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CULTURE DES CALCEOLAIRES HERBACÉS

CULTURE DES CALCEOLAIRES HERBACÉS

La qualification d'herbacé dont on se sert pour désigner ces Calcéolaires semble indiquer qu'il en existe d'autres qui sont ligneux, ce qui n'est pas précisément exact; ceux auxquels on donne cette dernière qualification conservent leur tige, il est vrai, mais celle-ci n'est guère que sous-frutescente. Quoi qu'il en soit, ce sont deux séries bien tranchées par leur aspect et par leur culture, ainsi que par les services qu'ils peuvent rendre. Nous allons parler des premiers, c'est-à-dire des Calcéolaires herbacés qui sont des plantes charmantes, qui non seulement donnent des fleurs à profusion, mais dont les fleurs, d'une forme des plus singulières, qui rappelle un peu celle de certaines Orchidées, par l'aspect, du moins, présentent aussi les coloris les plus riches et les plus variés.

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Les Calcéolaires herbacés sont originaires de l'Amérique du Sud, particulièrement du Pérou, du Chili, d'où les premiers furent introduits vers 1777 par le père Feuillé. Le type dont ils sortent paraît comprendre plusieurs espèces qui ne sont pas très-bien définies, bien qu'en général on considère le Calceolaria crenatiflora, Cav., comme étant l'espèce qui a le plus contribué à la production de toutes ces belles variétés qui font aujourd'hui l'admiration des amateurs. A une époque plus rapprochée, une nouvelle espèce fut, dit-on, introduite des îles Falkland par un botaniste anglais, Fothergile. Disons, toutefois, qu'aucune des plantes introduites ne présentait cette richesse de coloris, jointe à l'ampleur des fleurs et surtout des feuilles que l'on remarque aujourd'hui. Ces qualités sont dues aux fécondations artificielles et au choix qu'on a su faire des porte-graines.

On n'est pas non plus précisément d'accord sur l'étymologie da mot Calcéolaire. Les uns le font dériver de Calceolus, sabot, par allusion à la forme des fleurs; d'autres disent que ce nom leur a été donné en mémoire de Calceolaris, botaniste italien du XVIe siècle.

Quoi qu'il en soit, constatons qu'il est peu de plantes dont la culture ait fait plus de progrès que celle des Calcéolaires herbacés. Ce n'est pas seulement aux cultures marchandes que ce progrès est dù. Aujourd'hui, beaucoup de bourgeois et d'amateurs peuvent rivaliser avec les horticulteurs, et sous ce rapport nous sommes heureux de constater qu'aux environs de Lyon, à Saint-Cyr (Mont-d'Or), un amateur des plus distin

les? Et ne voit-on pas certaines gens qui confondent ces choses, ou plutôt qui s'occupent de celles-ci sous le couvert de ceux-là? Et d'une autre part s'il est des hommes qui font de la science pour la

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gués, Mme Drever, cultive les Calcéolaires herbacés dans la perfection, ce qui s'explique par l'amour qu'elle a pour ces plantes, car si, comme l'on dit, - et c'est vrai,

on ne fait bien que ce qu'on aime, on n'a pas lieu d'être étonné des résultats si remarquables que Mme Drever a obtenus, résultats que bien des fois nous avons admirés, et que tout récemment encore nous avons pu constater de visu. Personne autre qu'elle ne touche à ses plantes auxquelles, depuis leur naissance jusqu'à leur mort, elle porte des soins assidus et minutieux comme les femmes seules savent en porter.

CULTURE. C'est du 15 juin au 15 août qu'on sème les graines de Calcéolaires herbacés. Voici comment on procède : on prend des pots ou des terrines au fond desquels on fait un bon drainage, de manière que l'eau puisse facilement s'écouler; on les remplit de terre de bruyère neuve et légère sur laquelle on saupoudre du charbon ou des scories de houille pilées et très-finement tamisées, de manière à former une couche trèsmince, sur laquelle on sème les graines, que, vu leur ténuité, l'on ne recouvre même pas on tasse légèrement la terre et on l'arrose avec une pomme dont les trous sont très-petits, afin de ne pas entraîner les graines. On place les pots ou terrines dans une serre ou sous des châssis à demi-ombrés, afin d'activer la germination des graines, qui dans ces conditions a lieu assez promptement. Inutile de dire qu'on bassine aussi souvent que cela est nécessaire, en évitant toutefois l'excès d'humidité qui pourrait déterminer la pourriture des plants. Si la pourriture se montrait, il faudrait l'enlever avec soin; dans ce cas on pourrait aérer un peu plus les jeunes plantes. Lorsque les plantes commencent à montrer leurs premières feuilles (feuilles séminales), on procède au repiquage qui se fait dans des pots ou des terrines bien drainés et remplis de terre de bruyère; le travail fait, on arrose légèrement, et on place les pots dans les mêmes conditions où étaient les plantes. Peu à peu on habitue celles-ci à l'air et à la lumière, que l'on augmente au fur et à mesure du besoin. Lorsque les plantes sont assez fortes pour être empotées, on place chacune isolément dans un petit godet, et quand celui-ci n'est plus suffisant, on les rempote dans des pots plus grands. Il va sans dire qu'on augmente l'air, la lumière, l'humidité, en raison de la force des plantes et de leurs besoins.

