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plus grand et n'a pas, comme lui, l'inconvėnient d'être dévoré par les chenilles. Voici l'énumération de ses caractères :

Arbre de moyenne grandeur, vigoureux, très-rustique,à tige robuste promptement couronnée par des branches fortes, longues, subdressées; bourgeons à écorce couverte de poils appliqués, gris cendré; feuilles caduques longuement pétiolées, courtement ovales-elliptiques, bordées de dents inégales, peu profondes, obtuses, courtement arrondies, cordiformes, parfois légèrement échancrées à la base, d'un vert jaunâtre, portant sur le pétiole, près du limbe, deux très-fortes glandes globuleuses qui disparaissent sur les vieilles feuilles. Fleurs blanches, très-nombreuses, réunies en sortes d'ombelles comme celles des Merisiers dont, au reste, elles ont tous les caractères. Fruit d'un rouge plus ou moins foncé qui passe même au noir, à chair adhérente au noyau, douce, sucrée, agréable et tout à fait analogue à celle de la plupart des Merises de nos bois dont elles rappellent la forme, la grosseur, l'aspect et même la saveur; noyau très-courtement ovale, arrondi, renflé sur les faces, qui sont très-unies.

Le C. Fontanesiana est-il une espèce? Pourquoi non, puisqu'il est très-distinct? Sous ce rapport il présente mème cet avantage que ne fructifiant pas, ou du moins ne

fructifiant que très-rarement, dans nos cultures il est affranchi de tout contrôle, ce qui est précieux pour les botanistes de cabinet qui alors n'ont pas à s'occuper de variétés qui, très-souvent, viennent gèner leurs combinaisons. Quant à nous, ce fait nous importe peu; il nous suffit de faire connaître cette plante que nous recommandons pour l'ornement et même au point de vue du boisement ou du reboisement dans des terrains secs et arides, là où beaucoup d'autres arbres ne viendraient pas.

A défaut de graines, on multiplie le C. Fontanesiana par la greffe qu'on pratique sur le Mahaleb commun, vulgairement Sainte-Lucie (Mahaleb vulgaris, C. Mahaleb), sur lequel il reprend et pousse trèsbien. Si l'on parvenait à multiplier facilement le C. Fontanesiana, peut-être pourraiton l'employer comme sujet. L'essai vaut la peine d'ètre tenté.

Le C. Fontanesiana, que l'on dit originaire de la Grèce, ne serait-il pas dans cette partie du monde l'analogue du Merisier sauvage en France et que l'on rencontre si fréquemment dans nos bois? Le fait serait que nous n'en serions pas surpris; l'aspect général de l'arbre, mais surtout la nature, la forme et la saveur du fruit, sembleraient appuyer cette hypothèse. E.-A. CARRIÈRE.

BAMBUSA FLEXUOSA

Dans le numéro du 1er août 1869 de la Revue horticole, nous avons fait connaître deux nouvelles espèces de Bambous introduits de la Chine et du Japon, au jardin d'acclimatation du bois de Boulogne; c'étaient les Bambusa Quilioi (1) et violascens, deux plantes de premier mérite ornemental, très-rustiques, et que l'on peut recommander.

L'espèce dont nous allons parler, le B. flexuosa, est originaire de la Chine d'où elle a été envoyée, en 1864, à M. Drouyn de Lhuys, qui l'a donnée au Jardin de la Société d'acclimatation du bois de Boulogne, où elle a été mise en pleine terre quelque temps après son arrivée.

Depuis plusieurs années que nous suivons le B. flexuosa, nous avons pu constater qu'il est joli et vigoureux; si nous ne l'avons pas décrit plus tôt, c'est que nous n'étions pas certain de sa rusticité; aujourd'hui il en est autrement, et deux pieds qui ont été plantés en pleine terre, en plein air, au Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne, nous ont convaincu que cette plante est parfaitement rustique sous le climat de Paris. Nous allons

(1) C'est par erreur qu'on a écrit Duquilioi; c'est Quilioi qu'il faut écrire.

donc en faire connaître les principaux caractères.

