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font une guerre constante et acharnée, les souris se multiplièrent à leur tour en telle quantité qu'elles dévoraient toutes les récoltes. Mais l'homme ne s'étant plus occupé de cette affaire, l'équilibre se rétablit, et aujourd'hui que les vipères se sont multipliées de nouveau, les souris, sur certains points, ont disparu à la grande satisfaction des cultivateurs. De deux maux il faut choisir le moindre, dit un proverbe. Ceci est toujours vrai, et le moyen d'apprécier la gravité d'un mal quelconque, c'est notre intérêt.

Désirant nous renseigner sur l'état actuel des choses, nous écrivîmes à M. DuchesneThoureau, grand propriétaire aux Riceys et à Châtillon-sur-Seine, qui eut l'extrême obligeance de nous répondre la lettre que voici : Les Riceys, 4 juin 1870.

Cher Monsieur,

Je vous écris des Riceys où votre lettre vient de me parvenir. J'aurais voulu vous faire un exposé assez large des mœurs et coutumes des vipères de nos contrées, mais le temps me manque pour cela. Si plus tard vous le trouviez nécessaire, je pourrais entrer dans de plus grands détails.

A mon avis, l'homme qui veut s'instituer le grand régulateur et ordonnateur de toutes choses s'aperçoit bien vite (quand il veut y regarder) qu'il est bien chétif et parfaitement au-dessous de la mission qu'il s'impose.

Pour revenir à la question spéciale, sur laquelle vous sollicitez quelques détails, voici : un beau jour un tolle général s'élève contre les vipères; chacun s'émeut, s'empresse, et ne respire qu'après avoir décrété l'extermination radicale de ces affreuses bêtes.

Comme moyen d'arriver à ce résultat, une prime d'encouragement, 50 centimes par tête de vipère, est votée d'enthousiasme, et comme réponse, l'on voit de toutes parts s'organiser une industrie nouvelle, la chasse aux vipères, ou plutôt la fièvre des vipères.

Mais tout à coup les vipères sont apportées par milliers chez les médecins, pharmaciens, etc., commis pour constater les prises et l'identité; c'est vraiment à n'y pas croire: elles affluent par quantités telles, que les crédits alloués sur les fonds départementaux sont bientôt dépassés, et le paiement de la prime ajourné et reporté aux exercices suivants.

Puis, comme l'on peut s'en douter, la fraude s'organise, et aussi une véritable contrebande de vipères apportées des départements limitrophes (de la Côte-d'Or). D'ailleurs, le métier était lucratif, car certains réalisaient en une seule journée favorable 40 et même 50 fr. de primes, soit 80 et 100 vipères en une matinée: une véritable Californie à la porte de Châtillon.

Aussi, les fonds alloués se trouvant dépassés, et les chasseurs de vipères devenant de plus en plus habiles, une telle profusion de reptiles était présentée, que l'on crut pouvoir, sinon modérer cette ardeur, mais faire quelques économies; alors la prime fut réduite à 30 centimes.

Malgré cette réduction, la chasse continua de plus belle, et bientôt l'encombrement devint tel encore, que l'on crut prudent et sage de ne plus donner que 20 centimes par tête, et encore

en excluant les petits qui jusqu'alors, même renfermés dans le ventre de la mère, étaient comptés, comme les adultes, au prix de 30 cen

times.

grâce à l'industrie, que je vois à peu près abanMais cette dernière mesure porta le coup de donnée, comme ne rémunérant pas des peines et dangers auxquels est exposé le chasseur.

Maintenant, quelles furent les conséquences de cette destruction acharnée ? Ce que l'on n'avait nullement prévu, et qui cependant était bien facile à déduire: c'est que les vipères, animaux essentiellement carnivores, se nourrissant uniquement de souris, il devait forcément arriver que les souris se propageraient outre mesure.

Et ce résultat est tellement avéré et incontes

table, que depuis la guerre sans trève ni merci faite aux reptiles, la gent trotte-menu ayant ses libres allures, a pullulé dans de telles et si incroyables proportions, que je suis en mesure de citer des finagès tout entiers où règne une véritable désolation par le fait des souris.

