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La plante qui fait le sujet de cette note, le | Clerodendron angustifolium, est peu ou n'est même pas connue des horticulteurs. A peine si quelques jardins botaniques la possèdent. C'est cependant une très-jolie plante, qui mérite d'entrer dans les cultures commerciales, où certainement elle rendrait de grands services. C'est en vue de la tirer de l'oubli dans lequel elle est restée jusqu'à présent que nous publions cet article.

Le Clerodendron angustifolium, Spr., Volkameria angustifolia, Lam., est originaire de la Jamaïque. Dans nos serres, il forme un arbuste à écorce gris cendré pàle, à ramifications très-nombreuses, grèles. Ses feuilles, opposées, étroitement lancéoléeselliptiques, sont entières, luisantes, pliées en gouttière, très-atténuées aux deux bouts; elles ont environ 6-7 centimètres de longueur sur 15 millimètres de largeur. Les fleurs, très-nombreuses, portées sur des pédoncules grèles, sont blanc jaunȧtre, à 5, plus rarement à 4 divisions longuement étaĺées ou réfléchies. Les étamines sont trèslonguement saillantes, à filets ténus, étalées en courbe. Un style droit, terminé par un stigmate bifide, occupe le centre de chaque fleur.

Peu de plantes sont aussi floribondes que le C. angustifolium, et il n'est pas douteux que, traité horticolement, on pourrait faire de ce dernier une plante de marché de pre

mier mérite. Abandonné à lui-même, c'està-dire sans être soumis à aucun traitement particulier, la floraison du C. angustifolium a lieu en août-septembre. La beauté de ses fleurs, qui dégagent une légère odeur de fleurs d'Orangers, est relevée par le vert luisant des feuilles qui, placées à la base des inflorescences, viennent se marier aux fleurs et produire un contraste des plus agréables.

On cultive le C. angustifolium en serre tempérée, quoiqu'il puisse très-bien passer l'hiver dans une orangerie lorsque les plantes sont fortes. Si on cultivait les plantes pour le marché aux fleurs, il conviendrait peut-être mieux de les tenir sous châssis sur une couche, ou du moins de les placer dans une serre basse, de manière qu'elles soient le plus près possible du verre. La terre de bruyère mélangée de terre franche, à laquelle on peut ajouter un peu de terreau bien consommé, est ce qui semble le mieux convenir au C. angustifolium. On multiplie cette espèce par boutures qu'on place sous cloche dans la serre à multiplication; on prend pour cela des bourgeons aoûtés.

Un autre avantage qui devra faire rechercher le C. angustifolium comme plante de marché, c'est l'abondance avec laquelle les plantes fleurissent, même lorsqu'elles sont très-jeunes, et aussi la très-grande facilité avec laquelle elles se ramifient. HOULLET.

QUELQUES MOTS SUR LES BRUGNONIERS

Pour ceux qui ont lu les remarquables mas, sur les Brugnoniers, la note que nous articles écrits par notre collègue M. O. Tho-écrivons sur ces arbres fruitiers pourra peut

être paraître inutile. Nous reconnaissons en effet que c'est presque un double emploi, une redite; aussi avons-nous hésité quelque temps avant de l'écrire; toutefois cette crainte a dû céder devant le désir d'être utile et surtout devant cette quasi-certitude que nous avons que ce n'est presque toujours que trèsdifficilement et en y revenant constamment qu'on fait admettre les bonnes choses. Sous ce rapport il y aurait de nombreux rapprochements à faire avec les choses sociales. Pas n'est besoin de dire que nous ne nous aventurerons pas sur ce terrain. Quand un sol est glissant, il faut l'éviter. Passons.

Les Brugnons sont certainement les meil leurs fruits des arbres fruitiers à noyaux; ce qu'il y a de surprenant, c'est qu'ils soient aussi rares dans les cultures. Il y a plus : ils y sont à peine connus. Pourquoi? Il serait difficile de le dire.

