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CHRONIQUE HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE JUIN)

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Notice de M. Nardy aîné sur la culture des Eillets. Erratum. - Fructification du Quercus Libani au
Muséum. État des récoltes dans l'Ariége. · Lettre de M. Léo d'Ounous. Concours ouverts par la
Société d'agriculture de Joigny. - Exposition de la Société centrale d'horticulture. Serre en bois de
M. Nattier. Soufflet-injecteur Pillon. - Insecticide liquide de M. Cloez. Appareils de chauffage.
A propos des récompenses accordées par le jury à l'Exposition de la Société centrale d'horticulture.
Emploi des jus de tabac pour la destruction des insectes. Mémoire de M. Duchartre sur le Lis.
Expérience faite à Bordeaux sur des Chênes mexicains par M. Durieu de Maisonneuve. - Végétaux
exotiques de plein air de la région des Oliviers. - Travail de M. Chabaud. Abricot-Pêche Valettain..
- Un vieux proverbe. Floraison des Lis blancs. Concours international de moissonneuses à Petit-
Bourg et à Chamant. Les récoltes dans le Gers. · Lettre de M. Dumas.

Quelle que soit la partie qu'on embrasse, on acquiert d'autant plus d'habileté qu'on spécialise davantage les cultures, fait qui se comprend, car alors toute l'attention se portant sur une même chose, on en saisit beau

coup mieux les détails; on arrive à s'identifier presque avec ce que l'on a constamment sous les yeux, et le moindre besoin ou la plus petite souffrance d'un végétal est de suite remarqué. Aussi les horticulteurs spéciaux acquièrent-ils chacun dans sa spécialité un talent, un tact tout particulier qui leur permet de produire des résultats qu'on ne saurait trouver ailleurs. C'est donc à eux qu'il faut s'adresser lorsqu'on veut pratiquer avec succès des cultures auxquelles on n'est pas suffisamment initié. Nous avons donc pensé que la reproduction d'une petite notice écrite par M. Nardy aîné, horticulteur à Montplaisir-Lyon, sur la culture des Eillets remontants, pourrait trouver place dans cette chronique. La voici :

Je recommande pour l'Eillet remontant la culture et les soins succinctement indiqués ci-après. Ma recommandation est appuyée sur une pratique de plusieurs années.

Mise en pleine terre en avril-mai des boutures faites en septembre-octobre sur couche tiède et sous châssis où la reprise se fait bien, ou encore en hiver; en cette saison, chauffer légèrement. Ces boutures, qui ont pu être repiquées en godets ou en pépinière après reprise, ont dû subir, avant la mise en pleine terre, un pincement qui a fait développer trois ou quatre petites branches. Grand air et terre ordinaire de jardin ; mieux même, terre nouvellement en culture jardinière bien défoncée, et fumée avec de l'engrais déjà avancé en décomposition. Arrosages plutôt copieux que fréquents pendant les séche

resses.

Ainsi traitées, beaucoup de plantes commencent à fleurir en août, à moins qu'on leur ait fait subir un second pincement qui, alors, en retarde la floraison. En septembre-octobre enlever de pleine terre les plantes fleuries ou en boutons, ainsi que celles qui commencent à montrer des tiges florales (les autres peuvent, si l'on n'a pas de place en serre, être laissées en pleine terre, où les pieds d'Eillets remontants résistent aussi bien à l'hiver que les Eillets fantaisie, etc.).

1er JUILLET 1870.

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Les plantes enlevées de pleine terre en mottes sont mises en vases dont la grandeur est proportionnée à la force des sujets. L'empotage fini, on arrose fortement, puis l'on bassine fréquemment pendant quelques jours, afin de hâter la reprise. Pour l'hiver, on rentre les plantes en serre tempérée, où on les place près des verres, ou encore, si l'on ne peut faire mieux, en orangerie près des jours ou bien dans des bâches sèches.