Il est même certaines contrées où bon nombre de champs, et même de prairies artificielles, ont été tellement dévastés, que depuis plusieurs années l'on ne se donne pas même la peine de les faucher ou moissonner.

En ce qui me concerne, dans le cours de l'été 1868, j'ai vu des cantons tout entiers plantés d'arbres résineux où les souris m'ont causé un les jeunes arbres nouvellement plantés, soit en préjudice considérable et détruit presque tous dévorant leurs racines, soit en les aérant à l'excès, dans un sol déjà trop aride et facile à dessécher.

Maintenant, est-il bien permis d'affirmer que le dépeuplement et la destruction des vipères est la seule cause de cette propagation inouïe de souris? Je le crois, mais toutefois sans pouvoir donner des preuves matérielles à l'appuí. - Et cette conviction est chez moi suffisamment enracinée, pour que vous m'ayez entendu dire plus d'une fois que je m'abslenais de tuer les vipères, avec lesquelles je me trouve cependant en contact incessant, vivant presque dans un milieu de reptiles, car ils foisonnent sur mes terrains; mais je crois que l'homme intervient presque toujours d'une façon maladroite au travers de ces combinaisons qui régissent l'ordre de la

nature.

Agréez, etc.

DUCHESNE-THOUREAU.

-La haute température qui règne depuis quelque temps, jointe à une sécheresse prolongée et jusqu'ici sans exemple, détermine d'eau plus ou moins grand, presque absolu sur différents points de la France un manque dans certains endroits. Le malaise, la gêne, la misère même qui vont résulter d'un tel état de choses sont faciles à comprendre; nous ne chercherons donc pas à les faire ressortir. Pourtant, sans vouloir jeter l'alarme, il est bon de consigner certains faits dans les annales horticoles, qui sont des sortes d'archives dans lesquelles on fouillera plus tard pour établir l'histoire actuelle qui, alors, serà celle du passé!! C'est pour cette raison que nous enregistrerons les principaux faits qu'on voudra bien nous signaler. A ce sujet, un amateur des plus distingués

CORBEILLES ET MASSIFS DE PLANTES ANNUElles.

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de Bordeaux, M. J.-E. Lafont, à la date du | rents points de la France (1), on aura en6 courant, nous écrit une lettre de laquelle core, sinon une bonne récolte, du moins une nous extrayons les passages suivants : récolte beaucoup plus abondante qu'on ne le croyait.

.... En ce moment l'eau manque tellement chez moi, que depuis un mois et plus j'ai cinq hommes et quatre chevaux occupés toute la journée à mes arrosages.

Les chaleurs sont torrides. Voici à ce sujet quelques indications dont je puis garantir l'exactitude au soleil, un thermomètre centigrade noirci, placé contre un mur, marquait, à deux heures et demie, 65 degrés. Dans mes serres à Ana-rement connu nas, qui étaient ouvertes et bien ventilées, un thermomètre marquait 49 degrés. Dans mes serres chaudes ordinaires, tous les châssis étant ouverts et recouverts d'une forte toile qui atténuait l'effet des rayons solaires, il y avait 38 degrés.

Mes cultures sont placées à l'exposition du sudsud-ouest.

L'intérieur du sol des serres, à 40 centimètres de profondeur, sans aucun chauffage artificiel, s'élève de 26 à 28 degrés.

Qu'allons-nous devenir? se demande-t-on de toutes parts. Nous ne savons ni ne nous en mettons en peine, attendu que cela ne servirait à rien. Constatons toutefois que ce langage est à peu près celui qu'on aurait tenu si, au lieu de faire chaud et sec, il eût fait froid et humide. C'est si facile de se plaindre! Aussi, à tort ou à raison, et bien que ça n'avance à rien, presque tout le monde

en use.

