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que, en les soutenant, nous défendons notre propre ouvrage ! C'est peut-être pour cette raison surtout que, sans s'en douter, certains hommes soutiennent leurs théories avec tant de ténacité; croyant défendre la science, ils défendent surtout leur amour-propre. Quant à la science, qu'y gagne-t-elle? Rien. Elle n'est même pas en jeu. Toutes les discussions roulent sur des mots.

Le fait dont nous allons parler, et qui est représenté par la figure 18, vient appuyer notre dire « que les diverses parties d'un végétal quelconque résultent du groupement des éléments qui les composent. En effet, que voit-on dans cette figure? Ceci une lambourde qui a produit des fleurs, puis des fruits portés sur de longs pédicules qui se sont transformés en véritables branches et ont produit des rameaux; puis chacun de ces rameaux, se tuméfiant, se renflant à son extrémité, a produit un fruit, lequel s'est ramifié à son tour et a produit un rameau sur l'un des côtés.

La section longitudinale que nous avons faite d'un de ces fruits nous a montré une masse charnue, au centre de laquelle on apercevait des granulations rapprochées, formant ainsi des sortes de faisceaux lâches, disposés longitudinalement, et que l'on distinguait à leur couleur un peu plus foncée. De ces sortes de faisceaux verticaux en partaient latéralement d'autres qui, plus accentués, ont produit le rameau qui traverse l'un des fruits, et qui porte plusieurs feuilles.

Nous bornons là nos observations, quant au fait en lui-même, en engageant surtout à y réfléchir et à en tirer les conséquences, et tout en rappelant que l'étude attentive de ces monstruosités en apprendrait souvent plus sur l'origine des choses que celle des faits normaux qui, en général, n'apprennent plus rien, parce qu'ils ne présentent rien de particulier, et qu'alors on se borne à les enregistrer.

DESMODIUM PENDULIFLORUM

Cette espèce, dont il a déjà été question dans ce journal, mais sur laquelle on ne saurait trop revenir pour la recommander, est vivace, excessivement florifère, à tiges en touffes élevées, à ramifications flexibles et pliant sous le poids d'innombrables groupes de fleurs de couleur purpurine, se succédant d'août à la fin de l'automne.

Le Desmodium penduliflorum est originaire du Japon, et tout fait présumer qu'il

E.-A. CARRIÈRE.

sera parfaitement rustique sous notre climat, surtout étant placé en terrain sain et à une exposition un peu chaude. Dans tous les cas, des feuilles sèches, recouvertes d'une cloche ou d'un capuchon de paille, suffiront pour le préserver des brusques variations de température dont cette plante pourrait avoir à souffrir, plutôt que des froids réguliers et continus.

SANCHEZIA NOBILIS

Le genre Sanchezia a été établi par Ruiz et Pavon, en l'honneur de J. Sanchez, professeur de botanique à Cadix. L'espèce qui fait le sujet de cette note, et qui est une des plus jolies par ses belles et grandes feuilles, bien qu'introduite depuis quelques années, est encore rare dans les cultures, où en général elle est froidement accueillie, ce qui paraît tenir à la réputation qu'on lui a faite. On la dit délicate et d'une culture difficile, ce qui n'est pas aussi vrai qu'on semble le croire. Comme toute autre plante, il suffit, pour l'avoir belle, de lui donner les soins nécessaires, et ceux-ci ne sont pas si excessifs que tout amateur qui possède une serre chaude ne puisse obtenir de belles plantes de cette espèce.

Le Sanchezia nobilis, Hook.,est originaire du Pérou. C'est une plante charmante et très-ornementale, à tige sous-ligneuse, charnue, à branches quadrangulaires, grosses, peu nombreuses; à feuilles opposées décussées, régulièrement elliptiques, atténuées à

MAYER DE JOUHE.

la base en un pétiole ailé légèrement décurrent, longues de 30 centimètres, parfois plus, larges d'envion 10-12 centimètres, épaisses, coriaces, d'un vert clair, à nervures alternes, régulières et très-larges, d'un beau jaune, couleur qui s'atténue successivement, de sorte que sur les vieilles feuilles la nervure médiane est parfois la seule qui a conservé la couleur jaune. Inflorescence en panicule spiciforme terminale dressée, accompagnée à la base de longues bractées opposées, rouge vif. Fleurs d'un beau jaune d'or; corolle tubuleuse cylindrique, à bords révolutės; étamines 2, saillantes.

