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couverture de feuilles, de paille ou de toute autre chose, afin d'intercepter les froids. Lorsque les gelées ne sont plus à craindre, on enlève la couverture, et l'on habitue peu à peu les plantes à l'air et à la lumière. Très-souvent alors les feuilles se sont décolorées et ont pris cette teinte blanchâtre propre à la Chicorée dite Barbe de Capucin; cela n'a rien d'inquiétant: il suffit de quelques jours d'exposition à la lumière pour qu'elles aient repris leur belle couleur verte. A l'aide du procédé que je viens d'indiquer, on obtient une floraison abondante et prolongée des plus jolies. J'ai une vingtaine de très-fortes touffes que je cultive ainsi depuis cinq années, qui me donnent les résultats les plus avantageux. Aussi je ne saurais trop engager les amateurs de belles plantes d'essayer cette culture; je suis sûr qu'ils en seront satisfaits.

a accès; on ameublit la terre par un labour | le sol. Pour l'hiver, on jette sur le tout une profond et en y enterrant du fumier. Si elle est trop forte, on y ajoute un peu de terreau, de détritus de végétaux, de la terre franche au besoin. Il va sans dire que de la terre de bruyère, fût-elle vieille et ayant déjà servi -terre de dépotage ne pourrait rien gâter. Disons toutefois que ces précautions ne sont pas indispensables, car, grâce à la robusticité des Agapanthes, ces plantes viennent à peu près dans tous les sols. Toutefois, comme dans cette circonstance, et comme toujours, les résultats sont en rapport avec les soins qu'on apporte, j'ai cru devoir faire ces observations, conformément à ce dicton : « Qui peut plus, peut moins. >> La terre préparée, on plante les Agapanthes à la distance de 50 centimètres au moins l'une de l'autre, et pour garnir le terrain en attendant que les plantes soient devenues assez fortes pour le couvrir, on repique entre chacune des plantes annuelles, telles que Pensées, Thlaspi, ce qui, tout en garnissant le sol et variant la plantation, augmente et varie l'effet ornemental. On arrose ensuite, et si l'on peut couvrir le sol d'un paillis, tout sera pour le mieux.

Les soins ultérieurs sont à peu près nuls pendant tout l'été. Mais toutefois, et bien que les Agapanthes soient relativement rustiques, il faut les garantir un peu pendant l'hiver. Voici comment l'on procède. A l'approche des froids, on relève un peu les feuilles, et on butte les plantes jusqu'à une hauteur d'environ 20 à 25 centimètres. Ensuite on place sur chaque touffe soit un grand pot que l'on élève du sol à l'aide de supports, de manière à laisser un accès à l'air, et en même temps pour éloigner le fond du pot, afin que les feuilles n'y touchent pas, ce qui les ferait pourrir, ou mieux, à l'aide d'un panier renversé dont les bords inférieurs reposent sur

Je n'ai pas la prétention de croire que j'ai innové et surtout que je suis le premier qui ait tenté la culture en plein air des Agapanthes; je sais, au contraire, que ce moyen a déjà été préconisé ; seulement j'ai cru devoir indiquer le moyen que j'emploie, à l'aide duquel, je le répète, j'obtiens chaque année de très-bons résultats.

Pour donner une idée de la rusticité des Agapanthes, j'ajoute que cette année dernière, par suite des travaux si inutiles faits pour la défense de Paris, mes Agapanthes ont été découvertes et en partie mutilées; malgré cela, la plupart ont survécu, et elles ont encore produit quelques fleurs.

Quant à la multiplication des Agapanthes, elle est des plus faciles'; on la fait par la division des touffes, opération qui se fait au printemps, lorsque les plantes commencent à entrer en végétation.

Ch. DELAVILLE.

DÉGATS OCCASIONNÉS PAR LES FROIDS

PENDANT L'HIVER 1870-1871 DANS LA COTE-D'OR

Dans sa chronique du 1er juillet, notre rédacteur en chef fait appel aux collaborateurs de la Revue, les priant de signaler les dégâts occasionnés sur les végétaux par les froids de l'hiver exceptionnellement rigoureux de 1870 à 1871. Cette idée est excellente, car signaler les choses qui n'arrivent qu'exceptionnellement, c'est établir des sortes d'archives qui, tôt ou tard, peuvent rendre de grands services pour des comparaisons. Aussi ne saurait-on apporter trop d'attention pour faire un tel travail, surtout si l'on veut le faire pour tout une contrée ou pour un département seulement; ensuite, pour le mener à bonne fin, il ne suffit pas de s'en tenir à son jardin, car une plante peut, par des circonstances exceptionnelles,

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périr ou résister chez soi, tandis que ce sera le contraire ailleurs.

