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LES PLANTES POTAGÈRES DIVISÉES EN TROIS SÉRIES PENDANT LE SIÈGE DE PARIS.

LES PLANTES POTAGÈRES DIVISÉES EN TROIS SÉRIES

PENDANT LE SIÈGE DE PARIS

Peu rassuré sur le sort qui était réservé à la population de Paris, sous le rapport alimentaire et sanitaire, nous nous sommes ému l'un des premiers de la rentrée en masse (fin de septembre) dans la capitale de tous les maraîchers et de tous les cultivateurs de légumes de la banlieue, à l'approche des Prussiens. Notre crainte était fondée, ainsi que la suite nous l'a trop malheureusement prouvé. Nous craignions, non sans raison, la disette des légumes et, d'une autre part, que l'usage des viandes salées ou conservées ne donnât naissance à des maladies particulières, notamment au scorbut terrestre. Dans cette prévision, nous eûmes l'honneur d'adresser au général Trochu, président du gouvernement de la défense nationale. et à M. Magnin, ministre de l'agriculture et du commerce, dès le 7 octobre 1870, une longue liste de plantes potagères qui pouvaient, vaille que vaille, être cultivées avec plus ou moins de succès, dans des pots, dans des caisses, sur les fenêtres, les balcons et terrasses, en si grand nombre à Paris, ainsi que dans les cours et les petits jardins attenant aux habitations, ou encore sous châssis. Nous avions divisé notre travail en trois sections: la première contenait les légumes pouvant être récoltés dans l'espace de quinze jours à un mois; la seconde, ceux qui sont bons à manger dans l'intervalle de un mois à deux mois; et enfin, les plantes légumières, dont la récolte a lieu dans le délai de deux à trois mois et audelà. Bien que la période du siège soit terminée et que nous espérons ne plus rien voir de semblable, nous avons pensé que cette liste pourrait encore servir utilement les vues et les intérêts de quelques amateurs, et guider peut-être aussi plusieurs jardiniers de maisons bourgeoises. C'est donc dans ce but que nous la leur soumettons, avec la confiance que la critique ne sera pas trop forte, et que les lecteurs voudront bien nous tenir compte des circonstances dans lesquelles elle a été écrite. Du reste, cette liste n'a rien d'absolu; la voici telle que nous l'avons dressée :

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Chicorée sauvage (voir Barbe-de-Capucin). Cresson de fontaine, par boutures placées dans des baquets, cours d'eau et ruisseaux. Cresson de terre, servant aux mêmes usages que celui de fontaine.

Choux de toutes les variétés, coupés trèsjeunes pour le pot-au-feu, et très-nutritifs. Echalottes, pour fournitures, les feuilles seulement.

Laitue gotte, à couper jeune.

Laitue crêpe, à couper jeune.

Navets; planter les racines pour en obtenir des feuilles blanches, à la cave, pour pot-au-feu et salade.

Mâches rondes, pour salade.

Oseille à larges feuilles, à semer et à planter les pieds sur couche.

Persil commun, à semer sur couche.
Persil frisé, à semer sur couche.
Pimprenelle des jardins, à semer sur

couche.

Poireau de Rouen, à semer sur couche et à arracher en jeunes plants.

Poireau long, à semer sur couche et à arracher en jeunes plants.

Pourpier, également sur couche. Tetragone, ou Epinard de la NouvelleZélande, sur couche.

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Carotte halive.

Champignon comestible.
Chou d'York hâtif.

Chou d'York Coeur-de-Boeuf hâtif.
Chou-Fleur impérial très-précoce.
Chou-Fleur Lenormand.
Chicorée de Meaux.

Chirorée fine d'Italie.

Concombres, plusieurs variétés.

Cresson de fontaine, à semer sur les bords des ruisseaux et dans les baquets.

Fèves juliennes hȧtives.