CULTURE ET MULTIPLICATION. On cultive le Sanchezia nobilis en terre de bruyère tourbeuse et grossièrement concassée lors. que les plantes sont jeunes; lorsqu'elles sont fortes, on peut ajouter de la terre franche mélangée de terreau bien consommé. Une place éclairée dans la serre chaude lui convient. Les arrosements, qui, toutes circons

L'ART DES JARDINS EN FRANCE.

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tances égales d'ailleurs, devront toujours | tées et traitées comme les boutures, s'enraètre en raison de la vigueur des plantes, cinent promptement. devront être abondants pendant la période de végétation, surtout si les plantes sont bien portantes et empotées étroitement; de fréquents bassinages pendant les chaleurs seront très-favorables.

Quant à la multiplication, on la fait par boutures, plus rarement par graines. Les boutures se font avec de jeunes pousses; on les plante en terre de bruyère, en pots qu'on place sous cloche dans la serre à multiplication. Au lieu de bourgeons ou de toute autre ramification, on peut multiplier le Sanchezia nobilis à l'aide de feuilles qu'on peut même réduire en fragments, qui plan

On sème les graines au printemps; lorsque les plants ont atteint 10 centimètres environ, on les pique séparément dans des petits pots qu'on place sous cloche ou sous des châssis, près du verre. On leur donne un peu d'air, puis davantage; enfin, on les met tout à fait à l'air libre, et on les place sur une tablette près du verre, et à là lumière. Inutile de dire qu'on rempote au besoin, et qu'au fur et à mesure que les plantes prennent de la force, on doit leur donner une nourriture plus substantielle.

L'ART DES JARDINS EN FRANCE

L'architecture des jardins est un art aussi ancien que le monde, puisqu'il remonte à la création de l'Eden; aussi, nous ne le suivrons pas dans ses progrès à travers les siècles et les pays divers; nous nous bornerons à indiquer les trois grandes écoles qui ont prévalu en France.

Le Nôtre est le chef de la première, le siècle de Louis XIV l'époque qui le vit naître. Dans ce genre dit jardins français, le sol, les arbres, les herbes, les fleurs et les feuilles mème furent soumis à la règle et au compas. On peut dire que ces jardins étaient la parure obligée des monuments grandioses qu'a enfantés le grand siècle, et qu'il fallait à Louis XIV et à sa cour les allées symétriques et majestueuses de Versailles. Le Nôtre a épuisé toutes les finesses de son talent et toutes les ressources de son génie pour tirer de cette régularité les effets imposants et magnifiques que nous admirons à Versailles.

Avec les Stuarts, cette école passa en Angleterre; mais nos voisins, au lieu de conserver le style sévère de notre architecte, ornèrent leurs jardins d'une telle profusion de cabinets de verdure, de treillages, de labyrinthes, de plates-bandes bizarrement découpées, qu'ils ressemblèrent à des jardins artificiels. Ces puérilités eurent pour effet de discréditer les jardins français, et inspirèrent aux Anglais l'idée de reprendre l'école de Dufresny, créateur du célèbre jardin de l'abbé Pajot, à Vincennes. Et non seulement ils l'adoptèrent, mais ils lui donnèrent le nom de jardins anglais. Nous en sommes fâché pour les enfants de la blonde Albion, mais notre devoir veut que nous rendions à César ce qui est à César: donc, tandis que Le Nôtre présentait à Louis XIV les plans des futurs parcs de Trianon, Dufresny priait l'illustre monarque d'examiner ceux qu'il venait de faire. Le roi hésita un peu; mais préférant le grandiose au na

Th. DENIS.

turel, il opta pour les plans de Le Nôtre, et tous les seigneurs et gros bourgeois l'imitèrent. Dufresny dut alors renoncer à l'art des jardins pour composer des comédies.

Cette deuxième école amena en Angleterre une révolution; la régularité bannie fut remplacée par des zigzags exagérés, les chemins, les allées se tordirent comme des serpents ou des colimaçons; en même temps qu'on détruisait les boulingrins et les platesbandes, on abattait les charmilles et les remparts verdoyants. Kent fut le plus hardi. de tous ceux qui condamnaient les jardins réguliers en posant ce principe: tout jardin ne renfermant pas une reproduction de tous les accidents de la nature est incomplet. Et joignant l'exemple au précepte, il poussa le rigorisme jusqu'à simuler des maisons brûlées, des fermes démolies et même planter des arbres morts. Au bizarre succédèrent l'enfantillage et le pittoresque insensé. L'elan donné, on ne connut plus de bornes; on construisit de tous côtés des pagodes, des kiosques, des rochers, des ponts sans rivière, des rivières sans eau, des fermes pour rire, des villages inhabités, etc.

