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CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE D'AOUT).

Nous profitons de cette occasion pour rappeler à nos lecteurs que le C. excelsa est non seulement rustique, mais très-rustique, et que de plus, et ainsi que nous l'avons déjà dit, il ne faut pas, contrairement à ce qu'on est dans l'habitude de faire, serrer les feuilles l'une contre l'autre et les lier, puis les recouvrir de paillassons ou de toute. autre chose pour les préserver des froids. En agissant ainsi, toutes les feuilles noircissent et meurent en très-grande partie, de sorte qu'on est obligé de les couper, excepté parfois une ou deux du centre, ce qui, comme on peut le penser, est très-laid. C'est ce qui nous est encore arrivé cette année, au Muséum; tandis qu'un de nos collègues, M. Durand, pépiniériste à Bourg-la-Reine, qui, par suite de l'investissement de Paris, dut abandonner son jardin, dans lequel il avait en pleine terre un fort pied de Chamærops excelsa auquel on ne fit pas grande attention, fut beaucoup plus heureux.

Malgré les froids relativement considérables (16 degrés et plus au-dessous de zéro) qu'il fit pendant cet hiver de 1870-71, de si triste mémoire, la plante ne souffrit pas; lorsque MM. les Prussiens voulurent bien permettre à notre collègue d'entrer dans sa propriété pour la visiter, il trouva son Chamaerops dans un parfait état de conservation, ce qui peut-être ne serait pas arrivé s'il fût resté chez lui, parce qu'alors, trèsprobablement, il l'aurait couvert.

La rusticité du Ch. excelsa vient de nous être confirmée à nouveau par M. Durousset, horticulteur à Genouilly, par Joncy (Saôneet-Loire). Dans une lettre qu'il nous adresse, cet horticulteur nous dit : « .... J'avais mis en pleine terre, l'année dernière, deux pieds de Ch. excelsa, âgés de 4 à 5 ans ; ils ont passé l'hiver de 1870-71 sans autre abri qu'un peu de mousse au pied. Malgré cela, les feuilles seules ont été brûlées; mais le mal ne paraît déjà plus, car les plantes ont repoussé avec une grande vigueur. Cependant nous avons eu un hiver très-rigoureux : 17 degrés au-dessous de zéro. Aussi, les pertes sont-elles considérables. Les Poiriers greffés en écusson de l'année précédente (1870), les pousses de 1 et de 2 ans, et même des quenouilles de 4 et 5 ans, ainsi que toutes les plantes à feuilles persistantes, les Cèdres Deodora, etc., etc., ont été complètement détruits.

Dans une circulaire qu'il vient de publier, M. Jules Margottin fils informe qu'il a fondé un établissement d'horticulture à Bourg-la-Reine (Seine), dans lequel il a réuni les collections les plus complètes de Rosiers, et qu'il est en mesure de fournir à peu près tout ce qu'il est possible de trouver dans ce genre de plantes.

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M. Gordon a créé le genre Pseudolarix, le P. Kampferi, a fleuri en abondance cette année chez M. A. Leroy, à Angers. En ce moment, elle est chargée de nombreux cônes qui, peut-être, donneront de bonnes graines, puisque les deux sortes de chatons se trouvaient réunis. Nous donnerons prochainement un dessin de ces deux sortes de fleurs (chatons måles et chatons femelles, - cònes). Plusieurs autres espèces nouvelles ou que l'on rencontre rarement dans les cultures sont également en fruits dans les pépinières de M. A. Leroy, telles que : Abies Cilicica, Gordoniana, grandis, Siberica, spectabilis, magnifica, etc., sur lesquelles nous nous proposons de revenir prochainement.