Fraisier des Alpes, à planter en pot. Fraisier grosse espèce, à planter en pot. Haricot noir nain de Belgique, pour forcer. Haricot flageolet hâtif de Hollande, pour forcer.

Laitues pommées.

Melons, les variétés hâtives.

Pois Prince-Albert, le plus précoce. Pois Michaud hâtif de Hollande.

GYMNOCLADUS

Voici encore une vieillerie, peu connue, bien qu'elle présente des avantages qu'on chercherait vainement chez beaucoup de nouveautés à la mode, qu'on recherche sonvent plus par réputation que par mérite. Ce proverbe «Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée, » est toujours vrai, pour les choses aussi bien que pour les hommes.

Le Gymnocladus Canadensis, Lam., Guilandina dioica, L., est originaire du Canada, d'où il a été introduit en 1748. C'est un grand arbre à tige droite, robuste, épaisse, noire et fortement fendillée; celle des jeunes plantes est au contraire trèsglauque et comme farinacée. Ses branches, largement étalées, assurgentes, sont grosses, peu ramifiées, de sorte que lorsque l'arbre est dépourvu de feuilles il présente un aspect des plus pittoresques, qui lui a fait donner le nom de Chicot et qui lui donne une certaine ressemblance avec l'Ailante glanduleux. Ses feuilles alternes, bipennées sans impaires, sont longues de 40 à 60 centimètres, portées sur un très-gros pétiole; les folioles courtement ovales-aiguës sont glabres, molles, minces, luisantes. Les fleurs mâles qui apparaissent en juin sont blanchâtres, disposées en grosses grappes courtes, terminales.

Cette espèce, qui atteint 12 à 15 mètres et plus de hauteur, sur 40 à 60 centimètres de diamètre, est très-ornementale pendant l'été par sa cime largement étalée-arrondie, garnie d'un très-beau feuillage.

Toutefois, là ne se bornent pas ses avan

Pommes de terre Marjolin.

Pommes de terre Comice d'Amiens. Pommes de terre Royal Kidney. Romaines maraîchères, la verte et la blonde.

Tomates.

Nous ne croyons pas nécessaire d'entrer ici dans les considérations que nous avons soumises à MM. Trochu et Magnin; seulement, nous avons été sensiblement étonné, et nous le sommes encore, de n'avoir reçu aucune réponse à nos lettres si désintéressées. Il nous semble cependant que nous avions fait quelque chose d'utile, même aut point de vue de la défense nationale.

Ce petit catalogue, établi par séries, pourra, nous l'espérons, et tel qu'il est, rendre quel que service aux instituteurs et aux habitants de la campagne qui sont susceptibles de le lire. Si parmi nos confrères quelques-uns veulent bien le compléter, le modifier mème, et le rendre plus pratique en le mettant plus à la portée de tout le monde, nous leur en serons infiniment reconnaissant. BOSSIN.

CANADENSIS

tages; elle en possède d'autres non moins précieux que nous allons énumérer. Le G. Canadensis, arbre des plus rustiques, croît très-vite, à peu près dans tous les sols et à toutes les expositions; il supporte bien la sécheresse, de même qu'il s'accommode parfaitement de l'humidité, pourvu que celleci ne soit pas permanente; sa reprise est assurée lorsqu'on le transplante, cela quels que soient les soins qu'on prenne pour effectuer cette opération. Si à ces qualités qui viennent d'être énumérées nous ajoutons que son bois dur, rose, à grains fins, serré, susceptible d'un beau poli, peut être employé avec avantage pour l'ébénisterie, il sera difficile de comprendre comment il se fait que cette espèce est encore si rare dans les cultures.