Une erreur typographique qui s'est glissée dans l'article intitulé: Bonnes variétés de Laitues (1), par M. Bossin, fait dire à ce dernier « que la Pomme de terre Hollande de Brie est la même que l'ancienne Hollande jaune, » ce qu'il n'a jamais écrit ni pensé. Ces deux variétés sont, au contraire, parfaitement distinctes.

- Un des pieds de Quercus Libani (2), ce moment en planté au Muséum, est en fructification. C'est probablement la première fois que cet arbre fleurit et fructifie en Europe, fait à peu près hors de doute, puisque, selon toute apparence, c'est au Muséum où les premières graines de cette espèce ont été envoyées de l'Asie Mineure par M. Balansa, vers 1865. Les glands serontils semblables à ceux que nous avons reçus du Liban, et les autres pieds que nous possédons produiront-ils des glands semblables lons? Le contraire aurait lieu que nous n'er à ceux qu'à produits le pied dont nous parserions pas surpris.

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Un de nos collaborateurs, M. Léo d'Ounous, nous écrit de Saverdun (Ariége), à la date du 2 juin, pour nous faire connaître l'état des récoltes dans cette partie de la France. Nous reproduisons sa lettre, qui montre que tout n'est pas perdu, et qu'il y aura encore une récolte suffisamment abondante. Nous désirons qu'il en soit de même partout et pour tous, ce que pourtant nous n'osons espérer. Quoi qu'il en soit, voici la lettre de M. d'Ounous:

(1) V. Revue hort., 1870, p. 204.
(2) Voir Revue horticole, 1870, p. 58.

13.

Monsieur le directeur,

Les années, en se succédant, présentent des singularités et des bizarreries qu'il est bon de signaler, afin, s'il y a lieu, de mettre les personnes en garde et de prévenir des désastres, et au contraire, s'il est possible, d'accroître les bons résultats obtenus.

L'hiver et le printemps de 1870 n'ont pas dépassé en basses températures 5 ou 6 degrés au-dessous de zéro. Des neiges suffisantes, mais absence presque absolue de ces pluies -bienfaisantes des mois d'avril et de mai, qui en donnant à la végétation sa force et sa beauté, contribuent à gonfler les rivières et les cours d'eau, en alimentant les sources et les fontaines. Aussi éprouve-t-on déjà de sérieuses difficultés pour abreuver le bétail; dans beaucoup d'endroits, les meilleurs puits sont presque secs.

Par suite des sécheresses trop prolongées, les arboriculteurs auront beaucoup de vides à combler dans leurs plantations. Ainsi les Robiniers, les Féviers, les Aylantes, les Chênes, les Peupliers de Virginie et de la Caroline n'ont point encore végété, tandis que les Peupliers d'Italie et les Peupliers Tremble ont bien réussi, bien que plantés dans les mêmes conditions que les précédents, ce qui fait supposer qu'ils ont trouvé une fraîcheur suffisante pour leur reprise. Les pertes éprouvées dans les parcs ou les jardins d'ornement, sans être nombreuses, sont cependant regrettables.

Eu 1869, la floraison des Paulownia, des Julibrizin, des Azedarachs, des Cèdres Deodora et des Sequoia sempervirens, fut des plus abondantes; elle a dû nuire beaucoup à celle de 1870. En compensation, celle des arbres fruitiers en général, et celle des Abricotiers, Pêchers et Cerisiers, a été aussi remarquable qu'abondante; les fruits sont restés en grande quantité. Depuis quelques jours on cueille des Fraises et des Cerises. Les Groseillers et les Framboisiers produiront beaucoup. Les Amandiers et les Châtaigners prets à mûrir ou à fleurir promettent d'abondantes récoltes.

En somme, et malgré la disette des fourrages, l'année agricole et horticole se présente sous de favorables auspices. Les potagers facilement arrosés sont en pleine production; j'ai rarement recueilli d'aussi bon Pois et Artichauts; les SaJades sont énormes et fort tendres. On peut déjà cueillir de jeunes Pommes de terre. La Vigne

en treille et en cordons montre de nombreuses

grappes. Pas de traces d'oïdium, ni de phylloxera, ni de pyrale, et aussi absence totale de hannetons, de vers blancs; mais en revanche, les Pommiers et les Chênes sont ravagés par les chenilles. J'ai aperçu des pucerons lanigères sur quelques Pommiers.