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- Arrivés à l'époque où la plus grande partie des Prunes mûrissent, où bientôt aussi il faudra songer à en faire des réserves, nous croyons qu'il n'est pas hors de propos de rappeler à nos lecteurs un procédé de conservation qui, indépendamment qu'il est à la portée de tout le monde, a l'immense avantage de ne rien coûter. Le voici: couper des branches avant la maturité complète des fruits et les suspendre dans un endroit sec, soit au plancher, soit dans tout autre endroit, ainsi qu'on le fait des Raisins. Dans ces conditions, les Prunes se rident un peu, acquièrent des qualités et se conservent longtemps plus ou moins, toutefois, suivant les variétés. On n'a alors d'autre peine que de les prendre lorsqu'on veut les manger. Les amateurs qui voudront manger du nec plus ultra 'en fait de Prunes, qui auront de la patience et du temps à disposer, pourront employer cet autre moyen: mettre des Prunes dans des petits sacs de crin ou de toile claire, et les laisser ainsi atteindre les dernières limites de la maturité, les laisser rissoler, comme l'on dit, c'est-à-dire se faner et tourner à l'état de pruneaux. Ainsi traitées, les Prunes acquerront un sucre et une vinosité des plus agréablement parfumés. Il est bien entendu, toutefois, que les variétés qui se détachent trop facilement des rameaux ou qui sont trop hâtives seront moins propres à cet usage. Il est évident aussi que, tous circonstances égales d'ailleurs, toutes les variétés ne seront pas également bonnes. Cela va de soi.

- Aux quelques cas de martyrologie nationale préjudiciables aux sciences naturelles, à l'horticulture surtout, nous ajoutons les deux suivants: M. Marchand père, horticulteur à Provins (Seine-et-Marne). Aussi bon patriote qu'il était bon horticulteur, et bien qu'àgé de soixante-deux ans, M. Marchand s'enrôla dans une compagnie de volontaires. C'est en essayant d'enlever la ferme de Boisbourdin, occupée par des Wurtem-La très-curieuse espèce avec laquelle bergeois, qu'il fut tué. Mort glorieuse ter

minant une belle vie. M. Marchand laisse trois enfants. Tous sont horticulteurs.

La deuxième personne, M. Ch. Cave, est, si l'on peut dire, de tous ceux dont nous avons parlé, celui qui nous fournit l'exemple le plus triste par les circonstances qui se rattachent à sa mort. Il faisait partie de la garde nationale de Dijon, et fut appelé avec celle-ci le 30 octobre 1870, pour renforcer les troupes régulières qui, inférieures en nombre à celles de l'ennemi, étaient en outre privées d'artillerie; aussi, après un combat acharné des plus meurtriers, l'armée française dut-elle se replier. N'écoutant que son courage, Ch. Cave ne quitta le combat qu'après avoir reçu cinq blessures. C'est alors qu'il tomba au pouvoir de l'ennemi, qui le laissa sur le champ de bataille. Ce ne fut que vingt heures après, lorsque l'on permit d'aller enterrer les morts, qu'on le retrouva moribond, et c'est en le relevant qu'il rendit le dernier soupir dans les bras de ses amis. Que d'angoisses, quel combat moral a dû se livrer dans cette âme aussi ardente que généreuse pendant ces vingt heures, qui durent lui paraître vingt siècles, surtout lorsqu'on songe que, veuf depuis quelque temps seulement, Ch. Cave était père de deux enfants qu'il chérissait! On se fera une idée de ce qu'il a dû souffrir lorsqu'on saura que le terrain où on l'a trouvé mourant avait été comme labouré par ses ongles. Ch. Cave avait trente-cinq ans. Il s'était voué à la science des végétaux; la botanique appliquée à la culture l'occupait tout particulièrement. On a de lui un petit volume intitulé: La botanique appliquée à l'agriculture.

Le 21 juin dernier, s'éteignait à l'âge de soixante-deux ans M. Fleury Lacoste, président de la Société d'agriculture de la Savoie. Travailleur infatigable, homme de progrès, philosophe éclairé et libéral, cet éminent viticulteur marchait à pleines voiles, comme l'on dit, dans la voie du progrès. Bien qu'il s'intéressât à tout ce qui se rattache à la culture, M. Fleury-Lacoste semblait avoir une prédilection toute particulière pour la Vigne, qui était un peu son enfant gâté. En effet, ses immenses vignobles étaient tenus avec le plus grand soin; rien n'était ménagé. Plantées en lignes, ses Vignes étaient pincées, évrillées et palissées avec méthode et en temps opportun. Disons toutefois qu'il était largement rémunéré ses Vignes plantées en Pinot, Gamai et Mondeuse, rapportaient annuellement — sauf les éventualités dues aux intempéries de 90 à 100 hectolitres par hectare, rendement considérable dû à l'application de procédés perfectionnés. M. Fleury-Lacoste, aussi instruit qu'intelligent, n'était pas un routinier. Les résultats si remarquables qu'il obtenait montrent une

