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vous tous qui vous intéressez au sort de la viticulture!

Pour les membres de la commission,
Gaston BAZILLE,

Président de la Société d'agriculture de l'Hérault. Nous sommes heureux de constater que, aux efforts de la Société d'agriculture de l'Hérault, l'autorité supérieure vient s'adjoindre. Ainsi, par un arrêté en date du 14 juillet, le Ministre de l'agriculture a institué un prix de 20,000 fr. à l'auteur d'un procédé efficace et pratique pour combattre la nouvelle maladie de la Vigne.

A la page 251 du no du 1er juillet de la Revue horticole, il s'est glissé une petite erreur au sujet de la Pêche Comet. C'est en 1869 et non en 1859 ainsi qu'il a été écrit, 1. c., que cette Pêche a fructifié pour la première fois dans l'établissement de MM: Simon-Louis frères, à Metz. Cette erreur, qui ne tire pas à conséquence, se répare presque d'elle-même. En effet, puisque dans l'article en question il est dit que cette Pêche a été obtenue en 1858, il va de soi qu'elle ne pouvait fructifier en 1859.

MM. Pratt et Cie, horticulteurs à Geneva (New-York, Etats-Unis), et dont l'établissement d'horticulture, de pépinières sur tout, est un des plus importants, désirent se mettre en rapport d'affaires avec les principaux établissements d'horticulture de la France. Dans ce but, ils prient leurs collègues de France de vouloir bien leur adresser leur catalogue. De leur côté, MM. Pratt et Cie s'empresseront d'envoyer le leur à tous les horticulteurs qui voudront bien leur en faire la demande.

Un de nos collègues, qui est en même temps un collaborateur assidu de la Revue horticole, M. G. Delchevalerie, jardinier en chef de S. A. le khédive, au Caire, vient de fonder dans cette ville un journal mensuel d'horticulture et d'agriculture, sous le titre : l'Egypte agricole. C'est là une bonne idée, à laquelle nous applaudissons, et dont doivent se réjouir tous ceux qui s'intéressent à l'horticulture, car, l'humanité étant une, le progrès qui se fait n'importe sur quel point du globe est un avantage dont tous les hommes profitent.

Les conditions tout exceptionnelles dans lesquelles se trouve l'Egypte, ainsi que les nombreux végétaux exotiques qui, grâce aux efforts persévérants du vice-roi actuel, ont été introduits dans ce pays, fourniront à notre collègue de précieux documents, auxquels nous aurons parfois recours.

Dans le premier numéro de l'Egypte agricole, qui a paru au mois de juin dernier, M. Delchevalerie, après une sorte d'introduction dans laquelle il énumère succinc

tement toutes les principales améliorations à apporter aux cultures égyptiennes, ainsi que celles qu'on y a déjà faites, démontre tout l'avantage qu'il y a pour ce pays d'avoir un recueil dans lequel on chercherait à concentrer les efforts communs, tout en essayant de les diriger. C'est dans ce but qu'il a entrepris la publication que nous faisons connaitre à nos lecteurs, et à laquelle nous souhaitons une bonne réussite.

L'Egypte agricole paraît chaque mois en un cahier in-40 de 16 pages, et forme un beau volume par an. Adresser tout ce qui concerne la rédaction et les abonnements au Caire. Prix pour l'Egypte, 24 fr. par an; pour l'étranger, le port en sus.

-Lorsqu'il y a unanimité parmi les gens compétents et souvent d'intérêt opposé pour déclarer qu'une plante est méritante, le fait est à peu près certain. C'est précisément ce qui arrive pour les deux Pelargoniums à fleurs doubles obtenus par M. Sisley, et dont la Revue horticole a plusieurs fois parlé. En effet, tous les horticulteurs ou amateurs qui les ont vus en fleurs sont unanimes pour déclarer que ce sont deux plantes méritantes, d'un coloris tout à fait nouveau, sur lesquelles on fonde beaucoup d'espoir pour l'avenir, comme porte-graines surtout.

