Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

NOTES POMOLOGIQUES.

dire, c'est que l'Établissement l'a reçue en même temps que la précédente, des pépinières royales de Vilvorde, et qu'elle est indiquée dans le catalogue de ces pépinières pour l'année 1851, où nous la trouvons mentionnée à la page 14.

C'est une sous-variété de la Madeleine blanche, de laquelle elle possède tous les caractères. Elle ne lui cède en rien quant à la finesse et à la qualité de la chair, et elle la surpasse par le volume du fruit, lequel mûrit quelques jours plus tôt. Elle constitue par conséquent une variété très-recommandable, qui ne devra manquer dans aucune pêcherie d'où l'on n'aura pas exclu les Pêches qui (qu'on nous passe l'expression) ne paient pas de mine.

Le fruit est assez gros, bien arrondi, à peau verdâtre, légèrement marbrée de rouge pâle; à chair entièrement blanc verdâtre, fine, bien fondante et très-juteuse, vineuse; de toute première qualité; il mûrit dans la seconde quinzaine d'août.

Nous avons dejà dit que ses autres caractères étaient identiques à ceux de la Madeleine blanche; elle appartient donc, comme cette dernière, à la parenté des MADELEINES A GRANDES FLEURS de M. de Mortillet, et se range à la même place qu'elle sur l'ARBRE GÉNÉALOGIQUE, c'est-à-dire à la 3e section du membre CC, sur la ramification de la branche n° 19.

Pêche Acton Scot.

[ocr errors]

Anciennement

connue et cultivée par nos voisins d'outreManche, lesquels, avouons-le en passant, sont bien plus soigneux que nous dans le choix de leurs variétés de fruits, cette jolie et exquise petite Pèche précoce n'a fait, à notre connaissance, son apparition sur le continent que vers 1857, et l'Établissement a été l'un des premiers à l'introduire dans ses collections. Aujourd'hui elle est encore peu répandue, probablement à cause de T'hésitation que l'on a mise à l'admettre, vu le peu de volume de son fruit. Mais maintenant que, gràce à M. Mas, les qualités qui compensent ce petit défaut ont été mises à jour, espérons qu'elle va enfin faire son chemin chez nous. On en trouvera, en effet, la description exacte au no 45, p. 93, du tome VII du Verger, lequel donne aussi des détails très-circonstanciés sur son origine. Avant lui, nous ne l'avions trouvée mentionnée que dans le Catalogue of fruits of the horticultural Society of London, 3e édition, no 1, p. 109, lequel résumait parfaitement en peu de mots, dans une note que nous traduisons, les qualités qui la distinguent: Pas grosse, mais jolie et très-excellente (very excellent) Pêche précoce. »

Fruit petit ou moyen, sphérico-ovoïde, jaune verdâtre lavé et pointillé de pourpre, très-joli; à chair fine, très-fondante et juteuse, sucrée et parfumée; de toute première

213

qualité; sa maturité a lieu dans la première quinzaine d'août.

Arbre très-fertile, à placer à l'exposition du midi, dans le but de favoriser encore la précocité du fruit.

Par ses fleurs rosacées, d'un rose assez pâle, et ses glandes globuleuses, elle appartient à la parenté des MIGNONNES de M. de Mortillet, et se range, sur l'ARBRE GÉNÉALOGIQUE, dans la 2e section du membre CC, sur la première ramification de la branche no 13.

Pêche Sulhamstead. A part les caractères du fruit et de l'arbre, ce que nous avons dit à propos de la variété qui précède s'applique presque en tous points à celle-ci. A l'exception de M. Mas, qui l'a décrite dans le Verger (t. VII, no 43, p. 89) avec la scrupuleuse exactitude et la minutie dans les détails qui caractérisent l'œuvre remarquable de cet éminent pomologiste, elle nous paraît inconnue de nos auteurs récents qui, s'ils l'avaient eue sous les yeux, n'eussent certes pas manqué de la signaler. Elle appartient au groupe des Madeleines qui, comme on sait, renferme les variétés les plus remarquables par la délicatesse de leur chair, et elle est bien digne de figurer à côté de ses sœurs, les Pêches de Malte, Madeleine blanche, etc.