Au point de vue commercial, les Brugnons feraient l'objet d'une bonne spéculation; non seulement ils seraient d'un écoulement certain; mais ils présentent même cet autre avantage qu'ils sont d'un transport beaucoup

plus facile que les Pèches, par ce fait que leur chair est beaucoup plus ferme, qualité qui en rend la conservation plus longue et plus facile. Ajoutons que, en général, les Brugnoniers produisent beaucoup, même en plein vent, de sorte qu'on pourrait les cultiver de cette manière, soit dans les vergers, soit dans les vignes, ainsi qu'on le fait des Pèchers. Ajoutons encore que les Brugnons se conservent très-longtemps lorsqu'ils sont cueillis un peu avant leur complète maturité, qu'ils se font très-bien sur la paille ou sur des planches dans un fruitier. Toutefois, pour qu'ils acquièrent toutes leurs qualités, on doit les laisser bien mûrir sur l'arbre et même s'y faner. Ces fruits, du reste, ne doivent être mangés que lorsqu'ils sont ridés. C'est alors qu'ils sont vineux et vraiment exquis.

Cet article, que nous écrivons avec la conviction d'accomplir un devoir, sera-t-il entendu, et les conseils que nous donnons serontils suivis? Nous le désirons.

POLYGONUM ACETOSEFOLIUM

Le Polygonum acetosæ folium, Vent., | que nous recommandons comme plante grimpante et qu'on trouve parfois dans le commerce sous le nom de Polygonum sinense, est-il, comme le prétendent certains botanistes, originaire du Brésil? Nous n'oserions l'affirmer, pour deux raisons: la première, parce qu'il est assez rustique sous notre climat; la deuxième, parce que la plante que nous cultivons sous le nom de P. acetos@folium a tous les caractères de faciès et de végétation des vrais Polygonum, et que d'une autre part on la donne comme devant rentrer dans le genre Coccoloba, ce qui à première vue parait quelque peu douteux. Nous appelons sur ce sujet l'attention des hommes spéciaux. Le meilleur moyen de faire résoudre cette question serait peut-être de lui donner un nom que nous ferions suivre de cette abréviation: Carr. Quoi qu'il en soit, nous ne pousserons pas plus loin ces observations, notre but n'étant autre que de recommander le P. acetosifolium aux amateurs de plantes

E.-A. CARRIÈRE.

grimpantes, non toutefois pour ses fleurs. mais pour son faciès et surtout pour sa vigueur. Ses caractères sont les suivants :

Plante sous-frutescente, ligneuse à la base, d'une vigueur extrème. Tiges volubiles, grèles, ramifiées, pouvant atteindre 610 mètres, peut-être plus de longueur, lisses, glabres, rougeâtres, s'enroulant fortement autour des corps qu'elles rencontrent. Feuilles glabres, lanciformes-hastées, échancrées à la base et présentant deux oreillettes pointues, longues de 13 centimètres, y compris le pétiole, larges d'environ 5 centimètres à la base.

Cette espèce, que l'on rencontre très-rarement dans les cultures, est d'une vigueur excessive; elle peut couvrir des surfaces considérables dans l'espace d'une année, et pourrait par conséquent servir avec avantage pour garnir des tonnelles ou pour cacher des murs. Ajoutons que ses tiges trèsrésistantes et coriaces peuvent être employées comme liens.

LEBAS.

PLANTES NOUVELLES, RARES OU PAS ASSEZ CONNUES

Delphinium mastodonte. Plante des plus remarquables, mise au commerce par M. Lemoine, horticulteur à Nancy. Issue du D. formosum, elle en a conservé l'aspect général; elle est plus vigoureuse, et ses tiges très-robustes sont raides; ses feuilles sont plus divisées ; quant à ses fleurs, d'un

bleu foncé, à centre gris blanchâtre, elles justifient la qualification] que lui a donnée M. Lemoine, en la prenant toutefois, et cela va sans dire, dans un sens trèsrelatif. E.-A. CARRIÈRE.

Orléans, imp. de G. JACOB, cloître Saint-Etienne, 4.

CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE JUIN)

Nouvelle interruption dans la publication de la Revue horticole. Nécrologie: Louis-Charles Billiard fils, Eugène Lierval, Fourreau, Étienne-Philippe Lévêque de Vilmorin, Alphonse Müller. - Collecte en faveur des orphelins de la guerre, faite par les soins de la Société des instituteurs de la Suisse romande. Secours de l'Angleterre aux horticulteurs. Le Jubira spectabilis. Itinéraire de M. Du Breuil. Floraison du Lis blanc. Le Pavia Californica. Circulaire de MM. VilmorinAndrieux. Établissement de M. Louis Van Houtte, horticulteur à Gand. - Biver de 4870-71.-Gelée de mai. - Le Keteleeria Fortunei de Trianon. Orages d'avril.

Le 1er avril dernier, écrivant notre chronique pour le numéro du 15, qui n'a pu paraitre, nous la commencions ainsi :

L'hiver est passé; Paris est redevenu libre, relativement toutefois; la France, depuis longtemps abattue, reprend courage à l'aspect d'un nouvel horizon... Les champs s'animent; les oiseaux chantent, se recherchent, poussés par l'amour !... Mais combien de vides parmi nous! et combien vont manquer à l'appel des leurs!... Et de mème que les hirondelles, combien aussi ne reverront plus leur nid, ne s'asseoiront plus au foyer paternel!... C'est en vain que la famille les attendra: ils ne reparaitront plus !... >>

Mais, hélas! peu de jours ont suffi pour détruire nos espérances et changer cet état de choses, et lorsque nous écrivions ces lignes, nous étions loin de supposer que de nouveau nous devrions assister à d'aussi terribles événements que ceux qui viennent de s'accomplir.

En effet, après être débarrassés de l'ennemi qui, pendant cinq mois, avait tenu Paris captif, nous avions lieu d'espérer que tout était terminé, que nous allions avoir des jours meilleurs. Malheureusement, il n'en a pas été ainsi, et des événements analogues aux premiers, mais beaucoup

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finiment même plus terribles, sont venus, de nouveau, isoler Paris de la France, c'est-à-dire interrompre encore une fois les communications en occasionnant la désorganisation du service postal, de sorte que les numéros du 15 septembre 1870 et du 1er avril 1871 n'ont pu être servis le 1er avril, ainsi que cela devait avoir lieu.

Fort heureusement, tout est fini, et en reprenant aujourd'hui la publication de la Revue horticole, nous espérons pouvoir la continuer sans interruption. Commençons ce numéro par quelques lignes nécrologiques.

Depuis les longs mois que la Revue horticole n'a pu paraitre, la mort a fait dans les rangs de l'horticulture quelques victimes, soit par suite de maladies, soit par suite de blessures reçues en combattant pour la défense de la patrie envahie. Au nombre des premières se trouve un homme

1er JUILLET 1871.

dont le nom est bien counu de nos lecteurs, M. Louis-Charles Billiard fils, dit la Graine, horticulteur-pépiniériste à Fontenay-auxRoses (Seine). Le vendredi 30 septembre, il succombait à Paris, à l'âge de quarantequatre ans, emporté par la variole, cette terrible maladie qui depuis trop longtemps déjà fait de nombreuses victimes en France, et qui, dans cette circonstance, venait encore ajouter ses horreurs à celles de l'état de siége.

Comme tant d'autres, hélas! notre regretté collègue avait été amené à Paris par suite des tristes événements auxquels nous venons d'assister.

