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Paris, le 16 février 1870. A Monsieur le rédacteur en chef du Gardener's Chronicle, à Londres.

Monsieur et cher confrère,

J'ai lu avec beaucoup d'intérêt la lettre que vous a écrite M. Decaisne et que vous avez reproduite dans le Gardener's Chronicle, numéro du 8 janvier 1870, p. 39, au sujet d'un Diospyros dont j'ai parlé dans la Revue horticole, p. 284, en 1869.

On ne peut douter qu'en écrivant cette lettre, son auteur, ainsi qu'il le dit lui-même, n'ait eu pour but de servir la science; mais pour cela, l'intention ne suffit pas; il faut des faits. Ceux que M. Decaisne a fait valoir sont-ils suffisants? C'est ce que je me propose d'examiner.

Animé des mêmes sentiments que ceux qui ont poussé le professeur du Muséum de Paris, je viens vous demander la permission d'ajouter quelques détails à ceux qu'il a fait connaître. Ces détails me paraissent d'autant plus nécessaires que, mieux que tout autre, je crois, je connais la plante en question, et que, d'une autre part, l'auteur de la lettre citée plus haut laisse peser sur moi des soupçons que je tiens à faire disparaître.

Bien que je désire être bref, je me crois cependant obligé de rappeler la lettre qu'a écrite M. Decaisne, afin d'y répondre et de mettre le lecteur à même de juger et d'apprécier les faits. J'ose donc espérer, Monsieur et cher confrère, que vous voudrez bien m'accorder cette faveur, dont je vous remercie à l'avance.

N'ayant d'autre but que d'éclairer la question au sujet du Diospyros dont il s'agit, je ne chercherai pas à faire ressortir si, à mon égard, la lettre de M. Decaisne est empreinte de sentiments qui ne respirent pas la charité, et si, au fond, on ne pourrait y découvrir d'autres sentiments que ceux que l'auteur a invoqués. En effet, dans tout le cours de cette lettre, et bien que je sois constamment en jeu, M. Decaisne n'a pas prononcé mon nom une seule fois. Parfois pourtant il a daigné m'appeler l'écrivain » (sic).

Mais ce sont là des détails insignifiants et tout à fait étrangers à la science; aussi, mettant celleci bien au-dessus, vais-je tâcher de la servir en faisant connaître la vérité.

Voici la lettre écrite par M. Decaisne:

« Vous avez si souvent et avec tant de justice appelé l'attention de vos lecteurs sur le mal fait à l'horticulture par la manière incorrecte de nommer les plantes, que je vous demande la permission d'appeler votre attention sur une de ces erreurs, de manière à ce qu'on puisse la corriger le plus tôt possible.

Dans la Revue horticole du 1er août 1869, fut publiée une note sur la floraison et la fructification, au Muséum, d'un Diospyros, auquel l'auteur de cet article donne le nom de vrai Diospyros Kaki. Ce soi-disant vrai Kaki diffère beaucoup de la plante signalée par Kampfer, et qui est un arbrisseau des régions chaudes et tempérées de la Chine. La plante cultivée en plein air au Muséum est originaire de la Mongolie et du nord de la Chine; elle a été décrite avec soin, il y a quarante ans, par M. Bunge, sous le nom de Diospyros Schi-tse, à la page 42 de son Enumération des plantes du nord de la Chine. Elle est appelée, à Pékin, par le nom de Kaitsame-tsen. L'ÉCRIVAIN de l'article de la Revue, ayant appris

que la plante cultivée au Muséum n'était pas le vrai D. Kaki, lui donna le nom de D. costata, comme si c'était une nouvelle espèce; nom mal choisi du reste, puisqu'il indique un état anormal du fruit. Ainsi, le même auteur a donc, en quelques mois, donné deux noms à la même plante et commis deux graves erreurs, l'une en annonçant la fructification, sous le climat de Paris, d'une espèce originaire des climats chauds; l'autre en donnant un nom nouveau à un arbre minutieusement décrit il y a quarante ans (1831).

