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légèrement humides. A l'automne suivant, on peut arracher les plants, mettre à part les plus forts et les planter en pleine terre, ou bien les mettre en jauge, ainsi qu'on le fait de la plupart des plants. Quant à ceux qui sont trop faibles pour être plantés, on les mettra en jauge, où ils resteront jusqu'au printemps suivant.

Les semis présentent cet autre avantage : qu'ils peuvent produire des variétés, ce qui est déjà arrivé au Muséum. Ainsi, dans les semis que nous avons faits l'année dernière se sont trouvés quelques individus à feuilles

plus étroites et plus entières que celles du type; ses fleurs aussi sont un peu plus roses. Nous en avons fait le Buddleia curviflora salicifolia. Tout aussi rustique que le type, sa culture est tout à fait la même.

Tous les Buddleias fleurissant sur les bourgeons de l'année, peuvent être taillés au printemps; on peut même les rajeunir plus ou moins sévèrement; les bourgeons trèsvigoureux qui se développeront n'en produiront que de plus belles fleurs.

BIBLIOGRAPHIE

Nous avons sous les yeux un opuscule que vient de publier M. le Dr Clos, professeur de botanique à la Faculté des sciences de Toulouse, intitulé: Monographie de la préfoliation dans ses rapports avec les divers degrés de la classification. Bien que cet ouvrage soit particulièrement écrit au point de vue de la botanique, nous croyons devoir appeler sur lui l'attention des horticulteurs praticiens. Car, ainsi qu'on le sait, la botanique et l'horticulture sont tellement unies, que dans beaucoup de cas elles se complètent l'une l'autre; l'horticulteur s'appuie sur la botanique pour pratiquer certaines opérations basées sur la physiologie; le botaniste trouve parfois dans l'horticulture un sujet de contrôle et le moyen de résoudre certaines questions dont il chercherait vainement la solution dans un laboratoire.

La préfoliation, ainsi que l'indique le mot, est l'étude de l'arrangement ou de la disposition des feuilles avant (pre) leur épanouissement, c'est-à-dire lorsqu'elles sont encore enfermées dans le jeune bourgeon, qui à cet état est généralement désigné par le nom d'œil. La préfoliation est donc aux feuilles ce que la préfloraison est aux fleurs.

Une étude approfondie pendant plusieurs années et l'examen d'un nombre considérable d'espèces (plusieurs milliers) ont démontré à M. le docteur Clos que l'étude de la préfoliation est d'une importance capitale, et que, sous ce rapport, elle va de pair avec la préfloraison. Dans beaucoup de cas même l'étude de la préfoliation permet de classer avec certitude, à leur véritable place, des plantes dont les caractères tirés des organes floraux étaient insuffisants pour cela. Nous allons en citer quelques exemples pris parmi ceux rapportés par M. le docteur Clos.

Le genre Melianthus, qu'on range souvent dans les Zygophyllées, rentre par ses feuilles condupliquées dans les Thérébinthacées. La formation du genre Chaenomeles aux dépens du Cydonia japonica, Linné, est justifiée par la préfoliation. Ainsi, tandis

E.-A. CARRIÈRE.

que le Coignassier commun a les feuilles condupliquées, elles sont convolutées dans le genre Chaenomeles. Le genre Betonica, qui avait été réuni au genre Stachys, doit en être séparé à cause de ses feuilles révolutées; dans les Stachys, elles sont condupliquées. Le genre Pterocarya se sépare des Juglans par sa préfoliation convolutée, tandis qu'elle est condupliquée dans les Noyers.

En s'appuyant sur ces mêmes caractères, M. le docteur Clos démontre qu'on a eu raison de séparer les Cynoglossum des Omphalodes, les Eurybias des Aster, les Callistephus (Reines-Marguerites) des Aster, les Boehmerias (Urtica utilis, nivea, biloba, etc.) des autres espèces d'Orties; que c'est à tort que certains botanistes ont réuni le Crataegus pyracantha (Buisson ardent) au genre Cotoneaster, celui-ci ayant les feuilles condupliquées, tandis qu'elles sont convolutées dans le Buisson ardent.