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fois de plus la vérité de ce proverbe: << Tant vaut l'homme, tant vaut sa terre. »

Un des savants les plus éminents de notre époque, M. Henri Lecoq, est décédé le 4 août 1871, à Clermont-Ferrand, où il avait été nommé professeur de botanique et de géologie en 1826. Né à Avesnes le 14 avril 1802, il était donc âgé de soixante-neuf ans. M. Lecoq n'était pas seulement un botaniste et un géologue des plus distingués; c'était un vrai savant dans toute l'acception du mot, et toutes les sciences naturelles lui étaient familières, fait bien connu que, au besoin, pourraient attester les nombreux ouvrages et mémoires qu'il a publiés. Cette universalité, pourrait-on dire, de connaissances le fit du reste bientôt distinguer et désigner pour occuper la chaire d'histoire naturelle à la Faculté des sciences de Clermont-Ferrand et, il faut le reconnaître, personne, mieux que lui n'était capable d'occuper cette place, car à toutes les connaissances scientifiques il joignait l'affabilité et la courtoisie qu'on recherche dans « un homme du monde. » Il ne simulait pas la bonhomie, comme tant d'autres qui en font une sorte de piége. Chez lui tout était vrai : l'homme était devenu savant sans perdre sa simplicité naïve; il avait vieilli en conservant la gaité et l'enjouement de l'enfant. Aussi, bien que membre correspondant de l'Institut et l'un des notables de la ville de Clermont-Ferrand, il était d'un abord facile et agréable, aimait à obliger et à instruire ceux qui s'adressaient à lui.

Les bienfaits de toute nature qu'a répandus M. Lecoq dans la ville de ClermontFerrand sont considérables. On s'en fera une idée par les quelques passages suivants que nous extrayons du Moniteur du Puyde-Dôme du 6 courant :

Personne n'ignore à Clermont l'existence que partie consacrée à encourager, à aider, à soude M. H. Lecoq, si remplie, a été en grande tenir ceux auxquels il reconnaissait quelque aptitude ou la ferme volonté de travailler. Avant de mourir, il n'a pas voulu laisser son œuvre inachevée.

Son testament est, à ce qu'on nous assure, un chef-d'œuvre de bonté intelligente. Aucun de ceux qui l'ont approché de près ou qui l'ont lui. Tous ont reçu de cet excellent homme un servi, et par cela même aimé, n'a été oublié par dernier et précieux témoignage d'affection et d'estime.

La ville de Clermont, qui devait déjà tant à M. Lecoq, est pour une large part dans les legs faits par lui. La somme qui lui est destinée atteint le chiffre considérable de 150,000 fr.; 50,000 sont affectés au Jardin des Plantes, création, on le sait, de M. Lecoq; 50,000 à l'entretien des eaux, et 50,000 sont destinés à concourir à l'établissement de marchés couverts dont l'urgente nécessité se fait si vivement

sentir.

L'HIVER DE 1870-1871 DANS LE JARDIN-DES-PLANTES DE MONTPELLIER.

De plus, M. Lecoq lègue à la ville toutes ses collections d'histoire naturelle, zoologie, botanique, géologie, minéralogie, ainsi que tous les meubles qui contiennent ces collections.

En attendant que l'on construise un marché

couvert qui portera le nom de celui qui, le premier, a songé à lui donner sa souscription, nous demandons que la municipalité de Clermont s'assemble sans retard pour décider que le Jardin des Plantes s'appellera, dès aujourd'hui, Jardin Lecoq.

Nous n'apprendrons rien à nos lecteurs en leur disant que les pépinières de Vitrysur-Seine sont des plus importantes. Par leur position, elles se trouvaient partie dans la ligne d'investissement, et partie en dehors de celle-ci, mais alors dans la ligne de défense française. Aussi, placées « entre deux

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feux » comme l'on dit, ont-elles eu à souffrir
considérablement, soit par suite des travaux
d'attaque, soit à cause des travaux de dé-
fense. On pourra se faire une idée des pertes,
lorsqu'on saura que le nombre d'arbres dé-
truits dépasse deux millions, dont la va-
leur n'est pas moindre de quatorze cent
mille francs. Dans l'estimation qui a été faite
n'ont pas été compris les arbres qui, bien
qu'abîmés, présentaient encore quelque
chance de se rétablir, de même que dans
l'évaluation pécuniaire on n'a tenu compte
que des sujets qui étaient ou pouvaient de-
venir propres à la vente, négligeant tous
ceux qui étaient défectueux ou malvenants.
A tous les points de vue, l'estimation a été
faite au-dessous de la moyenne.
E.-A. CARRIÈRE.