La multiplication du G. Canadensis est des plus faciles: on la fait par graines et par racines. Les premières, qui sont très-grosses, suborbiculaires, aplaties sur les deux faces, sont extrêmement dures; leur testa, d'un gris de lin brunâtre, est lisse et luisant carné; aussi arrive-t-il fréquemment que ces graines ne lèvent que la deuxième année. Le moyen le plus commode, le plus prompt, est à l'aide de racines que l'on coupe par tronçons de 12 à 15 centimètres de longueur, et qu'on plante ensuite dans une terre légère que l'on tient humide à l'aide d'arrosements. Il arrive parfois que ces boutures ne poussent pas ou ne poussent que très-peu la première année; dans ce cas il ne faut pas les arracher, car elles se conservent dans le sol et poussent plus tard. C'est une question de temps.

LES CHÊNES DE L'EUROPE ET DE L'ORIENT, QUERCUS ALNIFOLIA.

Cette espèce étant dioïque, on ne peut en récolter des graines que si l'on possède les deux sexes, ce qui nous paraît être assez rare. Jusqu'à présent, en effet, nous n'avons encore vu en fleurs que des individus mâles, ce qui ne veut pas dire toutefois qu'on ne possède pas l'individu femelle.

Par suite de sa rusticité, de sa robusticité, en un mot de tous les avantages que pré

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sente le G. Canadensis, il nous paraît trèsconvenable pour orner les places publiques ou pour border les promenades de la ville de Paris. Il est d'autant plus propre à cet usage que, comme le Sophora Japonica, dont il a un peu le tempérament, il s'accommode très-bien des terrains chauds et légers qui sont à peu près les seuls qu'on rencontre dans Paris. BRIOT.

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LES CHÈNES DE L'EUROPE ET DE L'ORIENT (
QUERCUS ALNIFOLIA

Voici ce qu'en dit M. Kotschy :

« Cette espèce, toujours verte, forme un arbrisseau qui dans certaines conditions peut devenir arbre. Ecorce grise et verruqueuse; rameaux noueux à leur base, divariqués, naissant dès la base des plantes; ceux de l'année roux et couverts de poils d'un jaune sale, à bourgeons latéraux, petits, arrondis, presque lisses; les terminaux couverts d'écailles lancéolées, subulées, brunes, courtement tomenteuses. Feuilles longues de 1 pouce 1/2 à 2 pouces, persistantes, à petiole court recouvert de poils étoilés, à limbe coriace, arrondi ou obové, presque équilatéral, très-obtus, quelquefois même rétus au sommet (les jeunes feuilles sont elliptiques), portant au-delà du milieu 5-10 dents infléchies, convexes et comme bullées, à bords un peu refléchis, à nervures fortement saillantes en dessous, circonscrivant des aires assez égales. Les vieilles feuilles sont feutrées, brunâtres; les jeunes sont densement feutrées, d'un jaune doré.

« Contrairement aux autres espèces de Chênes, les chatons males de celle-ci sont très-peu nombreux; chaque bourgeon n'en porte que 2 ou 3, longs d'environ un pouce, recouverts d'un duvet grisâtre et portant un grand nombre de fleurs sessiles; les supérieures sont munies à leur base d'une bractée squamiforme. Le périgone, formé de 6 pièces, est soudé jusque vers son milieu; il est hérissé de longs poils sur les deux faces; les sépales sont lancéolés, entiers. Les étamines au nombre de 5-7 sont lisses, alternant avec les lobes du périgone qu'elles égalent en longueur. Les anthères sont ovoïdes, échancrées en cœur à la base, terminées en pointe au sommet; elles sont brunes, recouvertes de poils longs plus ou moins dressés. Chatons femelles longs d'un demipouce, épais, gris, tomenteux, composés de

ou 3 fleurs rapprochées, à 4 styles saillants, recourbés en arc, bruns et entourés par la rangée supérieure des écailles de la cupule. Fruits sessiles, solitaires ou réunis par deux, mûrissant à l'automne de la

(1) V. Revue horticole, 1870, pp. 58, 79, 300.

deuxième année. Cupule petite, en forme de coupe plane et recouverte d'écailles inégales demi-appliquées, recourbées, grises et garnies de poils courts. Les écailles inférieures sont allongées en cône; celles du milieu sont cylindriques, lancéolées, subulées, arquées à leur base, à extrémité tournée en dehors; les supérieures se raccourcissent vers le bord de la cupule, s'amincissent, puis se recourbent complètement. Le gland d'un brun clair, brillant, trois ou quatre fois plus long que la cupule, renflé au-dessus du milieu, s'atténue sensiblement et régulièrement vers sa base; il est brusquement obtus au sommet, qui se termine par un mucron conique proéminent. La cicatrice. du disque est plane, convexe, légèrement saillante.