Dans une lettre écrite de Courtrai par M. Léonard Pycke, vice-président de la Société d'horticulture de Courtrai, qui avait exposé à Lille le mois dernier, se trouvent quelques passages que nous croyons devoir citer, et qui confirment de tous points ce que nous venons de rapporter. Les voici:

Je suis inscrit en tête de la liste des exposants amateurs, et j'ai obtenu deux médailles d'argent. Mes 'plantes avaient beaucop souffert du transport et surtout de leur séjour à la douane française, et étaient arrivées dans un état désolant. Mes Pelargonium zonale à fleurs simples étaient particulièrement endommagés; aussi dès que je les vis, je désespérai de rien obtenir; mes P. à fleurs doubles avaient mieux résisté et me consolaient des avaries que je constatais sur mes autres plantes, et grâce aux deux magnifiques variétés P. Victoire de Lyon et P. Clémence Royer, j'ai obtenu un assez joli succès..... Maintenant que ces gains sont connus et appréciés dans le nord de la France, je suis convaincu qu'il en sera beaucoup demandé..... Beaucoup d'horticulteurs en sont jaloux..... On est unanime sur la rareté Royer, et ceux que j'avais exposés ont fait les du coloris des P. Victoire de Lyon et Clémence honneurs de mon groupe..... Ce dernier surtout a beaucoup gagné dans mon opinion depuis que j'ai pu en suivre le développement et la florai

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CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE de juillet).

blier, M. Grimard, horticulteur, rue du Rendez-Vous, 22, près la place du Trône, à Paris, informe les amateurs et les horticulteurs qu'il est en mesure de fournir des Dracena lineata, soit en godets séparément, soit en potées comprenant chacune 26 individus. Voici ce qu'il dit de cette plante:

« Cette variété, encore très-rare, de serre froide ou d'orangerie, très-vigoureuse et robuste, est la plus belle et la plus recommandable de son genre, par la longueur, la largeur et l'abondance de ses feuilles, qui sont d'un vert tendre, coriaces et retombantes comme celles d'un Yucca_pendula. Lorsque les plantes sont fortes, elles constituent le plus bel ornement pour les serres, les appartements et mème les jardins paysagers pendant l'été. »

Au sujet de l'indication que nous avons donnée du choix des douze variétés les plus méritantes fait par le cercle professoral pour le progrès de l'arboriculture en Belgique, on nous adresse la lettre suivante :

Monsieur,

Dans votre Chronique horticole de la première quinzaine de juin, vous annoncez que le cercle professoral pour le progrès de l'arboriculture en Belgique a fixé le choix des douze meilleures varietes de Poires, mais vous avez omis d'ajouter de verger; c'est du moins ce qui résulte de l'article déjà publié par vous dans la Revue horticole de 1869, p. 265.

On s'explique déjà difficilement le choix de deux ou trois variétés qui figurent dans la liste, et on s'expliquerait encore moins que, parmi les bonnes variétés de Poires d'espalier et de plein air, les meilleures fussent seulement les douze indiquées.

Cette légère omission pourrait induire en erreur quelques personnes, et je crois bien faire de vous la signaler.

Agréez, etc.

Versailles, 30 juin 1870.

CHEVALLIER.

Ce que nous avons déjà dit de ce choix en 1869, et les quelques réflexions dont nous avons fait suivre notre dernière note (1870, p. 222), nous paraissent préciser suffisamment la question; néanmoins, comme dans ces sortes de sujets une équivoque peut être préjudiciable, on doit toujours chercher à les éviter; aussi remercions-nous M. Chevallier de l'observation qu'il a bien voulu nous faire.

