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Le 10 avril 1870, la Société royale d'agriculture et de botanique de Gand ouvrait son Exposition annuelle de printemps. Elle a eu lieu dans le magnifique local appartenant à cette Société et connu sous le nom de Casino. Sans vouloir m'arrêter à décrire ce local, ce qui a déjà été fait plusieurs fois dans la Revue horticole au sujet d'Expositions précédentes, je rappellerai seulement qu'il se compose d'un grand jardin et d'un beau bàtiment à façade monumentale, dont le rezde-chaussée sert de lieu de réunion, tandis que le premier se compose d'une longue galerie où se tenaient anciennement les Expositions ordinaires. Depuis l'Exposition internationale qui a eu lieu en 1868, on a adjoint à l'ancien bâtiment un immense jardin d'hiver, dont la toiture, vitrée par moitié de sa surface, laisse pénétrer seulement une lumière douce et très-favorable aux plantes. C'est dans cette première partie des bâtiments du Casino qu'a eu lieu l'Exposition dont nous allons parler.

Le jury, qui s'est réuni le 9 au matin, se composait d'une vingtaine de membres; il s'est divisé en deux sections: la première, sous la présidence de M. de Cannart d'Hamalle, de Malines, et la seconde sous celle de M. Foulon, de Douai.

Cette division avait été rendue nécessaire non seulement par la quantité des exposants, mais surtout par la valeur des lots présentés qui réclamaient des jurés un examen des plus attentifs.

Dans les trois concours de plantes nouvelles, les premiers prix ont été décernés à M. Linden. Nous citerons en première ligne, parmi les plantes exposées par cet introducteur, un Dieffenbachia nobilis, aux larges feuilles d'un vert intense maculées de jaune; le Xanthosoma Wallisii, Aroïdée dont les nervures des feuilles se dessinent en blanc jaunâtre sur un fond vert; le charmant Dioscorea Eldorado, au feuillage velouté; le Dracæna lutescens striata, genre du D. Draco, légèrement panaché de jaune; enfin les Dracæna Guilfoylei, Ficus dealbata, Cochliostema Jacobianum, Distiacanthus pandanoïdes, et l'Odontoglossum sanguineum.

Dans ces mêmes concours, il convient encore de citer parmi les plantes nouvelles exposées par MM. Jean Verschaffelt et A. Van Geert un Hotteya Japonica à feuilles panachées, qui sera probablement une excellente plante pour le commerce de Paris;

plusieurs variétés de Croton; un Lomaria gibba, var. Belli, à feuilles corymbifères; le Phormium Colensoi variegatum, le Blandfordia Cunninghamii, etc.

Le premier prix pour une collection de vingt Orchidées a été aussi remporté par M. Linden avec un très-beau lot dans lequel le choix des espèces et variétés ne le cédait en rien à la vigueur et à la belle floraison des plantes.

Comme cela a toujours lieu à Gand, les collections d'Amaryllis étaient nombreuses, et quelques-unes très-remarquables. On admirait surtout dans les lots de MM. Bolens et Van den Bossche, qui ont obtenu les premiers prix, quelques plantes de couleurs bien nettes, de formes excellentes et un luxe de végétation, un beau feuillage difficile à obtenir, mais nécessaire pour accompagner les hampes florales de ce beau genre.

Nous avons particulièrement remarqué un certain nombre de variétés provenant de l'Amaryllis aulica, et des teintes les plus jolies, tout en ayant conservé la belle forme large et ronde du type. Elles étaient différentes et bien supérieures à tant de variétés, aux pétales longs et étroits, que l'on trouve en si grande quantité dans les collections belges, et que l'on devrait rejeter impitoyablement.

De grandes Fougères en arbres : Alsophylla, Cyathea, Balantium, exposées par MM. Jean Verschaffelt et Linden, et placées avec goût de distance en distance, dans le local de l'Exposition, produisaient le plus heureux effet.

Nous avons aussi admiré les charmantes collections de Lycopodes de MM. de Ghellink de Walle et de M. le comte de Kerchove, les président et président d'honneur de la Société.

Les Palmiers et Cycadées forment toujours dans les Expositions de Gand une des parties les plus intéressantes. Impossible de voir des plantes d'une meilleure culture, d'une plus grande vigueur, et un choix d'espèces aussi rares, surtout en forts exemplaires.