Agréez, etc.

L. D'OUNOUS.

Dans une de ses dernières séances, la Société d'agriculture de Joigny a décidé qu'elle donnerait des primes aux meilleurs ouvrages indiqués plus loin, et dont les manuscrits lui seraient présentés avant le 1er mai 1871 (1):

Le premier de ces ouvrages comprenant :

(1) Les manuscrits devront être adressés avant le 1er mai 1871 à M. Précy, président de la Société, à Chassy (Yonne).

1o les notions les plus élémentaires sur le poids d'un corps, la balance, le baromètre, le thermomètre; sur la chaleur, en se bornant aux faits les plus usuels que chacun peut voir et vérifier; 20 les notions de chimie sur les corps qui composent l'air, l'eau, les végétaux, les principales pierres; en faire l'application aux industries agricoles, à la fabrication du vin, à la connaissance des diverses terres du département de l'Yonne, de la terre arable, des engrais; donner comme conséquence les assolements et l'alimentation des bestiaux.

Le deuxième contenant la description des organes principaux, des végétaux, leurs fonctions, et décrivant les principales plantes cultivées et leur mode principal de culture.

Le troisième, donnant les notions de zoologie s'attachant à la description des organes principaux des animaux connus, cheval, bœuf, mouton, etc.; donner comme conséquence une idée des soins qui leur sont nécessaires.

Chaque partie pourra être traitée séparément. La liberté la plus grande est laissée aux concurrents, quant au développement du travail.

Un prix de 600 fr. sera décerné. Ce prix pourra être divisé.

En parcourant dernièrement à l'expoposition de la Société impériale et centrale d'horticulture la partie occupée par l'industrie, et en dehors des divers objets très-intéressants qu'on y rencontre, nous avons remarqué entre autres trois choses dont nous allons parler, et sur lesquelles nous reviendrons au besoin. C'est d'abord :

Une serre en bois exposée par M. Nattier, commode, solide et bien conditionnée, remarquable surtout par un système particulier d'aération, qui permet instantanément, sans effort ni difficulté, de donner de l'air dans toute la partie supérieure de la serre.

Un soufflet injecteur, inventé par M. Pillon, avec lequel et avec la plus grande facilité on peut projeter, soit des liquides insecticides, soit des corps pulvérisés et réduits à l'état de poussière, dont on se sert également pour détruire les insectes. Nous donnons plus loin une description et une figure de cet instrument, qui nous paraît appelé à rendre de grands services à la culture en général, mais tout particulièrement à l'horticulture.

A propos d'insecticide liquide, et en appelant de nouveau l'attention sur ce sujet, nous devons rappeler celui qu'a inventė M. Cloëz, et dont la Revue horticole a plusieurs fois parlé, notamment page 288, en 1869. Ce liquide, dont nous avons indiqué la préparation l. c., consiste en une décoction de Quassia amara et de Staphysaigre (Delphinium staphysagria). Si nous revenons sur ce liquide, c'est d'une part, en rappelant les bons effets qu'il produit, pour indiquer à nos lecteurs que la substance qui le constitue en grande partie, la décoction de Quassia amara, a subi une baisse de prix assez notable. Ainsi l'on peut s'en procurer, en

CHRONIQUE, HORTICOLE (DEUXIÈME QUINZAINE DE Juin).

bûche, à 50 centimes le kilogramme, à 70 centimes s'il est en copeaux, chez MM. Welter et Storck, droguistes, 20, rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, à Paris. Ces prix sont, en effet, très-faibles si on les compare à ceux auxquels certains pharmaciens ont vendu et vendent encore cette substance: de 3 à 5-6 francs le kilogramme; i en est même qui l'ont vendu jusqu'à 12 francs.