Un amateur d'horticulture des plus distingués, M. J.-E. Lafont fils, propriétaire à Bordeaux, s'adonne tout particulièrement à la culture des arbres fruitiers exotiques ou des végétaux industriels qui, chez nous, peuvent être considérés comme des plantes historiques. Dans ce genre il est riche, comme l'on dit, dans la pratique, et il n'est pas d'années qu'il n'obtienne chez lui des

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résultats que, au point de vue général de l'horticulture, il est bon de faire connaître. Ainsi cette année M. J.-E. Lafont a vu fleurir chez lui l'Imbricaria coriacea ou bois de nattes, dont le bois est l'un des plus précieux et des plus beaux du Brésil.

Un arbre fruitier de Madagascar, le Sorindeia Madagascariensis ou Manguier à grappes (Mangifera pinnata, L., Spondias Mangifera, Willd.), qui est haut de 2 mètres, a également fleuri; en ce moment il porte des fruits. Plusieurs espèces d'Eugenia portent également des fruits dans les serres de M. Lafont. Il en est de même d'une autre plante non moins remarquable, de l'Egle sepiaria, arbre de la famille des Aurantiacées, dont les fruits d'un beau jaune, bons à manger, servent, dit-on, à faire des confitures. Un Carica papaya femelle que possède M. Lafont a été fécondé par une autre espèce originaire de Guayaquil, relativement rustique, à feuillage très-gracieux, plus finement découpé que celui du C. papaya. Déjà les fruits provenant de cette fécondation sont très-gros 12 centimètres de longueur. Que produiront-ils? C'est ce que nous croyons pouvoir dire plus tard.

-La plupart de nos lecteurs, aujourd'hui, connaissent le thermomètre avertisseur électro-métallique de MM. Lemaire-Fournier, fabricants, 22, rue Oberkampf, à Paris. Cet instrument, qui a été décrit et figuré dans la Revue horticole, a subi de notables modifications ou, pour mieux dire, des améliorations; aussi, est il aujourd'hui d'un emploi facile et à la portée de toutes les intelligences. Afin de le vulgariser, les inventeurs viennent de publier un petit opuscule comprenant les différents modèles (au nombre de sept) de ce thermomètre, accompagné d'explications qui en facilitent l'emploi en mettant à même d'en faire usage suivant les diverses conditions dans lesquelles on se trouve placé et l'emploi qu'on veut en faire. Ceux qui désireraient se procurer cet opuscule devront en faire la demande à MM. Lemaire-Fournier, 22, rue Oberkampf.

A l'occasion de la 7° session du Congrès pour l'étude des fruits à cidre, la Société d'horticulture de l'arrondissement d'Yvetot (Seine-Inférieure) fera à Yvetot, les 15, 16, 17, 18 et 19 octobre 1870, une exposition d'horticulture. Les demandes de places devront être adressées au président de la Société, le 1er octobre au plus tard. Le jury se réunira le 15 octobre.

Indépendamment de l'exposition d'horticulture proprement dite, il se tiendra un concours de cidres et de poirés. Quant au Congrès, il devra s'occuper des questions qui se rapportent à la production du cidre, soit

quithian, a engagé un de nos abonnés, M. Durand, à nous écrire la lettre qui suit : 27 juin 1870.

en ce qui touche les arbres, soit en ce qui concerne les fruits, soit enfin à ce qui se rattache particulièrement à la fabrication. On pourra en juger par cette partie du programme que nous croyons devoir citer:

Étude des fruits à cidre exposés : Quelles qualités recherche-t-on dans les Pommes et les Poires destinées au pressoir?

Quelle est l'influence du terrain sur la qualité des fruits?

Emploie-t-on les Pommes acides ou sûres ? Dans quel cas? Dans quelles proportions? Quels avantages ou quels inconvénients offre leur emploi ?

A-t-on essayé l'emploi des Pommes de table pour la fabrication du cidre? Quel a été le résultat de ces essais?

Connaît-on des sortes de Pommes susceptibles de voyager sans détérioration ou propres à fabriquer des cidres capables de supporter de longs voyages

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Les Poires à compottes sucrées et parfumées, sans âpreté, donnent-elles une boisson supérieure ou égale en qualité à celles que fournissent les Poires ordinaires plus ou moins âpres et astringentes?