C'est un devoir pour nous de citer les noms de MM. Jean Verschaffelt, de Kerchove, de Walle, Linden et Dallière, qui avaient présenté ces collections qui certainement formaient le côté le plus riche et le plus remarquable de l'Exposition.

Nous sommes heureux de pouvoir rendre

ici notre faible hommage à des amateurs comme MM. de Walle et de Kerchove. Puissent-ils trouver quelques imitateurs dans notre pays!

M. Jean Verschaffelt, l'horticulteur qui a, certes, le plus contribué à la beauté de l'Exposition, et qui par cela même en a obtenu le premier prix d'honneur, avait présenté un Cycas revoluta dont la tête ne mesurait pas moins de 3 50 de diamètre.

Dans le lot de plantes ornementales de M. F.-J. Spaë, on remarquait, entre autres belles plantes, une touffe de Phormium tenax à feuilles panachées, probablement une des plus fortes existant dans les cultures.

Tous les visiteurs s'arrêtaient devant le superbe lot de vingt-cinq Marantas de M. de Walle, composé d'exemplaires d'une force peu commune et d'espèces les plus rares et les plus difficiles à cultiver, telles que les M. Veitchii, roseo picta, Van den Heckii, regalis, Lindenii, etc.

Une forte touffe de Cypripedium villosum, exposée par M. Beaucarne, a obtenu le premier prix pour le concours d'une plante fleurie, remarquable par sa beauté et sa belle culture. A côté de cette plante on admirait avec non moins d'attention un pied d'Epacris grandiflora en fleurs, cultivé sur une tige de 1 mètre de haut et exposé par M. le comte de Kerchove. Cette plante fait grand honneur à la culture intelligente de son jardinier.

Arrivons aux concours de Camellias et d'Azaléas, deux genres de plantes cultivées avec tant de succès par les amateurs et horticulteurs de Gand.

Pour les Camellias, la saison était déjà un peu avancée; malgré cela, nous avons remarqué les collections de M. Brugge, qui ont remporté les premiers prix dans les deux concours. C'étaient toutes plantes de forme parfaite et d'excellentes variétés.

Les nombreux lots d'Azaléas formaient, comme toujours, la plus brillante partie de l'Exposition.

La collection de vingt plantes en fleur appartenant à M. de Walle laissait ses concurrents loin en arrière, malgré la beauté de chacune d'elles.

On ne saurait arriver à un meilleur résultat comune beauté de floraison, ainsi que pour le choix des variétés et la vigueur des plantes.

Parmi les nombreuses variétés nouvelles d'Azalées exposées, nous n'avons trouvé que peu de plantes bien remarquables et méritant d'être recommandées. En voici les noms: Mile Marie et Mlle Léonie Van Houtte,

deux plantes à fleur blanc strié, de forme parfaite; Mme Iris Lefebvre, Neptune, Bakator, Rosea splendida, la Victoire, Nonpareil, etc.

Les Rhododendrons étaient représentés par deux collections appartenant à M. de Conninck. Elles étaient composées de jeunes plantes, mais comprenaient d'excellentes variétés et une quantité de belles nouveautés anglaises bien fleuries.

Après avoir mentionné les belles et bien connues collections de Yucca, Agave et Baucarnea de M. Jean Verschaffelt, et la collection si remarquable de Dracenas nouveaux de M. A. Van Geert, il ne nous restera plus à citer que les lots de Cinéraires, de Géraniums, d'Héliotropes et Résédas que nous sommes habitués à voir cultiver avec tant de succès par nos spécialistes parisiens. Tels étaient les principaux lots de cette belle Exposition.

Comme d'habitude en Belgique, les amateurs ont contribué pour une large part à la splendeur de l'Exposition. Un d'entre eux particulièrement est M. Ghellink de Walle, dont on a pu souvent remarquer le nom dans notre succincte énumération des principaux exposants. M. Ghellink de Walle, amateur et connaisseur des plus distingués, vient d'être élu par acclamation des membres président de la Société royale d'agriculture et de botanique de Gand.

Succéder dans cette position à un homme tel que le regretté président Van den Hecke, de Lambecke, est une lourde tâche; mais si lourde qu'elle soit, nous sommes persuadé que M. de Walle sera à la hauteur de sa mission.