Nous nous arrêtons à ces quelques exemples, qui nous paraissent suffisants pour faire ressortir l'importance du travail de M. le docteur Clos au point de vue de l'horticulture. En effet, qui ne sait que lorsqu'il s'agit de la multiplication des végétaux à l'aide de la greffe, le degré d'affinité entre le sujet et le greffon est souvent de la plus haute importance? Mais, hélas! tout travail, quel qu'il soit, porte le cachet de l'ouvrier, et aucun homme n'étant parfait, tout ce qui sort de ses mains porte le cachet de l'imperfection; le travail de M. le docteur Clos ne pouvait donc échapper à cette universelle loi. En effet, bien que généralement exact par les rapprochements qu'elle indique, la préfoliation comme toutes les règles, hélas ! présente néanmoins des exceptions. Il arrive même parfois qu'elle présente des différences entre les espèces d'un genre donné dans les Caryas, par exemple. Ainsi, tandis que les Caryas olivæformis, porcina, amara ont la préfoliation condupliquée, elle est involutée chez le Carya alba. Dans les Graminées on trouve les préfoliations condupliquée et involutée :

CONSERVATION DES ÉCHALAS.

on trouve même cette double préfoliation dans les espèces d'un même genre; tels sont les genres Kæleria, Glyceria, Melica, Lolium, Avena. Dans ce dernier genre les espèces annuelles ont la préfoliation convolutée; elle est condupliquée chez les espèces vivaces. Dans certains genres la préfoliation présente trois et même quatre modes (Allium) de préfoliation. Ainsi dans le genre Alnus, la préfoliation est PLANE dans les A. glutinosa et viridis, CONDUPLIQUÉE chez l'A. incana, CONVOLUTÉE chez l'A. cordifolia.

A la suite des citations exceptionnelles que nous venons de rapporter, M. le docteur Clos, qui nous les a fait connaître, cherche à les expliquer; il dit, pages 17-18:

Une des causes les plus évidentes de ces variations, c'est la FORME. On conçoit très-bien que dans les genres Sedum et Crassula, comprenant à la fois des espèces à feuilles cylindriques, et d'autres à feuilles aplaties et plus ou moins larges, la vernation soit différente, et elle l'est.

Ailleurs, la différence ne réside que dans le degré de largeur, et ce caractère SUFFIT à modifier le type de vernation du genre. C'est le cas pour les genres Armeria, Plantago, Galium. Ainsi les Armeria Alpina et vulgaris, les Plan

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Mais si la préfoliation est en rapport avec la forme des plantes, forme qui dans une même espèce peut varier du tout au tout, c'està-dire qu'une plante à feuilles très-larges pourra en produire à feuilles très-étroites, et vice versa, il pourra donc arriver que dans certains cas, les enfants devront être séparés de la mère, être placés même dans des genres différents. Cela ne nous étonnerait pas; nous en connaissons des exemples. Toutefois, ce que nous venons de dire n'enlève aucunement le mérite du travail que vient de publier M. le docteur Clos, et en faisant ces réflexions nous n'avons d'autre but que de faire ressortir une fois de plus l'enchaînement qui existe entre tous les végétaux, et de montrer que quelque bonne que soit une théorie, sa valeur n'est que relative. M. le docteur Clos n'est pas de ceux qui l'ignorent. E.-A. CARRIÈRE.

CONSERVATION DES ÉCHALAS

Un procédé très-bon pour conserver les échalas est le sulfatage. Bien que connu, ce procédé est encore peu pratiqué, ce qui tient sans doute à ce qu'on n'est pas suffisamment renseigné sur les avantages qu'il présente; certains doutent encore de ses bons effets; d'autres sont arrêtés par l'idée qu'il est d'une application difficile, deux points que nous tenons à éclairer.