La troisième chose dont nous avons à parler pour cette fois, du moins à propos de l'industrie se rapporte aux chauffages exposés, et pour lesquels, nous a-t-on assuré, le jury s'est déclaré incompétent. Si le fait est exact, il est d'autant plus regrettable qu'il est contraire à ce que les exposants étaient en droit d'attendre de la Société. En effet, les ayant engagés à exposer, on devait examiner leurs produits, et si le jury nommé pour se prononcer sur l'industrie était incompétent, il a bien fait de le déclarer, mais alors la Société devait en nommer un autre. Nous ne doutons pas que la Société ait eu de bonnes raisons pour ne pas l'avoir fait, mais cela n'a pas paru suffisant aux exposants, qui ont manifesté leur mécontentement, ce que nous comprenons. Très-prochainement nous reviendrons sur l'un des chauffages exposés, et qui nous a paru tout particulièrement digne de fixer l'attention de nos lecteurs.

- Un fait qui nous a frappé à la dernière exposition de la Société impériale et centrale d'horticulture, qui nous paraît regrettable par ses conséquences et qu'il suffira de signaler, croyons-nous, pour le faire disparaître, est l'enlèvement des pancartes indiquant les prix accordés par le jury à certains lots lorsque par suite d'une récompense plus élevée, ces prix se trouvent annulés, c'està-dire fondus (style jardinier). Nous ne parlons pas contre la chose, qui est admise-bien que sous ce rapport il y ait peut-être certaines modifications à apporter; nous ne voulons que constater un fait qui nous paraît préjudiciable aux exposants, sans avoir aucun avantage pour la Société, et qui même a très-souvent l'inconvénient de tromper le public en produisant sur lui une impression désagréable et de regret, fait qui va ressortir de l'exemple que nous allons citer. Supposons en effet que parmi les trois, quatre, cinq, six, huit lots mis par un même exposant, cinq aient été primés, et que lors de la répartition cet exposant obtienne une médaille d'honneur; alors, excepté un, tous ces lots seront dépouillés de tout signe de récompense; un seul portera donc la marque de l'heureuse décision. Quel sera dans ce cas le jugement du public qui ignore comment les choses se passent, lorsqu'il examinera certains lots qui

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lui paraissant beaux n'ont pas été récompensés? De ces deux choses l'une que le jury n'a pas jugé équitablement, ou bien que ces lots ne sont pas méritants, deux choses contraires à la vérité. Il peut encore y avoir cet inconvénient, que l'exposant qui a obtenu une médaille d'honneur pour plusieurs lots place cette médaille sur un des lots bien inférieur à un autre placé à côté et qui, pourtant, n'aura obtenu qu'une médaille de moindre valeur; alors le public murmurera encore. Aura-t-il tort?

Pour éviter ces inconvénients, nous émettons le vœu que, à l'avenir, chacun des lots portât et conservat pendant tout le temps de l'exposition (sauf le cas où le lot n'étant ni entretenu ni renouvelé, présenterait un aspect qui parût infirmer la récompense accordée, cas dans lequel la commission d'exposition pourrait faire enlever la pancarte ou le lot, ou même les deux choses), ce qui toutefois n'empêcherait pas, lors de la répartition des médailles, d'en annuler un certain nombre en raison des récompenses plus élevées dans lesquelles elles se confondraient. En agissant comme nous conseillons de le faire, le public verrait dans l'application une sorte d'école qui lui indiquerait la valeur relative des lots au point de vue du mérite horticole; la société n'y perdrait rien, et les horticulteurs y gagneraient. Bref, chacun y trouverait son compte.

