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DÉTAILS ENTOMOLOGIQUES SUR LE PHYLLOXERA VASTATRIX.

Cette faculté de locomotion à courte distance | se montre surtout chez quelques individus de forme particulière, en ce sens que, rebondis comme les femelles pondeuses, ils ont l'abdomen plus court, presque tronqué, les derniers anneaux étant plus rentrés l'un dans l'autre. Ces individus ne montrent jamais par transparence les œufs tout près d'être pondus que l'on voit au nombre de un à trois chez les femelles bien caractérisées. Leur couleur est presque toujours d'un jaune orange assez vif. Nous nous sommes plus d'une fois demandé si ce ne seraient pas des måles à l'état de larve; car, pour être des mâles parfaits, il leur manque des organes caractéristiques, tant internes qu'extérieurs, et jamais nous n'avons saisi chez nos pucerons de la Vigne aucun indice d'accouplement. Une supposition plus plausible nous ferait soupçonner en eux le premier état des Phylloxera ailés, si nous n'avions vu ces derniers commencer à prendre leurs attributs de nymphe (fourreaux d'ailes, corselet plus accusé) alors que leurs dimensions étaient plus petites que celles de nos individus problématiques. Ces derniers restent en somme à l'état d'énigme; mais nous croyons devoir les signaler dès à présent, en attendant d'avoir pu découvrir leur vraie signification, dans un groupe aussi étrangement polymorphe que les aphidiens.

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Nymphes. On donne ce nom, chez les hémiptères, à l'état transitoire des individus qui, de la forme de larve aptère, passent à l'état d'insectes ailés. Chez les individus les plus nombreux du Phylloxera de la Vigne, cette distinction entre larve, nymphe et état parfait se fait par de simples mues (trois ou quatre?), sans être accusée au dehors par des caractères bien sensibles. Chez la forme ailée, les phases d'évolution sont plus distinctes, la nymphe accusant déjà, par son corselet plus séparé de l'abdomen, par les petits appendices triangulaires qui constituent les fourreaux d'ailes, les traits ébauchés de l'élégant moucheron dont elle n'est que le masque. Nous n'avons aperçu ces nymphes qu'à partir du mois de juillet, mais elles doivent apparaître de meilleure heure, puisque dès le 15 juillet nous en avons vu sortir l'insecte parfait. Toujours peu nombreuses par rapport aux myriades d'insectes aptères, elles forment çà et là, sur les radicelles où les racines, de petits groupes d'individus à des degrés d'évolution différents, fixées par la trompe au tissu nourricier de la racine tant que leur accroissement n'est pas complet, mais errantes et comme agitées lorsque, leur croissance terminée, elles vont se dépouiller de leur maillot et passer à l'état parfait d'insecte ailé.

Dans quel milieu se fait cette transformation de la nymphe? Est-ce dans la terre même, sur' les racines plus ou moins profondes? Serait-ce leur chute facile au moindre choc, doivent rendre excessivement prudentes les personnes qui manieraient le Phylloxera dans une région non infectée. Pour notre part, nous avons toujours pris dans ces délicates manipulations des précautions excessives, brûlant soigneusement ou passant à la flamme les objets où les pucerons auraient pu se trouver, n'examinant les insectes que par transparence dans les flacons et les tubes, ou bien plaçant sur une feuille de papier blanc les fragments de racines puceronnées, parcourant avec une forte loupe montée le champ entier sur lequel des pucerons ou des œufs auraient pu tomber et détruisant par écrasement ces germes dangereux d'infection possible.