Avant la publication de la livraison du Verger qui renferme cette Pêche, nous hésitions à la classer parmi les variétés de choix, parce que nous osions d'autant moins nous en rapporter aux deux ou trois fructifications que nous en avions obtenues, que le Catalogue of fruits of the horticultural Society of London (3e édition, p. 120) la rejetait comme trop semblable à la Péche Noblesse, et bien que nous ayons constaté l'inexactitude de cette assertion. Mais lorsque nous nous sûmes parfaitement d'accord avec M. Mas, nous n'hésitâmes plus à la faire multiplier comme elle le mérite. Cependant, de même que ses sœurs que nous citions plus haut, elle n'est, avant tout, qu'une Pèche d'amateur, et bien que l'arbre soit suffisamment rustique, vigoureux et fertile, il réclame dans nos contrées quelques petits soins qui le rendent impropre à la culture de spéculation.

Fruit assez gros, sphérique-régulier, blanc jaunâtre légèrement lavé de rouge sanguin; à chair entièrement blanc jaunâtre, fine, fondante et très-juteuse, sucrée et relevée; de première qualité; sa maturité arrive vers le commencement de septembre.

Ses fleurs rosacées lui assignent comme parenté les MADELEINES A GRANDES FLEURS de M. de Mortillet, et elle prend place, sur l'ARBRE GÉNÉALOGIQUE, dans la 3o section du membre CC, sur la première ramification de la branche no 19.

Pêche Charles Rongé. On trouvera la

description détaillée de cette remarquable et précieuse variété nouvelle, d'origine belge, au no 39, p. 81, du tome VII du Verger.

Nous ne sommes pas tout à fait d'accord avec ce dernier sur l'époque de maturité de cette Pèche. M. Mas, en effet, la qualifie de précoce, en la faisant mûrir au commencement d'août, et nous la classons parmi celles de moyenne saison, la maturité s'étant constamment maintenue, ici, pendant les trois années 1867, 1868 et 1869, à la fin d'août et au commencement de septembre. En tenant compte de la différence de latitude, que l'on peut évaluer de huit à quinze jours, nous nous trouvons encore en contradiction de deux ou trois semaines; et cependant notre arbre est placé à l'exposition du midi. M. Galopin, pépiniériste à Liége, qui en est le premier propagateur, indique, comme nous, la fin d'août comme époque moyenne de sa maturité.

A cette petite divergence d'opinions, qui, du reste, n'offrira rien que de très-ordinaire à ceux qui savent à combien d'influences reconnues ou cachées est soumise la maturation des fruits en général, et particulièrement des Pèches, nous en ajouterons une autre que, bien souvent, nous avons eu l'occasion de remarquer: c'est que le caractère qu'offre le plus souvent la chair, d'être entièrement blanche, même autour du noyau, n'est pas toujours très-constant; ainsi, en 1869, nous avons constaté que tous les fruits de notre récolte avaient la chair légèrement rosée autour du noyau, ce qui, hâtons-nous de le dire, ne s'était pas présenté les deux années précédentes.

Le fruit du Pêcher Charles Rongé est gros, sphérique-déprimé, jaunâtre, lavé de rouge carminé intense; à chair presque exclusivement blanche, fine, très-fondante et juteuse, sucrée et très-agréablement parfumée; de première qualité.

Par ses fleurs campanulacées, moyennes, et ses glandes globuleuses, elle appartient à la parenté des ADMIRABLES de M. de Mortillet, et se range, sur l'ARBRE GÉNÉALOGIQUE, dans la 2e section du membre CC, sur la première ramification de la branche n° 12.