« Ce Chêne, qui se distingue par ses feuilles vert foncé et luisantes en dessus, a été distrait par J. Gay (Ann. Sc. nat., 4o série, tome VI, p. 243) du groupe des Ilex, pour former un 7e groupe auquel il a donné le nom de « Cypriotes. » Les échantillons plus complets que j'en ai cueillis moi-même m'ont fait reconnaître que, contrairement à ce que J. Gay est porté à admettre, cette espèce est à maturation bienne et non annuelle. Le groupe des Cypriotes, par les écailles de sa cupule et par sa maturation, se rapproche donc du groupe des Cerris.

« J'ai cueilli des fruits mûrs de cet arbuste élevé, à la fin d'octobre 1841, dans l'ile de Chypre, à une altitude de 3,000 pieds, ainsi qu'au versant oriental du mont Olympe, où il forme des taillis dans les clairières de la forêt de Pins. Dans son Enumeratio pl. ins. Cypri., p. 12 (Vindol. 1842), Poech a décrit cette espèce d'après mes matériaux. Dans les collections de plantes du Taurus que j'ai fait distribuer en 1853, des fruits murs qu'on m'avait adressés ont été donnés sous le no 400.

« Dès 1831, à la mi-juillet, Aucher-Eloy avait cueilli sous le no 2881, dans les montagnes de Chypre, près de Baffo, quelques échantillons de ce Chêne avec des fruits incomplètement développés. C'est d'après ces matériaux incomplets que, en 1853, cette espèce fut décrite dans les Illust. pl. orient.,

I, p. 110, pl. 56, sous le nom de Q. Cypria, par conséquent une année après que Poech lui eût donné le nom de Q. alnifolia.

« A l'état naturel, cette espèce poussant dans des lieux où la neige persiste pendant plus d'un mois, il y a lieu d'espérer qu'elle pourrait être recommandée pour l'ornementation des parcs et des jardins dans les diverses parties de l'Europe centrale.

«Avant la chute des glands, les moines des couvents grecs en font la récolte; ils les sèchent à l'air pour les conserver et les mélanger pendant l'hiver à la nourriture de leurs animaux domestiques.

« Le bois du Q. alnifolia est très-te

nace. »

Le Q. alnifolia, dont la description qui précède a été faite par Kotschy, n'est pas, que nous sachions du moins, encore introduit dans les cultures. C'est regrettable, car d'après la figure qu'en a donnée Kotschy, qui Î'a vu vivant, c'est une plante qui serait précieuse pour l'ornementation des parcs et

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jardins, où elle produirait un effet des plus singuliers par la couleur jaune d'or de ses feuilles. Cette couleur, qui couvre tout le dessous des feuilles, qui, sous ce rapport, ressemblent à celles du Castanea chrysophylla, produit un ornement particulier par le contraste de la partie supérieure de ces mêmes feuilles. Au point de vue décoratif, ce serait une espèce analogue au Q. ilex dont, à part la couleur des feuilles, il a une certaine ressemblance. Il serait d'autant plus propre à cet usage, qu'il est très-buissonneux et ramifié dès sa base, et que comme tous les Chènes d'Orient, ainsi qu'on est en droit de le supposer du moins, il s'accommodera parfaitement des sols légers qui composent la plupart de nos jardins.