Un troisième point qui n'est pas moins important, c'est de ne pas trop se presser pour juger, car combien de cultivateurs étaient sur le point de retourner des Colzas et des Blés à la sortie de l'hiver, lesquels sont venus superbes, tandis que tous les jours nous voyons, soit des arbres entiers, soit de leurs parties, dépérir subitement, pendant qu'au printemps le bois paraissait parfaitement sain. Ce sont ces différentes raisons qui nous ont fait retarder jusqu'aujourd'hui pour porter notre jugement définitif sur notre contrée. Il nous semble aussi que quelques notes sur la situation et la climatologie du pays sont indispensables

DÉGATS OCCASIONNÉS PAR LES FROIDS PENDANT L'HIVER 1870-1871 DANS LA CÔTE-D'OR. 479

pour bien fixer le lecteur sur les causes des dégâts.

Le département de la Côte-d'Or est situé sous le 47 degré de latitude et sous le 3e de longitude est. Il se trouve à l'extrémité nord de cette partie caractérisée par M. Martins, sous le nom de climat rhodanien, c'est-à-dire où les transitions de température sont souvent très-brusques et très-grandes. Ce qui ajoute encore à ces grandes variations de température souvent très-subites, c'est une chaîne de montagnes assez élevée qui traverse le département, du N.-E. au S.-O., et qui sépare le bassin du Rhône de celui de la Seine, ainsi que la grande étendue de terrains boisés; en effet, près d'un quart de la superficie du département est en bois. Aussi nos propres observations depuis cinq années nous montrent que pendant chacun de ces hivers, le thermomètre est descendu au-dessous de 16 degrès centigrades, tandis qu'en été il monte assez souvent au-dessus de 35o, et nous avons remarqué plusieurs fois 38 et 39 degrés centigrades à l'ombre. Faisons remarquer que ces températures extrêmes sont toujours de courte durée. L'hiver dernier n'a pas été aussi exceptionnellement froid, comme on pourrait le croire en voyant la liste des plantes gelées, car cinq fois seulement le thermomètre est descendu plus bas que 15 degrés centigrades, et nous ne l'avons pas vu plus bas que 190 centigrades au dessus de zéro degré. Cependant les vieux jardiniers s'accordent à dire qu'ils n'ont jamais vu de pertes aussi considérables dans les jardins depuis l'hiver 1829-30, et même peut-être que ceux de l'hiver dernier seraient plus considérables. A quoi donc fautil attribuer le mal?

A notre avis, ce sont les froids précoces et persistants, ainsi que les faux dégels, qui en sont les causes. L'été dernier a été exceptionnellement sec; les plantes avaient trèspeu végété, lorsque les pluies d'automne, accompagnées d'un temps doux, sont venues donner un nouvel essor à la végétation et l'entretenir fort tard, jusqu'au moment même où les fortes gelées sont venues subitement l'interrompre et désorganiser les tissus qui étaient gorgés d'eau. En effet, ordinairement les fortes gelées ne se manifestent que vers la fin de décembre, tandis que l'année dernière elles ont commencé avec lui. Ainsi le dernier jour de novembre, la température n'était pas encore descendue au-dessous de zéro, tandis que le 1er décembre elle est descendue subitement à 5 centigrades; des chutes considérables de neige s'en sont suivies, et le 6, le thermomètre marquait le matin 16 degrés centigrades au-dessous de zéro. Pendant la durée de l'hiver, ces transitions subites ont eu lieu plusieurs fois, et les quelques faux

dégels qui se sont présentés ont été immédiatement suivis de froids très-intenses. On conçoit facilement que le bois imprégné d'eau souffre d'autant plus que les gelées qui surviennent sont plus intenses et plus subites.

Aussi on pourrait presque dire, sans se tromper beaucoup, que toutes les plantes de pleine terre ont souffert, car la végétation a été excessivement paresseuse au printemps, et aujourd'hui encore un très-grand nombre de végétaux n'ont pas encore repris leur vigueur normale des autres années, et sont atteints par des maladies et des insectes qu'on n'était pas habitué à voir.

Parmi les espèces qui ont le plus particulièrement souffert, nous citerons, pour les arbres fruitiers, la Vigne en plein champ qui, dans certaines localités, a été gelée jusqu'à ras terre. C'est principalement dans les lieux bas et humides, et dans les endroits où elle est peu vigoureuse, qu'elle a le plus souffert.