[ocr errors]

Pêche Alexina Cherpin. Variété de Sanguine, très-remarquable par le volume de son fruit et le coloris de sa chair, la plus foncée que nous connaissions parmi toutes celles de son groupe. L'Etablissement l'a reçue en 1860, de M. Ferdinand Gaillard, de Brignais, qui semble en être le premier propagateur. Nous ne l'avons trouvée décrite ni même signalée dans aucun de nos ouvrages pomologiques. Cela tient probablement à sa mauvaise qualité; car, disons-le bien vite, nous ne la citons pas ici pour la recommander aux amateurs de bonnes Pêches, loin de là, mais seulement aux collectionneurs, comme variété bien tranchée.

Le fruit est gros ou très-gros, à peau d'un pourpre brun; à chair rouge sang foncé, juteuse; sa maturité a lieu dans la deuxième quinzaine de septembre.

Par ses fleurs rosacées et ses glandes réniformes, elle appartient à la parenté des POURPREES de M. de Mortillet, et prend place, sur l'ARBRE GÉNÉALOGIQUE, dans la 1re section du membre CC, sur la première ramification de la branche no 9.

Pêche Daun. L'Etablissement a reçu cette variété, qui est l'une des plus recommandables que nous connaissions, de la maison Jacquemet-Bonnefont, d'Annonay, et il la cultive depuis 1860; mais c'est dans ces dernières années seulement que nous avons constaté ses grandes qualités qui, paraît-il, sont encore tout à fait inconnues, même dans la contrée d'où elle provient. Cela tiendrait-il à ce que, pour cette contrée, elle n'offrirait pas des avantages aussi marqués que pour la nôtre? Nous ne pouvons donner aucun autre renseignement sur son origine espérons que d'autres seront plus heureux que nous, et voudront bien faire connaître ce qu'ils savent sur cette précieuse variété, afin qu'elle puisse faire son chemin le plus rapidement possible.

En attendant, énumérons brièvement les caractères qui la distinguent, et recommandons aux personnes qui disposent d'une place un peu étendue de la lui réserver. Nous disons un peu étendue, parce que nous ne connaissons pas de variété qui égale celleci pour la vigueur et la robusticité de l'arbre, et que nous sommes convaincu que si on lui ménageait l'espace, on n'obtiendrait pas d'aussi bons résultats. Si nous ajoutons à cet avantage que son fruit est comparable, pour la qualité, aux meilleures Pêches connues, on verra que nous n'avons pas exagéré sa valeur en la qualifiant des plus recom

mandables.

Le fruit, assez gros, d'une très-jolie forme sphérique régulière, à peau jaunâtre, marbrée de rouge brun, offre beaucoup d'analogie dans sa forme et son coloris avec les Pèches du groupe des Madeleines, dont il possède, du reste, toute la finesse; la chair, en effet, est fine, fondante et juteuse, sucrée, parfumée; de toute première qualité ; sa maturité arrive au commencement de septembre.

Il est plus que probable que, vu la vigueur et la rusticité de l'arbre, la culture en plein vent conviendra particulièrement à cette variété qui, cependant, ne devra manquer dans aucune pêcherie.

Ses fleurs rosacées, très-grandes, et ses glandes globuleuses lui assignent pour parenté les MIGNONNES de M. de Mortillet, desquelles elle s'éloigne par son coloris marbré comme chez les Madeleines; elle se | place sur l'ARBRE GÉNÉALOGIQUE, dans la

UNE PROMENADE AU LIORAN.

2e section du membre CC, sur la première ramification de la branche n° 13.

Pêche Salway. Le Verger, le premier de nos ouvrages pomologiques qui, à notre connaissance, ait recommandé cette variété (tome VII, no 24, page 51), ne s'est pas contenté de faire pour elle ce qu'il fait pour toutes les variétés recommandables qui y sont admises, c'est-à-dire d'en donner une description aussi complète que possible. En effet, dans la chronique du n° 1 de sa Revue mensuelle de 1869, M. Buchetet, après avoir rappelé succinctement les principaux caractères que présente cette variété, s'exprime ainsi :

<< En tout cela pourtant n'est pas encore son principal mérite, que voici : c'est une Pêche tardive parmi les tardives; elle mûrit fin d'octobre fin d'octobre, remarquez bien, c'est-à-dire au moment où l'on avait déjà adressé aux Pèches un adieu de dix mois, où les regards satisfaits s'étonnent de se trouver en face d'un dessert de cette sorte, où certains grands restaurateurs placeraient volontiers un nombre respectable de décimes dans l'autre plateau de la ba