1.75

plutôt à l'air libre, au pied du cep ou sur le sol? Question encore indécise, attendu que le phénomène n'a été vu que dans des flacons, hors des conditions de la vie normale du Phylloxera (1). Mais toutes les analogies sont pour la dernière hypothèse. Les allées et venues rapides de la nymphe cherchant à se transformer, la délicatesse des ailes qui doit redouter tout froissement, la nécessité d'un air sec pour donner à ces mêmes ailes leur consistance de gaze, l'exemple des cigales qui laissent sur les troncs des arbres leurs dépouilles de nymphe souterraine, tout nous fait penser que la transformation du Phylloxera en insecte ailé se fait à l'air libre, tout en échappant à l'observation par l'extrême petitesse de la nymphe et de l'insecte parfait. Dans les flacons ou dans les tubes de verre, c'est tantôt sur la racine, tantôt sur la paroi même du verre que la transformation s'opère. Des nymphes, agiles la veille au soir, ont laissé dans la nuit sur cette paroi une enveloppe incolore et diaphane, reproduisant avec une merveilleuse fidélité leurs formes un peu massives, tandis que le moucheron sorti de cette prison membraneuse fait miroiter sous les rayons obliques de la lumière les reflets légèrement argentés de ses longues ailes.

Quel est le point de départ de ces nymphes, et, par suite, de l'insecte ailé? Naissent-elles, à une période donnée, des insectes aptèrès ordinaires? Ont-elles ponr mères primitives des individus aptères semblables aux autres en apparence, mais déjà prédisposés par quelques modifications organiques à donner des générations ailées? Les circonstances de nutrition, de milieu, sont-elles seules en cause pour expliquer l'apparition des nymphes destinées à prendre des ailes? Sur tous ces points, les données positives manquent encore, et l'hypothèse n'a pas le droit de se substituer à l'observation.

en

Femelles ailées. - C'est la découverte de cette forme parfaite du puceron de la Vigne qui nous a permis de le rapporter avec certitude au genre Phylloxera de Boyer de Fonscolombe. Rien de plus semblable, effet, sauf les différences de coloris et de mœurs, que le Phylloxera quercus, type primitif du genre, et le Phylloxera vastatrix. On dirait des ménechmes sous une livrée un peu différen

te. La couleur Fig. 30.- Phylloxera vastatrix même est va- ailé femelle, vu en dessous. riable chez les

Phylloxera ailés du Chêne, les individus vus au mois de mai étant noirs, et ceux de l'été

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(1) J'ai vu, il est vrai, un Phylloxera ailé dans une petite cavité de la terre compacte entourant des

et de l'automne plus ou moins rouges. Le Phylloxera de la Vigne, observé dans les mois d'été et d'automne, a l'ensemble du corps jaune pâle, avec une bande d'un brun très-clair occupant tout le demi-arc qui représente le dessous de la partie moyenne du corselet (mesothorax), sur lequel s'insèrent les deux pattes intermédiaires. Ses ailes, presque deux fois plus longues que le corps (nous voulons dire les deux ailes supérieures), sont incolores et diaphanes, sauf une légère étendue de leur bord externe qui consti

Fig. 31.- Fragment de feuille de vigne vu en dessus, pour montrer les orifices des galles à Phylloxera.

Fig. 32.

ment croisées, au lieu de former toit comme chez le plus grand nombre des aphidiens.

Le petit nombre de nervures de ces ailes exclut l'idée d'un vol puissant et soutenu. Dans le fait, nous avons vu le Phylloxera du Chêne relever à la fois ses quatre ailes dans une direction presque verticale, les faire vibrer un petit nombre de fois, s'élever brusquement à près d'un centimètre de hauteur et retomber à quelques centimètres plus loin sur la table où se faisait l'observation. Plus prudent avec le Phylloxera

Fig. 33. Galle à Phylloxera,

vue sur le côté.

Fig. 34.
Coupe verticale de
la galle à Phylloxera.

de la Vigne, nous n'avons pas osé lui laisser prendre un essor quelconque en dehors de sa prison de verre. Mais l'identité d'allures entre cette espèce et celle du Chêne, la manière toute pareille de relever les ailes et de les faire vibrer, nous induisent à penser que le vol, dans les deux espèces, doit être de même nature, c'est-à-dire peu étendu par lui-même, mais très-apte à se faire aider par le vent pour le transport à grande distance. Ce fait, plutôt soupçonné que directement prouvé, trouve ses analogues bien établis dans l'exemple de l'encombrement des rues de Gand, en 1834, par des nuées de pucerons verts du Pêcher (Aphis persica, Morren), comme aussi dans l'espèce de neige produite il y a quelques années à Montpellier par les flocons cotonneux qui couvrent le corps d'un puceron sorti des galles des feuilles du Peuplier (Pemphigus bursarius).