Quant aux Pêchers en plein vent, un cinquième est entièrement perdu, et une bonne moitié des autres fortement endommagés.

Les Abricotiers ont bien moins souffert. Beaucoup de Cerisiers, après avoir végété pendant quelque temps avec leur vigueur ordinaire, sont morts tout d'un coup.

Les Néfliers ont vu beaucoup de leurs grosses branches complètement détruites.

Les gros Poiriers, qui n'avaient d'abord pas l'air d'avoir souffert à la taille, sont dans beaucoup de jardins très-maladifs en ce moment, et beaucoup ont de gros membres de la charpente entièrement perdus.

Les jeunes sujets dans les pépinières ont également souffert; ainsi, dans certaines propriétés de Dijon, on compte un quart de pertes dans les variétés suivantes, greffées sur Cognassier Triomphe de Jodoigne, Beurre gris, Beurré William, SaintGermain, B. Clairgeau, B. Napoléon, Beurré de Luçon, etc. Une grande partie des jeunes plants de Cognassiers sont complètement gelés jusqu'aux racines.

Parmi les arbres d'agrément à feuilles caduques, je puis citer toutes les espèces de Catalpa, le Paulownia imperialis, l'Ailanthus glandulosa, le Liriodendron tulipifera. Toutes les espèces de Mûriers, le Maclura aurantiaca, les Cercis et tous les Frênes exotiques ont de nombreuses petites branches sèches, et beaucoup ont de gros membres entièrement perdus.

Les jeunes plants encore en pépinière, appartenant aux espèces que nous venons de signaler, ont surtout souffert, et nous pouvons même ajouter ceux de Platane, Erable, Orme, etc., etc.

Les arbustes à feuilles caduques qui ont souffert et qui résistent ordinairement sans couverture sont les suivants : Clematis mon

tana, Bignonia grandiflora, Cissus orientalis, Glycine sinensis, les Tamarix Africana, Germanica et Indica, les Calicanthus macrophyllus et floridus, les Chimonantus præcox, les Céanothes en général, les Deutzia, les Indigofera, le Jasmin officinal, le Leycesteria formosa, les Vitex, etc. Les arbres et arbustes à feuilles persistantes ont comparativement beaucoup plus souffert que ceux à feuillage caduc. Ainsi les Arbousiers sont entièrement perdus, les Magnolia grandiflora ont perdu leurs feuilles, et beaucoup ne s'en remettront pas. Le Chêne liége et le Chène vert ont eu les feuilles et jeunes ramilles gelées. Les Photinia serrulata et dentata, bien que fortement éprouvés, repoussent. Les Aucubas ont assez bien résisté; les feuilles de la surface ont seulement noirci. Les Budleia Lindleyana et globosa ont gelé jusqu'au pied; les Buplovrum fruticosum sont presque entièrement perdus ; il en est de même du Cotoneaster microphylla, des Fusains du Japon et leurs variétés; les trois quarts sont perdus complètement, les autres repoussent un peu du pied. Les Ligustrum lucidum et Japonicum, les Viburnum tinus, Laurus nobilis, Rhamnus alaternus, etc., sont dans le même cas, tandis que les Laurocerasus vulgaris, colchica et rotundifolia repoussent beaucoup plus régulièrement.

Les Rhododendrons et Azalées de pleine terre ont eu les feuilles brûlées, mais le bois a peu souffert.

Dans les Conifères, il y a eu grand dégât. Ainsi les Cyprès en général sont perdus, excepté le Cyprès pyramidal, dont les jeunes sujets seulement ont souffert; le Cedrus deodora et ses variétés sont en partie perdus. Ceux du Liban et de l'Atlas ont moins souffert; cependant les jeunes sujets en général ont perdu leurs feuilles, mais ils

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Les Rosiers Banks et Thés sont à peu près complètement perdus, et les Noisettes, Bengales, Ile-Bourbon et certaines variétés de la section des Hybrides remontantes greffées à haute tige, sont à peu près perdues, tandis que les mêmes variétés, franc de pied, ont beaucoup mieux résisté.