Ses grandes connaissances, son amour pour les plantes, joints à son affabilité que n'égalait que celle bien connue de son prédécesseur, lui attireront toutes les sympathies qui, du reste, lui sont déjà acquises, ce qui a été démontré de la manière la plus nette au banquet qui lui fut offert, ainsi qu'au jury, le lendemain de l'ouverture de l'Exposition.

Sous la direction d'un tel homme, et secondé comme il le sera par le talent du nouveau vice-président, M. Ambroise Verschatfelt, la Société de Gand, nous sommes heureux de le dire, peut voir l'avenir sans inquiétude. — Il nous sera encore donné à nous, étrangers en ce pays, de voir ces grandes Expositions quinquennales qui les premières ont donné l'idée des Expositions internationales de plantes, et qui resteront ce qu'elles ont été jusqu'ici, une des gloires de cette Société. Albert TRUFFaut.

DEUX ESPÈCES DE MUSCARI

Les Muscari, comme beaucoup d'autres plantes, hélas! ne se verront bientôt plus

que dans les écoles de botanique. Pourquoi? Est-ce parce que ces plantes sont vieilles, ou

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CULTURE DES ANANAS.

bien parce que la mode passe? C'est probablement à cause de ces deux choses. C'est un tort pourtant; ce sont des plantes dont les fleurs, très-jolies, qui apparaissent au printemps, viennent égayer les jardins et annoncer l'entrée de la « belle saison ». Les personnes qui en dépit de la mode les cultiveront n'auront qu'à s'en applaudir; la chose est d'autant plus facile qu'ils ne sont pas délicats et qu'ils poussent à peu près par

tout.

Les deux espèces qui font particulièrement le sujet de cette note sont le Muscari luteum et le M. pulchellum verum. La première est remarquable par des hampes qui atteignent 12-15 centimètres de hauteur, terminées par une grappe florale spiciforme. Les fleurs, qui sont de couleur jaune-canari ou violacées, répandent une odeur très-agréable qui rappelle celle des ceillets flamands. La floraison a lieu en mars-avril. L'oignon est allongé comme ceux des Muscari suaveolens et moschatum.

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geant, en constituer des massifs ou des bordures et obtenir ainsi, par leur contraste, un bel effet.

On cultive encore les Muscari ambrosiacum, botryoides, botryoides album, comosum, comosum atrocæruleum, moschatum, moschatum major, mosch. minor, neglectum, suaveolens, etc.

Une espèce que l'on ne cultive pas, bien qu'elle soit probablement la plus jolie du genre, est le M. monstrosum, vulgairement appelé Lilas de terre. Ses fleurs sont d'un violet magnifique; leur légèreté et leur disposition rappellent un peu la grâce et la légèreté des plumes d'autruche.

La culture des Muscari est des plus simples et des plus faciles. On les plante dans une terre plutôt sèche qu'humide. Lorsqu'on relève les oignons, on en enlève les caïeux pour les planter à part. Cette opération se fait de juillet à septembre-octobre, époque de repos pour ces plantes; il n'est pas nécessaire de la faire tous les ans ; on replante lorsqu'on voit que la floraison est irrégu

La deuxième espèce, le Muscari pulchellum verum, a des feuilles linéaires jon-lière, qu'elle s'affaiblit ou que les fleurs deciformes, étalées sur le sol et constituant une jolie petite touffe du centre de laquelle sort une hampe qui atteint 15-20 centimètres de hauteur, droite, terminée par un épi trèscompact de fleurs d'un très-beau bleu, et dont la forme rappelle celle d'un grelot.

Cette espèce, qui est originaire de la Grèce, fleurit à la même époque que la précédente. On pourra donc, en les mélan

viennent plus petites. Si l'on voulait avancer la floraison et profiter des plantes pour orner les appartements, on mettrait les oignons dans des pots qu'on placerait sous châssis ou sur les tablettes d'une serre. Dans ce cas, pendant la floraison surtout, on devra tenir la terre constamment humide.