A défaut de graines, on le multipliera par la greffe en fente sur le Q. ilex. Ces greffes, faites en mars ou bien en septembre, seront placées sous cloches, ainsi qu'on le fait pour les Orangers, les Camellias, les Rhododendrons, etc. E.-A. CARRIÈRE.

SYRINGA JOSIKEA

Bien convaincu que des choses vieilles, mais BONNES, valent mieux que des MAUVAISES, quelque nouvelles qu'elles soient, nous allons rappeler, recommander même à nos lecteurs l'espèce dont le nom se trouve en tête de cet article, le Syringa Josikea, Jacq. On la dit originaire de la Transylvanie, ce que nous voulons bien croire, sans le garantir toutefois, l'expérience nous ayant appris combien il faut se défier des origines qu'on trouve indiquées dans les livres, surtout lorsqu'il s'agit de plantes.

N'ayant à parler que de la chose sans nous occuper d'où elle vient, disons ce qu'elle est et ce qu'on pourrait en faire.

Le Syringa Josiked, Jacq. fils, S. Vincetoxifolia, Baumg., qui aujourd'hui n'est guère connu que de nom, et encore, constitue un arbuste ramifié dès la base, atteignant à peine 2 mètres de hauteur, souvent beaucoup moins, mais qu'on peut élever davantage en le greffant à une certaine hauteur. Ses feuilles opposées et entières sont ovalescordiformes, atténuées en pointe au sommet, assez fortement veinées-réticulées, glabres et vertes en dessus, glauques blanchâtres en dessous. Ses fleurs, qui s'épanouissent en mai-juin, sont d'un violet foncé, bleuâtres; elles sont disposées en longues grappes dressées, un peu spiciformes; l'odeur qu'elles dégagent, qui est plutôt faible que forte, n'a rien d'agréable, bien qu'elle ne soit pas repoussante. C'est

un avantage pour les personnes à qui les odeurs font mal, puisqu'elles peuvent mettre dans les appartements des fleurs du S. Josikea, ce qu'elles ne pourraient faire des fleurs du Lilas commun (Syringa vulgaris). Pourquoi la qualification Vincetoxifolia que lui a donnée Baumgarten? En ce que les feuilles de cette espèce renferment un principe toxique. Nous signalons ce fait.

Le S. Josikea pourrait être utilisé avec beaucoup d'avantage pour former les platesbandes, usage auquel il est d'autant plus propre que les plantes fleurissent très-petites, et même beaucoup, et que les fleurs, qui s'épanouissent quand celles du Lilas commun sont passées depuis longtemps, sont très-jolies et d'une très-longue durée, bien qu'elles se montrent à une époque où les vents, le soleil et le håle ne soient pas favorables à la durée des fleurs. Quant à la multiplication du S. Josikea, on la fait par graines, par drageons et par greffe. Ce dernier moyen est le plus généralement usité lorsqu'on veut obtenir une multiplication rapide. Bien qu'on puisse employer comme sujet le Lilas commun, il est préférable de se servir du Troène ordinaire; la reprise est beaucoup plus certaine. Pour l'ornementation des plates-bandes, on greffe à environ un mètre de hauteur, de manière à obtenir des plantes qu'on pourrait utiliser comme on le fait des Lilas, Hibiscus, Boule de neige, etc.

MAY.

SOLANUM DULCAMARA.

PERSICA STRIATA.

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SOLANUM DULCAMARA

Si parmi les plantes grimpantes il en est un certain nombre que l'on puisse recommander d'une manière toute particulière, c'est assurément le Solanum dulcamara, vulgairement appelé Douce-Amère, plante qui pullule autour et dans nos villages, et dont la beauté n'est même pas remarquée, tant il est vrai que le mérite seul ne suffit pas toujours, et que les choses les plus belles, si elles sont communes et faciles à obtenir, sont souvent celles auxquelles on pense le moins. D'où lui vient ce nom de Douce-Amère? Probablement de ce que les bourgeons, lorsqu'on les mâche (ce que font souvent les enfants, dans certains pays, du moins), ont une saveur douce, à laquelle succède une saveur légèrement

amère.