Le Diospyros Schi-tse, de Bunge, diffère sur beaucoup de points du D.Kaki; ses feuilles sont presque glabres, de forme elliptique, courtement acuminées; les fleurs sont solitaires, le calyce est soyeux dans la partie cachée par le fruit, qui atteint le volume d'une grosse Pêche, d'une couleur brune, rouge orangé ou rouge foncé. Ces fruits, comme le remarque M. Bunge, renferment de 8 à 12 graines, ou, le plus ordinairement, en sont dépourvues, comme il est dit dans les lettres que j'ai reçues de M. E. Simon et de A. David, qui m'ont même envoyé des dessins du fruit.

« Je n'aurais pas cru nécessaire d'indiquer ces erreurs, si je ne les avais crues préjudiciables à l'horticulture, et s'ils n'étaient pas de nature à dérouter les amateurs, en les engageant à cultiver le Diospyros Kaki dans le nord de l'Europe; et comme je crois que le Diospyros Schi-tse est le seul suffisamment rustique pour prendre rang parmi nos arbres fruitiers du nord de l'Europe; j'ai jugé nécessaire de faire connaître le seul vrai nom sous lequel il doit être multiplié.

Le fruit du Diospyros Schi-tse doit être complètement blet avant de le manger; on peut le comparer à la marmelade d'Abricots ou de Prunes. On en mange beaucoup à Pékin, où le Kaki ne peut plus mûrir.

« J. DECAISNE (l. c.). »

Il ressort de cette lettre que j'ai nui à la science en commettant de grosses erreurs, dont les principales sont: 10 d'avoir confondu le Diospyros Schi-tse avec le D. Kaki, L. fils; 20 qu'après avoir donné le nom de D. Kaki, je suis revenusur ma décision et ai nommé ma plante D. costata. Voilà donc les faits capitaux dont je suis accusé, faits dont il me sera facile de me justifier. Pour cela, et pour démontrer que ma plante n'est pas la même que celle dont a parlé M. Bunge, il suffit de rappeler ce qu'en a dit celui-ci, de comparer son dire avec ce qu'en a rapporté M. Decaisne, et de faire voir que la copie qu'il en a faite est loin d'être semblable à l'original. Voici, mot pour mot, la description du Diospyros Schi-tse, faite par M. Bunge:

D. ramis pedunculis calycibusque basi tomentosis, foliis lato-obovato-oblungis, acutis, suprà pubescentibus, subtus villosiusculis, floribus axillaribus, solitariis, pedunculis bibracteatis. Bacca maxima, depressa oligosperma. Habitat fere spontanea ad radice montium, et sæpè culia. Floret maio.

Cum nulla e descriptis omninò convenit. D. Oryxensi affini videtur, a D. Kaki differt floribus solitariis. Arbor Pyri Mali facie, magna divaricata. Folia ampla. Flore quadruplo quàm in D. toto majores. Bacca speciosissima, luteo rubra, magnitudine_Mali majoris, plerumque asperma.» Bung, Enumer. plant. nord de la Chine, no 237, p. 42.

Voici la traduction française de la description qui précéde:

A PROPOS DU DIOSPYROS COSTATA.

Diospyros à rameau, pédoncule et calyce tomenteux à la base. Feuilles largement obovalesoblongues, aiguës, pubescentes en dessus, trèsfinement villeuses en dessous. Fleurs axillaires; pédoncule accompagné de deux bractées. Baie très-grande, déprimée, oligosperme (à un petit nombre de graines).

« Croît presque spontané à la base des montagnes, et est fréquemment cultivé. Fleurit en mai.

Aucune des descriptions ne s'accorde complètement avec cette espèce, qui paraît être voisine du D. Oryxensis. Elle diffère du D. Kaki par ses fleurs solitaires. C'est un arbre qui a l'aspect d'un Poirier ou d'un Pommier, qui est grandement divariqué. Les feuilles sont amples. Les fleurs sont quatre fois plus grandes que celles du D. lotus. La baie est très-belle, d'un jaune rou

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geâtre, de la grosseur d'une forte Pomme, et le plus souvent dépourvue de graines. » Bunge, l. c. Ainsi qu'on peut le voir, il est très-difficile, pour ne pas dire impossible (à moins d'une complaisance comme celle que semble avoir montrée M. Decaisne) d'accorder la description faite par Bunge avec celle qu'en a donnée M. Decaisne. Celle-ci est presque une description fantaisiste qui fait que, si l'on n'en connaissait l'auteur, on pourrait la croire fabriquée pour le besoin de sa cause et pour se donner raison. Où, en effet, trouve-t-on, dans la description de M. Bunge, que « l'arbre vient dans les parties chaudes de la Chine?» que les feuilles, presque elliptiques, »> sont presque glabres?» Où M. Decaisne a-t-il vu, dans la description faite par M. Bunge du D. Schi-tse, que le fruit est de la grosseur d'une Pêche? qu'il contient de 8 à 12 graines? >

