Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

de même que les trois plantes dont il a été parlé plus haut, doit être multiplié par boutures si on veut maintenir ses caractères soi-disant typiques. Pauvres types, que pour conserver il ne faut jamais perdre de vue! Si on les multiplie par graines, ils échappent des mains, et filent plus vite- i

ment que ne le font la plupart des plantes qu'on appelle des variétés. Mais alors où est donc l'espèce? Nous ne le demanderons pas aux naturalistes, afin de ne pas les mettre dans un embarras dont ils ne pourraient sortir. E.-A. CARRIÈRE.

FLEURS ET FEUILLES

Qui n'aime les fleurs et ne les préfère aux feuilles? Personne, assurément, ce qui, toutefois, n'empèche d'aimer les feuilles, parfois même de les préférer à celles-là. La raison de cette préférence, c'est qu'il est beaucoup de plantes dont les fleurs durent peu; d'autres et c'est de beaucoup le plus grand nombre qui, pour fleurir, exigent des soins ou des conditions spéciales qui en interdisent l'usage à la généralité des personnes, même de celles qui sont favorisées de la fortune. C'est probablement cette rai-son qui a donné une si grande impulsion aux plantes dites à feuillage. Celles-ci, en effet, s'accommodent plus ou moins des appartements; elles vivent très-bien dans les logements les plus humbles; plusieurs même consentent à vivre dans la mansarde, et même dans ces sortes de logements qu'il n'est pas toujours facile de qualifier et qu'on a nommés loges. Au nombre de ces plantes il en est deux que nous devons tout particulièrement recommander; ce sont: l'Aucuba Japonica et le Fusain du Japon (Evonymus Japonica). Il en est une troisième, qui est peut-être encore moins délicate, qui vient partout et qui peut vivre de très-longues années sans soleil et presque sans lumière : c'est l'If commun. Pourtant, nous ne la recommandons pas, parce que, très-vénéneuse, elle peut déterminer de graves accidents.

Les plantes dont nous venons de parler,

à cause des qualités indiquées ci-dessus, peuvent être appelées Plantes des pauvres, non parce qu'elles sont la part des déshérités de la fortune, mais parce que, vivant de peu, elles leur sont accessibles.

Un mot maintenant sur leur culture, c'està-dire sur les soins qu'il convient de leur donner afin de les conserver en bon état.

La persistance de leurs feuilles indique. qu'elles évaporent constamment, que, par conséquent, elles doivent absorber constamment; aussi, malgré qu'elles supportent assez bien la sécheresse, on devra néanmoins veiller à ce qu'elles ne manquent jamais d'eau. On devra donc avoir soin que la terre soit toujours légèrement humide; on pourra même les arroser fortement pendant la période de leur végétation. Un point essentiel, c'est que les vases dans lesquels elles seront plantées soient plutôt petits que grands. De cette façon l'excès d'humidité, qui est toujours très-funeste aux végétaux, ne sera jamais à craindre. Quant à la terre, celle de jardin, à laquelle on pourra ajouter un peu de sable, convient très-bien. Il va sans dire que, si l'on peut y ajouter un peu de terre de bruyère, les choses n'en iront que mieux.

Avec ces trois plantes on pourra donc toujours avoir de la verdure, cet élément dont tout homme a besoin pour reposer sa vue: «L'homme ne vit pas seulement de pain, » dit l'Evangile. C'est vrai. MAY.

PELARGONIUM GLOIRE DE SAINT-MANDÉ

S'il est peu de plantes qui rendent autant de services à l'ornementation de nos serres tempérées que les Pélargoniums à grandes fleurs, il en est peu aussi dont l'histoire soit plus obscure. Quel est le type de ces plantes qui, nées d'hier, sont aujourd'hui connues en nombre presque incalculable? Et surtout, comment se sont produits les types des diverses races dans lesquelles ces variétés sont groupées? On ne peut, à cet égard, que faire des suppositions, et comme une longue dissertation sur ce sujet ne pourrait, malgré la probabilité de quelques faits, servir à soutenir une thèse qui aurait quelque apparence de certitude, nous laissons de côté ce point intéressant et arrivons,

| sans autre préambule, à faire connaître le nouveau Pélargonium que représente la figure coloriée ci-contre.