Espérons, toutefois, qu'on a beaucoup exagéré le mal, et que, grâce à la pluie qui est survenue ces temps derniers sur diffé

-Le 3 juillet 1870 s'éteignait, dans son domicile à Paris, à l'âge de soixante et quinze ans, un des doyens dont s'honore l'horticulture française, M. Pierre Nicolas JACQUIN. JACQUIN (Pierre-Nicolas) était particulièsous la dénomination de Jacquin jeune. C'est qu'en effet, il était le plus jeune d'une nombreuse famille qui va disparaître; non seulement ils étaient nombreux (douze, croyons-nous), qui tous étaient jardiniers et fils d'un jardinier. Aussi le nom de JACQUIN était-il étroitement lié à l'horticulture, c'est-à-dire au jardinage en général.

Pierre-Nicolas JACQUIN était un de ceux qui, en 1827, fondèrent la Société royale d'horticulture; il fut aussi l'un des collaborateurs d'un ouvrage qui marquera dans l'histoire du jardinage des Annales de Flore et Pomone. Contrairement à tant d'autres, Pierre-Nicolas JACQUIN ne recherchait pas les honneurs, et c'est le plus souvent C'était un de ces hommes qui, très-souvent, dans l'intimité qu'il causait du jardinage. seraient oubliés de leur vivant même, si leur mérite personnel ne les tirait de cette sorte d'obscurité dans laquelle leur modestie semble vouloir les retenir.

E.-A. CARRIÈRE.

CORBEILLES ET MASSIFS DE PLANTES ANNUELLES

rière-saison. Certainement beaucoup de nos plantes vulgaires produiraient en massif autant d'effet que plusieurs de celles venant des contrées lointaines, et qui demandent l'orangerie ou la serre chaude, ce qui parfois en fait à peu près le seul mérite. Il y a de nombreux amateurs de jardins, nous le reconnaissons; mais nous constatons aussi qu'il y a peu d'amateurs de fleurs tel qu'il en existait, et que l'on désignait sous le nom de curieux dans le siècle dernier. Toutes les collections disparaissent au fur et à mesure que ces amateurs s'éteignent, et il ne

Autrefois et naguère encore, les jardins | vif dont l'extrémité des tiges est ornée à l'ard'agrément étaient ornés des plus gracieuses plantes vivaces et des Oignons à fleurs les plus variés, à partir des premiers jours de février et dont la floraison successive se continuait sans interruption pendant les saisons de printemps et d'été, après quoi venait celle des plantes annuelles, dites d'automne. Aujourd'hui, ces fleurs si variées de formes, de port et de coloris, sont invariablement remplacées par les Pelargoniums, les Fuschias, les Coleus, les Anthemis, les Eupatorium, ainsi que par la nombreuse série des plantes à feuillage ornemental, qui très ou trop souvent n'ont d'ornemental que le nom, et dans lesquelles, on comprendra sans doute bientôt le Verbascum Thapsus et le V. phlomoïdes, que du reste nous aimons comme plantes vivaces, à l'égal des Digitalis purpurea; il devra en être ainsi du Symphytum officinale, de l'Eryngium campestre, de l'Hyosciamus niger, de l'Arctium lappa, des Heracleum, etc., puisque déjà on annonce l'Iris fætidissima comme plante à corail, à cause de ses petits fruits rouge

(1) A Paris et dans ses environs - dans un rayon assez grand, très-probablement - dans l'après-midi du 8 juillet, il a tombé, vers deux heures, une pluie d'orage qui a duré environ une heure; le lendemain, vers huit heures, il en a tombé à peu près une même quantité. Depuis, et bien qu'il fasse toujours

très-chaud, c'est plus supportable; la terre étant un

peu humide, l'air est moins sec et moins brûlant; le ciel est aussi plus nuageux, et aujourd'hui 12 juillet il pleut. Aussi déjà notre pronostic se réalise; nous avons entendu plusieurs personnes se plaindre et dire: Encore de la pluie ! quel malheur ! si cela allait continuer, que deviendrait la moisson?

s'en crée pas de nouveaux, que nous sachions. Que faire à cela? En gémir et rien de plus, en constatant qu'il y a décadence en horticulture !