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qu'il est de couleur brune?» qu'il doit être complètement blet pour être mangé, qu'on peut le comparer à de la marmelade de Prunes ou d'Abricots, qu'on en mange beaucoup à Pékin, où le Diospyros Kaki ne peut mûrir?» et beaucoup d'autres choses dont M. Bunge n'a rien dit. Et pourtant, qui, mieux que M. Bunge, pouvait indiquer les caractères du D. Schi-lse, puisqu'il paraît être le seul auteur qui ait vu et décrit cette espèce?

Un autre caractère qui n'aurait certainement pas échappé à M. Bunge, et dont il n'a rien dit (ce qui prouve surabondamment que ce caractère n'existe pas chez sa plante), est celui des côtes que portent les fruits de notre espèce. Il est vrai que prévoyant les objections qu'on pourrait lui faire, M. Decaisne a dit que ce caractère « est une anomalie.»-« (L'écrivain de l'article de la Revue, ayant appris que la plante cultivée au Muséum n'était pas le vrai Diospyros Kaki, lui donna le nom de D. costata, comme si c'était

une nouvelle espèce; nom mal choisi, puisqu'il indique un état anormal du fruit). >

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Mais qui ou quoi a pu démontrer à M. Decaisne que le caractère des côtes est une anomalie? Une hypothèse, très-probablement. Aussi suis-je d'un avis tout à fait contraire, et je ne crains pas d'affirmer que loin d'être une exception, il est constant et propre à tous les fruits.

Dans sa lettre, M. Decaisne dit aussi que j'ai confondu une espèce des climats chauds avec une espèce du nord de la Chine. C'est là encore une hypothèse qui a l'évidence contre elle, et Thunberg, qui a résidé au Japon, dit que le D. Kaki est spontané et cultivé fréquemment au Japon, qu'il croît aux environs de Nagasaki, ce qu'ont aussi affirmé tous les auteurs qui ont visité le Japon.

Pour achever de démontrer que le Diospyros costata, Carr., est très-différent du C. Schi-tse, Bung., je crois devoir mettre sous les yeux des lecteurs une copie de la description que j'en ai

faite en présence de l'arbre, et ayant tous les éléments nécessaires pour la faire complète. La

voici :

Arbrisseau vigoureux, très-ramifié; jeunes bourgeons, feuilles, pétioles, écorce et même boutons de couleur vert blanchâtre par un tomentum soyeux, argenté brillant qui les recouvre de toutes parts, tomentosité qui disparaît très-promptement. Rameaux très-gros, à écorce luisante, brun roux, ferrugineux au sommet, où l'on trouve souvent des poils courts, gros, brunatres, parsemée de lenticelles petites, linéaires, grisâtres. Feuilles alternes largement ovales, arrondies au sommet, très-courtement acuminées, obtuses; les inférieures parfois suborbiculaires, les supérieures un peu plus longuement ovales, rétrécies à la base, très-rarement atténuées en pointe au sommet, toutes très-courtement pétiolées, longues de 16-20 centimètres, sur 9-12 de largeur, coriaces, très-épaisses, glabres, luisantes, d'un vert foncé et comme veruies en-dessus, plus pàle en-dessous, où se trouvent le long des nervures des poils rubigineux, gros, courts, droits, à bords très-entiers. Pétiole gros, arrondi en dessous, légèrement canaliculé en dessus. Fleurs axillaires, comme urcéolées, portées sur un gros pédoncule d'environ 1 centimètre de longueur. Boutons subglobuleux, tomenteux de toutes parts. Calice persistant après la chute du fruit, accrescent, à quatre divisions très-grandes, épaisses, raides, cordiformes, largement étalées. Corolle à quatre pétales épais, légèrement rosés, blanc jaunâtre, puis brunâtre, arrondis au sommet qui est légèrement réfléchi. Etamines subcaduques. Style persistant, parfois divisé au sommet, rarement entier. Fruit (fig. 24) atteignant 5 centimètres de diamètre, déprimé aux deux bouts, fortement et largement cotelé, arrondi (les côtes varient de 4 à 6-7) (1), d'un vert foncé, glaucescent, prenant à la maturité une couleur rouge orange, le tout se recouvrant vers l'époque de la maturité des fruits d'une pruinosité analogue à celle qu'on voit sur les Raisins, et que vulgairement on nomme fleur. Chair jaune d'abricot ou rouge orangé à la maturité du fruit, pulpeuse et ayant alors l'aspect de la marmelade d'Abricots, (couleur qui s'atténue suivant l'état plus ou moins avancé des fruits), d'abord très-astringente à cause d'une quantité considérable de tannin, puis sucrée et d'une saveur assez agréable, qui rappelle un peu celle des Abricots et qui, avec le temps, se transforme de nouveau et, alors, rappelle tout à fait la saveur des Nèfles, mais néanmoins laissant dans la bouche, après qu'on a mangé les fruits, un petit arrière-goût d'astringence. A son dernier état de conservation, la pulpe devenue peu consistante est d'un roux brunâtre, et sa saveur est très-affaiblie. Graines nulles.