Louis-Charles Billiard était aussi un collaborateur de la Revue horticole. Mais ce n'est pas seulement à ce titre que nous le regrettons; c'est d'abord comme ami, et, au point de vue du jardinage, comme semeur. Sous ce dernier rapport, l'horticulture, l'arboriculture surtout, perdent en lui un zélé soutien. A une très-grande activité, notre collègue joignait un amour passionné des plantes, dont il était un collectionneur aussi zélé qu'intelligent, qualités qui deviennent de jour en jour plus rares; il avait, comme on le dit, « le feu sacré, » et était surtout doué d'un talent d'observation peu commun; il suivait, avec une attention toute particulière, au fur et à mesure qu'ils se développaient, les nombreux semis qu'il faisait chaque année, afin de distinguer et choisir les variétés de mérite qui pouvaient s'y rencontrer. C'est grâce à cette aptitude toute spéciale que M. Billiard put enrichir l'horticulture d'une quantité considérable de variétés très-intéressantes, et il ne se passait pas d'années sans que la Revue n'enregistrât quelques nouveautés dont il était l'obtenteur.

Fils d'un père laborieux et qui lui-même aimait les plantes, Billiard contracta de bonne heure, avec l'habitude du travail, l'amour des végétaux et la passion de les collectionner. Il laisse un fils qui, bien qu'encore jeune, montre déjà de bonnes dispositions pour le jardinage. Espérons qu'il suivra la route tracée par ses parents et que le nom de Billiard continuera à tenir

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en horticulture le rang que ses ancêtres lui ont fait acquérir.

Une des autres morts dont nous avons à parler est celle d'un de nos collègues dont le nom, en horticulture, était à peu près universellement connu, de M. Lierval, horticulteur des plus distingués qui, à de trèsgrandes connaissances dans l'art horticole, joignait une passion peu ordinaire pour les plantes, et dont il a été en grande partie victime toute sa vie. Les déceptions, les ennuis de toutes sortes que lui occasionnait cet amour des plantes étaient-ils compensés par des plaisirs d'une nature particulière? On ne pourrait l'affirmer, bien que le fait soit à peu près hors de doute. Quoi qu'il en soit, voici quelques détails sur la triste et prématurée fin de notre collègue.

C'est dans l'établissement d'horticulture qu'il avait créé, 5, rue de Rouvray, à Neuilly (Seine), que les tristes événements de Paris surprirent Eugène LIERVAL. C'est là aussi qu'il quitta la vie dans les circonstances les plus tristes. Seul, par suite du départ de sa famille, notre collègue était là, isolé même de Paris, manquant de tout... Bientôt la gêne, la misère même, l'atteignirent... D'après ce qu'on nous a assuré, cette dernière ne serait même pas étrangère à sa mort...

| qu'on le sait, pousse à la division infinie, pourrait-on dire, des espèces. L'auteur at-il raison, a-t-il tort? C'est une chose dont nous n'avons pas à nous occuper ici, sur laquelle nous reviendrons plus tard.

M. Fourreau, qui était àgé de vingt-cinq ans environ, faisait partie des gardes mobiles du Rhône; blessé à la bataille de Nuits (Côte-d'Or), il est mort trois jours après.

L'avant-dernière personne de celles dont nous avions à parler est aussi la plus jeune. C'est M. Etienne-Philippe Lévêque de Vilmorin, le plus jeune des fils d'un homme beaucoup trop tôt enlevé à la science et à ses amis, de feu Louis Vilmorin, dont le nom est à peu près universellement connu en horticulture et en agriculture.

Etienne-Philippe Lévêque de Vilmorin était âgé de vingt ans. Caporalau 1er régiment d'infanterie de marine, il faisait partie de l'armée du général Chanzy; il fut tué par l'ennemi dans l'un des combats livrés dans les environs du Mans, près de La ChapelleSaint-Rémy (Sarthe), le 11 janvier 1871.

Si, comme on le dit, noblesse oblige, on peut en dire autant de la position; les fils Vilmorin n'ont pas manqué à leur devoir; ils ont compris que leur nom leur impliquait la marche qu'ils avaient à suivre, et qu'ils devaient poursuivre la carrière dans laquelle se sont si brillamment illustrés leurs aïeux. Étienne-Philippe Lévêque de Vilmorin, bien que jeune encore, était atta

Une chose qui surtout dut l'affliger vivement, c'est le manque à peu près absolu de combustible qui l'obligea d'abandonner toutes ses serres, sauf une dans laquelle il mit, ou plutôt entassa les plantes qu'il ai-ché à la maison Vilmorin et Cie. mait le plus, afin de pouvoir leur donner des soins plus assidus. Quelle position! quel sacrifice! Être obligé de faire son choix parmi des plantes qu'il aimait également, et avec cette perspective que celles qu'il abandonnait allaient périr!...