L'HIVER DE 1870-1871 DANS LE JARDIN-DES-PLANTES DE MONTPELLIER A Montpellier, comme à Bruxelles et à Paris, il y a eu trois périodes de froid continu, dont les deux premières, du 1er au 12 décembre 1870 et du 22 décembre au 5 janvier 1871, se correspondent exactement. La troisième, du 9 au 15 janvier, s'est pro

longée à Montpellier, en s'adoucissant un
peu, jusqu'à la fin du mois. Le petit tableau.
suivant présente les minima moyens, véri-
table expression du froid dans ces trois pé-
riodes, et le minimum absolu avec la date
correspondante:

MINIMA MOYENS ET ABSOLUS PENDANT L'HIVER 1870-1871,
A Montpellier et à Paris.

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Un premier fait à signaler, c'est que dans ces trois périodes les minima absolus sont plus bas à Montpellier qu'à Paris; donc le froid a été plus intense dans le Midi. Les minima moyens de Montpellier sont également plus bas que ceux de Paris dans les deux dernières périodes. Dans la première seule, du 1er au 12 décembre, le froid a été plus persistant à Paris.

Passons à l'étude des moyennes mensuelles. Al'Observatoire de Paris, la moyenne de décembre a été de-0.7; au Jardin-desPlantes de Montpellier, de 1o.86. En janvier, la moyenne du Jardin-des-Plantes de Montpellier a été inférieure à celle de Paris (-0.8.) de 0.2, et celle de février supérieure de 1o.71, la moyenne de l'Observatoire ayant été de 6o.0. Mais les moyennes

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8o.0

- 160.1

- 130.1

24 décemb. 31 décemb. 15 janvier. 15 janvier.

mensuelles n'accusant pas les oscillations de la température, nous allons examiner les maxima et les minima moyens de chaque mois en particulier.

la

Décembre 1870. — A l'Observatoire de Paris, le minimum moyen de ce mois a été de 20.88; au Jardin-des-Plantes de Montpellier, de-20.28. Le froid a donc été à peu près aussi intense dans l'une que dans l'autre station. Il n'en est pas de même pour chaleur relative de la journée : à Paris, elle s'est élevée en moyenne à 1°.01; à Montpellier, à 6o.00. Le nombre des jours de gelée à Paris étant de vingt-trois, n'a été que de douze à Montpeller. Ces résultats prouvent ce que la considération des périodes de froid nous avait déjà fait entrevoir : c'est que le thermomètre s'est tenu en moyenne plus

haut à Montpellier, mais qu'il s'est abaissé pendant quelques nuits sereines plus bas qu'à Paris. C'est surtout du 22 au 31 du mois que l'écart entre les deux stations a été considérable. A Paris, le minimum moyen de ces dix jours a été de-7°.99; à Montpellier, il est descendu à -9°.67. Le minimum absolu de cette période et de l'hiver a - été de -11o.2, le 24 décembre, à l'Observatoire de Paris; le thermomètre est tombé à-16.1 le 31 décembre, au Jardin-desPlantes de Montpellier (1).

Janvier 1871. Ce mois a été décidément plus froid a Montpellier qu'à Paris. La moyenne permet seulement de le soupçonner; la considération du minimum moyen le démontre. A Montpellier, ce minimum a été de -5°.50; à Paris, de -20.56 seulement. La comparaison du nombre des jours de gelée confirme ces résultats : à Montpellier, il est de vingt-huit; à Paris, de dix-neuf. Néanmoins, comme en décembre, nous trouvons que pendant le jour le thermomètre s'élevait en général plus haut à Montpellier, puisque le maximum moyen a été de 5o.30 et de 0°.75 seulement à Paris.

Février 1871. -Beaucoup plus tempéré que janvier dans les deux stations, il a été, comme celui qui le précède, plus froid à Montpellier qu'à Paris. Le minimum moyen étant de 1o.92 dans la capitale, celui que j'ai observé n'est que de 2o.86. De même aussi il y a eu douze jours de gelée dans le jardin que je dirige, et quatre seulement à Paris. Mais toujours la chaleur de la journée a compensé dans le Midi le froid de la nuit, et relevé ainsi la moyenne. En effet, à Paris, le maximum moyen atteint seulement 90.17; à Montpellier, il s'élève à 13o.56.