Quant à l'usage, il suffit, pour démontrer qu'il est très-bon, de citer quelques faits. Ainsi, nous avons vu des tuteurs en rondins de Peupliers, sulfatés, plantés depuis quinze ans, qui sont encore très-solides; des rameaux de Sureau d'un an, sulfatés, peuvent rester plusieurs années dans le sol sans être pourris, tandis que sans préparation ils ne dureraient que quelques mois seulement. Il en est de même des jeunes pousses de Vernis, d'Osiers, etc. Quant à la préparation, elle est des plus simples et des plus faciles; il suffit d'avoir un réservoir (tonneau, auge, baquet, etc.) plus ou moins grand en raison de la quantité de tuteurs qu'on a à préparer; un seau même peut parfois suffire, par exemple si l'on n'avait à sulfater que des tuteurs pour des plantes faibles, cultivées en pots, etc. Notons toutefois, en passant, que les vaisseaux en métal doivent être rejetés, parce qu'ils sont fortement attaqués par l'acide sulfurique. Les cuves en bois, les tonneaux sont ce qu'il y a de mieux; mais l'on pourra se servir aussi d'auges ou de réservoirs en pierre et surtout en ciment.

Pour opérer le sulfatage, on prend du sulfate de cuivre dans la proportion de 5 kilogrammes par hectolitre d'eau. Autant que possible, on doit appointer les tuteurs avant de les mettre dans le bain, afin de n'avoir pas à les affiler lorsqu'ils seraient imprégnés, ce qui rendrait l'opération plus difficile et, de plus, occasionnerait une perte sèche, c'est-à-dire sans aucune compensation.

Les tuteurs seront placés debout dans le bain, le côté le plus fort en bas, c'està-dire qu'ils devront être placés dans le sens où ils ont poussé; ils devront baigner de manière à ce qu'ils simprègnent dans une plus grande longueur que celle qui devra être fichée en terre, car il ne faut jamais oublier que c'est principalement au point de contact avec la lumière, c'est-à-dire à peu près au niveau du sol, que les tuteurs se rompent.

Suivant la nature du bois et son degré de siccité, les tuteurs doivent rester dans le bain de huit à dix jours à un mois. Lorsqu'on les retire du bain, l'on doit, si on ne les emploie pas de suite, les mettre debout, mais dans une direction tout à fait opposée à celle qu'ils occupaient dans le bain, afin que les principes conservateurs contenus dans le bois aillent plutôt en s'étendant vers le sommet des tuteurs que de descendre vers leur extrémité inférieure.

Il va sans dire que, au fur et à mesure du besoin, il faut ajouter de l'eau pour rem

placer celle qui a été absorbée. De temps à autre aussi l'on ajoute un peu de sulfate de cuivre, de manière à remplacer celui qui a

été absorbé et que l'eau en soit toujours à peu près également chargée.

MALUS CERASIFERA PRÆCOX

Au nombre des plus beaux arbrisseaux d'ornement, l'on peut, sans aucune crainte, placer les Pommiers dits baccifères.

Le groupe déjà si intéressant de ces arbres vient encore de s'enrichir d'une nouvelle variété qui, à la beauté que ces végétaux présentent, joint la précocité. C'est le Malus cerasifera præcox. Obtenue par nous d'un pepin de M. cerasifera, cette variété est surtout remarquable par sa précocité. Ainsi, dès le mois de juillet, ses fruits sont déjà assez colorés pour produire un effet ornemental. Ces fruits, que l'arbre produit en abondance, sont de la grosseur d'une forte Cerise de Montmorency; ils sont d'un jaune brillant sur lequel s'étend çå et là une couche plus ou moins épaisse de carmin qui rehausse le tout et leur donne un

LEBAS.

cachet tout particulier de beauté. Quant au port et au feuillage de l'arbre, ils rappellent assez exactement ceux du Malus baccata.

Bien qu'ils soient mûrs de bonne heure, les fruits du M. cerasifera præcox se conservent pendant très-longtemps sur l'arbre. Comme chez presque toutes les variétés de Pommiers baccifères, on trouve sur celle-ci des fruits à ombilic très-développé et d'autres où il l'est à peine. Ceux chez lesquels l'ombilic est le plus développé ont des divisions calycinales très-longues, persistantes ; les autres, au contraire, indépendamment que l'ombilic est très-peu développé, ont les divisions calycinales très-réduites et caduques. En général, ce sont les fruits les plus gros dont les divisions calycinales persistent. E.-A. CARRIÈRE.

DELPHINIUM DENUDATUM

Les graines de cette espèce ont été envoyées en 1868 de Santiago au Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne par M. Durrutly. C'est une plante vivace à tige dressée, raide, ramifiée.