science, n'en est-il pas qui en font par calcul ?
Sans aucun doute. Quest-ce donc que celui-ci, sinon
de l'industrie, et celui qui s'y livre est-il autre chose
qu'un industriel?
(Rédaction.)

Une chose des plus importantes aussi est de ne jamais laisser souffrir les plantes et de ne pas attendre, pour les rempoter, qu'elles aient tapissé les parois des pots, car alors, lorsqu'on rempote, ces racines fatiguées ne reprennent que difficilement, et les plantes éprouvent un arrêt dans leur végétation, ce qui leur est toujours préjudiciable. Pendant l'hiver on place les Calcéolaires sur les tablettes d'une serre ou sous des chassis, le plus près possible du verre, et on maintient une température constante de 4 à 6 degrés centigrades. Dès qu'arrivent les premiers beaux jours du printemps, on rempote dans des vases d'une bonne grandeur relative à la force et à la végétation des plantes. Les Calcéolaires sont très-fréquemment

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ANANASSA MONSTROSA

Chef des cultures au jardin botanique du Parc de la Tête-d'Or, à Lyon.

L'Ananassa monstrosa, représenté par | admis que telle espèce doit avoir quatre ou la figure 45, est une simple forme de cinq pétales; au lieu de cela, elle en a

l'Ananas sati

va dont il a

tous les caractères, moins le bourgeon terminal. Mais, alors, nous dira-t-on peutêtre, pourquoi ne pas avoir fait précéder le qualificatif monstrosa par le terme spécifique sativa? Par cette raison que nous n'admettons pas cette marche qui sert peu à la science, et qui, presque toujours, est absurbe par les contradictions et les non sens qu'elle occasionne. Quantà la qualification monstrosa, nous l'avons adoptée pour nous conformer au précepte scientifique qui admet que tout ce qui n'est pas con

Fig. 45. Ananassa monstrosa.

forme aux règles posées par la science est une anomalie ou une monstruosité, ce qui revient au même. Ainsi, par exemple, on a

douze, quinze, vingt, etc.;c'est un monstre scientifique, d'où il semble résulter que ces belles fleurs que l'on recherche avec tant d'avidité ne prouve qu'une chose : la perversion du goût...Telle autre espèce doit avoir son fruit surmonté d'une couronne; il en est dépourvu ; c'est un monstre, d'après la science, et cette fois c'est nous qui le disons, cela pour montrer que nous partageons l'avis des savants, afin, et comme font certaines gens, d'avoir leur appui.

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Réussirons

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connaître les caractères de l'Ananassa monstrosa, puis son origine, afin de bien établir son identité, de lui dresser un acte

L'ASPERGE EN ALGÉRIE.

de naissance en règle qui permette plus tard d'établir sa généalogie, si par hasard il venait à former souche.... Mais ici encore, les partisans de l'ordre,-ce que nos lecteurs ne savent peut-être pas, c'est que dans les sciences comme dans la société il y a les sauveurs, gens bien pensants, en un mot les vrais amis de l'ordre, qui veillent sur celui-ci (et pour cause); il va sans dire que nous ne faisons pas partie de ceux-ci,-vont sans doute se récrier: Mais c'est une hérésie! Comment une plante qui ne donne pas de graines pourrait-elle former souche? A cela nous n'aurions qu'à renvoyer la question à ceux qui nous l'adresseraient et leur répondre : C'est à vous, Messieurs, qu'il faut le demander, à vous qui avez fait et faites tous les jours un si bon nombre d'espèces, dont ni les graines, ni les fruits, ni même les fleurs n'ont jamais été vus de per

sonne !!!...