Cette influence presque inévitable du vent sur la dispersion des Phylloxera ailés mérite d'être soigneusement étudiée, parce qu'elle peut rendre compte de la marche de l'invasion des vignobles dans telle direction donnée. Sans vouloir, en effet, avancer à cet égard rien de très-précis, n'est-ce pas une chose remarquable que l'extension en longueur prise par le fléau du Phylloxera dans le sens de la direction du cours du Rhône, région privilégiée du mistral? Il est vrai que l'extention s'est faite aussi dans le sens du courant inverse, c'està-dire vers la Drôme, en remontant la vallée du Rhône; qu'elle se fait aussi vers Nîmes et vers l'Ardèche. Mais il y a dans ces derniers faits des remous de vent qui doivent être tenus en compte, sans cesser de mettre en première ligne l'action du vent dominant.

Feuille de vigne montrant sur sa face inférieure les galles verruciformes à Phylloxera.

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Si, du reste, tout le monde admet sans trop de contestation l'invasion de proche en proche par les insectes aptères, on se représente surtout la contagion à distance par le transport des mères ailées. Seulement, comme l'observation directe de ces migrations manque absolument, on en est réduit aux conjectures sur la façon dont les femelles ailées propagent le mal et répandent leur funeste progéniture.

DÉTAILS ENTOMOLOGIQUES SUR LE PHYLLOXERA VASTATRIX.

Une de ces conjectures mérite en tout cas d'être soigneusement étudiée. C'est celle qui concerne la présence, dans certaines galles des feuilles de Vigne, de Phylloxera tout pareils aux Phylloxera aptères des racines du même arbuste. C'est donc le lieu de résumer à cet égard une note que nous avons publiée, et de rendre à M. Laliman, de Bordeaux, la part de mérite qui lui revient dans cette intéressante découverte.

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Phylloxera aptère des galles de feuilles de Vigne.- Le 11 juillet dernier nous découvrions à Sorgues, dans une Vigne de M. Henri Leenhardt, sur les feuilles de deux pieds de Vigne, de nombreuses galles verruciformes, ouvertes à la face supérieure de la feuille par un orifice étroit, faisant saillie à la face inférieure des mêmes organes, et recélant dans leur étroite cavité des Phylloxera femelles, entourées de quelques jeunes et de quelques œufs. Les femelles adultes étaient grosses, dodues, semblables d'ailleurs aux Phylloxera sans ailes des racines de la Vigne et présentant, comme ces derniers, six rangées de tubercules sur leur corselet et leur abdomen. Les jeunes semblaient un peu plus agiles et pourvus de pattes

un peu plus longues que les jeunes du Phylloxera des racines. L'idée qui nous traversa l'esprit fut que les mères pondeuses de ces galles pourrraient bien être la progéniture directe des Phylloxera rastatrix ailés des racines, et que la génération de ces mères, c'est-à-dire les jeunes habitants des galles, pourraient bien sortir de ces logettes des feuilles pour aller recommencer sous terre des générations de dévoreurs des racines. Mais cette conjecture nous parut à nous-même trop hardie: exposée avec réserve à nos confrères de la commission de la Société des agriculteurs, elle fut accueillie avec une réserve plus grande encore.

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le 10 septembre, dans des conditions de nutrition très-restreintes, qui ne leur ont pas permis d'arriver à l'état adulte, mais qui les ont fait assez grossir pour donner l'idée qu'ils doivent être sur les racines comme sur un aliment naturel. Répétée par M. Laliman à Bordeaux, peut être spontanément, peut-être d'après nos indications, l'expérience a donné les mêmes résultats positifs.