A-t-on abandonné dans l'arrondissement la culture d'anciennes variétés de Pommes à cidre très-renommées : Peau de Vache, Marin Anfray,

etc.?

Si oui, pourquoi cet abandon?

S'il y a dépérissement des arbres, a-t-on fait ce qui était nécessaire pour le prévenir et y remédier?

A quel degré de maturité emploie-t-on les Pommes à cidre?

Y a-t-il avantage à attendre qu'une notable partie des fruits soient arrivés, sinon à la pourriture proprement dite, au moins à cet état de blettissement qui amène la chair à une coloration comparable à celle du pain d'épice ?

Quels sont les procédés pour l'écrasement des fruits?

Auquel doit-on donner la préférence?

Quel est le mode usité pour extraire le jus? Quelle proportion de jus est extraite des fruits au moyen des diverses sortes de presses, y compris la presse hydraulique?

Quels sont les avantages et les inconvénients de la fabrication du cidre par macération ou déplacement?

Combien de temps les pulpes doivent-elles macérer avant d'être soumises à la presse?

Comment doit-on diriger la fermentation des cidres ?

Pense-t-on qu'il y aurait avantage de laisser fermenter les jus sur la pulpe, ainsi que cela se pratique en quelques pays voisins et à l'exemple de ce que l'on fait pour les vins rouges dont la fermentation a lieu sur la pulpe et sur les ràfles? A-t-on fait des expériences comparatives sur le meilleur mode de conservation des cidres ou sur la lie ou après soutirage? Quel en a été le résultat?

Quelles sont les eaux préférables pour la fabrication du cidre?

L'article publié par M. Liabaud dans la Revue horticole, 1870, p. 239, au sujet d'un procédé de chauffage inventé par M. Ma

Monsieur le rédacteur,

J'ai lu avec beaucoup d'intérêt l'article de M. Liabaud sur le chauffage des serres. L'appareil qu'il décrit me paraît une modification du système déjà employé par M. Gervais. Je ne viens point ici combattre le système de M. Mathian, mais bien faire connaître les avantages du système Gervais.

J'ai chauffé cet hiver, avec 15,000 kilos de charbon:

10 Une serre chaude maintenue constamment à 16-18 degrés (1) sans couverture, ayant 6 mẻtres de largeur sur 2m 50 de hauteur et 13 mètres de longueur ;

2o Un jardin d'hiver de 10 mètres de longueur sur 8 metres de largeur et 5m 25 de hauteur à 15 degrés centigrades sans couverture;

30 Une serre tempérée de 13 mètres de longueur sur 6 mètres de largeur et 2m 50 de hauteur a été maintenue à 8 degrés centigrades sans couverture;

30 Trois bâches à primeurs pour Melons, Haricots, Tomates et Fraises, de 50 mètres de longueur sur 1m 30 de largeur; ces bâches ont été chauffées depuis le 25 octobre jusqu'au printemps.

Voyez les résultats obtenus, et jugez. Nous sommes loin des 168 kilos de houille par 24 heures que M. Liabaud nous donne comme preuve de l'économie produite par son système. Nos grandes serres ont été chauffées pendant 7 mois; par les plus grands froids de l'hiver dernier, notre chaudière marchait 8 heures sans qu'on ait eu besoin de recharger le feu. Agréez, etc.

A. DURAND,

Chef de culture à Noyant (Maine-et-Loire).

Dans sa séance du 5 mai 1870, la Linnean Society de Londres a nommé comme membre, à l'unanimité, un savant des plus distingués, M. Naudin, membre de l'Institut de France.

La Linnean Society, qui a déjà publié vingt-six volumes sous le titre : Transactions of the Linnean Society, etc., est, par rapport à la botanique, ce qu'est, en France, la Société impériale et centrale d'agriculture. Assurément le choix ne pouvait être meilleur; c'est un fait dont nous nous réjouissons tout particulièrement, qui honore ceux qui l'ont provoqué et prouve que de l'autre côté de la Manche on sait apprécier le mérite.