A en juger par son facies général, le D. denudatum ira se placer dans la section du Delphinium grandiflorum, bien qu'il soit très-différent de celui-ci. Ses feuilles de grandeur moyenne sont palmiséquées, à divisions ténues très-régulières; les tiges, hautes de 30 à 50 centimètres, ramifiées, portent des fleurs bleu rosé, à reflets irrisés.

Cette espèce est-elle la même que celle dont a parlé Wallich (Cat. Ind. Or.)? On peut le supposer.

Comme la plupart des Delphinium, l'espèce dont il s'agit ici donnera probablement beaucoup de variétés, fait qui semble même indiqué par ce que nous avons remarqué au Jardin d'acclimatation. Là, en effet, les quelques pieds qui ont fleuri différaient tous les uns des autres par la couleur de leurs fleurs, bien que leurs feuilles soient à peu près semblables. Fécondé avec les belles variétés de Delphinium que l'on possède actuellement, il est très-probable qu'on obtiendra de nouvelles races particulièrement propres à l'ornementation des jardins.

PLANTES NOUVELLES

Lonicera macrophylla rubra. - Plante volubile, d'une vigueur excessive, à feuilles très-grandes, les supérieures (celles qui avoisinent l'inflorescence) connées, les inférieures sessiles ou à peu près, vertes et glabres en dessus, d'un glauque pruineux abondant en dessous. Fleurs nombreuses, très rapprochées et formant des têtes ou sortes de capitules sphériques compacts, rouge brique ou lie de vin avant l'épanouissement, rouge cuivré plus ou moins foncé à l'intérieur des parties étalées. Corolle monopétale longuement tubulée, divisée au sommet en deux parties, l'une simple et étroite, l'autre beaucoup plus large, lobée. Style très-longuement saillant, à stigmate subsphérique jaune. Obtenu par M. Billiard, dit la

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E.-A. CARRIÈRE.

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CHRONIQUE HORTICOLE (PREMIÈRE QUINZAINE DE SEPTEMBRE)

Les semis d'automne.

Plantation des

Création à Paris d'un marché couvert pour les fleurs. plantes bulbeuses. Catalogue de M. Van Houtte. Poiriers greffés sur Pommiers. - Expérience faite au Muséum. - Manière d'opérer. — Fécondation artificielle. - Expériences faites par M. Quétier sur des Pommes de terre. Nouvelle forme de Seigle. Les panachures des plantes. Expériences de M. Rafarin sur l'Arundo donax variegata. A propos de nos expériences sur les Radis. Ajournement de l'Exposition horticole d'Yvetot. Lettre de M. des Héberts. — Communication relative aux arbustes du genre Vitex. La Pêche China flat Peach. Rosiers à rameaux sarmenteux; leur culture en Amérique. Serre de M. Buchanal. — Article de M. de Saint-Innocent sur la culture du Fraisier. Maladies des végétaux. Maladie des Groseilliers à maquereaux.

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La consternation dans laquelle doit être plongé tout cœur français en présence des malheureux événements qui nous frappent ne doit cependant pas nous abattre ni nous détourner de la route du devoir; entre les moments que nous laissent les graves préoccupations politiques, chacun doit être à son poste et remplir les conditions dans lesquelles les circonstances l'ont placé. Nous n'y faillirons pas, et bien que le cœur serré, nous commençons cette Chronique.

Une amélioration depuis longtemps réclamée est la création, à Paris, d'un marché aux fleurs couvert, c'est-à-dire à l'abri des intempéries. Le désir qui bien des fois en a été exprimé dans ce journal vient d'être en partie réalisé. C'est au marché Saint-Honoré que l'essai a été tenté; réussira-t-il ?

Indépendamment des plantes en pots, des fleurs coupées, des bouquets qu'on trouve là tous les jours, il y a des marchands de graines, d'oignons à fleurs, d'outils et d'ustensiles propres au jardinage et à la décoration des jardins et des salons, etc. La création de ce marché remonte à quelques mois déjà. Nous avons voulu, avant d'en parler, attendre qu'il y ait quelques résultats; ceux-ci, en tenant compte des conditions dans lesquelles nous nous trouvons, permettent d'espérer que l'idée est bonne et que le temps de la mettre à exécution était arrivé.