Il est peu de nos lecteurs qui ne sachent qu'une forte décoction de tabac est toujours plus ou moins efficace pour opérer la destruction des pucerons, mais en revanche peut-être n'en est-il qu'un très-petit nombre qui savent que, à la Ferme impériale des Tabacs, à Paris, on peut se procurer de la nicotine liquide, c'est-à-dire des décoctions très-concentrées de tabac, à raison de 30 centimes le litre. En prenant un litre de cette nicotine auquel on ajoute cinq litres d'eau, on obtient un mélange qui, projeté sur les parties attaquées par les pucerons, fait mourir ceux-ci. Si deux jours après cette opération on s'apercevait qu'il y a encore des pucerons, on recommencerait une seconde aspersion. Il est bien rare qu'on soit obligé d'aller au-delà de deux fois. Les cultivateurs de Montreuil, Rosny-sous-Bois, etc., font fréquemment emploi de la nicotine; ils s'en trouvent très-bien.

Aux amateurs du genre Lis nous ne saurions trop recommander la lecture d'un intéressant Mémoire écrit par M. Duchartre et publié dans le Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture de France, 1870, p. 212. La première partie de ce travail est consacrée à l'examen et à l'énumération des espèces et variétés de Lis que possède M. Max Leichtlin, de Carlsruhe, qui, aujour

d'hui, est l'un des plus grands amateurs de Lis, | et qui sans aucun doute possède la plus riche et la plus nombreuse collection qui ait jamais existé de ce genre. Pour le démontrer il suffit de dire que le nombre des espèces déterminées qu'il possède dépasse 75, que celles non déterminées sont de 20, et que près de 80 sont regardées comme des formes ou des variétés d'espèces connues. Après cette énumération, M. Duchartre s'attache à démontrer l'accroissement successif qu'a suivi le genre Lis à partir de la troisième édition du Species plantarum de Linné, qui porte la date de 1762. A cette époque le nombre des espèces était seulement de 9. A partir de là ce nombre va constamment en augmentant, ce que fa t très-bien ressortir M. Duchartre en indiquant le nom des espèces au fur et à mesure qu'elles apparaissent, ainsi que leur origine, joint aux particularités lorsqu'ils en présente t. M. Duchartre pouvait d'autant mieux faire ce travail, que lui-même s'occupe particulièrement des Lis, et qu'il en possède une très-jolie collection. Nous croyons même savoir qu'il a amassé de nombreux et très-intéressants documents sur ces plantes, et que personne mieux que lui ne pourrait faire une monographie du genre Lis. Espérons qu'il nous dotera bientôt de ce travail, qui tout en rendant service aux amateurs en leur faisant connaître beaucoup d'espèces nouvelles, mettra de l'ordre dans les collections scientifiques qui, il faut bien en couvenir, laissent beaucoup à désirer.

Cette idée que dans un pays trèschaud, dépourvu d'hiver, il ne pouvait y avoir de végétaux rustiques, perd de plus en plus de sa valeur depuis que les voyageurs indiquent les stations où croissent les plantes. L'on sait, en effet, que dans un pays même très-chaud il peut y avoir des parties relativement froides. En dehors de ces conditions qui expliquent la rusticité de certains végétaux, il est des plantes dont la rusticité est le fait de leur organisation. Ici encore l'expérience est le plus grand maître. Il est donc bon, il peut même être très-avantageux, lorsqu'on possède un certain nombre de plantes dont on doute de la rusticité, d'en sacrifier quelques-unes en les livrant à la pleine terre. Ce qui nous suggère cette réflexion, c'est l'expérience qui vient d'être faite à Bordeaux par M. Durieu de Maisonneuve, sur des Chênes mexicains, dont les glands avaient été envoyés au Muséum par MM. Bourgeaut et Hahn, en 1865. Il y en avait de huit sortes qui, bien que distinctes par la forme et le volume des glands, ont donné des plantes dont le faciès général était à peu près le même. Une seule était étiquetée: c'est le Quercus laurifolia. Nous cultivons ces plantes en pots; nous les rentrons l'hiver dans des coffres sous des châssis.

M. Durieu, au contraire, à qui nous en avions donné quelques pieds, les ayant laissés à l'air sans aucun abri pendant tout l'hiver dernier, a pu constater que ces Chênes étaient très-rustiques, puisque leurs feuilles même n'ont pas souffert. C'est donc une acquisition de plus pour l'ornement des jardins, d'autant plus précieuse que leurs feuilles, en général persistantes et longues, tranchent nettement, non seulement avec tous les Chênes, mais avec les arbres ou arbrisseaux qui composent les massifs des jardins paysagers.