Les amateurs de Pélargoniums à grandes fleurs qui ont visité la dernière Exposition de la Société impériale et centrale d'horticulture y ont trouvé exposées par nos horticulteurs les plus renommés de riches collections de Pelargoniums remarquables, les unes par l'importance du nombre des variétés, les autres par la bonne culture des individus qui les composaient. Ce que nous disons des Pélargoniums grandiflores, nous pourrions le dire aussi pour les variétés is. sues des Pelargonium inquinans et zonale, dont il a été également présenté des

SUR LA FÉCONDATION DES STRÉLITZIA ET DES HEDYCHIUM.

collections qui se recommandaient de même à l'attention par la diversité des formes et par leur culture pour ainsi dire irréprochable. Parmi le petit nombre de variétés de Pélargoniums à grandes fleurs qui à cette inême Exposition ont figuré comme variétés nouvelles, on remarquait surtout un lot formé de plusieurs individus d'une même. variété qu'avait présenté M. Joseph Chaté, horticulteur à Saint-Mandé, près Paris. La vigueur des plantes, la beauté ainsi que l'éclat de leurs grandes et nombreuses fleurs réunies en bouquet tout fait, justifiaient l'attention dont elles ont été l'objet. Cette variété, qui portait le nom de P. Griomphe de Saint-Mandé, a été obtenue dans un semis fait en 1867 par M. Constant, horticulteur à la barrière du Trône, qui en a abandonné la propriété à M. J. Chaté, son parrain et présentateur à l'Exposition précitée, où elle fut couronnée d'une médaille d'argent grand module.

Décrire une variété de Pélargoniums grandiflores ou toute autre appartenant aux types inquinans ou zonale n'est pas chose facile, à moins que, comme dans le cas présent, cette description soit accompagnée d'une figure qui fasse saisir, mieux que ne pourrait le faire la meilleure diagnose, les caractères les plus sailtants, c'est-à-dire ceux-là même pour lesquels la plante est ou doit être recherchée. Voici donc les traits principaux que présente ce Pélargonium :

Plante très-vigoureuse et peu délicate, à en juger par le développement des rameaux et la persistance de la floraison des individus présentés; tige de 40 à 50 centimètres, très-rameuse, et formant, par suite de la taille qu'elle avait subie, un petit buisson régulier; feuilles larges, arrondies, d'un vert plus brillant ou moins jaunâtre que celui de l'aquarelle ci-jointe; floraison abondante et prolongée; pédoncules rigides et dressés, longs de 8-10 centimètres, portant le plus souvent de quatre à cinq fleurs, parfois six

311

à sept, disposées en un bouquet régulier par suite de l'épanouissement presque simultané des fleurs qui composent chaque inflorescence; sépales assez grands, dépassant la moitié de la longueur des pétales; corolle se présentant bien, large de 6-7 centimètres et assez régulièrement arrondie par suite de l'ampleur, de la forme et de la disposition des cinq, ou assez souvent six pièces qui la constituent; dans ce dernier cas le pétale supplémentaire occupe la région inférieure de la fleur, ce qui porte à quatre le nombre des pièces constitutives de cette partie de la corolle. La teinte générale est, moins celle de la partie avoisinant l'onglet, qui est plus claire, uniformément rouge cerise ou rose groseille foncé; les deux pétales supérieurs sont munis, dans leur partie médiane, de larges stries pourpre foncé et velouté.

Ce Pélargonium a quelques traits communs de ressemblance avec la variété Gloire de Paris, ainsi qu'avec celle qui est connue sous le nom de Gloire de Crimée; sous le nom de P. surpasse Gloire de Paris. M. Piguy (de Rueil) a déposé sur le bureau de la Société d'horticulture, dans sa séance du 9 juin dernier, une variété à fleur élégante, de couleur moins foncée que dans le P. Gloire de Paris, et qui rappelle quelque peu aussi le P. Griomphe de Saint-Mandé.

Un point sur lequel on n'est peut-être pas encore suffisamment fixé pour l'enregistrer ici, c'est celui qui est relatif à la rusticité de cette plante, ou plutôt à la possibilité de s'en servir, comme on le fait de la variété Gloire de Paris, la seule, croyons-nous, qui puisse être employée utilement dans nos jardins à l'air libre pour la formation, en été, de massifs ou de corbeilles fleurissantes. S'il en était ainsi, l'horticulture serait dotée d'une nouvelle plante qui serait à la fois remarquablement belle et d'une grande utilité. B. VERLOT.