Lorsqu'on coupe le fruit, on voit qu'il est plein, mais pas toutefois au point d'effacer complètement les loges qui se montrent sous la forme d'une étoile dont les branches, en nombre variable, paraissent être le plus généralement de 8 à 9.

La description que je viens de rapporter montrant avec la plus grande évidence que ma

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plante est très-différente du Diospyros Schi-tse, Bunge, il me reste à expliquer pourquoi, après l'avoir considérée comme le vrai D. Kaki, j'ai dû revenir sur cette détermination et lui donner le qualificatif costata.

Je ferai d'abord remarquer que dans l'herbier du Muséum, sous le no 299, on trouve un échantillon récolté à Formose, par M. Richard Oldham, étiqueté D. Kaki, et qui rappelle exactement ma plante; ensuite que des descriptions faites de visu par des auteurs dignes de foi, par Thunberg, notamment, se rapportant assez exactement aussi à ma plante ainsi qu'on va le voir, m'autorisaient en effet à persister pour la qualification Kaki. Voici la traduction de ce qu'a écrit Thunberg, Flor. Japon, p. 157:

« Diospyros Kaki. On en trouve deux variétés. Si vulgo Kaki, Sit Ono Kaki, Kineri Gaki et Siba Kaki. Est commun soit spontané, soit cultivé. Fleurit en juin. Fruits mûrissant en octobre, novembre, décembre.

«Arbre à tige de grandeur médiocre, trèsrameux, à rameaux et ramules alternes, arrondis, ponctués, glabres, tomenteux au sommet, étalés. Feuilles alternes, pétiolées, ovales, acuminées, très-entières, d'un vert pâle en dessous qui est à peine visiblement velu, à nervures réticulées, glabres en dessus, larges de un pouce et davantage, longues de 1 à 3 pouces, étalées. Pétiole demi-cylindrique, à peine tomenteux, grand comme l'ongle. Fleurs pédonculées, axillaires, tripartites, pédicelles uniflores, semblables au pédoncule. Périanthe monophylle, villeux, persistant, quadripartite, à divisions ovales-aiguës, plus court que la corolle. Corolle monopétale, subcampanulée, quadrifide, à tube régulier; divisions du limbe ovales, obtusément réfléchies; 8 filets très-courts, insérés à la base de la corolle. Anthères didymes, comme dupliquées, lancéolées, pàles, dressées, plus courtes que la corolle, rapprochées en une double série, villeuses. Ovaire supère, conique. Style subulé, dressé, plus court que le calice. Stigmate sétacé, bifide. Fruit subglobuleux, obscurement tétragone, glabre, vert avant la maturité, jaune lorsqu'il est mur, tronqué à la base, garni du calice persistant et surmonté du stigmate à 8 valves et à 8 loges, de la grosseur d'une Pomme moyenne, ayant à peu près le goût d'une Prune blanche, doux, charnu. Graines solitaires dans chacune des loges, semi-lunaires, ayant un des bords comprimés, glabres. Cà et là une, deux ou plusieurs loges stériles. Thunb., l. c.

