à ce sujet quelques hypothèses qui,

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en quelque sorte, sont appuyées par les faits. La cause première du mal, je crois, se trouve extérieurement, c'est-à-dire dans la végétation, ou, pour parler plus exactement, dans les organes foliacés, et c'est par réaction que le mal se porte sur les racines. C'est, qu'on me passe la comparaison, quelque chose d'analogue à ce qui a lieu dans certains cas chez un homme lorsqu'il a eu froid, que son corps a éprouvé des changements brusques. Dans ce cas, en effet, et bien qu'il ait été frappé extérieurement, c'est sur les organes tout à fait internes que le mal se porte; il se déclare alors des maladies de poitrine auxquelles tous les remèdes sont impuissants, souvent même chez des gens forts et robustes qui n'avaient aucune prédisposition à la maladie qui les fait périr.

A l'aide des principes que je viens d'exposer, il me sera facile, je crois, d'expliquer la maladie des Pêchers connue sous le nom de blanc des racines.

D'après les observations que j'ai faites, cette maladie me paraît occasionnée par une altération des fluides séveux qui, par suite d'intempéries brusques qui frappent les organes foliacés, troublent les fonctions et jettent le désordre dans tout l'organisme végétal, et réagissent particulièrement sur les parties souterraines, qui deviennent malades et aptes à donner naissance à des productions cryptogamiques qu'on nomme blanc de champignon, bien qu'avant cette réaction il n'y eût aucune trace de parasite, de même qu'à la suite d'un refroidissement il arrive très-fréquemment qu'il se forme dans les poumons des tubercules que, jusqu'à un certain point, l'on peut considérer comme l'analogue des végétations cryptogamiques qui se développent sur les racines de certains arbres dont les parties externes ont été brusquement frappées par les intempéries, soit des courants d'air, soit des pluies froides. Ici encore se montre une certaine analogie qui semble appuyer, justifier même, notre hypothèse. Ainsi, de même encore que certains êtres seulement sont susceptibles de contracter des affections pulmonaires, on peut remarquer qu'un petit nombre d'espèces végétales sont accessibles à la maladie du blanc des racines. Ce ne sont guère que des plantes appartenant au groupe des Rosacées, tels que Pommier, Prunier, Epine, Cognassier, etc.; les Pèchers, dont nous

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