Aussi lorsqu'elle passa en France, l'école de Dufresny rencontra-t-elle des critiques justes et sévères. Delille, dans son poëme des jardins, aida puissamment l'art à remplacer la fantaisie, et grâce à ses conseils, au goût et au talent des architectes jardiniers du XVIIIe siècle, on put citer les parcs de Monceau, d'Ermenonville, du Raincy, etc., comme célèbres à juste titre, bien qu'on y trouvât en trop grand nombre les constructions inutiles, et que les courbes des allées fussent parfois très-disgracieuses. Avec le temps le goût devint simple, modeste mème, et cette école parvint ainsi à se traîner péniblement jusqu'au milieu de ce siècle.

C'est alors qu'arrive dans l'art des jardins une vraie révolution, amenant avec elle un sérieux progrès.

La troisième école apparaît, jardins paysagers, empruntant à la première l'architecture, à la seconde le pittoresque, et apportant par son appoint l'esthétique, c'est-à-dire des règles fondamentales dans lesquelles s'associent l'art, la nature et la poésie.

Le chef, le créateur de cette association, de cette école, M. Barillet-Deschamps, regarde le jardin, le parc comme une partie de l'habitation; c'est le lieu de la promenade, de la récréation, comme le salon est celui de la conversation et des jeux; par conséquent, son plan s'harmonise, se fond avec l'architecture de la construction vers laquelle doivent converger pour ainsi dire les points de vue et les diverses scènes du paysage. Il ne se contente pas de copier la nature; il commence et c'est là son talent inimitable par définir la forme, puis l'emplacement à réserver aux gazons, aux plantations, aux rivières, aux rochers, enfin à tous les ornements qu'il distribue sans prétention, mais avec ce goût exquis d'un homme doué d'un génie extraordinaire.

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Comme le plan d'un parc ou d'un jardin doit varier suivant les pays et les différents modes d'architecture des habitations, en un mot que c'est une œuvre de création, on ne peut poser des règles invariables; c'est pourquoi M. Barillet n'a pas publié un traité sur l'art de tracer les jardins paysagers.

Toutefois, voici le résumé de ce qu'il enseigne gratuitement à ses élèves (et ils sont nombreux):

Les lignes étant la poésie du paysage, c'est la construction qui doit indiquer le style du jardin.

Les allées peu nombreuses doivent être justifiées, tracées en courbes à grand rayon; n'offrir que des pentes douces, ne jamais se croiser à angle droit, mais former des carrefours gracieux et motivés; être alterna

tivement couvertes et découvertes. Il faut autant que possible établir une allée dite de ceinture, et faire en sorte qu'on rencontre de temps en temps des points de vue, des bancs de repos et des fabriques, mais cela en nombre rigoureusement proportionné à la distance à parcourir.

La gazons doivent être assez étendus pour laisser apercevoir les différentes scènes du paysage par des perspectives obtenues à l'aide de végétaux plantés isolément, en groupe ou en massif. Le vallonnement doit être naturel, sans raideur, et aller se perdre dans un détour habilement choisi. L'uniformité de la pente doit être de distance en distance interrompue par de légers monticules plantés de un, trois, cinq, etc., végétaux rares ou curieux. Enfin, les gazons doivent être ornés de corbeilles ou massifs de végétaux exotiques. Le goût et le discernement de l'architecte lui marqueront la place de ces corbeilles, et quelles espèces d'arbres, d'arbrisseaux, d'arbustes ou plantes il doit choisir pour former les massifs, afin d'obtenir des contrastes pittoresques qui impriment au paysage un cachet particulier. Tels sont les principes de M. Barillet, auquel on doit en outre la vulgarisation des plantes exotiques employées pendant l'été dans les jardins.

Disons, en terminant, que si sa féconde imagination comme architecte et comme horticulteur lui a conquis une réputation aussi grande que justement méritée, sa bonté et son obligeance envers tous ont été telles, qu'on retrouverait son crayon inspiré dans les plans des principaux parcs ou jardins publics ou particuliers, exécutés (ou en cours d'exécution) depuis quelques années en France, en Italie, en Belgique, en Angleterre, en Autriche, en Espagne, etc. Em. RAFARIN.