CULTURE DES ANANAS (1)

A moins d'accidents, environ trois semaines plus tard, la reprise commencera à s'effectuer, ce qui, du reste, sera très-facile à vérifier en dépotant quelques plantes avec précaution; lorsqu'on en sera certain, il faudra donner un peu d'air en soulevant les châssis, et cela quand à l'intérieur le thermomètre marquera 30 degrés centigrades, et plaçant la cremaillère du côté opposé au vent, afin qu'il ne puisse pénétrer dans l'intérieur. En même temps aussi, il faudrait passer en revue toutes les plantes qui auraient soif, et, soit à l'aide d'un arrosoir à bec ou bien, ce qui est préférable, à l'aide d'un long tube disposé en forme d'entonnoir pour recevoir l'eau, on dirige successivement sa partie inférieure au pied de chaque plante qui réclame de l'eau; cette eau devra être tenue soit dans une serre ou tout autre local, afin que sa température soit de 10 à 15 degrés centigrades, et d'éviter aux plantes une trop brusque transition.

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RANTONNET,

Horticulteur à Hyères (Var).

Au fur et à mesure que la fermentation fait affaisser les réchauds qui entourent les coffres, il faut les recharger avec du fumier chaud jusqu'à la partie supérieure du coffre qui reçoit les châssis, sans jamais dépasser ce niveau.

Vers la fin de novembre ou le commencement de décembre, la température se refroidissant de plus en plus, il faudra enlever les réchauds qui forment la couche, et les reconstruire dans la même journée, afin que la température intérieure n'ait pas le temps. de se refroidir; si la gelée sévissait avec force, il faudrait tripler la couverture, et une fois pour toutes se rappeler que ce système de concentration de chaleur devra être augmenté ou diminué, suivant les brusques variations atmosphériques, et que la chaleur intérieure de la couche dans laquelle sont plongées les plantes ne devra pas avoir moins de 10 degrés centigrades dans les plus mauvais temps, tandis que dans les blions aujourd'hui. Pour avoir l'ordre tel qu'il a été établi par l'auteur, il faut faire la transposition dans l'ordre suivant: premier article, page 38; deuxième article, page 187; troisième article, page 152.

(Rédaction.)

temps ordinaires elle devra varier entre 20 et 25 degrés centigrades dans l'intérieur de la tannée, et de 18 à 20 degrés centigrades dans l'intérieur du coffre. Si dans le courant de janvier l'hiver était rigoureux, on renouvellerait complètement les réchauds; après cette seconde opération, on n'a plus qu'à les recharger tout les huit jours, et en se servant, pour rétablir l'équilibre rompu par ces affaissements, de bon fumier neuf et chaud, que l'on mélange avec celui qui constitue le tiers supérieur du réchaud.

En suivant ces indications jusque dans les premiers jours de mars, on est certain de conserver ces plantes dans un état de végétation très-satisfaisant; c'est alors qu'il faut songer à construire de nouvelles couches, afin d'y transplanter en pleine terre ces plantes pour y passer l'été et s'y fortifier jusqu'à l'époque de leur changement de demeure qui aura lieu en octobre. Voyons comment ces couches doivent être construites:

La longueur sera subordonnée au nombre de châssis qu'on emploiera; la largeur sera de 30 centimètres plus large que les coffres destinés à recevoir les premiers; enfin, la hauteur sera de 65 centimètres sur le derrière de la couche, et de 55 sur le devant. Si on établissait plusieurs couches parallèles, on ajouterait 50 centimètres en plus pour les sentiers destinés aux besoins du service. Pour la composition de ces couches, on se servirait d'un tiers de fumier neuf et chaud, un tiers de fumier recuit et un tiers de feuilles, le tout bien mélangé et mouillé selon l'état de siccité du mélange. On place ensuite des coffres de 1 à 3 châssis, et dont les dimensions sont de 64 centimètres de hauteur sur le derrière et de 48 centimètres sur le devant. Il est toutefois bien entendu que leur largeur est subordonnée à celle des chassis; lorsqu'ils sont parfaitement alignés, on met dans l'intérieur 18 centimètres de terre de bruyère neuve, plutôt siliceuse que tourbeuse (la terre siliceuse est préférable pour les Ananas); elle doit reposer elle-même sur 3 centimètres de résidus que l'on a obtenus en la brisant; ces déchets, qui sont en partie composés de tiges, de feuilles et de racines de bruyères, forment un excellent drainage aux racines des Ananas qui s'en accommodent très-bien, et dont la décomposition augmente encore leur vigueur. La terre nivelée, on pose les châssis, et l'on attend que la fermentation s'établisse afin de prendre les mêmes précautions qu'on avait prises au mois de septembre, c'est-à-dire de donner de l'air, ou d'ombrer cette couche dans les journées chaudes, afin d'empêcher l'humidité de se vaporiser trop rapidement. Sur la fin du mois, on consultera le thermomètrepiquet, qui aura préalablement été placé à l'intérieur, et s'il ne marque plus que 35 degrés centigrades, il faudra tout préparer pour