La neige blanchit rarement les champs du Languedoc, et quand elle tombe elle disparaît au bout de peu de jours. Cet hiver, une première chute de 6 centimètres a eu lieu le 4 décembre, une autre de 25 centimètres le 25 du même mois, et une troisième de 5 centimètres le 10 janvier. Cette couche de 30 centimètres a fondu très-lentement, et les dernières flaques persistaient encore, dans les stations ombragées du jardin, au commencement de février.

ces

Si nous comparons l'hiver dernier à Montpellier aux dix-neuf autres qui l'ont précédé, nous n'en trouvons aucun dont la moyenne soit aussi basse. En effet, la de moyenne dix-neuf hivers est de 5o.67, et celle de l'hiver dernier de 3o.16: il a été plus froid relativement que celui de Paris; en effet, à Paris, la différence entre l'hiver 1870-71 et l'hiver moyen, déduit de cinquante ans par

(1) Voyez, par comparaison, une note sur l'hiver de 1868 (Comptes-rendus, t. LXVI, p. 585, 23 mars 1868, et Bulletin de la Société d'agriculture de l'Hérault, 1868, p. 33) et sur l'hiver de 1853-1854 (Mém. de l'Acad. des sciences de Montpellier, t. III, p. 91).

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M. Renou, est de 1.43; à Montpellier, elle est de 2.51. Dans les deux hivers les plus rigoureux que j'ai supportés, ceux de 1854 et 1864, les moyennes ont été 4°.20 et 4°.25, nombres supérieurs à celui de 1870-71. Examinons les mois en particulier.

La moyenne de décembre déduite des dix-neuf dernières années est de 5o.60. Jamais dans ce laps de temps elle n'était descendue au-dessous de 3o.0. En décembre 1870, elle a été de 1o.86.

Pour janvier, l'écart a été encore plus considérable. La moyenne générale de ce mois (1852-1870) est de 5°.02; la moyenne de janvier 1871 est donc de 5o.12 au-dessous de cette moyenne générale. A Paris, la même différence ne s'élève qu'à 3o.12. Ái-je besoin d'ajouter que dans le Midi la température de janvier n'a jamais été aussi basse ? Celle de janvier 1855 était encore de 1°.03.

Comme à Paris, février a été relativement chaud à Montpellier. La moyenne générale de ce mois est 6o.40; celle de 1871 est donc de 1°.31 au-dessus de cette moyenne générale, et je compte cinq hivers, ceux de 1853, 1854, 1860, 1864 et 1865, où elle a été beaucoup plus basse; en 1860, cette moyenne est descendue à 2°.88. A Paris, l'écart est encore plus considérable, et la moyenne de 1871 étant de 2o.09 au-dessus de la moyenne générale de cinquante ans, ce mois de février a été réellement d'une douceur exceptionnelle.

La température de l'eau d'un grand puits à roue du jardin de 11 mètres 50 de profondeur, dont 7 mètres d'eau, était au 1er décembre 1870 de 120.3; au 1er janvier 1871 de 10.2; au 1er février 9°.8; au 1er mars 100.4; au 1er avril 10°.7.

En résumé, quoique la température moyenne de l'hiver dernier à Paris ait été seulement de 1o.83, tandis que celui de Montpellier a pour moyenne 3.16, il n'en est pas moins vrai que le froid a été plus prolongé et plus rigoureux dans le sud-est que dans le nord de la France; cependant Montpellier est de 5".14' plus rapproché de l'équateur que Paris. Mais la cité languedocienne n'est pas sous l'influence du gulfstream; son climat est continental, et l'écart entre la température du jour et celle de la nuit s'accentue beaucoup plus qu'à Paris; de là des journées plus chaudes, à cause de la sérénité habituelle du ciel, qui permet au soleil de réchauffer le sol et l'air; mais aussi des nuits plus froides dues à l'intensité du rayonnement nocturne avec un ciel étoilé et un air calme, car le vent du nord qui régnait pendant le jour tombait presque toujours vers le soir, pour recommencer le lendemain.

Le tableau suivant présente l'ensemble des résultats numériques contenus dans

cette note.