Tiges très-ramifiées, atteignant 4 mètres et plus de hauteur, comme brisées, c'est-àdire à entre-nœuds dirigés alternativement de droite à gauche et de gauche à droite, ainsi que cela a lieu sur les branches du Spirea flexuosa, à ramifications étalées, longues, grèles. Feuilles de 12 à 20 centimètres de longueur, sur environ 15 à 18 millimètres de largeur, minces, vert foncé en dessus, sensiblement glauques-bleuâtres en dessous. Ligule le plus ordinairement dépourvue de cils, excepté à l'extrémité des fortes pousses où il existe des poils d'un grisroux, longuement prolongée au-dessus du point d'insertion de la feuille.

Le B. flexuosa se place auprès du B. viridi-glaucescens dont il a l'aspect général, mais dont il est néanmoins très-distinct par ces sortes de brisures ou de coudes que présentent alternativement ses tiges. C'est une très-belle plante de plus à inscrire parmi les introductions dues à la Société d'acclimatation du bois de Boulogne. Il figure sous le no 7 du catalogue de cet établissement, sous lequel il a déjà été répandu.

E.-A. CARRIÈRE.

Orléans, imp. de G. JACOB, cloître Saint-Etienne, 4.

CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE D'AOUT)

Ajournement du Congrés pomologique de MarAjournement de l'Exposition d'horticulture de Lyon. Nomination de M. Du seille. Vote de la Société d'horticulture de Meaux. Secours aux blessés. · Breuil au grade de chevalier de la Légion-d'Honneur. Les Fraisiers du docteur Nicaise. — Circulaire de M. Riffaud. · Nouvelles variétés de Fraisiers mises au commerce.

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Le Lagerstroemia indica comme plante d'ornement.

Communication de M. Millaud. Médaille d'or accordée par la Société d'horticulture au Dictionnaire pomologique de M. Leroy. — Les insectes destructeurs du Phylloxera. Étude de la question par la Société Lettre de MM. Planchon et Lichtensten à M. Drouyn de Lhuys. Effets des grandes chad'acclimatation. Lettre de M. Liabaud, relative au chauffage des serres. Lettre de M. Lafont, de Bordeaux. leurs du mois de juillet dernier sur les végétaux. culture en pleine terre à Cherbourg.

Les tristes événements auxquels nous assistons, en jetant la consternation et le deuil dans toutes les familles, mettent arrèt aux projets d'exposition et de congrès d'horticulture qui avaient été annoncés. On comprend en effet que, dans d'aussi tristes circonstances, l'esprit soit à toute autre chose qu'à ces réunions, et que l'argent qui y était consacré reçoive aussi une tout autre destination. Ainsi, l'exposition d'horticulture qui devait avoir lieu à Lyon le 15 septembre prochain n'aura pas lieu. Voici, à ce sujet, ce que nous lisons dans un journal de Lyon (le Salut public, 17 août):

La Société impériale d'horticulture pratique du Rhône porte à la connaissance de ses membres et du public le résultat de la séance générale la Société a tenue le 13 août : que

10 La Société suspend l'exécution de ses actes relatifs à l'exposition et aux visites aux établissements. Il n'y aura donc ni exposition ni attribution de récompenses.

20 La Société a établi une liste de souscription pour les victimes de la guerre qui a été déjà signée par tous les membres présents à la séance.

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· Essais de

mérité; son enseignement, on peut le dire, est un de ceux qui ont le plus profité à l'horticulture en général, à l'arboriculture surtout, ce que va démontrer le court exposé des motifs qui lui ont valu cette distinction :

10 Enseignement public et officiel de l'agriculture et de l'arboriculture depuis 1835; 20 Cours public d'arboriculture au Conservatoire des Arts-et-Métiers depuis 20 ans, sans honoraires ;

3o Cours nomades d'arboriculture dans les départements depuis 18 ans ;

4° Création de l'Ecole pratique d'arboriculture de la ville de Paris, à Saint-Mandé;

50 Publication de nombreux articles sur l'arboriculture, et en particulier d'un Traité général d'arboriculture. Pour donner une idée de l'importance de cet ouvrage, il nous suffira de dire qu'il a été traduit dans toutes les langues de l'Europe, ainsi que dans les diverses provinces des Etats-Unis.