La description qui précède, à peu près conforme à celle que j'ai donnée du Diospyros costata, m'autorisait donc pleinement, ainsi que je l'avais d'abord fait, à adopter pour ma plante la qualification Kaki. Mais comme différents auteurs avaient déjà donné cette qualification à des plantes très-diverses, et que d'une autre part encore le mot Kaki, au Japon et en Chine, est une sorte de nom générique qui s'applique à tous les Diospyros, et que même les fruits de ces arbres sont nommés Kaki, absolument comme en France les fruits des Poiriers ou des Pommiers sont appelés Poires et Pommes, et de plus qu'il y a au Japon et en Chine de nombreuses formes de Kaki qu'on a confondues,et d'où il résulte que le mot spécifique Kaki, non seulement n'a plus de signification précise, mais qu'il occasionne les confusions les plus grandes, j'ai donc cru, pour mettre un terme à

A PROPOS DU DIOSPYROS COSTATA.`

cés confusions, devoir adopter le qualificatif costata qui a ce double avantage de s'accorder parfaitement à ma plante et de concorder également bien avec le D. Kaki décrit par Thunberg.

Une autre considération qui m'a fait rejeter la qualification Kaki, donnée par Linnée fils, c'est que cet auteur n'a pas connu la plante à laquelle, néanmoins, il a donné un nom spécifique, ce qui est mis hors de doute par la description qu'il en a donnée, et qui, du reste, est tout à fait insuffisante pour caractériser une espèce, ainsi qu'on va le voir.

D. Kaki, L. fils.

<< Ramis tomentosis, foliis ovatis, utrinque acuminatis, subtus pubescentibus, pedunculis, solitariis, bifloris, cernuis. - Ki seu Kaki, Kæmpfer, Amænit., Habitat in Japonia, Thunb.

Arbor Japonensibus ob gratum saporem pomum notissima.

« Differt a D. loto pedunculis axillaribus bifloris et a D. Virginiana ramis et foliorum pagina inferiore pubescente. Lin. fils, Supplem., p. 439.

Voici la traduction française de la description qui précède :

Diospyros Kaki.

Rameaux tomenteux.

Feuilles ovales acuminées aux deux bouts, pubescentes en dessous; pédoncules solitaires portant deux fleurs penchées.

<< - Vulgairement Ki ou Kaki, Kœmpf., amœnit.

Habite au Japon, Thunb.

Arbre estimé des Japonais à cause de la saveur de ses Pommes. Diffère du D. lotus par ses pédoncules axillaires, biflores, et du D. Virginiana par ses rameaux et par la face inférieure de ses feuilles. » Linn., l. c.

En lisant cette courte description, il est manifestement visible, ainsi que je l'ai dit plus haut, que Linné fils n'avait pas vu la plante qu'il a nommée D. Kaki, et que ce qu'il en a dit n'a aucune signification. En effet, n'ayant pas parlé des fruits, le peu qu'il a dit des parties foliacées peut s'appliquer à toutes les espèces, sans en caractériser une seule; tous les Diospyros à peu près ayant les bourgeons et les feuilles pubescentes lors de leur premier développement, caractère qui ensuite persiste plus ou moins longtemps, qui est même permanent chez certaines variétés du D. Virginiana. Quant aux pédoncules biflores, Kompfer n'en parle pas, et même, sur la figure qu'il a donnée du D. Kaki, il a représenté les fleurs solitaires. Différents autres auteurs ont également reconnu des fleurs solitaires au Diospyros Kaki. Du reste, c'est là un caractère de peu de valeur, puisque sur le même arbre, soit sur des branches différentes, soit sur les mêmes, on trouve parfois des fleurs solitaires et des fleurs réunies; de sorte que ce caractère, auquel la plupart des botanistes semblent attacher tant d'importance, en est à peu près complètement dépourvu.