CONGRÈS VITICOLE DE BOURGOGNE (1)

PLANTATION DES VIGNES

La plantation de la Vigne a été le sujet de longues discussions au Congrès de Beaune. Tout le monde est d'accord pour regarder la plantation comme l'opération la plus importante de la culture de la Vigne, et personne n'oserait contester que de la plantation dépend l'avenir du cep. Mais si on reconnait unanimement l'importance de cette opération, il s'en faut de beaucoup que tout le monde soit d'accord quant au mode de l'effectuer. Sous ce rapport, au contraire, les opinions sont très-différentes.

En étudiant attentivement les auteurs, on ne tarde pas à s'apercevoir qu'il existe au(1) V. Revue horticole, 1870, p. 48.

jourd'hui deux écoles parfaitement distinctes qui, sur certains points en plein désaccord, se rapprochent cependant plus ou moins sur bon nombre d'autres. L'une, la plus ancienne, compte le plus grand nombre de partisans; on pourrait presque l'appeler l'école de la routine. Elle compte parmi ses disciples presque tous les vignerons; elle a pour base la pratique, montre, comme pièces à l'appui, des millions d'hectares de Vignes; ses chefs s'appuient sur des faits qu'ils préfèrent aux plus belles théories. L'autre, que l'on peut appeler l'école moderne, a moins de partisans, mais elle compte parmi des praticiens, des écri

CONGRÈS VITICOLE DE BOURGOGNE.

vains et des savants distingués; elle a pour base les opérations raisonnées et les données physiologiques propres à la Vigne; elle s'appuie en outre sur de bons résultats bien constatés, qui, quoique bien moins nombreux que ceux que peuvent montrer ses adversaires, lui suffisent pour soutenir sa doctrine avec énergie.

Peut-être, si les premiers voulaient abandonner quelques pratiques reconnues vicieuses, et si les seconds voulaient tenir un plus grand compte des faits qui, quoique routiniers et en désaccord apparent avec ceux qu'ils soutiennent, mais réellement pratiques et reconnus avantageux, l'entente pourrait se faire, cela d'autant plus facilement que, sur plusieurs points, l'accord existe, sinon dans la forme, au moins dans le fond. Pour bien s'entendre, il faut examiner la question de la plantation à plusieurs points de vue. En première ligne vient, sans contredit, le choix des sarments propres à perpétuer franchement la variété. A l'unanimité, on reconnait l'importance de ce choix. M. Trouillet, l'un des ardents disciples de la nouvelle école, prétend qu'il faut commencer ce choix au moment même où les jeunes bourgeons se développent, à la floraison et à la maturité. Les exigences de M. Trouillet ont paru exagérées à des gens qui, au printemps, n'ont guère le temps de se promener dans leurs Vignes pour voir si messieurs les bourgeons sortent promptement de leur demeure d'hiver, à la vue du soleil d'avril ou de mai; puis si mesdames les fleurs perdent leur enveloppe florale au moment de la fécondation, etc. Si l'on s'est rangé de son côté, on reconnait que l'étude du choix des sarments a une grande importance, que les mieux constitués et les mieux placés des bourgeons ont les feuilles les plus conformes au type, et sont ceux qui portent les Raisins les plus beaux et en plus grand nombre, etc. On reconnaît aussi que le bourgeonnement est un bon caractère pour distinguer les différentes tribus et certaines variétés, et qu'il peut également servir à désigner et fixer des sous-variétés plus hâtives ou plus tardives, etc.; mais quant à son emploi pour remarquer les sarments propres à la multiplication en grand, il est en général reconnu comme non pratique et peu souvent d'accord avec la sélection que l'on pourra faire au moment de la maturité des fruits. Quant à l'examen des fleurs, pour s'assurer si la corolle se détache franchement ou non, on a fait les mêmes objections. Nous doutons, du reste, de la valeur de ce signe, car on sait que certaines variétés ont les étamines dressées, tandis que d'autres les ont réfléchies; si donc la variation réside jusque dans ces organes, pourquoi n'en serait-il pas de même pour la corolle qui, toutes circonstances égales, y est plus sujette?

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Les sarments choisis pour la multiplication peuvent être coupés depuis la chute des feuilles jusqu'au moment où la Vigne entre en végétation. La plupart des jardiniers et vignerons les mettent de côté au moment de la taille, sans doute par économie de temps; cependant, tous les orateurs qui ont pris la parole à ce sujet sont d'accord avec la plupart des auteurs modernes pour reconnaître que, si l'on peut faire les boutures pendant toute l'époque du repos de la végétation, il est infiniment préférable de les couper aussitôt la chute des feuilles, de les préparer et de les enfouir en terre, couchées un peu obliquement, le talon de la partie inférieure de la bouture en haut, en les recouvrant de quelques centimètres de terre, pour leur faire subir une sorte de stratification et en attendrir le bois. En opérant ainsi, on facilite la sortie des racines, et il se forme déjà des amas de tissu cellulaire à l'endroit où doivent se développer les principales racines.