Enfin je citerai le Chamaerops excelsa, un Fortunei, l'Agave americana. Plusieurs Cistes du Midi, le Laurier rose, la Passiflore bleue, les Urtica nivea, macrophylla et utilis, le Romarin, le Jujubier, l'Anagyris fætida, le Nandina domestica, Cassia corymbosa, Eryobothria japonica, Aralia papyrifera, Cyperus pungens, Pentstemon gentianoides et pulchella, Fabiana imbricata, Callicarpa japonica, etc. etc. Toutes ces plantes résistaient en plein air depuis cinq ans, en ayant la précaution de les couvrir d'un capuchon en paille, et de feuilles sèches autour du pied pendant l'hiver.

Pour terminer, je dirai que les légumes qui ordinairement passent l'hiver en pleine terre sans trop souffrir ont été en partie ou entièrement détruits. Ainsi les Poireaux ont été gelés jusqu'au collet; les Choux d'York, de Bruxelles et frisé d'hiver ont été détruits, et il en a été de même des Epinards et Salades d'hiver. J.-B. WEBER.

DAPHNE SALICIFOLIA

Parmi les arbustes méritants nouvellement introduits, on peut placer en première ligne le Daphne salicifolia, Lam., dont voici les caractères :

Plante très-ramifiée, à feuilles caduques, très-rapprochées, à peine pétiolées, molles, glabres sur les deux faces, rétrécies et trèsatténuées à la base, brusquement acuminées au sommet qui est obtus, subcunéiforme. Fleurs blanches excessivement nombreuses, rapprochées autour et près des extrémités des bourgeons où elles forment des sortes de bouquets ombelliformes; corolle hypocratériforme, longuement tubulée, à tube grèle, étroit, irrégulier, terminée au sommet par quatre divisions étalées, courtement ovales. La floraison a lieu vers le 15 avril.

La culture et la multiplication du D. salicifolia ne présentent rien de particulier. Une terre un peu fraiche, siliceuse, lui convient. Comme toutes les autres espèces cultivées, il s'accommode particulièrement de la terre de bruyère. Quant à sa multiplication, à défaut de graines, on la fait de greffes sur le D. laureola ou sur le D. Mezerum, sur lesquels il reprend et vit très-bien.

Le D. salicifolia, Lam., est originaire du Caucase il nous paraît avoir été introduit en France par MM. Thibaut et Ketleer, horticulteurs à Sceaux (Seine), chez qui on pourra se le procurer.

E.-A. CARRIÈRE.

Orléans, imp. de G. JACOB, cloître Saint-Etienne, 4.

CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE SEPTEMBRE)

Le Haricot flageolet à feuilles gaufrées.

Madras.

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Tropaeolum et Pelargonium obtenus par fécondation artificielle; lettre de M. Ritter-Humbert. Six nouvelles variétés de Fraises du docteur Nicaise. - Exposition de la Société d'horticulture de l'arrondissement d'Yvetot. - Dimorphisme de la Clematis lanuginosa candida et du Rhamnus intermedius. Primula japonica. Le Radis à queue et le Radis de La sève ascendante et descendante. Mémoire sur la production comparative de 184 variétés de Vignes, par M. Hardy; avantages de la Vigne en Algérie. Communication de M. Sylvain Ebrard, au sujet du papillon à cul jaune. Dégâts causés par le froid à Clermont-Ferrand. - Emploi de l'alcool pour détruire les insectes qui attaquent les végétaux. - Fructification du Cryptomeria elegans et du Retinospora plumosa. Rusticité du Torreya myristica. — Les Raphanodes. Dimorphisme du Yucca gloriosa pendula: communication de M. Jules Meil, horticulteur à Séville. Dimensions colossales d'un Wellingtonia en Californie. Association des viticulteurs du Midi contre le Phylloxera. Le Seaforthia elegans. - Froids de l'hiver 1870-71 dans la Haute-Garonne.