Quelques jours plus tard, l'Académie des sciences de l'Institut de France était appelée à accomplir un acte analogue à celui que nous venons de rapporter; elle devait élire un membre correspondant pour la section. de zoologie. Au nombre des concurrents qui, tous, nous n'en doutons pas, étaient des hommes de grand mérite, se trouvait M. Darwin, un des plus grands savants dont s'honore le XIXe siècle.

(1) Les températures indiquées sont les minima obtenus par les plus grands froids.

COMMENT ON TRAITE LA BOTANIQUE ET LES BOTANISTES.

Par suite de raisons dont nous ne rechercherons pas la valeur; c'est M. Brandt, de Saint-Pétersbourg, qui a été élu. Nul doute pour nous que, en agissant ainsi, la section qui a nommé M. Brandt n'ait été poussée par un sentiment d'équité. Toutefois, tout en respectant cette décision, nous ne pouvons nous empêcher de laisser échapper un sentiment de regret qu'on n'ait pas nommé M. Darwin, qui par suite de ses travaux est universellement connu, et chez qui les idées philosophiques les plus larges et les plus élevées sont unies à des connaissances aussi profondes que variées sur toutes les parties de l'histoire naturelle.

A des savants de cet ordre on ne s'humilierait même pas à faire des offres; à plus forte raison lorsqu'ils se présentent ne saurait-on mettre trop d'empressement à les accueillir. Il n'y a pas de déshonneur à s'effacer devant un autre quand celui-ci se nomme Darwin, et lorsque la modestie se gare pour céder la place à un tel homme, c'est plus que de la modestie, c'est de la déférence équitable qui élève celui ou ceux qui manifestent ce sentiment. C'eût été le

cas.

-Lorsqu'il est question d'arrosages, on recommande toujours de se défier de l'eau de puits, qu'on ne doit employer « qu'avec une très-grande réserve. » N'y a-t-il pas là une exagération, une recommandation un peu banale due à la routine, et qu'on répète constamment, sans réfléchir que presque tou

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jours elle est contredite par les faits ? Cette
recommandation nous paraît être à peu près
l'équivalente de cette autre « qu'on ne doit
pas arroser pendant les chaleurs et surtout
par le soleil.» Nous ne parlerions pas de
ces assertions si nous n'avions des exemples
qu'elles sont exagérées et surtout mal com-
prises. Mal comprises, parce que certaines
gens, prenant les paroles à la lettre, n'arro-
sent pas ou n'arrosent que très-peu (crai-
gnant même de faire du mal à leurs plantes,
parce qu'ils n'ont que de l'eau de puits), et
que nous en avons vu d'autres qui préféraient
laisser souffrir leurs plantes plutôt que de
les << tuer >> en les arrosant par le soleil. Pour
ce qui est de l'eau de puits pour arroser, s'il
est quelques plantes qui la redoutent (et en-
core parce qu'il arrive parfois qu'on a affaire
à des eaux d'une nature exceptionnelle), il en
est aussi qui s'en accommodent. Une preuve
des plus évidentes est fournie par les cultures
maraîchères qui sont très-belles et très-
productives et qui, à peu près toutes, sont
arrosées avec de l'eau de puits. Du reste,
n'est-il pas vrai que les eaux de rivières, en
jardinage, sont une exception? Sans aucun
doute. D'où il résulte que pour défendre l'eau
de puits pour les arrosements, on s'est
appuyé sur une exception. Ici encore et
comme cela arrive souvent, on a pris l'excep-
tion comme règle. En tout, pesons la valeur
des mots afin d'en saisir l'esprit. N'oublions
jamais cette phrase : « LA LETTRE TUE, MAIS
L'ESPRIT VIVIFIE. »
E.-A. CARRIÈRE.