(1)

SUR LA FÉCONDATION DES STRELITZIA ET DES HÉDYCHIUM (

La plupart des ouvrages élémentaires de botanique affirment que dans les fleurs, les étamines et les pistils se trouvent placés de telle manière que le contact du pollen et du stigmate peut toujours s'effectuer. C'est ainsi, dit-on, que dans les espèces monoïques, les fleurs måles sont toujours placées au-dessus des fleurs femelles; c'est pour cela que dans celles qui possèdent un pistil dont le stigmate est placé bien plus haut que les anthères, les fleurs sont penchées, comme dans la Couronne impériale. Dans les espèces dioïques,

(1) Extrait du Bulletin du congrès international de botanique et d'horticulture de Saint-Pétersbourg.

le pollen, assure-t-on, plus fin et plus abondant, est plus facilement emporté par le vent. Ce sont autant d'erreurs que Linné lui-même a fortement accréditées et qui ont été propagées par ceux qui l'ont copié ou qui l'ont cru sur parole. Je n'ai pas été moimême exempt de ces croyances erronées.

Aujourd'hui, tout en accordant aux maîtres de la science la confiance et le respect qui leur sont dus, on examine leur doctrine (2), on observe, on répète leur expérience, et l'on

(2) On a raison. En fait de science, la doctrine de saint Thomas est ce qu'il y a de mieux.

(Rédaction).

arrive quelquefois à reconnaître ou qu'ils se sont trompés, ou plus souvent qu'ils ont trop généralisé leur premier aperçu.

C'est précisément ce qui est arrivé dans la question qui nous occupe. La règle généralement acceptée se transforme en exception, et l'exception devient la règle.

Que l'on examine avec soin les fleurs de tous les végétaux, et l'on reconnaîtra que le plus souvent la fécondation ne peut pas s'opérer par les organes d'une même fleur hermaphrodite ou par la fleur monoïque placée près de l'autre fleur de sexe différent. En un mot, presque toutes les fécondations sont indirectes, et les mariages consanguins, sans être impossibles ou infertiles, paraissent en opposition avec les lois de la nature.

Il existe en effet un grand nombre d'es-pèces où, par suite de la situation relative des organes sexuels, le contact du pollen ne peut avoir lieu.

Les plantes à anthères extrorses se trouvent dans ce cas. Dans un nombre plus considérable encore, la puberté des organes mâles et des organes femelles ne coïncide pas; la fécondation est impossible.

Dans les plantes monoïques et surtout dans les arbres, presque toujours les fleurs femelles terminent les rameaux et ne peuvent être fécondées que par les fleurs mâles des rameaux supérieurs.

Dans les espèces dioïques, comme dans un grand nombre de plantes hermaphrodites, certaines espèces ont un pollen glutineux ou visqueux qui ne peut être transporté sur le stigmate que par des intermédiaires.

Dès l'année 1827 j'avais signalé l'importance des fécondations indirectes dans une thèse présentée à l'Ecole de pharmacie de Paris. Depuis lors, des travaux importants ont été publiés sur ce sujet, et il suffit de citer les observations si remarquables et si intelligentes de M. DARVIN sur les Primevères et sur les Orchidées pour qu'on n'élève plus de doute sur les fécondations indirectes et sur le concours des insectes dans ces belles harmonies de la nature.

Parmi les nombreux essais de fécondation artificielle que j'ai tentés, soit entre individus distincts d'une même espèce, soit entre espèces d'un même genre, je m'arrêterai à deux plantes dont l'une appartient à la famille des Musacées et l'autre à celle des Amomées.

Les Strelitzia sont parfaitement connus de tous ceux qui possèdent des serres, et si ces plantes ne fleurissent pas abondamment, leur floraison n'est pas une exception, et la beauté de leurs fleurs appelle sur elles l'attention des personnes même qui sont étrangères à la botanique. Pour ceux qui aiment à se rendre compte de l'organisation des plantes, la fleur du Strelitzia est très-originale. D'abord protégée par des spathes qui

se recouvrent et qui sont amincies sur le côté, ces fleurs, stimulées par la chaleur, finissent par s'en échapper une à une (car il y en a jusqu'à six) et à plusieurs jours d'intervalle.