L'HIVER DE 1870-1871 DANS LE JARDIN-DES-PLANTES DE MONTPELLIER.

TEMPÉRATURES COMPARÉES PENDANT L'HIVER 1870-1871,
A Montpellier et à Paris.

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Effets du froid sur les végétaux cultivés dans le Jardin-des-Plantes.

J'ai attendu pour dresser cette liste la fin du mois de juin, afin de constater quels étaient ceux qui étaient entièrement morts et ceux qui repoussent du pied.

10 VÉGÉTAUX ENTIÈREMENT MORTS.

DU PIED. Pittosporum sinense, Berberis cratægina, B. elegans, B. trifoliata, B. Fortunei, Cocculus laurifolius, Capparis spinosa, Cistus ledon, Opuntia inermis, Myrtus communis, Anagyris fætida, Dioclea glycinoides, Acacia dealbata, A. acanthocarpa, Calliandra coccinea, Ceratonia siliqua, Nerium oleander, Laurus nobilis, Callitris quadrivalvis, Pinus caJasminum revolutum, Plumbago capensis, Budleia madagascariensis, Convolvulus scammonia, Hyosciamus au

Cistus ladaniferus, C. creticus, Opuntia
ficus-indica, Ó. decipiens, Cereus peruvia-
nus, Eriobothrya japonica, Benthamianariensis,
fragifera, Hovenia dulcis, Schinus molle,
Phytolacca dioica, Euphorbia dendroides,
Cupressus thurifera.

Phoenix dactylifera, Chamaerops humilis, Jubaa spectabilis, Corypha australis, Agave americana, A. mexicana, Dasylirion gracile.

Parmi ces végétaux, il en est qui ont également péri en 1855 (1); ce sont: Benthamia fragifera, Phytolacca dioica, Schinus molle et Opuntia ficus-indica.

D'autres, tels que Cereus peruvianus, Eriobothrya japonica, Phanix dactylifera, Chamarops humilis et Agave americana, n'avaient pas souffert. Trois Dattiers, trois Palmiers nains et un vieux Néflier du Japon, qui avaient parfaitement supporté les froids de janvier 1855, ont péri

entièrement en 1871. Les deux seuls Palmiers qui aient résisté sont: Chamaerops excelsa et Sabal Adansoni. Les autres végétaux n'étaient pas encore plantés en pleine terre dans le jardin en 1855, mais y avaient déjà passé une dizaine d'hivers. Tels sont: Jubaa spectabilis, Dasylirion gracile, Benthamia fragifera, Cupressus thurifera, Opuntia decipiens et O. ficusindica, ce dernier protégé par un abri en planches couvert de paillassons.

20 VÉGÉTAUX ATTEINTS JUSQU'AUX RACINES, MAIS REPOUSSANT VIGOUREUSEMENT (1) Sur le froid exceptionnel qui a régné à Montpellier dans le courant de janvier 1855, Mém. de "Acad. de Montpellier, 1855, t. III, p. 91.

reus.

Tous ces végétaux ne souffrent point dans les hivers ordinaires, même lorsque le thermomètre descend momentanément à 10° pendant la nuit. Les Lauriers du jardin ne sont pas tous morts; ceux situés dans les points plus élevés ou protégés par d'autres arbres repoussent sur quelques-unes de leurs branches. En ville, beaucoup de ces arbres placés dans de petits jardins entourés de murs ont également résisté; cependant de très-vieux individus ont succombé, et je remarque avec étonnement que les jeunes ont relativement mieux résisté que les vieux. Le plus grand Laurier de Montpellier, situé dans le jardin de l'hôtel Nevet, et abrité du nord par des bâtiments élevés, est entièrement mort: il en est de même de tous les grands arbres de cette espèce qui ornaient les jardins ou terrasses qui bordent les vieux individus ont péri ou beaucoup à l'ouest la promenade de l'Esplanade. Si souffert, beaucoup de jeunes ont également péri; mais d'autres remplacent leurs feuilles l'on puisse se rendre compte, ni par l'expomortes par des pousses nouvelles, sans que sition, ni par les abris, pourquoi les uns ont survécu, tandis que les autres ont succombé.

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3° VÉGÉTAUX ATTEINTS DANS LEURS FEUILLES ET LEURS BRANCHES. Camelia japonica simple, Punica granatum,

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