-

Mais bientôt le rare combustible devint plus rare encore: il manqua tout à fait, et notre malheureux collègue sorte de Bernard de Palissy, beaucoup moins heureux, toutefois dut recourir à des moyens extrêmes brûler des coffres, des tablettes, et n'arriver, malgré cela, qu'à obtenir une chaleur insuffisante...

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C'est alors et dans des conditions aussi navrantes que la mort vint ravir E. Lierval à sa famille et à ses nombreux amis.

Les trois autres personnes dont nous avons à parler sont mortes victimes de la malheureuse guerre que nous venons de supporter. L'une d'elles est M. Fourreau, qui s'était voué à la botanique et à laquelle, bien que jeune encore, il avait déjà rendu d'importants services. Elève et collaborateur de M. Jordan, il s'était voué à la théorie du maître, que, du reste, il a beaucoup aidé dans ses derniers travaux. Cette théorie qui, par suite de l'importance qu'elle a prise, a été qualifiée de Jordanienne, ainsi

Les deux derniers fils de feu Louis de Vilmorin, qui déjà occupent une belle place dans la maison qui porte leur nom, comprendront qu'une nouvelle tâche leur est imposée celle de combler la lacune laissée par la mort de leur jeune frère, tombé glorieusement en défendant sa patrie. Quelque lourde que soit la tâche, nous sommes sûrs qu'ils n'y failliront pas.

La troisième et dernière victime, par laquelle nous allons terminer cette triste énumération, est le fils d'un de nos collègues, M. Martin Müller, architecte de jardins et horticulteur à Strasbourg, et qui est aussi l'un de ceux dont les pertes horticoles ont été les plus considérables.

Ce brave jeune homme, qui lors des événements de septembre était à Londres, où il aurait pu rester, excité par son patriotisme, n'hésita pas à revenir à Strasbourg pour prendre part à la défense de cette ville.

Alphonse Müller, dont nous essayons de retracer le souvenir, était âgé de vingt-deux ans. Il était fils du directeur actuel du jardin botanique de la Faculté de Strasbourg. Peu après son arrivée dans cette ville, où de suite il s'enrôla parmi ses défenseurs, il était nommé sergent dans la garde mobile,

CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE JUIN).

et c'est le 20 septembre, en relevant les postes en face des attaques de l'ennemi, qu'il fut frappé d'une balle au front qui le tua.

Un ami de la famille Müller a prononcé sur la tombe d'Alphonse Müller un discours rapporté par notre confrère, M. Carrier, sur le journal la Revue horticole et viticole de la Suisse romande, d'où nous extrayons les passages suivants :

... Le brave jeune homme auquel nous rendons ces tristes et derniers honneurs dans ces lieux mêmes qui l'ont vu naître, témoins, hélas! il y a peu d'années, des jeux de son enfance, a un droit entre tous à nos souvenirs et à notre affectueuse admiration.

Alphonse Müller a été la victime volontaire de son amour pour la France. En sécurité à Londres, à sa place un faible coeur n'eût pas manqué d'excuses pour se tenir en dehors du péril commun. Mais loin de lui de pareilles pensées!

Français et chrétien, enthousiasme du devoir et de la patric, avant qu'un appel eût pu lui parvenir, et à la première nouvelle d'hostilités prochaines, il quitta tout, repos, intérêts, avenir, pour regagner la France et voler à la frontière la plus menacée.

:

A ses dignes parents, étonnés de son soudain retour, il disait « Rester chez l'étranger, à cette heure! mais mon sang bouillonnait dans mes veines, et de ma vie entière rien ne m'eût consolé d'avoir manqué à mon pays à l'heure du combat... >

Pauvre jeune homme! il avait l'enthousiasme de son age, et, comptant sur les sentiments qui l'animaient, il croyait à la victoire !