On peut voir par cette courte énumération que en accordant à M. Du Breuil cette marque de haute distinction, on n'a fait que lui rendre justice. Peut-être même pourrait-on regretter qu'on l'eût fait si tard. C'est donc le cas de répéter: Mieux vaut tard que ja

Mue mais. des sentiments de confraterpar nité patriotique analogues à ceux qui animent la Société d'horticulture lyonnaise, et afin de compatir aux douleurs qui affligent notre pays, la Société d'horticulture de l'arrondissement de Meaux, dans une séance provoquée extraordinairement, a voté à l'unanimité diverses sommes devant être affectées à des besoins nationaux, soit pour les malheureux blessés, soit pour soulager leurs familles qui se trouvent si cruellement frappées.

Par un décret du 8 août dernier, M. Du Breuil, professeur d'arboriculture aux Artset-Métiers, à Paris, a été nommẻ chevalier de la Légion-d'Honneur. En apprenant cette nouvelle, nos lecteurs, nous n'en doutons pas, ne seront surpris que d'une chose que M. Du Breuil ne soit pas décoré depuis longtemps. Peu d'hommes en effet l'ont mieux 1er SEPTEMBRE 1870.

En enlevant le docteur Nicaise, on pouvait craindre que du même coup la mort fit disparaitre les nombreux et intéressants semis de Fraisiers qu'il avait obtenus; il n'en est rien, ainsi qu'on va le voir. Il n'est pas nécessaire de rappeler les services que cet excellent homme a rendus à l'horticulture, car indépendamment que cela a déjà été dit, les faits sont là.

A la mort de ce bon et regretté docteur, il restait, ainsi qu'il vient d'être dit, de nombreux semis de Fraisiers de différents àges. Plutôt par respect pour sa mémoire et pour laisser son nom attaché à l'œuvre à laquelle il s'était voué que par spéculation, son honorable famille a cédé en toute propriété à M. Riffaud, qui depuis bien des années s'occupait tout particulièrement de cette culture, le jardin duquel sont sorties tant de bonnes

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variétés de Fraises. Dans de telles mains, l'établissement ne pouvait que prospérer; aussi l'on ne sera pas surpris d'apprendre que M. Riffaud va mettre prochainement au commerce, six nouvelles variétés. C'est ce qu'il nous fait connaître dans une circulaire qu'il vient de publier, et que dans l'intérêt de l'horticulture nous croyons devoir reproduire. La voici :

Propriétaire du jardin et de la belle collection de Fraisiers de M. le docteur Nicaise, j'ai l'honneur de vous informer que je mettrai cette année dans le commerce six variétés inédites provenant de cette collection, dont vous pourrez facilement apprécier le mérite réel.

Adonné avec passion à la culture du Fraisier qui lui plaisait entre toutes, M. le docteur Nicaise, par des fécondations habilement combinées, avait obtenu des variétés du plus grand mérite dont je suis devenu, pour les plus nouvelles, l'unique possesseur.

Souvent très-heureux dans ses gains, toujours très-sévère dans son choix, il n'admettait que les variétés réunissant toutes les conditions désirables, tant sous le rapport de la grosseur et de la saveur du fruit que sous celui de la fertilité et de la rusticité de la plante; aussi sa collection, quoique nombreuse, ne se compose-t-elle que de sujets d'élite.

Les six variétés que je mets dans le commerce ont été décrites avec la plus grande exactitude, après avoir été observées pendant plusieurs années; elles seront livrables à partir du premier octobre 1870 au prix de 3 fr. la pièce; les six variétés prises ensemble, 15 fr.

S'adresser pour la vente à M. J. Riffaud, jardinier de feu le docteur Nicaise, rue de la Comédie, no 5, à Châlons-sur-Marne.

Les expéditions seront faites avec le plus grand soin par la voie des chemins de fer, si un autre mode de transport n'est indiqué.

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Les livraisons seront faites contre remboursement pour celles qui ne seraient pas couvertes par un mandat sur la poste. Voici la description des six variétés de Fraises dont il vient d'être parlé : 1. Duc de Magenta. Fruit gros ou très-gros; de forme camarde arrondie, rouge vermillon clair avec beau vernis; graines jaunes distancées et très-saillantes; chair rouge marbrée blanc, juteuse, très-sucrée et très-parfumée; variété fertile, vigoureuse et rustique; qualité supérieure (maturité moyenne).