Parmi nos charmantes et élégantes plantes annuelles, que deviennent en effet celles qui ont eu une vogue justement méritée, il y a vingt-cinq ans à peine? Nous voulons parler du Bartonia aurea, du Rhodanthe Manglesii, de nos jolis Nemophyla insignis et maculata, de nos élégants Collinsia bicolor, etc. Toutes ces fleurs étaient ravissantes et le sont encore, mais elles sont absentes de la plupart de nos jardins, et la plus grande partie des propriétaires ignorent même leur existence.

Si les plantes annuelles tendent de plus en plus à disparaître de nos jardins, personne ne pourra en attribuer la faute à la maison Vilmorin-Andrieux, qui ne manque jamais de les rappeler au souvenir des amateurs, dans les expositions florales, de présenter au regard des visiteurs toutes celles qui ont un certain mérite en horticulture. M. Vilmorin sait aussi les grouper avec art dans les corbeilles et les massifs de plantes annuelles, en faisant ressortir les couleurs de chacune d'elles. Nous avons sous les yeux la composition de huit de ces massifs, destinés à orner le jardin de M. le docteur d'Hers, propriétaire à Puymaurin, par Isle-en-Dodon (HauteGaronne), d'après les conseils de M. Vilmorin. En nous associant pleinement à cette heureuse distribution, nous demandons la permission de faire connaître la composition de chacun de ces massifs :

1er massif Tagetes signata pumila, avec bordure d'Alysse odorante.

2me massif: Ageratum cœlestinum nanum, avec bordure de Lin à grandes fleurs rouges.

3ne massif: Zinnias doubles variés, avec bordure de Zinnias jaunes du Mexique. 4me massif Perilla Nankinensis, entourés de Petunias blanc pur.

5me massif Pourpiers variés, entourés de Lobelia erinus à grandes fleurs.

6me massif: Eillets de la Chine doubles rayés, avec bordure de Sanvitalia procumbens, flore pleno.

7me massif: Phlox Drummondi variés, entourés de Réséda odorant.

8me massif: Reines-Marguerites, Chrysanthème naine blanche, avec bordure de ReinesMarguerites gris de lin.

Par cette combinaison ingénieuse et artistique, il est facile de varier ses jouissances, et de sortir de cette sorte de monotonie que l'on rencontre dans presque tous les jardins, où sont invariablement plantés les mêmes Pelargoniums, les mêmes plantes à feuilles ornementales, etc., et où la plus grande partie des plantes vivaces et annuelles de pleine terre sont mises à l'interdit ou inconnues. Nous qui appartenons à la vieille école, et qui cultivons encore les Juliennes doubles blanches et violettes, la Violette marine et toutes ses belles variétés, les Iris, dont plus de cent nouvelles variétés des plus remarquables et inédites, proviennent de nos semis; les Verveines, les Véroniques, les Lis blancs, bulbifères et tigrés ; les Boutons d'or et d'argent, les Mignardises, les Chrysanthèmes, et généralement toutes les plantes dont la floraison se succède jusqu'aux fortes gelées, on doit comprendre combien il nous est pénible de voir que toutes ces plantes, si jolies et d'une culture facile, soient actuellement abandonnées par la majeure partie des propriétaires et des jardiniers.

BEGONIA INCARNATA

Bien que n'étant pas nouvelle, l'espèce que représente la figure 45, le B. incarnata, n'en est pas moins l'une des plus belles du genre au point de vue de l'ornement floral. En effet, cette plante est extrêmement floribonde, vigoureuse, peu délicate et relativement rustique. Elle est monoïque, et ses tiges nombreuses, charnues, sous-frutescentes, fortement noueuses, ont l'écorce lisse, verte, munie de lenticelles linéaires elliptiques, d'un blanc grisâtre. Les feuilles, longuement pétiolées, d'un vert luisant en dessus, plus pâles en dessous, sont glabres et luisantes sur les deux faces; le limbe qui est très-inéquilatéral à la base est bordé de dents fines, courtes et inégales, présentant çà et là, à des distances plus ou moins grandes, une dent beaucoup plus saillante. Les fleurs, qui se montrent depuis décembre

BOSSIN.

jusqu'en mars, sont très-abondantes, disposées en grappes cymoïdes pendantes; elles sont d'un rose carné, solitaires, sur un pédoncule grêle, blanc ou très-légèrement rosé.