Elles sont inodores, orangées et bleues, réunissant ainsi deux couleurs complémentaires, au moins dans les espèces les plus répandues et les plus connues.

On pourrait parfaitement y trouver un calice et une corolle, mais les botanistes sont convenus de ne voir qu'une seule enveloppe dans les fleurs des plantes monocotylédones.

Cette enveloppe est à six divisions trèsirrégulières; trois extérieures plus grandes, ovales et rétrécies en pointe, trois intérieures dont deux plus longues et une troisième très-courte et tronquée. Les étamines sont au nombre de cinq. L'ovaire est enveloppé par la base du calice et donne naissance à un style simple terminé par trois stigmates filiformes et glutineux, lesquels sont resserrés et soudés à leur base en une petite colonne.

Comme dans la plupart des monocotylédones à fleurs irrégulières, les botanistes ne sont pas d'accord sur les noms et les usages des diverses parties de la fleur. Linné, admettant que la spathe remplace le calice, considère comme corolle les trois pétales extérieurs orangés ou blancs selon les espèces, et nomme nectaires l'ensemble des parties bleues situées à l'intérieur. Ventenat, voulant ramener la fleur au type régulier des monocotylédones, considère la rainure marquée sur la petite division de l'intérieur comme une sixième étamine avortée, ainsi que le pétale qui la supporte.

Ces deux opinions de Linné et de Ventenat pourraient au besoin se concilier, car la base de la fleur et notamment la partie avortée sécrètent une très-grande quantité de miel ou de nectar. C'est une véritable liqueur agréable au goût et qui tombe en gouttelettes sur les feuilles et la tige de la plante.

La situation relative des organes sexuels est très-curieuse. Les cinq anthères sont logées dans un sillon entre les deux pétales ou appendices bleus. Elles s'ouvrent dans l'intérieur du sillon et produisent un pollen jaune pâle très-gros, glutineux, dont les grains paraissent souvent reliés entre eux. Le style traversant cette rainure des appendices bleus apporte ses stigmates au-dessus des anthères. Ce sont trois petites pointes tortillées qui n'arrivent pas toujours à un état nubile.

Il y a impossibilité de contact entre le pollen et les stigmates; il est matériellement impossible que le vent puisse enlever le pollen visqueux adhérant aux anthères, et si bien enfermé dans le sillon qu'il faut écarter les deux pétales bleus pour le recueillir avec un pinceau.

Les insectes seuls pourront donc opérer la

SUR LA FÉCONDATION DES STRELITZIA ET DES HEDYCHIUM.

fécondation des Strelitzia, et comme ceux qui courtisent ces fleurs n'ont pas été importés avec elles, il en résulte qu'elles restent stériles dans nos serres.

Un fait très-curieux dans la plupart des plantes à pollen visqueux non transportable par le vent, c'est la quantité de miel que sécrètent ces plantes. Il semble que la nature ait voulu récompenser ce petit peuple ailé des services qu'il rend à la propagation des espèces, et que de plus elle ait voulu leur offrir le prix de leurs messages dans des vases ornés des plus riches couleurs.

D'un autre côté, si le stigmate n'est pas assez visqueux, on peut l'imprégner de cette liqueur miellée qui facilite la rupture de la membrane externe du pollen, laquelle est très-épaisse et, selon Charles Morren, ne se détache pas facilement de l'interne.

Dès l'année 1826 nous obtenions des graines du Strelitzia regine en employant la fécondation artificielle. Depuis lors, nous avons tenté la fécondation chaque fois que nous avons eu des Strelitzia à notre disposition, et toujours nous avons réussi.

Le succès est d'autant plus certain que l'on peut prendre le pollen sur une autre fleur et mieux encore sur un autre individu de la même espèce.

Nous avons réussi surtout quand nous avons pu féconder par le pollen d'une autre espèce. Ainsi le Strelitzia rutilans, trèsdistinct du S. reginæ, et bien plus beau par la grandeur et la couleur de ses fleurs, a reçu le pollen du S. reginæ, et les six fleurs sorties de la spathe ont toutes noué et donné des capsules un peu triangulaires à trois loges et à trois valves.