COMMENT ON TRAITE LA BOTANIQUE ET LES BOTANISTES

Il y a quelques mois, un savant professeur de physique à l'Université d'Edimbourg, M. Tait, après avoir, dans sa leçon d'inauguration, passé en revue les grandes découvertes modernes de la physique, s'exprimait ainsi (1):

« Quelle différence entre la philosophie naturelle (entendez la physique) et les sciences telles que la botanique ou l'entomologie! Tandis que la philosophie naturelle exerce nos facultés intellectuelles et appelle nos réflexions sur des sujets dignes d'occuper ce qu'il y a de plus élevé dans notre intelligence, la botanique et l'entomologie ne consistent, la plupart du temps, qu'à charger inutilement la mémoire d'un grand nombre de noms difficiles à retenir. Ces études ressemblent à la lecture d'un dictionnaire, et on pourrait les comparer à celle de l'alphabet chinois, qui possède, dit-on, un caractère spécial pour chaque mot. L'intelligence ne trouve là, en général, pour tout aliment, que des os desséchés et une paille indigeste, au

(1) Nous empruntons une partie de ce qui suit à la Revue des cours scientifiques.

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lieu de cette nourriture substantielle et abondante que lui fournit toute science véritable, lorsqu'elle lui est convenablement enseignée. Qu'avez-vous à apprendre sur une plante, sur un insecte, si ce n'est quelques particularités de leur forme et de leur coloration, afin d'arriver à les désigner correctement par leur nom d'un latin plus que barbare? et lorsque vous êtes parvenu, à force de labeurs, à posséder une somme de connaissances suffisante pour vous sentir capable de nommer à première vue un échantillon quelconque pris au hasard, en êtes-vous plus avancé ? Sans doute vos facultés d'observation et votre mémoire ont pu trouver dans cet exercice fastidieux un moyen de se perfectionner, mais, encore une fois, en êtesvous plus avancé? Je crains bien que non. Une pareille science est généralement de l'espèce de celles qui font parade d'ellesmêmes, et qui, par conséquent se condamnent elles-mêmes. >>

Voilà un langage dur à entendre, et contre lequel il faut protester, et cela avec d'autant plus de raison que l'accusation n'est

pas même à moitié juste. Qu'il y ait des botanistes, ou soi-disant tels, pour qui le nom des plantes est tout, et qui font volontiers étalage de leur science devant un public incompétent, cela peut être; mais la botanique elle-même n'est pas responsable de ce travers d'esprit, pas plus que toute autre science, la médecine par exemple, n'est responsable de l'ignorance ou de l'effronterie des charlatans qui l'exploitent, avec ou sans diplôme. La vraie science est indépendante de nos passions, de nos travers, de nos manies et de nos vices, et lorsqu'on veut la juger il faut faire abstraction complète de la personne de ceux qui la cultivent.

M. Tait se trompe, lorsqu'après beaucoup d'autres il vient jeter à la botanique et à l'entomologie le reproche d'être des sciences de mots. Pour se convaincre de l'injustice de son allégation, il n'avait qu'à jeter les yeux autour de lui; sans sortir des Iles-Britanniques, il aurait vu ce que ses deux compatriotes, le grand Darwin et le savant Joseph Hooker, ont su trouver dans ce chaos apparent du monde végétal et du monde non moins vaste et non moins compliqué des insectes. Est-ce que la création végétale n'est pas un des grands rouages de la nature? Est-ce qu'elle n'est pas l'appareil collecteur et emmagasineur de la force que le soleil verse sur notre globe sous forme de chaleur et de lumière? et n'est-ce pas en elle que l'animal trouve, à l'état potentiel, l'énergie sans laquelle il n'y aurait pour lui ni activité, ni existence possible? Imaginez des milliards de milliards de ressorts qui, à tout instant du jour et de la nuit, sont tendus par le soleil, et qui, passant dans l'organisme animal, s'y détendent et lui livrent la force dont ils étaient dépositaires, vous aurez une idée du rôle que joue sur la terre le règne végétal. Le merveilleux de ce rôle s'accroit encore lorsque nous considérons l'infinie variété de formes que la force revêt dans l'organisme végétal, et cela par suite de la variété tout aussi grande des mécanismes intérieurs de la plante. Il faudrait être aveugle pour ne pas sentir que, par ce côté, le règne végétal rentre, aussi bien que tous les autres agents animés ou inanimés de la création, dans le domaine de la philosophie naturelle.