Revenant alors à nos soupçons primitifs sur la signification réelle des galles observées à Sorgues, et rapprochant les deux faits de Sorgues et de Bordeaux, nous avons imaginé, sous toutes réserves, que le Phylloxera gallicole n'est qu'un état transitoire du Phylloxera radicicole, un terme de la migration du Phylloxera vastatrix. M. Laliman a depuis exprimé la même opinion sans l'entourer des mêmes réserves. Il partage, ce nous semble, avec nous le mérite de la découverte, et, comme nous, dès le premier jour il a compris l'intérêt qu'il y aurait à supprimer en les ramassant et les brûlant ces feuilles de vignes infectées de galles à Phylloxera.

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Ajoutons que M. Laliman a retrouvé dans les

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Fig. 35. Phylloxera des galles des feuilles de vigne, Jeune, vu en dessus.

Heureuse donc fut notre surprise, lorsque, vers les premiers jours du mois d'août, M. Laliman nous envoya de Bordeaux des galles en tout semblables à celles que nous avions découvertes à Sorgues. M. Laliman avait très-bien vu que ces galles recélaient des Phylloxera. Il croyait même qu'il y en avait de deux espèces, les uns plus gros et torpides, les autres plus petits et agiles (1), tandis que les deux représentent des états différents du même.

Ces Phylloxera de Bordeaux, les jeunes du moins, s'échappaient par centaines des galles qui les avaient abrités. Mis sur des feuilles fraiches, ils ne s'y reposaient qu'avec peine, sans y fixer manifestement leur trompe. Il fut à peu près évident pour nous qu'ils étaient en voie de migration, en quête d'une nourriture appropriée. et l'idée nous vint qu'ils pourraient vivre sur des racines de vigne. Expérience faite dans un tube de verre, nous en vimes dès le second jour, 7 août 1869, se fixer en assez grand nombre, s'y conserver vivants (5 du moins) jusque vers

(1) Lettre de M. Laliman, en date du 30 juillet 1869.

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galles Phylloxera de Bordeaux un petit insecte qui, d'après la description incomplète qu'il nous en a donnée par lettre, est probablement le même qu'une petite punaise blanche, mangeuse presque indubitable de Phylloxera, auprès desquels nous l'avions vue aussi le 11 juillet dans les vignes de M. Henri Leenhardt.

En supposant admise, du reste, l'identité spécifique des Phylloxera des racines et des Phylloxera des galles, il resterait à déterminer sous quelle influence se forment les galles verruciformes des feuilles de vigne. Sont-elles le résultat de la piqûre des femelles ailées sorties de terre? La femelle en question pond-elle des œufs, d'où sortirait la première génération d'insectes aptères qui, piquant les feuilles, y détermineraient la formation de galles?

En tous cas, chaque galle ne renferme qu'un très-petit nombre de mères pondeuses (1 à 3), tandis que les jeunes issus de ces mères et qui désertent les galles sont parfois au nombre de 100. Or chaque femelle ailée de Phylloxera des racines ne renferme dans son abdomen qu'un à trois œufs, et nous supposons, d'après l'examen de l'ovaire sous le microscope, que, ces

œufs une fois pondus, la femelle n'en fait pas de

nouveaux.

Ce rapport entre le nombre d'œufs des Phylloxera vastatrix ailés des racines et le nombre restreint des femelles pondeuses des galles mérite d'être noté. C'est une présomption favorable à l'identité des deux types.

Dans un article, d'ailleurs intéressant, que publie le Courrier du Gard du 29 septembre 1869, M. Anez, de Tarascon, rappelle que, à la date du 26 août 1868, il a signale, comme germe fatal de la maladie des Vignes, des œufs découverts par lui sur les rameaux de cet arbuste, et qu'il a supposés être ceux du Phylloxera.

Un mémoire dont M. Anez voulut bien nous donner copie le 31 août 1868 parle, en effet, de la ressemblance complète de ces œufs avec ceux du Phylloxera; mais comme il s'agit d'œufs déposés dans une érosion d'un cep de vigne, nous n'oserions pas affirmer sans autre preuve que ce soient bien des œufs de Phylloxera, et surtout qu'ils soient les mêmes que les œufs observés dans les galles des feuilles de vigne de Sorgues et de Bordeaux. Donnons acte de son observation à M. Anez; engageons-le à retrouver les œufs observés l'année dernière, et, si c'est bien là vraiment une ponte de Phylloxera, la science lui devra la découverte d'une des phases intéressantes de la propagation de l'ennemi de nos vignobles.