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eu encore un

A peu près dans toutes les publications, il y a une partie réservée qu'on pourrait appeler boite aux nouvelles. Dans les journaux, elle constitue les nouvelles diverses ou faits divers; dans les ouvrages littéraires ou scientifiques, elle s'intitule Miscellarées ou Chronique. On y trouve de tout, et c'est là que chacun va chercher ce qui lui convient, soit des distractions, soit des renseignements utiles. C'est cette dernière considération qui nous a engagé à placer ici, en première ligne, le Haricot flageolet à feuilles gaufrées dont il a déjà été question dans ce journal (1). Il a été parfaitement décrit par notre collègue et ami M. G. Mallet, ce qui nous dispense d'en parler autrement que pour le recommander chaudement, comme l'on dit. En effet, ce Haricot réunit toutes les qualités, vigueur, hâtiveté, productivité considérable et, surtout aussi, une robusticité relative. Nous en avons exemple ce printemps dans divers endroits où plusieurs sortes de Haricots avaient été plantés et où par suite de mauvais temps la plupart ne réussirent pas ou ne réussirent que très-imparfaitement, tandis que le Haricot à feuilles gaufrées donna les résultats les plus satisfaisants. Ajoutons que ses fruits sont excellents soit en vert(en gousses ou en grains), soit en sec. C'est aussi un des plus nains et des plus hâtifs s'il n'est le plus nain et le plus hâtif. Au point de vue scientifique, le H. à feuilles gaufrées nous fournit un exemple de fixité très-remarquable par l'aspect et la persistance de ses feuilles cloquées-bullées, d'un vert noir qui les distingue de tous les autres Haricots, persistance et fixité qui feraient pâlir celles d'un très-grand nombre de « bonnes espèces. » Quel malheur que ce Haricot n'ait pas eu un «< savant » pour parrain! car alors il aurait reçu une qualification latine qui l'aurait immortalisé et fait connaître de tout l'univers. Nous regrettons qu'il n'en soit pas ainsi. C'eût été un bien dont l'humanité aurait profité.

(1) Voir Revue horticole, 1869, p. 365. 16 SEPTEMBRE.

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Ces quelques lignes en faveur du H. à feuilles gaufrées remplaceront-elles la renommée qu'aurait pu lui faire acquérir un baptême scientifique? Nous n'osons le croire; nous espérons pourtant qu'elles élargiront un peu le cercle où il est connu : les environs de Sceaux, où on le cultive sur une vaste échelle.

Dans une lettre qu'il vient de nous adresser, M. Ritter-Humbert nous fait connaître certains faits qui, nous le croyons, présentent un grand intérêt pour nos lecteurs, ce qui nous engage à la reproduire :

Chaux-de-Fonds, le 19 août 1871.

M. E.-A. Carrière, rédacteur en chef de la
Revue horticole.

M'occupant, comme amateur, de la fécondation artificielle, à laquelle j'apporte les plus grands soins, je vois parfois mes efforts couronnés de succès. Cette année, j'ai obtenu deux nouveautés remarquables: un Tropaeolum et un Pelargonium.

A propos d'un article de M. J. Gibault, sur le Tropaeolum spit fire, publié dans la Revue horticole du 1er avril 1871, votre honorable correspondant dit qu'il n'y a pas d'avantage à le multiplier par graines, parce qu'il ne se reproduit pas franchement par ce moyen et qu'il donne des formes qui ne valent pas le type, etc. Voici ce qui m'est arrivé :

Au printemps de 1870, je fis venir de chez M. V. Lemoine, de Nancy, un T. spit fire; l'ayant fécondé avec beaucoup de soins par d'autres variétés et par lui-même, j'ai obtenu un certain nombre de graines qui, semées ce printemps dernier, m'ont donné des résultats magnifiques. Sur treize plantes qui vont bien (malheureuseinent elles ont souffert considérablement de la grêle dans la nuit du 19 au 20 juillet), j'ai obtenu deux plantes absolument identiques au type (T. spit fire); une autre à peu près semblable par le port et la végétation, que je considère comme une précieuse acquisition, et que j'ai nommée Triomphe de la Chaux-de-Fonds; puis deux, dont une à fleurs jaune canari avec cinq macules, et l'autre strié jaune et rouge et à cinq macules, grimpantes comme le type; deux naines, dont une à fleurs brunes et une à fleurs rouge ponceau. Tou

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tes ont les fleurs bien arrondies et sont cultivées en vase. Il y en a aussi deux autres qui se rapprochent de celle qu'on nomme Caroline Schmidt.

Le Pelargonium que j'ai aussi obtenu de graines, et que j'ai nommé Souvenir de la Chauxde-Fonds, est à fleurs très-grandes rouge foncé; les pétales supérieurs sont maculés noir bien tranché, les inférieurs rouge plus clair; les Bords sont teintés de violet. C'est une plante extra-belle obtenue par la fécondation artificielle en 1869, semis de 1870.

J'ai, en outre, obtenu aussi d'un semis un Pelargonium zonale très-nain et trapu, à fleurs très-doubles couleur rose rouge. Je l'ai nommé Chevalier suisse.

Veuillez agréer, etc.