De tout ce qui précède, il résulte donc :

10 Que loin d'avoir embrouillé la question, je l'ai éclaircie et mise au net;

2o Qu'au lieu d'être préjudiciable à l'horticulture et d'avoir dérouté les amateurs,» je leur ai rendu service en applanissant et en faisant même disparaître les difficultés, tout en servant la science et l'horticulture;

3o Que, contrairement à ce que m'a reproché M. Decaisne, je n'ai commis aucune erreur, mais que j'en ai relevé que d'autres avaient faites;

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40 Que le Diospyros costata, Carr., n'est pas le même que le D Schi-tse, Bunge, ainsi que l'a dit M. Decaisne, mais bien une plante nouvelle et qui n'existe probablement nulle part en Europe, si ce n'est au Muséum;

50 Que les deux qualifications que j'ai données à ma plante se trouvent, non seulement expliquées, mais justifiées;

60 Que les caractères (les côtes des fruits) sur lesquels je me suis appuyé pour établir cette espèce, au lieu d'être des anomalies, » comme l'a affirmé M. Decaisne, sont normaux et tout à fait constants;

70 Enfin, qu'il y a plusieurs sortes de Kaki au Japon, qui ont été confondues, et comme, d'une autre part, le mot Kaki étant employé génériquement au Japon, il n'y a pas lieu de le conserver comme caractérisant une espèce; que ce sont des plantes originaires des parties froides ou tempérées du Japon, non des parties chaudes de la Chine, et par conséquent, contrairement à ce qu'a dit M. Decaisne, qu'on peut le cultiver dans le nord de l'Europe.

Ce qui a induit M. Decaisne en erreur, c'est qu'il a considéré comme Diospyros Kaki une espèce que l'on trouve sous ce nom dans quelques cultures, bien qu'elle en soit très-différente par tous ses caractères; elle est très-frileuse, ne supporte pas ou ne supporte que très-difficilement la pleine terre à Paris, et qu'elle gèle même parfois dans le midi de la France; c'est à peine si elle murit ses fruits à Antibes (Var). Je vais en énumérer les principaux caractères:

Rameaux adultes à écorce lisse, luisante, tomenteux au sommet. Bourgeons gros, pubescents par un duvet feutré, épais. Feuilles pendantes de chaque côté, atteignant 25 centimètres, parfois plus, de longueur, sur 7-9 de largeur, très-régulièrement elliptiques, atténuées à la base en un pétiole court, gros, un peu tordu, longuement acuminées en pointe au sommet, épaisses, comme feutrées et très-douces au toucher par des poils mous, soyeux qui les recouvrent de toutes parts, ainsi que le pétiole, même sur les feuilles adultes. Fruits subsphériques, un peu atténués-arrondis au sommet, à surface trèsunie, sans aucune trace de sillon ni de style au sommet, d'environ 4 centimètres de diamètre, et un peu plus de hauteur, tronqué à la base, qui repose sur un calyce persistant à 4 divisions étalées, profondes, longuement acuminées, portées sur un pédoncule relativement grêle, tomenteux, d'abord de couleur vert sombre herbacé, puis jaunâtre à la majorité, ayant la partie supérieure comme verruqueuse par des points noirâtres très rapprochés. Chair jaune beurre frais ou jaune verdàtre, pulpeuse, très-sucrée, ayant une légère saveur de Melon. Loges variant de 5 à 7-8 graines de formes et de dimensions diverses, presque droites, et parfois très-arquées en forme de croissant.

Si l'on compare cette description à celles faites par Thunberg, Kaempfer, etc., du Diospyros Kaki, l'on verra qu'elle ne se rapporte à aucune d'elles, et que l'y rattacher, c'est encore augmenter la confusion.

Un fait assez curieux à noter, c'est que la plante que M. Descaine regarde comme étant le vrai D. Kaki ne correspond à aucune de celles figurées ou décrites sous ce nom; c'est trèsprobablement une espèce du Népaul, ce que j'essaierai de démontrer plus tard en en don

nant une description plus complète, ainsi qu'une figure.

Donc, à tous les points de vue, et bien que je sois arrivé à des conclusions tout à fait contraires à celles auxquelles est arrivé M. Decaisne, j'ose

espérer qu'il me saura gré d'avoir cherché à le seconder dans cette tâche si difficile qu'il a entreprise et qu'il poursuit si activement: servir la science en combattant les erreurs qui l'entravent. E.-A. CARRIÈRE.

PRONOSTICS POUR L'ÉTÉ PROCHAIN.