[blocks in formation]

lance, parce que la Salway est un bon fruit, une jolie Pèche à peau chaude, dorée au dedans comme au dehors, et qui, au contraire de la plupart de ses pareilles à chair jaune, permet à son noyau de se séparer d'elle aussi facilement qu'il le désire (1)... »

Le fruit, gros, subsphérique, jaune d'or, lavé de rouge brun, à chair d'un jaune vif, sucrée et parfumée, mûrit ici dans la seconde quinzaine d'octobre. L'arbre, rustique et fertile, doit être planté, dans nos contrées, à l'exposition la plus chaude, afin de permettre au fruit de profiter de tous les rayons du soleil, qui lui sont nécessaires pour parfaire sa qualité; il devra, autant que possible, être recouvert d'un auvent pour l'abriter contre les pluies froides d'automne.

Par ses fleurs campanulacées et ses glandes réniformes, la Pèche Salway se place, sur l'ARBRE GÉNÉALOGIQUE, dans la 1re section du membre CC, sur la première ramification de la branche n° 6.

O. THOMAS,

Attaché aux pépinières Simon-Louis frères, à Plantières-lès-Metz (Moselle).

UNE PROMENADE AU LIORAN (2)

Mais déjà l'aube matinale avait blanchi le ciel, et le joyeux concert des oiseaux vint nous annoncer qu'il était temps de reprendre notre voyage.

Nous nous remîmes gaiement en route.

L'air était frais, et les plantes, encore tout humides, scintillaient comme des perles au soleil levant. Les senteurs balsamiques que nous apportait une légère brise nous annonçaient que nous étions toujours dans la région des Sapins, et les montagnes, qui naguères semblaient fuir et se perdre dans un lointain vaporeux, s'abaissaient à nos yeux en croupe arrondie et nous paraissaient venir mourir à nos pieds.

Nous touchions au col du Lioran (3), situė à 1,180 mètres d'altitude supra-marine.

Là nous attendait un de ces spectacles imposants que la plume est impuissante à décrire.

Elle est bien belle, la nature sauvage et agreste des montagnes vue au matin d'un beau jour !

A ses pieds viennent expirer tous les bruits du monde, et son âpre solitude n'ap

(1) Nous ne partageons pas celte opinion de M. Buchetet, que le nombre des variétés de Pèches à chair jaune, dont le noyau est libre, est moindre que celui des Pavies à chair jaune; nous croyons, nous, que, aujourd'hui, le contraire est vrai, grâce surtout aux nombreuses introductions anglaises et américaines.

(2) Voir Revue hort., 1869, p. 336.

(3) Dans la langue celtique, le mot col signifie porte, passage ou découpure naturelle d'une inon

paraît peuplée que des végétaux qui lui appartiennent en propre, et qui sont vraiment ses enfants, et des rares animaux qui durant les beaux jours viennent brouter ses herbes odoriférantes.

Des deux côtés de la route s'élevaient encore, assis sur les rocs les plus inaccessibles et les plus inabordables pour le pied de l'homme, quelques vieux et magnifiques sapins pareils à de hautes pyramides, derniers vétérans de ces temps encore peu reculés où d'impénétrables forêts couvraient tous les monts, arrêtaient les nues orageuses (4), les condensaient et les faisaient pénétrer doucement par leurs longues racines dans le sol, pour les rendre à leur base en ces clairs ruisseaux qui vont portant la richesse et la fécondité aux prairies cantauliennes, qu'ils rendent si herbeuses. Mais, hélas! la hache destructive de l'industrie, sans souci de l'avenir et des désastres qui en peuvent être la suite, et impatiente d'un gain rapide, détruit inconsidérément ces paratonnerres naturels que la nature semble avoir placés en sentinelles protectrices sur

tagne, formant une sorte de chemin qui sert à la franchir.