2. Marie Nicaise. - Fruit gros, de très-belle forme conique, beau vernis; graines brunes peu saillantes; chair blanche pleine, sucrée, parfumée, d'un goût très-agréable; plante très-vigoureuse et très-rustique, et d'une grande fertilité (maturité moyenne).

3. Berthe Montjoie. Fruit assez gros, de forme ronde un peu allongée, couleur rouge vermillon, beau vernis; graines petites et enfoncées; chair saumonée pleine, sucrée, juteuse, légèrement acidulée; variété vigoureuse et fertile (maturité moyenne).

4. Auguste Nicaise. - Fruit très-gros, de trèsjolie forme arrondie en cœur ; graines d'un beau jaune clair, régulièrement disposées, tranchant d'une manière admirable sur le fruit, d'une nuance écarlate; chair pleine, saumon foncé, ju

teuse, parfumée, agréablement acidulée et ayant un goût très-prononcé d'abricot; eau abondante et rafraîchissante. Plante vigoureuse, naine, trèsrustique et d'une grande fertilité; bien que les fruits soient très-abondants, ils sont généralement de grosseur égale; variété de premier ordre (maturité moyenne).

5. Madame Nicaise. Fruit gros, affectant diverses forines sur le même pied, les uns aplatis à côtes, les autres à surface régulière et légèrement aplatie, d'autres en cône allongé; graines violettes saillantes; couleur noire à reflets violets; fruit très-ferme, ce qui lui permet de voyager sans être détérioré; chair pleine, presque blanche, formant un contraste frappant avec la couleur noire du fruit, très-sucrée, juteuse, très-parfumée, avec goût de framboise; variété vigoureuse et des plus méritantes (maturité moyenne). 6. Anna de Rothschild. - Fruit gros, rouge vermillon, aplati ou en cône tronqué; graines saillantes, chair blanche veinée de rouge, pleine, juteuse, parfumée, sucrée et légèrement acidulée; variété demi-naine, très-fertile (vigoureuse, très-tardive).

-- Un de nos abonnés, habitant un petit village près Château-Thierry, nous adresse une lettre qui nous paraît devoir intéresser nos lecteurs, et que nous croyons devoir reproduire. La voici :

Monsieur le rédacteur,

Amateur passionné d'horticulture, j'aime à me tenir au courant des nouveautés, et pour cela j'achète, autant que mes moyens me le permettent, tout ce qui me paraît présenter de l'intérêt. Mais quel que soit l'amour que je porte aux nouveautés, il ne m'empêche pas d'aimer les vieilles choses lorsqu'elles sont méritantes; cela tient-il à ce que moi-même je ne suis plus jeune, ou bien au culte du souvenir qui fait qu'on abandonne rarement ce qui a fait la joie de ses premières années? Je ne sais. Je constate un fait, voilà tout.

Je n'abuserai pas plus longtemps de vos moments ni de la place que vous voulez bien m'accorder, et, mettant fin à cette sorte d'exorde, je vais vous faire connaître le sujet de la présente lettre qui, cela va sans dire, a trait à l'horticulture, et, sans autre préambule, je dis qu'elle est exclusivement propre au Lagerstroemia indica. Cette plante, à mon sens, est l'une des plus belles que je connaisse; aussi suis-je étonné de la voir si peu répandue. J'en ai des pieds que je cultive depuis plus de vingt ans et qui chaque année, et presque sans soins, me donnent pendant deux mois environ (août, septembre), des milliers de fleurs, rose violacé ou rose vif, car parmi les quelques pieds que je possède, il s'en trouve deux variétés, mais également jolies.