Ces capsules mettent environ un an à mûrir. Vertes d'abord, elles deviennent noires, s'ouvrent d'elles-mèmes et conservent longtemps leurs graines placées sur deux rangs dans chaque loge. Elles sont attachées au placentaire par une arille formant une petite houpe orangée d'une grande beauté et qui contraste avec le noir pur de la graine.

Les Strelitzia sont donc des plantes ornementales par leurs fruits comine par leurs fleurs. Ils sont originaires de la pointe australe de l'Afrique.

Les Hedychium vivent aux grandes Indes et au Népaul; ils appartiennent à la famille des Amomées. Ce sont encore de très-belles plantes à feuilles larges, lisses, entières et engaînantes. Les fleurs naissent au sommet des tiges en un bel épi écailleux. Quoique nous possédions plusieurs espèces d'Hedychium, nous n'avons eu en fleur que l'Hedychium Gardnerianum, peut-être le plus beau et certainement le plus répandu. Dans la plupart des ouvrages de botanique, les Hedychium sont décrits sous le nom de Gandasuli.

313

Les fleurs de l'Hedychium Gardnerianum forment un bel épi, d'autant plus beau que presque toutes s'épanouissent à la fois et répandent un délicieux parfum.

Malheureusement, après trois, quatre jours au plus d'épanouissement, ces fleurs se flétrissent. Chacune d'elles naissant à la basə d'une bractée présente un double perianthe. Le calice est monophylle et fendu latéralement pour laisser sortir le tube de la corolle. La corolle jaune et monopétale est à six divisions, offrant une apparence labiée. Son tube est long et présente au sommet deux divisions très-étroites linéaires, trois autres ovales oblongues; la sixième plus large est échancrée en cœur et rappelle déjà le labelle des Orchidées et des Alpinia.

L'étamine et le pistil sont uniques. Le filet de l'anthère est fixé à l'orifice du tube et géniculé. Il est rouge et porte une anthère allongée, linéaire, canaliculée, également rouge et produisant un très-bel effet. L'ovaire infère, à trois loges, est terminé par un long style qui traverse le sillon de l'anthère et du filet, et se termine au-dessus de l'anthère par un stigmate simple, globuleux et papillaire. Le fruit, disent quelques auteurs, est inconnu.

Il est facile de comprendre, à la description que nous venons de donner de la fleur des Hedychium, que la fécondation directe. et naturelle est impossible, car, indépendamment de la position inaccessible du stigmate, le pollen très-visqueux ne peut se détacher de l'anthère. Il y a donc encore impuissance du vent et appel aux messagers ailés et aériens par l'offre du nectar que laisse transsuder la base des enveloppes florales.

Dès que les stigmates sont nubiles, leurs papilles sécrètent une humeur visqueuse qui fait adhérer immédiatement le moindre grain de pollen. Malgré l'attrait du miel, nous avons vu rarement nos insectes venir butiner sur les fleurs des Gandasuli exilés dans nos serres; il manque chez nous de ces brillantes légions de lépidoptères des Indes qui, tout en luttant d'éclat et de coloris avec les fleur des Hedychium, sont pourtant indispensables à la production de leurs graines.

Ici, comme dans une foule d'autres circonstances, nous avons suppléé ces tribus si actives des insectes, soit avec le pinceau, soit en cueillant un filet muni de son anthère et lui faisant subir un léger contact avec tous les stigmates de l'épi. Si l'Hedychium est en fleurs au commencement de l'été, si l'on opère le matin et à deux ou trois reprises à un jour d'intervalle, pas une fleur ne reste stérile. Outre le plaisir d'obtenir des graines, on a l'avantage d'avoir alors une plante des plus ornementales, bien plus belle garnie de ses fruits que pendant la courte durée de l'épanouissement de ses fleurs.

Chaque fruit est une capsule à trois loges et à trois valves, trigone. A l'époque de sa maturité, deux à quatre mois après la fécondation, cette capsule jaunit, puis elle s'ouvre en trois valves étalées, tapissées à l'intérieur d'une couche de tissu cellulaire du plus bel orangé, et absolument de la même couleur que l'arille des graines des Strélitzia. Le péricarpe, une fois ouvert et étalé comme une fleur, laisse voir un placentaire à trois ailes charnues après lesquelles sont attachées les graines au moyen de fascicules épais et d'un bel orangé comme le placentaire.

Les graines forment trois paquets composés chacun de cinq à six semences réunies et serrées les unes contre les autres dans les intervalles des ailes du placentaire.