On a pu voir, par l'exposé qui précède, combien de lacunes restent à combler dans l'histoire des mœurs du Phylloxera. Quelques faits sont bien établis néanmoins: son existence à l'état aptère ou ailé ; son hivernage à l'état

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de jeune engourdi; la fréquence de ses pontes souterraines; sa multiplication prodigieuse aux mois d'automne, concordant avec l'augmentation de ses ravages, en cette saison tardive; son activité dans les premières périodes de sa vie; sa torpeur pendant la période de ponte. Un jour encore douteux commence à se faire sur son mode de vie et de propagation à l'air libre. L'obscurité la plus complète couvre son mode de fécondation, en supposant que cette intervention des måles soit nécessaire, au moins pour renouveler de loin en loin la prolificité des femelles vierges.

Le premier plan de cette notice devait comprendre deux autres objets: l'un en grande partie botanique, l'étude des altérations produites sur les racines ou les feuilles par l'action des Phylloxera; l'autre tout entomologique, l'étude des ennemis naturels du même insecte. Mais le désir de pousser plus avant nos investigations sur ces deux sujets et la crainte de donner à cet appendice une longueur démesurée nous engagent à réserver pour des publications ultérieures et spéciales ces points importants de notre étude. En matière aussi difficile, l'on gagne toujours à réfléchir, à revoir les faits, à en découvrir de nouveaux, avant de prendre la plume pour exposer le peu qu'on sait. Nous ne l'avons prise cette fois que pour résumer les faits acquis; puissionsnous la reprendre l'an prochain avec plus de connaissances positives, et surtout avec plus de motifs encore pour appuyer notre conviction profonde que, là cause du mal étant connue, le remède ne tardera pas à l'être !

J. E. PLANCHON. J. LICHTENSTEIN.

QUELQUES MOTS

A PROPOS DU COMICE HORTICOLE ET VITICOLE DE BRIOUDE

C'est toujours avec un sentiment de joie que tous les amis de l'horticulture doivent se réjouir de la fondation d'une Société ayant pour but de propager la pratique et la diffusion des meilleurs procédés horticoles, surtout dans nos campagnes, en générale si arriérées et si peu désireuses d'un changement quelconque apporté à leurs habitudes routinières. Pour qui ne vit pas en contact journalier ou fréquent avec nos populations rurales, il est difficile de se faire une idée combien elles sont attachées et jusqu'à quel point elles tiennent à leurs préjugés, à leurs errements et à leurs anciennes coutumes. Ennemies de toute innovation et ne comprenant que le gain immédiat, celui à long terme les laisse indifférentes.

Elles arrachent volontiers un arbre, mais à la condition tacite et fidèlement observée par elles de ne le pas remplacer.

Un changement de couleur ou de forme dans un légume, ou de nom dans un fruit, ou le moindre agrément à apporter à la propriété, leur est souverainement antipathique; aussi les jardins, dans ce jardin de la France qu'on nomme la Limagne d'Auvergne, y sont-ils relativement très-rares, et en raison inverse de sa richesse et de sa fécondité.

Un proverbe bien connu dit que « du choc nait la lumière; » c'est dans cette pensée philantropique que M. le docteur Andrieux, désirant voir le progrès se répandre dans le riche canton de Brioude, et lui donner une impulsion nouvelle, émit le vœu en quelques jours réalisé de voir se créer une Société qui aurait pour mission et pour but d'encourager, en faisant appel à tous les dévoùments, à la pratique si pleine d'utilité et d'agréments des sciences horticoles et viticoles.

Le 17 janvier 1869, la Société se fondait, et le 17 septembre de la même année, se réunissant au comice qui n'existait que de nom, elle se constituait régulièrement et définitivement, en prenant pour devise: Concordia et labore,― travail et amitié pour tous et entre tous. - Puisse cette devise humanitaire ne pas rester une lettre morte et réaliser les brillants résultats qu'elle promet!