M. Chabaud, jardinier en chef de la marine à Toulon, vice-président de la Société d'horticulture et d'acclimatation du département du Var, publie dans les Annales de cette Société la liste des végétaux exotiques de plein air, dans la région des Oliviers en France bien entendu.-L'auteur de ce mémoire, après un court exposé des motifs qui l'ont engagé à entreprendre cette publication, aborde son sujet en commençant par la famille des Anonacées. Ce travail est d'autant plus intéressant que, en même temps qu'il fait connaître les végétaux qui croissent dans cette contrée, il sert de guide aux amateurs en leur indiquant le parti qu'on peut tirer de telle ou telle espèce, si elle est vigoureuse, quel est son mérite, etc. Nous y reviendrons."

Dans ce même recueil, à la page 57, M. Ad. Nonay décrit un nouvel AbricotPêche qu'il a obtenu de semis, qu'on a nommé Valettain, du nom de Valette, commune où s'est produite cette variété. Voici ce qu'en dit l'obtenteur :

<< Fruit énorme, uniformément coloré, mesurant à peu près 8 centimètres de hauteur sur 6 de largeur, fortement attaché à un pédoncule très-court; peau lisse, légèrement pointillée. Les cinq fruits qui sont restés sur l'arbre en 1869 pesaient 775 grammes, soit une moyenne de 155 grammes chacun. Le noyau est large, bombé, l'amande amère. La chair est de même couleur que la peau, très-juteuse, fondante, excessivement sucrée et parfumée. Les fleurs n'ont pas été examinées. L'arbre doit être mené de près; il s'emporte facilement. >>

Un vieux proverbe, fort accrédité dans les campagnes, dit : « Autant de jours la floraison du Lis blanc précède la Saint-Jean, autant de jours la moisson se fera avant le mois d'août. » S'il en est ainsi cette année, la moisson, dans les environs de Paris, c'està-dire dans un rayon de 20 à 30 lieues, cette ville étant prise comme centre, commencerait vers le 15 juillet, le Lis blanc à Paris ayant commencé à fleurir le 12 juin.

-L'agriculture et l'horticulture sont tel

EFFETS DE L'HUMIDITÉ SURABONDANTE DU SOL SUR LES ARBRES FRUITIERS.

lement liées, que ce qui intéresse l'une est rarement étranger à l'autre ; aussi tout progrès réalisé dans celle-là est-il un bienfait pour celle-ci. C'est pour cette raison que nous croyons devoir informer nos lecteurs qu'un concours international de moissonneuses (machines à moissonner), institué par la Société des agriculteurs de France, aura lieu à la ferme de Petit-Bourg, exploitée par M. Decauville, à Every-sur-Seine (Seine-etOise), les 5 et 6 juillet 1870. Une deuxième épreuve se fera le 25 juillet, à la ferme de Chamant, exploitée par M. Sagny, à un kilomètre de Senlis (Oise).

- Au sujet des récoltes, notre collègue, M. Dumas, jardinier en chef à la ferme-école du Gers, nous écrit la lettre suivante :

Lectoure, le 14 juin 1870.

Le département du Gers peut être considéré comme un de ceux qui auront une récolte en blé bien au-dessus de la moyenne. Les Blés sont généralement très-courts, mais les épis ressemblent à de petits marteaux, ce qui est d'un très-bon augure. Les Vignes sont splendides partout, d'une vigueur étonnante et surchargées de Raisins; on dirait que c'est un temps fait exprès pour elles. Les Maïs sont encore très-jolis; seulement ils

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ne seraient pas fâchés de recevoir une bonne trempée. Les fourrages ont complètement manqué partout, et l'on ne sait comment on nourrira les animaux en hiver. Dans nos contrées on sème du Maïs fourrage, partout pour remplacer ce qui a manqué, mais si cette sécheresse persiste, il est à craindre que cette graminée ne donne rien non plus. Les arbres fruitiers, Poiriers, Pêchers, Pruniers, Abricotiers, Cerisiers, Amandiers, Pommiers, sont tous surchargés de fruits.