procéder à la plantation. Tout d'abord, les coffres seront remis d'aplomb; la terre de bruyère sera remuée avec une fourche et nivelée à l'aide d'un râteau; enfin quatre rangs seront tracés dans l'intérieur du coffre: le premier à 20 centimètres de la planche du haut, et le quatrième à30 centimètres de la planche du bas, afin d'éviter l'ombre et l'humidité surabondante de la partie inférieure. Lorsque tous les oeilletons sont amenés près de la couche, ils sont divisés en quatre séries de hauteur, afin de placer les plus grands vers la partie supérieure du coffre, et les plus petits à la partie inférieure, qui se répartiraient ainsi qu'il suit: en prenant pour exemple une quantité de 100 plantes, 25 les plus grandes dans le premier rang; 25 un peu plus petites pour le second rang; 25 encore moins grandes pour le troisième rang, et enfin les 25 dernières, les plus petites et les plus faibles, pour le dernier rang.

On s'arrangera, en mesurant la distance qui doit séparer les plantes sur les rangs, qu'elle soit divisée de manière qu'il en tienne 10 par châssis; c'est, à notre avis le meilleur espace qu'on puisse leur donner, en prenant toutefois pour la base les dimensions d'un châssis maraîcher, c'est-à-dire 1m 35 de. longueur sur 1m 30 de largeur. Avant de. planter, on doit ôter les petites feuilles qui sont à la base de chaque plante, pour mettre à nu les rudiments de jeunes racines, et dépoter avec précaution chaque Ananas, en frappant légèrement le bord du pot sur un corps dur, afin que la motte puisse entraîner avec elle, sans les endommager, les racines, qui presque toujours sont adhérentes au pot. Chaque plante est mise à la place qui lui est destinée, en commençant par le premier rang des grands. Lorsqu'il est prêt à planter, on fait un trou à la main, en tirant à soi la terre de l'intérieur, et on descend dans le fond chaque plante, qui sera enterrée et recouverte de 5 centimètres de terre extraite du trou; on la presse fortement autour de la motte, afin quelle ne puisse vaciller, et que les racines adhèrent plus fortement à la terre de la couche. Le premier rang terminé, on plante les second, troisième et quatrième, en prenant les mêmes soins qu'au premier, en plaçant les plantes en échiquier, et en faisant en sorte que le côté défectueux se trouve vers le soleil, afin d'équilibrer plus avantageusement chaque plante. Lorsque toute la couche sera plantée, on répandra un bon paillis de fumier court, d'environ 2 centimètres d'épaisseur, sur toute son étendue, afin de la maintenir uniformément humide, ce qui est très-important pour la bonne santé des plants et pour la régularité de leur végétation. Ensuite, on donnera une mouillure générale en rapport avec l'état dans lequel se trouve le sol de la plantation.

CULTURE DES ANANAS

Pendant la première quinzaine qui suivra la plantation, et un peu avant la fin de la journée, on recouvrira la couche d'une rangée de paillassons, qui seront enlevés le lendemain au jour.

Placés dans ces conditions, les Ananas doivent y rester jusqu'au mois d'octobre, époque où ils devront être sur le point de fructifier, s'ils ont reçu tous les soins qu'ils réclameront pendant le cours de cet été. Voyons en quoi ceux-ci consistent: d'abord les arrosements ne devront jamais être négligés, et ils devront être d'autant plus copieux, que la chaleur sera plus grande; en les pratiquant, il faudra se rappeler qu'il y aura toujours avantage à les donner le soir, afin qu'ils servent aussi de bassinage, et faire en sorte que le rang qui avoisine la planche du haut du coffre reçoive un peu plus d'eau que les rangs inférieurs, où l'humidité domine toujours.