Dans nos temps si profondément troublés, est-il une vie plus douce et plus remplie de charmes que celle des champs, et n'est-ce pas rendre un éminent service à la société tout entière que d'en répandre le goût et de la faire aimer en la faisant connaître ?

Les réglements du comice horticole et vi

PANACHURE DES ROSES RÉSULTANT DE LA GREFFE. 179

LES BACHES EN HORTICULTURE. ticole de Brioude donnent accès à tous, sans distinction de fortune et de position. Tous peuvent en faire partie, moyennant 5 fr. de rétribution annuelle.

Cette Société a pour but et pour objet principal l'étude, la pratique et le progrès de tout ce qui intéresse directement ou indirectement ces deux branches amies, et qui se lient et s'enchaînent si étroitement : les cultures horticoles et viticoles. La plantation des bonnes espèces fruitières et leur bonne tenue, la propagation des bons cépages, les soins à donner aux abeilles, qui sont si souvent pour nos jardins les ouvriers occultes de la fécondation, et enfin la multiplication des animaux qui peuvent être utiles ou agréables en répandant la vie, l'animation et le bien-être dans nos campagnes et dans nos parcs, tels sont les principaux points sur lesquels la Société portera son attention.

Il sera publié un bulletin mensuel de ses travaux.

Une ou plusieurs fois par an, elle ouvrira des concours et des expositions dans lesquels figureront les travaux, produits, instruments

et animaux ayant un rapport immédiat au but qu'elle se propose d'atteindre: le progrès par l'amélioration des espèces.

Les primes et récompenses consisteront principalement en arbres fruitiers, plants de cépagés rares ou nouveaux, plantes utiles, instruments, livres d'étude, mentions honorables et médailles,

La Société sera administrée par un bureau de cinq membres élus tous les ans à la majorité des suffrages.

Son programme est vaste et complet.

Qu'il nous soit pourtant permis d'émettre ici le vœu de voir la Société se livrer un peu plus au côté pratique de l'horticulture, qu'elle nous semble un peu trop négliger pour discuter, très-brillamment j'en conviens, les théories fantaisistes du libre échange et de la philosophie internationale. Il nous reste à lui souhaiter longue vie, car elle peut réaliser, en donnant un essor tout nouveau au goût des jardins, un très-grand bien dans le ressort où se fera sentir son action éminemment civilisatrice. Ch. MINUIT.

LES BACHES EN HORTICULTURE

A la fin de chaque hiver, et'plus particu- | lièrement en ce moment, j'entends de tous côtés des plaintes sur les pertes éprouvées parmi les plantes conservées en bâche, par Î'humidité qui s'y développe et qui cause la pourriture pendant les grands froids, et principalement pendant que les bâches sont couvertes de neige. C'est surtout chez les horticulteurs marchands que ces dommages sont désastreux, car ils ont pour conséquence la privation d'un grand nombre de plantes sur lesquelles ils comptaient pour les livraisons et ventes du printemps.

Mais aussi pourquoi persévérer dans la routine? Pourquoi ne construisent-ils pas des serres à deux pentes?

Ceci peut se faire avec les mêmes châssis et sans une grande augmentation de dépense. Le moyen est bien simple, puisqu'il suffit de creuser dans le sol un petit chemin d'un

mètre environ de profondeur sur environ 25 centimètres de large.

Les chevrons des bâches serviront; il suffit de les allonger un peu pour les relier entre eux; l'espace entre les deux châssis est recouvert par les planches qui ont servi aux coffres des bâches. La pente des châssis sera suffisante pour qu'un homme de moyenne taille puisse facilement travailler dans le chemin.

On peut aérer à volonté, nettoyer les plantes et, à la rigueur, chauffer aisément ces petites serres.

Supposons que chaque serre entraîne, pour 20 mètres de longueur, un surcroît de dépense de 100 à 200 fr. Il me semble que cette différence serait largement compensée par le bon état et la conservation des plantes. Jean SISLEY.

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