Chacune de ces graines est munie d'une arille de fibres rouges, et elle possède, comme les graines de l'Iris foetidissima et de quelques autres plantes, un mésosperme charnu de couleur vermillon très-vif.

Les graines sont soigneusement arrangées au moyen de l'arille retroussée qui se développe en partie; le tout est d'un rouge vif, et les trois colonnes qu'elles forment sont dressées au milieu du péricarpe.

Dès que la capsule est mûre, elle s'ouvre et montre ses graines éclatantes si élégamment disposées; mais loin de tomber, ces dernières persistent et achèvent leur maturation au contact de l'air.

Il en résulte que l'Hedychium Gardnerianum, déjà si remarquable par son bel épi de fleurs jaunes et odorantes, l'est bien plus par la persistance et la coloration de ses fruits.

Nous pouvons même affirmer qu'aucune plante de serre n'est aussi belle qu'un épi de fruits d'Hedychium, quand la fécondation a été complète et que l'épi a ouvert toutes ses valves orangées pour montrer ses graines si vivement colorées. Tous ceux qui ont vu mes Hedychium pendant cette phase de leur végétation m'ont demandé le nom de ces fleurs magnifiques, car c'est ainsi qu'ils paraissent à première vue. Le grand avantage de ces beaux épis de fruits, c'est de durer plusieurs mois avec leurs brillantes couleurs rouges et orangées, tandis que la plante conserve encore son feuillage.

Nous avons le regret de n'avoir eu en fleurs à notre disposition qu'une seule espèce d'Hedychium; mais en ayant obtenu de graines des pieds très-nombreux, nous avons pu reconnaitre l'avantage de féconder un individu avec le pollen recueilli sur un autre, et si l'on ne possède qu'un pied il faut au moins éviter de féconder chaque fleur avec le pollen de son unique étamine. Le croisement donne toujours des résultats plus beaux et plus certains.

Nous ne faisons que rappeler, dans cette circonstance, l'avantage des fécondations croisées, et nous renverrons à un mémoire sur les fécondations indirectes, publié dans le Bulletin dela Société botanique de France (avril 1862), dont on nous permettra de reproduire ici les conclusions à l'occasion des Strelitzia et des Hedychium.

Nous citerons seulement les différents degrés de parenté ou d'alliance que l'on peut observer dans les unions des plantes, entre l'hermaphrodisme réel et la dioécie; nous les indiquerons dans l'ordre de leur éloignement de la fécondation directe et hermaphrodite.

Premier degré. La fleur est fécondée par son propre pollen, c'est-à-dire par les étamines de cette même fleur où existe le stigmate.

Deuxième degré. -La fleur est fécondée par le pollen d'une autre fleur, appartenant à la mème grappe, au mème épi, ou enfin à la même inflorescence.

Troisième degré. La fleur est fécondée comme ci-dessus, mais par le pollen produit par une autre inflorescence et un autre rameau florifère du même individu.

Quatrième degré. La fleures: fécondée par le pollen de la même espèce, mais pris sur un autre individu.

Cinquième degré. La fleur femelle est fécondée par une fleur male appartenant au même rameau ou à la même inflorescence.

Sixième degré.-La fleur femelle est fécondée par une fleur male appartenant à un autre rameau ou à une autre inflorescence, mais sur le même pied.

[ocr errors]

Septième degré La fleur femelle est fécondée par le pollen d'une fleur måle située sur un autre pied.

Huitième degré. La fleur hermaphrodite ou unisexuée est fécondée par le pollen d'une autre variété.

Neuvième degré. La fleur hermaphrodite ou unisexuée est fécondée par le pollen d'une espèce différente.

Dixième degré.

La fleur hermaphrodite ou unisexuée hybridée est fécondée par le pollen d'une autre fleur également hybride.

On conçoit tous les intermédiaires qui peuvent exister entre ces derniers degrés, et toutes les exceptions que les insectes peuvent apporter en troublant les unions les plus régulières.

Le végétal qui naît de ces divers degrés de croisements est généralement d'autant plus vigoureux que le chiffre indiquant le degré d'union est plus élevé.

H. LECOQ,

Directeur du jardin botanique de ClermontFerrant, membre correspondant de l'Institut de France.

« ZurückWeiter »