(4) Par suite de déboisements qu'on ne saurait trop regretter, on voit, à la saison des orages, des trombes d'eau assez fréquentes dans les montagnes fondre sur le sol nu et l'entrainer; les pierres elles-mêmes ne se trouvant plus retenues par un réseau ou lacis formé par les racines des arbres, sjoignent au sol et vont porter dans les riches plaie nes de l'Allier la ruine et la désolation.

les plateaux les plus élevés et les plus abruptes (1).

Mêlés aux Sapins, croissaient de légers Bouleaux à la blanche écorce, et dont la chevelure flottait sous l'effort de la brise du matin.

Quelques Sorbiers chargés de leurs corymbes de fleurs blanches mariaient leur feuillage découpé en légers festons au sombre feuillage des Conifères. Mystérieuse association de ces amis des frimas, qui semblent se rechercher pour vivre tout près les uns des autres!

Les plantes n'ont-elles pas aussi leurs amitiés et leurs inimitiés, avec leurs combats souterrains et leurs amours avec les volages fils de l'air (2)?

Si, abandonnant là la route impériale, on s'élève en gravissant les pentes escarpées qui conduisent jusqu'au plomb du Cantal (3), qui est le point le plus élevé de la chaîne arvernique et semble assis sur les autres monts, à une altitude de 1,857 mètres, on voit peu à peu la végétation arborescente se rabougrir, devenir chétive, pour cesser enfin complètement à environ 1,500 mètres. Les grandes Mousses et l'Airelle myrtille cessent bientôt eux-mêmes de se montrer, et sont remplacés par un gazon fin, épais, glissant et parfumé. Lorsque le soleil et les vents chauds et élastiques qu'il mène à sa suite sont venus fondre les neiges et réveiller la nature endormie si longtemps sous un épais manteau glacé, on voit les plantes revenir rapidement à la vie, pousser, et sembler se håter de fleurir pour profiter du très-court été qui règne en ces hautes altitudes. La végétation y fait en quelques jours des prodiges de vitesse, car la chaleur n'y est que passagère.

Nous marchions sur un tapis de verdure émaillé des plus belles couleurs et des teintes les plus variées : la Gentiane printanière (Gentiana verna) à fleurs bleu vif, et la grande Gentiane (Gentiana lutea) à fleurs jaunes; l'Aconit, dont les épis du bleu le plus tendre et le plus séduisant semblent s'offrir à la main qui va les cueillir, et qui recèle une séve mortelle pour l'homme. C'est ainsi que dans les végétaux, les vêtements les plus pompeux et les plus chatoyants recèlent souvent le poison le plus subtil. Puis viennent, à l'ombre, le Luzula maxima et L. nivea, les Renoncules alpestres, les brillantes Epipactis, la Stellaire, le Muguet, si cher aux amants avec ses mignonnes clochettes siodorantes; les Sonchus,

(1) C'est un fait démontré par l'expérience que les inondations sont beaucoup plus fréquentes et plus destructives depuis les déboisements.

(2) Je fais allusion aux hybridations produites par les mouches, papillons, etc., etc.

(3) Plomb, suc, Puy, qui sont des mots communs en Auvergne, signifient, en langue celtique, sommet, hauteur à pic, élévation.

| les Doronicum, les Epilobes, les Silènes aux couleurs variées, les Scilles (Scilla lilio hyacinthus) aux couleurs d'un bleu pur et doux, ou d'un blanc crémeux; la Fumeterre, l'Aspérule odorante, les Anémones chamarrées de diverses couleurs et le Narcisse chanté des poètes, et qui se refuse à vivre, et surtout à donner son parfum loin des prés où il naît.

Bien d'autres espèces encore de cette charmante pléïade de la flore des montagnes se refusent à croître loin d'elle. Frêles, délicates, il leur faut l'air pur du climat natal et la douce indépendance de leur chère montagne. Elles ne peuvent vivre au milieu des miasmes délétères des villes. Ainsi le montagnard dépérit de regrets et de nostalgie loin de la cabane couverte de chaume du pays qui l'a vu naître.