Peu de plantes sont plus ornementales que le B. incarnata; aussi devrait-on le trouver dans toutes les collections. Sa disposition à s'allonger le rend très-propre à garnir les murs du fond des serres, condition à laquelle il est d'autant plus propre, qu'il pousse et fleurit parfaitement à l'ombre. On peut aussi l'employer à garnir des colonnes ou à cacher des soubassements. Il va sans dire que dans ces conditions les plantes doivent être mises en pleine terre. Nous ne serions pas éloigné de croire que dans les mains des horticulteurs parisiens, le B. incarnata puisse être traité avec avan

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plante de marché. Dans la disposition natu- et sont à cinq pétales, plus petits et ph relle des fleurs, les mâles sont toujours pla-guliers, tandis que les fleurs måles 1. cées au-dessus des femelles et à peu près en que quatre pétales en croix, dont deux tr même nombre. En général aussi les fleurs grands. femelles sont plus longuement pédonculées,

NOTES POMOLOGIQUES (1)

On se rappelle que nous avons adopté le mot NECTARINE pour désigner toutes les Pêches à peau lisse, aussi bien celles à chair adhérente que celles à chair libre. Cette désignation présente l'avantage d'éviter la confusion, les pomologistes, jusqu'à présent, ne s'étant pas mis d'accord sur la véritable signification du mot Brugnon, lequel est généralement considéré comme s'appliquant à toutes les Pêches à peau lisse, tandis que certains auteurs l'ont spécialement réservé pour celles de ces dernières dont la chair est adhérente, nommant celles à chair libre, les uns Pêches lisses, les autres Nectarines.

Parmi ces auteurs se trouve M. de Mortillet, lequel blâme M. Carrière d'avoir adopté le terme Brugnonnier pour toutes les Pêches lisses, et l'accuse d'avoir voulu innover (2). Que va-t-il dire de nous qui, en réalité, innovons, tandis que M. Carrière n'a fait que se conformer à l'usage? Nous osons espérer qu'il ne verra pas là une in

(1) Voir Revue horticole, 1870, pp. 70, 113, 127, 156, 210, 232 et 250

(2) Les meilleurs fruits, t. I, p. 217.

E.-A. CARRIÈRE.

novation faite à plaisir, mais un moyen facile de s'entendre et d'éviter les confusions toujours si nuisibles au progrès. D'une autre part, nous considérons la question comme encore trop embrouillée pour que l'un ou l'autre de nous puisse prouver qu'il est plus dans le vrai que son contradicteur. L'avenir nous dira lequel a raison.

Il est possible que, comme l'affirme M. de Mortillet, nos aïeux n'entendaient par Brugnon que les Pèches lisses à chair adhérente; mais aujourd'hui, il n'en est plus ainsi; la tradition s'est, parait-il, profondément altérée. Aussi pensons-nous que cette désignation, prise dans son sens général, c'est-à-dire comme s'appliquant à toutes les Pêches à peau lisse, est trop enracinée dans l'esprit du plus grand nombre, pour qu'en demandant à la majorité des jardiniers et de toutes les personnes qui s'occupent quelque peu d'arboriculture ce qu'ils entendent par Brugnon, ils ne répondent invariablement: les Pêches sans duvet.

On nous objectera peut-être que, pour arriver à délimiter scientifiquement la valeur des termes à employer en pomologie, et à établir

la nomenclature pomologique sur des bases rationnelles, on ne doit pas trop s'inquiéter de l'usage. Mais à cette objection, qui peut avoir sa raison d'être à certains points de vue, et à laquelle nous-même nous rallierions si cela était possible, nous répondrons en citant l'exemple de cet éminent botaniste qui, désirant élever à la pomologie un monument digne d'elle et de lui, a voulu entreprendre en même temps d'en réformer la nomenclature, et a cru, pour y arriver, pouvoir rompre impunément avec ce despote que l'on nomme l'usage. Qu'en est-il résulté, sinon une défaite pour lui? Et ne s'est-il pas fourvoyé à ce point que le splendide ouvrage qu'il léguera à la postérité conservera toujours cette tache indélébile qui l'empêchera d'occuper, parmi les travaux pomologiques dont notre époque peut s'enorgueillir, la place d'honneur qui sans cela lui eût été réservée? car sa nomenclature n'est et ne sera jamais admise par personne.