J'ai dit plus haut que c'était à peu près sans soins que chaque année j'obtiens de mes Lagerstræmia une floraison magnifique. En effet, mes plantes sont en caisses, et depuis dix an je n'ai fait autre chose que de les arroser de temps à autre. Après que les premières gelées ont fait tomber les feuilles, je rentre mes Lagerstræmia dans une orangerie, derrière d'autres plantes, car elles n'ont même pas besoin de jour. Pendant l'hiver peu ou pas d'arrosement, et au printemps suivant je les sors de

CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE D'AOut).

nouveau, et comme l'année précédente je les place dans la partie la plus chaude de mon jardin. Voilà, Monsieur le directeur, comment sans frais et sans travail, pour ainsi dire, j'obtiens chaque année des résultats qui excitent l'envie de tous ceux qui en sont témoins; si vous trouvez que ma lettre présente quelque intérêt aux lecteurs de la Revue horticole, je vous autorise à la publier.

Agréez, etc.

MILLAUD,

Un de vos abonnés.

C'est avec plaisir que nous publions la lettre qu'on vient de lire; nous en remercions tout particulièrement l'auteur, dont nous partageons complètement les idées en ce qui concerne le Lagerstroemia indica qui, comme le dit M. Millaud, est une plante de premier mérite ornemental. Aussi et pour cette raison, nous croyons devoir ajouter quelques détails au sujet de cette plante, relativement à sa culture. Il n'est pas indispensable d'avoir une serre pour cultiver le L. indica; il suffit, pour l'hiver de lever les pieds en motte et de les placer dans un cellier ou dans un endroit à l'abri de la gelée, d'où on les sortirait aux premiers beaux jours du printemps pour les planter en pleine terre, ainsi que l'a dit M. Millaud. On peut donc les traiter comme on le fait des Erythrines, par exemple

Dans une de ses dernières séances, la Société impériale et centrale d'horticulture de France a décerné une médaille d'or à

M. A. Leroy, pour son Dictionnaire pomologique. Les deux volumes parus de ce trèsremarquable travail sont entièrement consacrés aux Poires; le troisième, qui paraîtra très-prochainement, est particulier aux Pommes. Nous reviendrons sur ce travail. En attendant, rappelons à nos lecteurs que c'est l'ouvrage le plus complet de pomologie de tous ceux qui ont été faits jusqu'à ce jour historique, origine, description, particularités, etc., rien n'a été omis. C'est donc un ouvrage indispensable à tous ceux qui s'occupent d'arboriculture fruitière.

L'extension considérable et malheureuse qu'a prise en France le phylloxera vastatrix, et l'importance de cette question, nous font un devoir de consigner dans ce recueil tous les documents que nous jugerons pouvoir éclairer ce sujet. C'est ce qui nous engage à reproduire une lettre adressée à M. Drouyn de Lhuys par MM. Planchon et J. Lichtenstein, et publiée dans le Bulletin de la Société des agriculteurs de France, page 297, no du 15 août 1870. Voici cette lettre :

Montpellier, le 19 juin 1870.
Monsieur le président,

Une longue et consciencieuse étude de la nouvelle maladie qui désole nos vignobles nous a amené à quelques résultats.

Aujourd'hui nous sommes plus que jamais con

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vaincus, comme du reste le sont avec nous, non seulement nos collègues de la commission instituée pour l'étude de cette maladie, mais à peu près aussi toutes les sociétés d'agriculture de France, que le mal est dû au petit insecte nommé par l'un de nous, qui le découvrit le premier, phylloxera vastatrix.

Nous croyons cet insecte originaire des ÉtatsUnis de l'Amérique du Nord, où on l'a déjà signalé lui-même, ou du moins une espèce excessivement voisine, comme attaquant les Vignes de l'Illinois, du Missouri, de New-York, etc. Les savants américains Asa Fitch, Walsh, Shimer, Riley, l'ont très-bien observé et décrit dans leurs ouvrages. proportions d'une calamité publique depuis douze Seulement en Amérique ce fléau n'a pas pris les ou treize ans qu'il y est connu. En Europe, à la deuxième année de sa découverte, nous voyons des pays entiers dévastés, et les pertes matérielles de nos départements les plus fertiles se chiffrent. par millions. Pourquoi les ravages de cet insecte sont-ils plus terribles en Europe que dans sa patrie? Ne serait-ce pas parce que les insectes parasites ou plutôt mangeurs de ces pucerons sont très-nombreux en Amérique et manquent en Europe?