C'est le cœur navré que nous nous associons au deuil de notre collègue, M. Martin Müller, de sa famille et de ses amis, deuil très-grand, d'autant plus dur, hélas! qu'il n'y a aucune compensation, qu'il est accompagné par une défaite qui change notre collègue de nationalité, non de cœur toute

fois.

Dans notre chronique du 1er avril, nous avons cherché à faire ressortir l'accueil fraternel que la Suisse a fait à nos malheureux soldats qui s'y sont réfugiés après les revers qu'ils avaient éprouvés, ainsi que les soins et les secours de toutes sortes qu'elle leur a procurés; aujourd'hui nous avons un nouveau fait à ajouter en l'honneur de cette nation. Nous allons le rapporter d'après la Revue horticole et viticole de la Suisse romande, où nous le trouvons cité par notre confrère, M. Alph. Carrier, directeur de ce journal; voici :

COLLECTE EN FAVEUR DES ORPHELINS DE LA GUERRE. La Revue horticole et viticole s'est

faite l'écho de l'appel aux enfants des écoles de la Suisse, de la part du comité de la Société des instituteurs de la Suisse romande. Aujourd'hui

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chacun applaudira aux résultats de cette démarche tout humanitaire. Le montant des collectes se monte au chiffre éloquent de 14,000 fr., réalisé par sept cantons.

Honneur aux enfants des écoles de la Suisse!

Nous ajoutons et aux parents qui ont su leur inspirer de tels principes.

C'est le cas d'appliquer ce proverbe vulgaire Bon chien chasse de race. »

Dans notre chronique, en rappelant quelques faits relatifs à l'investissement de Paris, nous avons eu l'occasion de parler de la sympathie de la nation anglaise pour la France. A ce sujet nous disions que déjà elle avait envoyé de nombreux secours en nature pour venir en aide à la population parisienne, mais qu'elle s'occupait aussi, et tout particulièrement, de venir au secours des horticulteurs, et que, dans ce but, un comité avait été organisé pour recevoir les souscriptions. Nous apprenons par le Gardner's chronicle, no 11 (18 mars), que la première liste a produit une somme d'environ 12,000 fr., somme considérable si l'on songe qu'elle a été versée par soixantetrois souscripteurs seulement. MM. Weich et Sons ont donné, pour leur part, 52 liv., c'est-à-dire plus de 1,300 fr.

Un fait que nous devons signaler, parce qu'il nous parait exceptionnel, c'est la rusticité que le Jubaa spectabilis a montrée à Bordeaux, dans la propriété d'un zélé amateur d'horticulture et collaborateur de la Revue horticole, M. J.-E. Lafont. Là, en effet, cette plante a supporté 170 1/4 au-dessous de zéro; seule, l'extrémité de ses feuilles a été brûlée. Mais un fait des plus surprenants, nous écrit M. Lafont, c'est que des Chamirrops excelsa placés dans les mêmes conditions sont presque morts.» Quelle en est la cause? D'après ce que nous savons de la rusticité des Chamærops, nous ne serions pas éloigné de croire que cette conservation des Juba a dépendu d'une circonstance particulière, indépendante de leur tempérament. Quoi qu'il en soit, nous croyons devoir appeler sur ce fait l'attention de nos lecteurs et les engager à essayer le Jubaa spectabilis en pleine terre, en l'abritant toutefois un peu, par prudence, pendant les grands froids. Nous leur rappelons que ce Palmier, des plus jolis, croît dans les parties montueuses et froides du Chili méridional, où il atteint de grandes proportions.

- Comme les années précédentes, M. Du Breuil, professeur d'arboriculture aux Artset-Métiers, fera cette année une tournée en France, afin d'y démontrer les principes et l'application de l'arboriculture.

Son itinéraire ministériel est ainsi fixé :

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