Voici de nouveau l'automne arrivé, époque où, en même temps qu'on fait les récoltes, il faut penser à semer. Malheureusement les tristes événements auxquels nous assistons font que bien des récoltes ont été anticipées ou compromises, et, ce qui est pis, c'est que sur une grande partie du sol français, il ne sera peut-être pas possible d'ensemencer cette année. Mais n'anticipons pas; n'assombrissons pas un tableau qui est déjà beaucoup trop chargé; revenons aux jardins, et rappelons à nos lecteurs que voici bientôt le moment où il faut mettre en pleine terre bon nombre de plantes bulbeuses, remplacer les plantes vivaces qui auraient manqué, ou bien en planter là où il en est besoin. C'est pour cette raison que nous croyons

16 SEPTEMBRE 1870.

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devoir informer nos lecteurs qu'un horticulteur bien connu, M. Louis Van Houtte, de Gand, vient de publier un catalogue des plus complets comprenant à peu près tout ce qu'on peut désirer pour l'ornementation des jardins soit en plantes bulbeuses ou tubéreuses, soit en plantes vivaces, arbustes ou arbrisseaux de pleine terre de bruyère, etc. Ce catalogue, sur lequel on trouve aussi divers renseignements relatifs aux caractères des plantes, à des particularités qu'elles présentent ou à des observations particulières sur leur culture, est terminé par une liste des graines qu'on doit semer en aoûtseptembre. Ceux qui désirent le recevoir pourront en faire la demande à M. Louis Van Houtte, horticulteur à Gand (Belgique).

Est-il vrai, ainsi qu'on l'a dit et qu'on le répète tous les jours, que les Poiriers ne peuvent être greffés sur Pommiers, avec quelque chance de réussite? D'une manière générale et relative, l'assertion est vraie; elle cesse de l'être si l'on considère les choses d'une manière absolue. Il faut bien se pénétrer de ce fait que tous les Poiriers n'ont ni les mêmes caractères particuliers ni le mème tempérament, d'où il résulte qu'on a tort lorsqu'on les considère tous comme une sorte d'individualité typique. A-t-on jamais fait des expériences sérieuses, c'està-dire sur une assez grande échelle qui permît d'asseoir une opinion de quelque valeur? Nous ne le croyons pas. On s'est borné à faire un petit nombre de greffes de quelques variétés seulement, et c'est sur de pareils faits qu'on a tiré des conséquences absolues. Que les non réussites qu'on a accusées soient vraies, nous n'en doutons pas; ce que nous regrettons, c'est qu'on ait de ces quelques faits tiré des conséquences générales et absolues. Nous avons au Muséum deux exemples qui viennent appuyer notre dire en enlevant à la règle qu'on a posée son caractère exclusif. L'un de ces exemples est un Beurré de Malines qui est en ce moment chargé de très-beaux fruits; l'autre est un Beurré Spence ou Fondante des bois, qui, cette année, était également chargé de fruits magnifiques. Ces arbres, qui sont beaux et

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vigoureux, et dont l'écorce très-nette accuse une santé parfaite, ont été greffés sur Pommier Doucin, en 1856. Ce n'est pas le hasard, mais le désir de vérifier l'assertion de la prétendue incompatibilité organique qui nous a donné l'idée de faire cette expérience, et si nous en parlons ici, c'est afin d'engager à la répéter sur une plus grande échelle et sur différents points, c'est-à-dire dans différentes localités, car nous ne saurions trop le répéter, il faut se garder de généraliser, et au contraire on ne saurait trop rappeler que, en culture surtout, on ne peut juger que sur des faits, et qu'une chose qui ne peut se faire dans un endroit réussit parfois dans un autre.

Voici à notre avis comment il faudrait opérer prendre une cinquantaine de variétés de Poiriers et en greffer deux sujets de chacune en écusson, et deux autres sujets en fente. Si nous engageons de greffer en fente et en écusson comparativement, c'est qu'il est des cas où ces opérations donnent des résultats complètement différents. Cela pourra peut-être paraître singulier, mais cela est; les faits sont là.