Est-ce tout ce qu'il y a à y voir? Non ; il y a bien autre chose encore. La plante est un être vivant, qui naît et meurt, qui se reproduit et se multiplie dans le temps et dans l'espace, qui a en quelque sorte une personnalité à elle et un mode d'évolution propre et particulier. Sur tous ces points elle donne lieu aux considérations les plus élevées, et son histoire devient une partie considérable de l'histoire de la terre elle-même, car tout se tient dans la nature; chaque partie est liée à l'ensemble par des connexions indissolubles, vaguement désignées dans la science

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humaine par les expressions de cause et d'effet, et il n'est pas de plante, si exiguë et si inutile qu'on la suppose, qui n'entraîne avec elle le système du monde tout entier. Si elle venait à manquer avant son heure, tout l'univers s'en ressentirait; c'est comme une onde soulevée au milieu de l'Océan par la chute d'un poisson volant ou d'un oiseau, et qui se propage jusqu'aux rivages les plus lointains.

Mais comment s'occuper scientifiquement du règne végétal, si on ne le fractionne pas en espèces, en types organiques, ayant chacun son nom, c'est-à-dire offrant chacun un point de repère à l'esprit, pour le faire distinguer de tout autre? Autant vaudrait s'occuper de mathématiques sans les signes qui y représentent les quantités et les nombres. Il faut donc une nomenclature, et pour avoir le droit de s'intituler botaniste, il faut savoir reconnaître un certain nombre de plantes et pouvoir les désigner par les noms convenus. C'est l'A B C de la science, et, comme tous les A B C, c'est la première connaissance à acquérir; mais qu'on se persuade bien en même temps que la science des plantes ne s'arrête pas là; que la connaissance des espèces n'est qu'un instrument à l'aide duquel on doit de plus en plus reculer la limite. Croire que la botanique ne consiste qu'à connaître beaucoup de plantes et passer sa vie à en apprendre les noms serait une erreur aussi ridicule que celle d'un homme qui, voulant devenir mathématicien, userait ses forces et ses facultés à apprendre par cœur des tables de logarithmes. Si la critique du professeur Tait ne s'adressait qu'à cette innocente manie, il n'y aurait pas eu lieu de la relever; mais il va plus loin, car il confond manifestement ceux qui savent faire quelque chose de la connaissance des plantes avec ceux auxquels la faiblesse de leur esprit rend cette connaissance inutile. Quoi qu'on en ait dit, la botanique n'est ni plus ni moins facile que toute autre science, et pour la cultiver avec quelque profit, c'est-à-dire pour lui faire faire quelque progrès, il faut être doué du sens scientifique. Si la nature vous l'a refusé, devenez artiste, négociant, industriel, artisan, militaire ou tout ce que vous voudrez, mais n'abordez pas une carrière pour laquelle vous n'êtes point fait (1). Sans doute, avec un peu d'adresse, vous pourrez y gagner des places et des traitements, même un semblant de considération; mais la science elle-mème, qu'y gagnera-t-elle ? et vous-même, si vous avez du cœur, ne vous reprocherez-vous pas quelquefois d'occuper un emploi qui eût été plus utile à la société s'il eût été en d'autres mains? NAUDIN.

(1) Comment distinguer si tel homme est doué de facultés scientifiques ou industrielles, sinon par ses travaux? Est-il toujours possible de distinguer les travaux scientifiques des opérations industriel

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