Dans les grandes chaleurs, il n'est pas rare de voir les plantes rougir un peu ; il n'y a pas lieu de s'en préoccuper; quelques bassinages donnés le soir des journées chaudes auront bientôt fait reverdir les plantes, surtout si avec cela on a la précaution de donner de l'air par le bas des châssis. Quelques cultivateurs ont l'habitude, pour remédier à cet inconvénient, de blanchir le vitrage; ils conservent, il est vrai, leurs plantes plus vertes et d'un aspect moins souffreteux; mais après plusieurs essais faits nous-même, nous avons remarqué que les plantes s'étiolaient davantage, et qu'elles souffraient beaucoup plus lors de leur transplantation à l'automne, ce qui est assez facile à expliquer, car si la coloration y gagne, au contraire les tissus y perdent, étant moins bien constitués. Il est toutefois bien entendu que les tissus seront d'autant mieux développés et les plantes plus trapues que, toutes circonstances égales d'ailleurs, l'air leur aura été donné d'une façon intelligente, et en tenant compte de la température intérieure et extérieure, c'est-àdire de la chaleur des couches et de celle de l'air, toutes choses difficiles à préciser exactement. Lorsque le thermomètre placé dans l'intérieur du coffre indiquera 30 degrés centigrades, il faudra, et toujours à l'opposé du vent, soulever les châssis en leur donnant avec la crémaillère une ouverture qui pourra varier de 3 à 35 centimètres, et même l'ouvrir davantage dans les chaleurs exceptionnelles, où parfois nous avons même laissé l'air pendant la nuit.

D'autres soins restent encore à prendre lorsque les feuilles des Ananas touchent le vitrage, où elles viennent toutes se courber et offrir une surface convexe aux coups de soleil, inconvénient qu'on évite très-facilement en exhaussant les coffres, et en laissant un intervalle de 15 centimètres entre le

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châssis et ies Ananas;

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de crochets en fer, qu'on passe dessous les planches du coffre, après en avoir préalablement enlevé les chassis. Il sera indispensable d'être quatre personnes pour opérer, deux pour maintenir le coffre avec leurs crochets, et les deux autres pour remplir les trous faits par les pieds des coffres, qui devront reposer pour cette première fois sur la terre de la couche. On prendra garde, en opérant, de soulever le coffre brusquement, afin d'éviter les secousses qui pourraient entraîner avec elles une certaine quantité, soit de racines, soit de terre, ce qui pourrait être nuisible aux plantes.

L'opération terminée, on arrose pour réta blir l'équilibre un peu rompu, et on remplit de fumier chaud le vide fait dans les sentiers par l'exhaussement des coffres. Ces diverses opérations se renouvelleront autant de fois que les plantes s'approchent trop du vitrage, et en laissant chaque fois un intervalle de 15 centimètres entre celui-ci et l'extrémité supérieure des feuilles. Si la première fois les pieds des coffres reposaient sur la terre de la couche, il n'en sera plus de même pour les suivantes, où les coffres se trouveraient suspendus dans le vide, si l'on n'avait pas la précaution de les soutenir, en plaçant sous chaque pied des morceaux de briques, et les superposant jusqu'à ce que l'on ait atteint la hauteur indiquée plus haut. Il faudra encore, si l'on a affaire à des coffres dits à trois châssis, ajuster une barre dans l'intérieur et vers son milieu, afin d'éviter que la pesanteur du fumier placé à l'extérieur, et faisant continuellement pression sur le coffre, le fasse se replier vers le vide intérieur, et qu'en peu de temps des coffres, quoique tout neufs, soient à peu près hors d'état de service.

Dans les premiers jours de septembre, on diminue graduellement les arrosements, pour les cesser complètement sur la fin du mois. Dans les premiers jours d'octobre, et pour la nuit, on recouvre les châssis avec · une rangée de paillassons destinés à concentrer la chaleur, et surtout à prévenir les désastreux effets d'une gelée blanche, qui pourrait survenir tout à coup. Vers la fin du mois, et mème vers le 15, s'il est possible, on s'occupe de l'aménagement du local dans lequel les plantes vont être plantées définitivement pour y accomplir leur dernière phase de végétation, c'est-à-dire produire et mûrir leurs fruits.

C'est aussi à cette époque que le moment critique approche pour le jardinier, s'il n'a pas un matériel convenable pour pouvoir donner les soins nécessaires à ces plantes. C'est aussi le moment où le propriétaire ne devra plus compter ni regarder à quelques faibles dépenses qui, négligées, pourraient l'empêcher de profiter des peines et des sou

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