Les astrologues qui nous ont prédit un hiver rigoureux n'ont pas eu tout à fait tort, ainsi qu'en font foi les nouvelles météorologiques que les journaux nous apportent des différentes parties de l'Europe. La science, toutefois, procède autrement que l'astrologie; elle ne prédit pas, elle calcule; et quand elle manque de bases suffisantes pour conclure avec certitude, elle se permet des hypothèses plus ou moins probables, qu'elle donne pour ce qu'elles sont, en attendant que de nouveaux faits viennent les confirmer ou les renverser. Une hypothèse scientifique n'est souvent, d'ailleurs, qu'une invitation adressée aux observateurs de tenir leur attention éveillée sur des points restés obscurs; quelquefois aussi elle est l'indication d'une route à suivre. La loi de M. Renou, que nous allons faire connaître, n'est encore qu'hypothétique, mais il faut reconnaître qu'elle a déjà pour elle de fortes probabilités. Dans tous les cas, il sera intéressant de voir si les faits météorologiques de l'année courante apporteront, ou non, de nouvelles preuves en sa faveur.

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très-froid, mais il n'y a rien d'analogue en
sens inverse. Ce n'est pas non plus quand
l'hiver est le plus doux que l'été est le plus
chaud; il semble que c'est plutôt quand les
hivers offrent des minima au-dessous de
8, mais supérieurs à 12o. La moyenne
des mois de juin suivants (d'après 15 hivers
qui présentent ce caractère) est alors de
18,20, c'est-à-dire plus élevée de près de
1° que la moyenne normale.

Ainsi qu'il a été dit ci-dessus, les minima de février inférieurs à - 70 annoncent un mauvais été, mais il reste à voir quel est le mois d'été qui en est le plus affecté. Or, la comparaison des 47 hivers montre que c'est le mois d'août, dont la moyenne devient alors inférieure de 1o,12, à la moyenne normale (qui est 18"45), ce qui réduit la moyenne de ce mauvais mois d'août à 170,33. Le mois de juillet en est pareillement affecté, mais moins que juin, qui perd 0,85; sa température devient alors 17o,93, au lieu de 18,69 qu'elle devrait être.

Ce n'est pas non plus après les minima d'hiver les plus élevés que les mois d'août sont les plus chauds, mais bien lorsque ces minima sont compris entre 2o et 5o. Alors, au moins d'après 15 hivers qui présentent cette particularité, la température d'août arrive à 19°,63, c'est-à-dire qu'elle gagne 1o,18 au-dessus de sa moyenne normale.

D'après ce savant météorologiste, toutes les fois qu'à Paris et dans le nord de la France l'hiver est plus froid que sa moyenne ne le comporte, et surtout si, en février, la température s'abaisse au-dessous de 7 degrés centigrades, on doit s'attendre à un été froid. Ayant comparé les 47 hivers qui se sont succédé de 1816 à 1862 avec les trois Après un hiver rude, à Paris, on n'a mois d'été qui les ont suivis, M. Renou a jamais un bel été, et cet été est surtout trouvé que c'est le mois de juin qui est le remarquable par ses irrégularités. Les hiplus influencé par l'état de l'hiver. Sur 13 hi-vers froids qui présagent les plus mauvais vers dont la moyenne reste de 1 degré au moins au-dessous de la moyenne habituelle, les 13 mois de juin suivants ont, l'un dans l'autre, 1o,2 de moins que la moyenne normale de ce mois. De même, 13 hivers dont la moyenne dépasse de 1o au moins la moyenne (qui est 3o,24), correspondent à 13 mois de juin, dont la moyenne dépasse de 0°,60 la moyenne ordinaire de ce mois (qui est 17o,27). Les hivers froids abaissent donc la température des mois de juin suivants deux fois plus (1o,20) que les hivers doux ne la relèvent (0°,60).

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étés sont ceux qui se partagent en deux périodes de froid, séparées par un long dégel et un temps doux. Ainsi, des mois de décembre et de février froids, séparés par un mois de janvier chaud, annoncent un très-mauvais été. Cette règle semble générale, et il serait facile de la prouver par de nombreux exemples. L'hiver de 1845 a présenté ce caractère au plus haut degré; ceux de 1821 et 1841 aussi, quoique à un degré un peu moindre. Les hivers de 1820, 1829, 1838, qui n'ont offert qu'une seule période de froid, ont été suivis d'étés moins mauvais que les précédents.

Ces faits paraissent correspondre à une loi générale, car c'est précisément ce qu'on remarque dans la plus grande partie de l'Asie, au nord de l'Imaüs et de l'Himalaya, où des hivers réguliers et dont le froid est

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