Les légumes, dans les jardins, deviennent excessivement rares partout, car dans nos contrées, si les potagers ne se trouvent pas sur une rivière, l'eau leur fait défaut; les petits ruisseaux et les sources touchent à leur fin. Il y a plus de cent ans que dans nos contrées on n'avait pas vu une sécheresse aussi désolante.

La moisson commencera cette semaine dans la commune de Lectoure, et généralement tous les propriétaires comptent sur une bonne récolte. Recommander les semis du Maïs fourrage aux agriculteurs du nord serait sans doute leur rendre un grand service, car je suis sûr que cette graminée viendrait encore mieux là que chez nous, et donnerait un fourrage très-abondant jusqu'aux gelées. On choisit toujours le Maïs blanc pour cette culture; il est plus vigoureux et vient plus vite; on le donne aux animaux dès que les épis commencent à se montrer.

E.-A. CARRIÈRE.

EFFETS DE L'HUMIDITÉ SURABONDANTE DU SOL

SUR LES ARBRES FRUITIERS

Chaque printemps, qu'il soit sec ou humi- | de, donne lieu à de nouvelles observations. Cette année, l'absence de pluie nous fournit des leçons qu'il est bon de constater.

C'est ainsi que chaque saison apporte ses remarques et détruit quelque fois de vieux préjugés. On n'est pas toujours bien sûr lorsqu'on contredit de vieilles croyances. Mais qu'importent les récriminations? Les choses marchent, et le temps donne raison à la vérité.

Depuis longtemps j'ai remarqué que l'excès d'humidité du sol était funeste aux arbres fruitiers et souvent cause de divers inconvénients dont l'effet se traduit sur les feuilles et les fruits et qui occasionnent des maladies qui, suivant les localités, reçoivent différents noms et dont la principale cause est un sol humide; les racines, dans de telles conditions, souffrent et transmettent à la séve leur malaise; de là les divers et funestes effets qui se produisent sur les feuilles et les fruits. Si l'on ajoute à cela la malpropreté des branches, occasionnée par des mousses, les vieilles écorces, gerçures, vieux onglets, et puis la pluie qui vient aggraver le mal en activant la désorganisation de l'écorce, on aura l'explication d'un grand nombre de maux dont on peut facilement se rendre compte par l'examen et l'analogie. A l'appui de mon dire, je puis invoquer les nombreuses notes que j'ai

recueillies depuis plus de vingt ans. Je pourrais aussi citer le fait qui se produit parfois sur les blés quand ils sont placés dans un terrain où l'humidité est en excès; ils prennent alors cette maladie qu'on nomme la rouille. Un sol trop humide produit très-souvent sur les Pèchers la mortification des yeux, inconvénient qui est augmenté si l'arbre est malpropre. Lorsque le printemps est très-humide, on remarque souvent que les feuilles des Cerisiers prennent la rouille et que les fruits sont pour la plupart tavelės; le mal prend un caractère plus grave si l'arbre est vieux et en mauvais état. Aucun des inconvénients que nous venons de signaler ne se remarque cette année. Nous ferons également remarquer que les Abricotiers en plein vent ont les fruits clairs et beaux, tandis que l'année dernière leurs fruits étaient gris et galeux, de même encore que l'année dernière les pluies du milieu de juin ont fait couler la plupart des grappes de nos vignes, à l'exception de celles qui ont fleuri les dernières qui ont mieux réussi, parce que le temps s'était remis au sec. Dans certains terrains les feuilles de la base des ceps étaient atteintes de rouille, et les pousses se sont même arrêtées. En général, dans les sols humides, les fruits sont plus gris que dans les sols secs.

En avril, lorsque les bourgeons des Poiriers se développent et si les arbres sont

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