Par son aspect général et sa végétation, l'Ananassa monstrosa ne présente rien de particulier; sa végétation est bonne. Quant à son fruit, il est d'une belle forme régulière, ne présente rien d'anormal, présente rien d'anormal, excepté la couronne traditionnelle qui tend à disparaître. Est-ce un signe du temps? Toujours est-il que cette anomalie va obliger les botanistes à faire une modification aux caractères spécifiques de l'Ananassa sativa, absolument comme nos légistes font des lois qui, par suite des progrès de la civilisation, sont insuffisantes et auxquelles ils sont obligés de toucher pour abroger ou modifier certains articles, ou pour en ajouter certains autres. Y consentiront-ils ? Nous n'oserions l'affirmer, les savants, certains du moins, étant encore dans cette période d'innocence qu'on voyait sous le règne du vieux Saturne; le doute n'est pas encore entré dans leur candide conscience. Semblables à nos bons parents dans le paradis terrestre, ils n'ont pas encore « les yeux ouverts. » Souhaitons donc, non pour la science, toutefois, mais pour leur repos, que rien ne vienne détruire leur quiétude, qu'ils s'endorment sur les connaissances acquises, regardées par eux comme l'ultima ratio, fait qui à l'avantage de les affranchir de toute recherche, par conséquent de tout travail; ils n'ont alors qu'à répéter ad vitam æternam ce qu'on leur a appris, ce qui, toutefois, n'est pas sans péril quand tout s'agite autour de soi.

Pour achever sur l'A. monstrosa, et après avoir indiqué ses caractères, il nous reste à

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faire connaitre son origine. Il a été obtenu par M. J.-E. Lafont, amateur d'horticulture des plus distingués de Bordeaux, d'une graine provenant d'un Ananas de Bahia, qui pesait près de 4 kilogrammes. Bien que cultivé en pot et dans de mauvaises conditions, et qu'il ait souffert de la sécheresse, son fruit s'est parfaitement développé et a atteint 14 centimètres de diamètre sur 18 centimètres de hauteur. Quant à sa qualité, elle était parfaite.

Nous n'ignorons pas que l'Ananas, considéré comme type et qui est muni d'une couronne, produit parfois, par une sorte de dimorphisme lent, des individus dépourvus de couronne (des Ananas démocratisés, pourrait-on dire, par allusion), ce qui suivant nous est une raison de plus pour constater ce fait qui est donc tout naturel. Mais alors n'est-on pas en droit d'admettre que primitivement et contrairement à ce que l'on croit l'Ananas était dépourvu de couronne, et que le fait dont nous parlons serait un retour vers son type, ou bien qu'il serait une tendance à la production d'une nouvelle race? Les deux hypothèses sont possibles. Faisons toutefois remarquer que le fait dont nous parlons se reproduit de deux manières : par semis, ce qui est le cas pour l'Ananas monstrosa figuré ci-contre, et par dimorphisme, c'est-à-dire par suite d'une modification organique qui fait que d'Ananas couronnés sortent des Ananas non couronnés, autre fait dont la société nous montre de fréquents exemples: tel enfant est industriel dont le père portait une couronne, et vice versa...

Toutefois, en appelant l'attention des botanistes sur ce fait de découronnement qui semble vouloir se généraliser, nous disons à ceux qui cultivent les Ananas pour leur consommation qu'ils auraient intérêt à cultiver les Ananas sans couronne et dont le fruit, qui vient tout aussi gros que ceux qui en sont munis au lieu d'être effilé au sommet, d'avoir un axe dont l'extrémité est épaisse, souvent fibreuse et coriace, est largement obtus et dont l'axe transformé est entièrement pulpeux et délicieux à manger.

A cela on pourrait répondre que les fruits dépourvus de couronne sont moins beaux, et qu'alors ils ont moins de valeur commerciale, ce que nous reconnaissons; aussi le conseil que nous donnons ici ne s'adresse-til qu'à ceux qui, cultivant les Ananas pour eux, sacrifient un peu aux yeux en faveur du palais...

L'ASPERGE EN ALGÉRIE

Les lecteurs de la Revue horticole qui s'occupent spécialement de culture maraîchère, et en particulier au point de vue de

E.-A. CARRIÈRE.

l'approvisionnement des marchés de Paris, savent tous quelle importance ont acquis au printemps de ces dernières années les en

vois de plusieurs sortes de légumes de notre | Ce n'est, en effet, seulement que depuis colonie algérienne.

C'est ainsi que nous voyons maintenant arriver à Paris des Choux-Fleurs, des Pois, des Pommes de terre, etc., qui viennent faire une concurrence incontestable aux produits similaires du midi de la France, et en particulier de la Provence.

Toutefois jusqu'ici les efforts de nos colons ne semblent pas s'être portés sur une autre plante légumière qui me paraît devoir présenter en Algérie une importance non moins grande que les précédentes. Je veux parler de l'Asperge.