Touchante sollicitude de la nature, qui semble attacher tous les êtres au sol par des liens d'autant plus forts et nécessaires à son harmonique beauté, que la vie est plus dure, plus pénible et plus rare (1).

Toutes ces plantes se disputent le sol, la lumière et l'espace. Pas un pli de terrain qui reste vide ou inoccupé. Tout est recouvert de verdure! Sous les roches basaltiques qui entourent comme d'un gigantesque rempart le Plomb, ce roi colossal des monts de la Haute-Auvergne, croît à leur ombre et à leur abri l'Impératoire au large feuillage. Le dessus de ce vaste couronnement est tout taché, dans ses rocs les plus durs, de Lépraires, qui ont joué le premier rôle et ont dû être les premiers végétaux du globe naissant, et à côté des rosettes finement découpées et nuancées, des Lichen pixides et L. sylvestres.

Sur les déclivités les plus arides et les plus chaudement exposées, croît le Tussilage odorant à fleurs blanches et la Verge d'or, la Circée des Alpes, le Poil de bouc (Festuca duriuscula).

Tout au fond des plus sombres ravins humides et ombreux pousse l'Uvulaire et l'Arabis Cebennensis.

Que de richesses végétales ignorées des hommes parent ce séjour des tempêtes et des frimas!

Quand donc cette puissante reine de l'opinion, qui a nom la mode, se dira-t-elle que mieux vaudrait connaître bien son pays, plutôt et avant que ces lointains climats, car s'ils possèdent de beaux sites, nous en possédons aussi, et qui ne leur sont certes point inférieurs.

Nous étions là en pleine nature sauvage, nature pleine de grandeur et de tristesse.

(1) A très-peu d'exceptions près, les plantes des hautes altitudes sont très-difficiles à conserver dans toute leur beauté lorsqu'elles sont transportées dans nos jardins; si elles y vivent, il semble que c'est à regret, et il est parfois bien rare de les y voir fleurir.

TSUGA ROEZLII.

Devant nous se déroulait à perte de vue un immense horizon plein de brumes. Sous nos pieds gisaient, comme témoins irrécusables de sa suprême puissance, les ruines immenses que les temps et les convulsions terrestres y ont amoncelées. La lumière parait plus vague, plus indécise et plus mélancolique, et le son lui-même arrive plus adouci. Lå, nulle part non plus n'apparaît la main des hommes. La nature reste dans toute la majesté et dans toute la grâce de sa virginité et de son éternelle jeunesse.

Les couleurs des plantes elles-mêmes semblent s'harmoniser avec la sévérité du site. Point de ces tons chauds et éclatants ni de ces végétaux à l'ample feuillage des climats tropicaux.

Les fleurs des montagnes sont l'emblême de la grâce et de la douceur, j'allais presque dire de la coquetterie. Les formes y sont frêles et molles. Un trop court été ne vient

21

pas en mûrir les tiges. Les plantes vivaces et à sommeil hivernal sont plus communes et plus généralement répandues que les plantes annuelles, et les couleurs les plus tendres y dominent. Le jaune pale, le blanc pur, le rosé, le bleu, surtout bleu clair, indigo, et souvent bleu foncé, sont les couleurs dominantes.

Tout auprès du Col-du-Lioran, un humble jardin potager entoure une modeste cabane, qui sert de logement aux gardiens de la Persée. Les rares légumes qui ont pu germer et résister à ce climat sibérien ont pris un aspect rude et sauvage, et une teinte glauque qui se rapproche des Crucifères qui croissent naturellement dans nos prés.

La nature, quand l'homme ou des causes fortuites la livrent et l'abandonnent à ellemême, tend toujours à reprendre le cours de ses lois immuables interrompues ou modifiées par le travail. CH. MINUIT.

TSUGA ROEZLII

[ocr errors]

Cette espèce qui, d'après M. Roezl, Californie, mélangée à l'Abies grandis, at« croît çà et là dans les forêts du nord de la teint environ 15 à 20 mètres de hauteur, est

[graphic][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small]
« ZurückWeiter »