Walsh et Riley citent cinq insectes au moins comme destructeurs du phylloxera, que Fitch appelle Pemphigus vitifolia et Shimer Dactylosphora vitifolia. Ces cíng insectes, appartenant aux genres Scymnus (coléoptères), Syrphus (diptères), Hemerobius (névroptères), Anthocoris (hémiptères), ne sont pas en Europe (1).

Nous avons reçu le mal sans son correctif naturel, car, en général, tout insecte nuisible a dans le pays qu'il habite un ou plusieurs ennemis dont loppement exagéré de l'insecte nuisible. Il s'agile rôle paraît être celui de restreindre le déverait donc d'importer les insectes ennemis du phylloxera et de les répandre dans les pays envahis.

Est-ce faisable? est-ce pratique? Nous croyons que oui, et nous sommes prêts quand et comme vous voudrez à développer plus amplement que nous ne pouvons le faire par une simple lettre les raisons qui nous paraissent conseiller une introduction immédiate des ennemis du phylloxera. En tout cas, cela ne peut faire aucun mal; car tous les insectes cités plus haut sont essentiellement aphidiphages, c'est-à-dire qu'ils ne se nourrissent que de pucerons. La difficulté serait peut-être dans l'approvisionnement et l'envoi de ces utiles auxiliaires, mais cela ne nous paraît pas un obstacle insurmontable.

Il vous appartiendrait, comme président de la Société d'acclimatation, et par suite de l'influence légitime que vous ont donnée vos anciennes relations diplomatiques, de contribuer à doter nos pays vinicoles d'un moyen de salut indiqué par la science et qui serait peut-être, malgré son apparence paradoxale, le plus efficace de tous. Agréez, etc.

J.-E. PLANCHON et J. LICHTENSTEIN.

(1) Depuis que cette lettre est écrite, nous avons vu une larve d'hémérobe sur des feuilles à galles de phylloxera que M. Laliman nous a envoyées de Bordeaux. Nous savons d'ailleurs que des Scymnus, des Syrphus, des Anthocoris, des Hemerobius d'Europe dévorent le phylloxera quercus. Il serait donc possible que les mêmes espèces mangeassent le phylloxera vastatrix, au moins quand il habite les feuilles. (Note ajoutée pendant l'impression.)

Quelques mots qui suivent cette lettre nous apprennent que M. Drouyn de Lhuys, répondant au vou exprimé dans cette lettre, a chargé immédiatement une commission de la Société impériale d'acclimatation d'aviser aux moyens d'introduire en France, si c'est possible, ces insectes' désignés comme destructeurs du phylloxera.

Sans nous préoccuper de l'origine du phylloxera, ni à savoir s'il nous vient des ÉtatsUnis et si c'est bien la même espèce que celle qu'on a découverte dans l'Illinois, le Missouri, etc., nous ferons observer qu'il pourrait peut-être y avoir des inconvénients à introduire les ennemis du phylloxera, qui, ici, pourraient ne pas être un ennemi de ce dernier et devenir, à leur tour, soit un autre ennemi de nos Vignes, soit un fléau pour d'autres végétaux également précieux. N'oublions pas que tout est relatif, que ce qui est un bien là-bas peut être un mal ici.

A propos des observations faites par M. Durand au sujet d'un chauffage inventé par M. Mathian, de Lyon, M. Liabaud, horticulteur à Lyon, nous adresse une lettre, en nous priant de la reproduire dans la Revue horticole, ce que nous allons faire, la croyant de nature à intéresser nos lecteurs. Voici cette lettre :

Monsieur le rédacteur,

Dans mon article sur les chauffages, publié en juin dernier, il n'était pas dans ma pensée de combattre les autres systèmes de thermosiphon pour les serres, pas plus ceux de M. Gervais que ceux de MM. Cerbelaud, Charopin, etc., etc.; j'ai voulu simplement faire connaître un système qui m'a paru réunir de grands avantages calorifiques et d'économie de combustible.