Et, au reste, en adoptant le mot NECTARINE pour toutes les Pêches lisses, nous ne compliquons nullement la question, ce terine devant simplement remplacer la désiguation de Pêches lisses, qui précise inoins nettement et insuffisamment les différences qui existent entre ces dernières et les Pèches à duvet, et le mot Brugnon pouvant toujours être réservé à celles à chair adhérente: il correspondrait, parmi les NECTARINES, aux Pavies des Pèches proprement dites.

Les Anglais et les Américains, auxquels nous avons emprunté cette dénomination de NECTARINES, considèrent ce fruit comme constituant une sorte de genre en dehors des Pêches.

Ont-ils raison? Oui et non.

Oui, au point de vue pomologique et pratique.

Non, au point de vue botanique et théorique.

En effet, le seul caractère bien tranché qui les distingue botaniquement, la glabréité de la peau du fruit, est loin d'être suffisant pour les spécifier autrement que comme une variation, d'autant plus légère qu'elle est inconstante par le semis (1), et qu'elle s'est produite par dimor

(1) L'authenticité de ce fait est mise en doute par M. de Mortillet (Les meilleurs fruits, t. I, p. 215); mais elle est certifiée par le célèbre pépiniéristepomologue anglais Rivers, qui s'est occupé, et s'occupe encore d'une manière toute spéciale et avec beaucoup de succès, de semis de Pêches et de Nectarines. N'est-il pas évident, du reste, que, du moment où une branche de Pêcher à fruit duveteux est susceptible de produire une Nectarine, ce qui a été constaté à différentes reprises, il n'est guère possible de considérer cette simple variation comme une espèce devant se reproduire constaminent par le semis? M. Rivers a obtenu très-souvent

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Cette contradiction nécessaire entre deux sciences qui se touchent de si près, et dont l'une n'est pour ainsi dire que le complément de l'autre, est, du reste, plus apparente que réelle. Elle ne doit, en tous cas, nullement inquiéter certains adeptes de la science mère qu'ils se rassurent, elle n'aura aucune conséquence fâcheuse. Leurs confrères en pomologie se contenteront de l'utilité pratique qu'offre cette diversion, et se garderont bien d'en tirer des déductions, et encore plus de l'ériger en théorie. Car ils pourraient bien, s'il leur prenait fantaisie de s'égarer en ce sens dans ces parages, s'attirer les mauvaises grâces de certain Zoïle, ce dont ils ne se soucient nullement, préférant le calme de leurs modestes et paisibles discussions à l'agitation de la tempète qui gronde sur la tête des imprudents assez audacieux pour toucher à l'arche sainte qui cache à nos yeux cet être idéal et insaisissable que l'on nomme l'espèce.

Qu'on nous pardonne cette légère digression en dehors de notre sujet. Cette question brûlante n'est certes pas de notre ressort; nous y avons été amené sans le vouloir. Mais laissons de côté pour aujourd'hui la question physiologique, qui, déjà, nous a entraîné trop loin, et reprenons la marche que nous impose notre titre.

Notre intention étant, comme nous l'avons promis, de passer en revue toutes les variétés de NECTARINES dont les caractères nous sont connus, nous avons pensé bien LOGIQUE de M. Carrière. faire de les classer d'après l'ARBRE GÉNÉA

Notre but, en les signalant toutes, est, comme nous l'avons dit, de démontrer que le peu de faveur avec lequel cet excellent fruit est généralement accueilli dans nos jardins est causé par l'ignorance où l'on est en France de la connaissance de ces belles et bonnes variétés introduites d'An

gleterre et de Belgique, et qui laissent loin derrière elles les quelques variétés anciennement connues en France. C'est pourquoi, dans chaque série, nous aurons soin de les placer, aussi approximativement que possible, suivant leur ordre d'ancienneté.

des Pèches à duvet en semant des noyaux de Nectarines, et réciproquement.

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