U. RITTER-HUMBERT, Membre de la Société d'horticulture de la Chaux-de-Fonds.

Cette intéressante lettre, dont nos lecteurs feront leur profit et dont nous remercions tout particulièrement l'auteur, montre une fois de plus tout l'intérêt que présente la fécondation artificielle et les avantages considérables qu'elle peut procurer. Elle n'infirme pas les dires de notre collègue, M. J. Gibault, au sujet du Tropaeolum spit fire, que pour conserver cette plante bien franche, il faut la multiplier de bouture. Faisons du reste observer que, ainsi qu'il a été dit, cette plante donne très-rarement des graines (ce qui ne veut pas dire qu'elle n'en donne pas et que, à force de soins, on ne pourrait lui en faire produire et peut-être la forcer). Celles qu'a obtenues M. Ritter résultent de la fécondation artificielle. De plus, ces résultats démontrent aussi, comme nous l'avons répété souvent, la variabilité des caractères et prouvent que, des plantes grimpantes aux plantes acaules, et vice versa, il n'y a souvent que l'épaisseur d'un cheveu,

comme l'on dit.

Dans un post-scriptum, M. Ritter-Humbert nous informe qu'il consentirait à céder ceux de ses gains qui pourraient présenter de l'intérêt pour le commerce.

Par suite des tristes événements dont la France a été le théâtre, et dont tous nous avons été victimes, notre collègue, M. Riffaut, le digne continuateur du docteur Nicaise pour les semis de Fraisier, n'a pu mettre au commerce en octobre 1870, ainsi qu'il avait promis de le faire, six nouvelles variétés de Fraisier, gains tout à fait supérieurs et inédits du brave et regretté docteur. M. Riffaut vient de nous informer qu'il livrera ces gains aux conditions indiquées dans le numéro du 1er septembre 1870 de la Revue horticole, c'est-à-dire au prix de 3 fr. la pièce; 15 fr. les six variétés prises ensemble. Ces six variétés, que nous avons vues, admirées et dégustées, et dont le mérite est tout à fait hors ligne, sont les suivantes :

Duc de Magenta, Marie Nicaise, Berthe Montjole, Auguste Nicaise, Madame Nicaise, Anna de Rotschild, dont on trouvera les descriptions dans la Revue horticole, 1870, p. 322.

- La Société pratique d'horticulture de l'arrondissement d'Yvetot (Seine-Inférieure) fera à Yvetot, les 15, 16, 17 et 18 octobre 1871, une exposition de fruits de table et de pressoir. Les concours sont divisés en trois séries fruits de table, fruits de pressoir, cidres et poirés. Des médailles d'or, de vermeil, d'argent et de bronze seront attribuées, par ordre de mérite, aux produits exposés. Les demandes de place devront être adressées au président de la Société le 8 octobre au plus tard.

A l'occasion de cette exposition, il sera tenu un congrès pour l'étude des fruits à cidre, dans lequel on discutera tout ce qui a rapport soit aux fruits, soit aux différents cidres ou poirés. Le programme que nous avons sous les yeux est des mieux conçus et nous parait résumer tout ce qui présente de l'intérêt pour cette partie de l'alimentation, qui dans diverses parties de la France, notamment en Normandie, contribue si puissamment au bien-être général.

La mutabilité incessante qui s'exerce sur tous les êtres, qui de temps à autre se manifeste sur les végétaux et en modifie soit le tout, soit seulement quelques parties, est un fait des plus importants, bien que jusqu'ici on y ait à peine fait attention. Etudiée attentivement, la loi qui détermine ces modifications éclaircirait ou mème expliquerait certains faits que jusqu'ici aucune théorie n'a pu résoudre. C'est ce que nous nous proposons de faire. En attendant, nous allons ajouter deux exemples à tant d'autres que nous avons déjà rapportés. L'un de ces exemples porte sur la Clematis lanuginosa candida. Ainsi que son nom l'annonce, la fleur est blanc pur. Voici ce que nous a présenté un pied de cette espèce, que nous cultivons depuis trois ans. L'année dernière, toutes ses fleurs étaient normales, c'est-àdire d'un beau blanc. Cette année, une partie seulement des ramifications portaient des fleurs blanches, tandis que les autres ramifications étaient garnies de fleurs lilas. La plante était très-vigoureuse, et les fleurs des deux couleurs étaient toutes très-larges et bien développées. Pourquoi ce changement? Le fait persistera-t-il ? Si oui, on aurait une plante des plus intéressantes, aussi curieuse que jolie. Si non, quelle sera la dominante? La plante reviendra-t-elle à son type, c'està-dire à la couleur lilas, ou bien est-ce la couleur blanche qui l'emportera? Nous nous promettons de le dire.

L'autre fait de dimorphisme dont nous

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