-Bien des fois déjà, dans ce recueil, nous avons parlé de la fécondation artificielle et des avantages considérables que l'on peut en retirer quand elle est pratiquée avec discernement. Dans un article spécial (Revue horticole, 1869, p. 346) nous avons fait connaître une série d'expériences faites par M. Quetier, horticulteur à Meaux, sur des Pommes de terre, et indiqué d'une manière générale les résultats si remarquables que ce fécondateur par excellence avait obtenus. Les nombreuses variétés qui étaient sorties du produit de ces fécondations ont été plantées au printemps de cette année, et malgré le temps si désavantageux qu'il a fait pour ces sortes de cultures, il y a eu des résultats magnifiques; certaines variétés surtout se sont montrées aussi fertiles qu'elles sont belles et bonnes. Cinq variétés entre autres semblent réunir toutes les conditions désirables: beauté, grosseur, fertilité, précocité, vigueur. M. Quetier consentirait volontiers à en céder la propriété. Notre opinion n'est pas encore formée sur les autres variétés.

aussi des plus intéressantes au point de vue scientifique, en ce sens qu'elle montre la spontanéité des variétés, comment elles se forment, et par conséquent aussi d'où viennent les espèces qui ne sont autres que des variétés fixées, quoi qu'en disent certains naturalistes. Nous donnerons prochainement une gravure de cette variété que nous accompagnerons de détails sur les caractères qu'elle comporte.

- Une idée généralement admise en botanique, c'est que les panachures étant des maladies, elles sont d'autant plus marquées que les plantes souffrent davantage dans leur végétation, d'où cette recommandation que « pour avoir des plantes bien panachées, il faut les tenir à l'étroit, c'est-à-dire les priver de nourriture, en un mot qu'il faut les faire languir. » Est ce vrai? D'une manière générale, oui; mais il y a à cette règle de nombreuses exceptions; nous allons en citer une qui porte sur une plante bien connue sur l'Arundo donax variegata. Le fait, dont nous avons été témoin, s'est produit au fleuriste de Paris. Voici comment: un certain nombre de pieds d'Arundo donax variegata avaient été mis dans des pots, en prévoyance des besoins qui pourraient survenir, et aussi pour avoir des plantes bien panachées. Un autre pied de cette même plante, au contraire, fut mis en pleine terre, dans un sol bien préparé et auquel on avait mélangé des engrais, afin d'obtenir une forte végétation. Ce pied qui était placé tout près d'un bassin, qui par conséquent était dans une humidité permanente, développa de nombreux et vigoureux bourgeons, tous excessivement panachés, contrairement à ce qu'on aurait pu espérer. Les pieds cultivés en pots et dont l'origine était la même produisirent tous des bourgeons complètement verts. En voyant ce fait, M. Rafarin eut l'idée de mettre ces plantes dans le bassin (le dessus des pots était recouvert de quelques centimètres d'eau), à côté de celui qui était en pleine terre. Quel ne fut pas son étonnement lorsque quelques jours après il vit ses plantes, de vertes qu'elles étaient, se développer vigoureusement, tout en prenant un aspect des plus panachés! Ayant été témoin des faits que nous venons de rapporter, nous partageons l'étonnement de notre collègue; aussi, si l'on nous demandait l'explication de ces faits, nous répondrions sans hésiter que nous n'en pouvons donner, à moins qu'on se contente de celle-ci : le changement de milieu a déterminé une modification dans l'or

Considérant que rien n'est plus utile à la science que l'origine des choses qui la constituent, nous regardons comme un impérieux devoir de signaler les faits nouveaux à mesure qu'ils se produisent. Un des plus remarquables de ceux que nous avons eu occasion de voir récemment, c'est l'ap-ganisme, laquelle s'est traduite par un chanparition d'une nouvelle forme de Seigle, née spontanément dans le jardin d'un de nos collègues. Cette variété, qui est tout à fait analogue à celle qui est connue sous le nom de Blé de miracle, est des plus curieuses et

gement dans le faciès. Cette explication, que l'on pourra peut-être trouver digne de M. de la Palisse, en vaut bien une autre pourtant; elle a du moins pour elle la logique et la clarté, ce qui suffirait pour la distinguer de

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