Je suis donc étonné de la comparaison que M. Durand, chef de culture à Noyant, établit entre l'économie de combustible de son système et de celui que j'emploie, cela d'autant plus que l'étendue de mes six serres et de leur cube d'air est beaucoup plus considérable que celle des serres et bâches de M. Durand; les chiffres que j'ai donnés précédemment et que je vais mettre en regard avec ceux de M. Durand vous mettront à même d'en juger.

10 En faisant le cube d'air des deux serres, du jardin d'hiver et des trois bâches à primeurs de M. Durand, on trouve que le volume d'air est de 900 mètres cubes, tandis que celui de mes six serres est de 2,100 mètres cubes; la différence en ma faveur est donc de 1,200 mètres cubes.

20 La surface de vitrage des serres de M. Durand est de 600 mètres carrés, et chez moi il y a 950 mètres carrés de vitrage; la différence est encore en ma faveur de 350 mètres carrés.

3o La moyenne de chaleur obtenue par M. Durand est de 14 degrés centigrades sans couvertures, tandis que la moyenne chez moi a été de 17 degrés 1/2 centigrades, également sans couvertures. Il y a donc encore une différence en ma faveur de 3 degrés 1/2 centigrades.

5o Je dépense 7 kilos de houille par heure.
M. Durand ayant chauffé 7 mois ou 210 jours

avec 15,000 kilos de houille, en admettant comme durée de chauffage par jour 15 heures de travail effectif ou émission constante et régulière de calorique dans toute la force de l'appareil, ce qui fait 3,150 heures, il résulte que M. Durand a dépensé 4 kil. 765 grammes de houille par heure. Mais si l'on compare les cubes d'air chauffés de part et d'autre, les surfaces de vitrage et les moyennes de chaleur obtenues chez M. Durand et chez moi, on trouvera que si M. Durand avait à chauffer mes six serres il lui faudrait dépenser 3 kil. 250 gr. de houille de plus par heure, ce qui, joint à sa dépense primitive, donne un total de 8 kil. 215 gr. Je trouve donc encore une différence en ma faveur de 1 kil. 215 grammes.

D'après cela, M. Durand se convaincra de l'économie de combustible du système que j'emploie, et je puis donc confirmer de tous points l'article sur le chauffage des serres publié en juin dernier dans la Revue horticole, p. 239. Agréez, etc.

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LIABAUD,

Horticulteur, montée de la Boucle, 4, à Lyon.

Il n'est très-probablement aucun de nos lecteurs qui ne sache que la température la plus élevée de cette année s'est montrée le dimanche 17 juillet (1). Cette chaleur, presque sans exemple en France, a produit Déjà nous en avons enregistré quelques des effets regrettables sur certains arbres. exemples qu'a bien voulu nous signaler M. le Dr D'Hers, de Puymaurin (HauteGaronne) (2). M. J.-E. Lafont nous adresse sur le même sujet quelques détails sur des faits qu'il a observés à Bordeaux et que nous croyons devoir reproduire. Les voici :

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Le dimanche 17 juillet j'étais chez moi, à blante; à 7 heures du matin, un thermomètre Sainte-Croix-du-Mont; la température était accasitué au nord et abrité du soleil par un tilleul très-épais marquait 29 degrés centigrades ; à 10 heures la chaleur augmentait dans des proportions anormales, et le même thermomètre marquait 38 degrés; à une heure et demie, le mercure était arrivé à 44 1/2.

Le vent, qui était sud sud-ouest, soufflait fort; le ciel était sans nuage, mais une espèce de brume, ressemblant à une poussière très-subtile, voilait l'éclat du soleil, et par moment des bouffées brûlantes passaient en grillant tout sur leur passage.

A deux heures, les vents remontant au nordouest ont changé tout cela, et dans l'espace de quelques heures le thermomètre est descendu à 27 degrés.

J'ai pu constater 72 degrés au soleil.

Les effets de cette journée torride ont été

(1) A Paris, ce même jour, le thermomêtre, à l'ombre, a marqué 37 degrés; à Clermont-Ferrand, il s'est élevé à 42 degrès. On nous assure qu'il en a été de même dans certains endroits des environs de Paris, et que là aussi il y a eu, à l'ombre, bien entendu, 42 degrés forts.

(2) Voir Revue horticole, 1870, p. 304.

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