Quand on regarde la distribution géographique des diverses espèces qui composent le genre Asparagus, on voit qu'elles appartiennent, surtout par rapport à nous, plutôt au midi qu'au nord de l'Europe. L'Asperge officinale, le type de notre plante ordinaire, est à la vérité une plante cosmopolite, et nous la voyons indiquée par M. Anderson comme cultivée dans les jardins en Suède et en Norwége, et cela jusque dans la Laponie, à Torne; mais là, ajoute cet excellent observateur, elle l'est spécialement pour l'élégance de son feuillage, qui en fait une des plantes les plus ornementales dans ces latitudes polaires. Cependant on peut dire que c'est surtout quand on descend vers le Midi que l'Asperge est beaucoup plus commune, et qu'elle semble, par l'abondance et la vigueur de sa végétation, y retrouver les conditions les plus favorables à son développement. Mais en même temps qu'on se rapproche du Midi, on voit apparaître dans les conditions les plus diverses de terrains un nombre assez considérable d'espèces.

C'est d'abord l'Asparagus tenuifolius, très-petite plante à tige presque filiforme, au feuillage gracieux, et dont les fruits, qui se teignent d'un rouge orangé à la maturité, acquièrent le volume d'un gros Bigarreau ou celui de Coqueret Alkekenje; puis les A. scaber, Brign., connus aussi sous le nom plus récemment appliqué d'A. amarus; ces deux plantes ont quelque air de parenté avec l'A. officinalis.

Parmi d'autres espèces dont les tiges ont une tendance à devenir ligneuses, nous indiquerons les Asparagus acutifolius des haies et buissons, et des lieux pierreux de l'Europe méridionale et de l'Afrique du Nord; et enfin l'A. albus, remarquable espèce à tiges robustes, dressées et ligneuses, formant un buisson serré et très-épineux; ce dernier, qui ne se trouve en France que dans la Corse, est très-abondant en Algérie.

Il y a là certainement quelque chose de caractéristique et qui, pour l'observateur, ne doit laisser aucun doute en faveur de notre thèse. Jusqu'à présent on ne s'était pas encore livré dans le Midi, au moins d'une manière sérieuse, à cette culture-là.

quelques années qu'on a songé à y introduire nos variétés perfectionnées d'Asperges, et cela pour satisfaire à ce grand courant commercial créé par les chemins de fer en vue de l'approvisionnement de la capitale. Aussi, voyons-nous depuis peu d'années des Asperges du Midi arriver à la halle de Paris. Elles sont bien connues des marchands ou des consommateurs qui s'y approvisionnent.

On le voit, il y a dans le succès obtenu dans les contrées du midi de la France un fait acquis, très-encourageant pour une expérience à tenter en Afrique, puisque nous avons là réunies des conditions qui ne le cèdent en rien à celles de la région méridionale de la France. Ces mêmes espèces d'Asperges que nous avons citées dans le midi de l'Europe croissent également en Algérie. Le climat d'Alger peut rivaliser avec celui des parties les plus favorisées de la Provence. D'autre part la main-d'oeuvre y est plutôt moins coûteuse, et les terres présentant des qualités qui conviennent à cette culture n'y manqueront certainement pas. Il suffit de rappeler la vieille réputation de fertilité de la Mauritanie. Aussi, sommes-nous heureux que l'essai soit maintenant en bonne voie d'être fait, et cela sur une échelle qui a dépassé toutes nos espérances. Mgr l'archevêque d'Alger, dont on connaît l'esprit d'initiative, nous ayant mis à même au mois de janvier dernier de réaliser une vaste plantation, dix hectares sont maintenant plantés par nous en Asperges, et d'ici à quelques années nous espérons un succès complet qui sera pour le pays une nouvelle source de richesse.

Nous pensons intéresser les lecteurs de la Revue horticole en entrant à ce sujet dans quelques détails. Ces plantations ont étei tes dans des lieux un peu éloignés d'Alger et dans des conditions de sol, d'altitude et d'exposition diverses. Nous avons, dans ce but, emporté cent mille griffes choisies de l'Asperge améliorée d'Argenteuil, à laquelle on a donné mon nom.

Les travaux de plantation, qui ont été exécutés en ma présence par trois cultivateurs d'Argenteuil, aidés par cinquante ou soixante, et quelquefois par quatre-vingts jeunes Arabes, filles et garçons, n'ont pas duré moins de trois semaines. Ils ont été effectués sur plusieurs points dans les environs de la Maison-Carrée, puis à SaintCharles, près de Kouba.

A la Maison-Carrée nous avons planté : 1° Dix mille griffes dans un sol sablonneux et humeux, longeant la mer et situé tout à côté de l'Orphelinat;

2o Quinze mille griffes dans un champ déjà occupé par du blé germé et se trouvant à gauche et à peu près à mi-chemin de la

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