Nous venons de dire que la Douce-Amère est une des plus jolies plantes grimpantes. En effet, à un beau et abondant feuillage elle joint des fleurs nombreuses disposées en grappes paniculées, auxquelles succèdent, en quantité considérable, des fruits d'un rouge corail très-vif. Ces fruits, qui couvrent à peu près complètement la plante, persistent sur celle-ci jusqu'en décembre, parfois même janvier (jusqu'ici nous ne sachions pas qu'aucun animal les recherche, ce qui au point de vue de l'ornement est un avantage), et forment alors encore un effet splendide, d'autant plus beau que, à cette époque, toute parure végétale a disparu.

Le S. dulcamara, qui est très-vigoureux et rustique, résiste à la sécheresse comme à l'humidité; il pousse à peu près dans tous les terrains, bien qu'il préfère ceux qui sont chauds et légers, plutôt calcaires qu'argileux. Les qualités que nous venons de reconnaitre au S. dulcamara indiquent assez l'usage qu'on peut en faire. Non seulement cette espèce est propre à garnir des tonnelles ou à cacher des murs pendant l'été; mais l'on peut en confectionner des guirlandes ou la disposer de manière à former des dessins variés. Sa facilité à fleurir sur le bois de l'année fait qu'on peut en restreindre les dimensions sans se priver des fruits qui, nous le répétons, constituent un des plus jolis ornements qu'il soit possible de voir. D'une autre part, grâce à sa vi

gueur et à sa rusticité, on peut en planter cà et là le long des haies mortes. On obtient par ce moyen une haie magnifique là où l'on n'aurait eu qu'une palissade sèche et monotone: c'est la vie qui recouvre et tend à faire disparaître la mort. Ce mode d'ornement, que l'on n'emploie pas assez, pourrait être obtenu avec plusieurs autres plantes grimpantes, avec le Lierre, par exemple, et dans ce cas l'on aurait des haies magnifiques et toujours vertes. On en voit quelques exemples à Paris, notamment aux Champs-Elysées, ou le long des avenues qui longent le bois de Boulogne. Là, la plupart des grilles qui limitent les propriétés sont recouvertes de Lierres qui forment des masses de verdure tellement compactes que la lumière ne peut les traverser.

La Douce-Amère n'est pas seulement une très-jolie plante grimpante; c'est aussi une plante médicinale des plus importantes. Toutes ses parties herbacées constituent un excellent dépuratif; elles sont légèrement purgatives; ses fruits surtout possèdent cette propriété.

Cette espèce présente une variété à feuilles. panachées de jaune, et qui est plus particulièrement recherchée comme plante décorative, bien qu'elle ne vaille pas le type. Parfois la panachure est telle qu'elle envahit toute la plante, et que les rameaux sont même complètement jaunes. Dans ce cas les individus sont peu vigoureux, mais aussi il est rare qu'ils conservent longtemps cet état chlorosé; le plus souvent la couleur verte prend le dessus, et les panachures disparafssent, mais aussi la variété. Comme on le dit : « La plante est revenue au type. >>

La multiplication du S. dulcamara, qui est des plus faciles, peut se faire par bontures et par graines; il suffit de couper les rameaux et de les planter à l'automne ou au printemps, ou mème pendant l'été, à l'aide de parties herbacées qu'on place à l'ombre. Les rameaux non séparés de la plante s'enracinent avec une telle facilité, que pour cela il suffit qu'ils touchent le sol. Les graines, qui lèvent promptement et facilement, se sèment en mars; on les recouvre peu, et l'on arrose au besoin.

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GIBAULT.

c'est le Persica striata dont nous allons dire quelques mois.

Notre pied mère, vigoureux, et en ce moment entièrement couvert de fleurs bien épanouies, présente un coup d'œil ma

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