Cette pratique est du reste très-usitée en horticulture, pour les boutures d'un grand nombre d'arbustes, auxquelles on fait former, pendant la mauvaise saison, ce que l'on appelle vulgairement le bourrelet, et ce pour faciliter leur enracinement au printemps. Cette opération est aussi très-conforme aux lois de la physiologie végétale; car, une fois les feuilles tombées, la formation du cambium est complètement arrêtée; la séve qui pénètre alors dans le végétal reste à l'état de séve brute. Pourquoi alors laisser les scions plus longtemps après les pieds mères, puisqu'ils ne subissent aucune amélioration, tandis que, coupés et couchés en terre, ils se préparent à émettre des racines, comme nous venons de l'expliquer?

L'époque la plus avantageuse à la plantation des boutures est quand la Vigne est entrée en végétation, et lorsque les boutures sont en bonne stratification; le moment le plus favorable pour la majorité des climats de France (excepté celui de l'Olivier) est le mois de mai. La plantation en mars expose trop les boutures aux hâles desséchants qui se font généralement sentir avec intensité en cette saison de l'année, tandis que reculer les plantations jusqu'en juin, comme le conseillent quelques auteurs, c'est s'exposer à briser les quelques radicelles qui se sont parfois développées pendant une stratification aussi tardive; puis les fortes chaleurs qui se font déjà sentir à cette époque leur seraient aussi funestes immédiatement après la plantation que les hâles du mois de mars.

En effet, en mai et surtout vers le milieu de ce mois, la terre est déjà échauffée et dans un état d'humidité suffisant pour que les boutures y trouvent réunies les deux conditions essentielles à leur développement: chaleur et humidité. Ecorcer la base des boutures est une opération reconnue très

avantageuse, surtout dans les terres exemptes d'une humidité stagnante, et pour les boutures coupées un peu tardivement et non soumises à la stratification, on se trouvera bien de les plonger pendant une semaine dans l'eau et de les écorcer en les retirant, pour les planter immédiatement.

Le choix à faire entre les boutures-crossettes et celles dites chapons est une question sérieusement discutée entre les auteurs modernes.

M. Trouillet s'élance à la tribune et s'écrie: « Il n'y a que les boutures-crossettes qui peuvent donner des ceps durables, fertiles et non sujets à la coulure. » Il s'appuie sur le raisonnement suivant: un pied de Vigne provenant de bouture doit se rapprocher autant que possible de celui provenant de semis pour la constitution des racines; et il compare le talon de vieux bois de la base

PLANTE NOUVELLE, ÈTC. des boutures-crossettes à un embryon duquel doivent sortir les racines méres, pour former la charpente souterraine du cep. Pour cette même raison, il recommande la plantion peu profonde.

Un autre orateur (sans doute un disciple du docteur J. Guyot) répond que les crossettes ne sont pas mauvaises, mais que les chapons sont préférables, parce que l'on peut prendre le milieu du rameau, la partie la plus fertile; il conseille de faire la section aussi près que possible d'un œil, puis de planter dans les mêmes conditions que le conseille M. Trouillet; on obtiendrait, dit-il, un plant plus vigoureux et plus précoce, et pas plus sujet à la coulure que ceux provenant de crossettes. B. WEBER.

(La suite prochainement.)

QUELQUES MOTS SUR LA PLANTATION DES AVENUES

Personne n'ignore qu'il y a avenues et avenues, et que les arbres qui les forment doivent varier suivant les conditions dans lesquelles on se trouve placé, et aussi suivant le but qu'on cherche à atteindre. Il est bien clair, en effet, qu'une avenue en pleine campagne, là où l'espace est illimité et qu'on n'a pas à craindre de gêner les voisins, on pourra planter des arbres très-vigoureux et dont la cime prend de larges proportions; mais là, au contraire, où l'espace est limité sur les côtés, et où, par conséquent, on veut avoir des lignes étroites ou sortes de rideaux, on devra choisir des arbres qui s'élancent et qui, tout naturellement, prennent une forme pyramidale; autrement on sera forcé, pour obtenir celle-ci, de mutiler continuellement les arbres, ce qui leur est toujours nuisible et nécessite de grandes dépenses. C'est, en effet, ce que l'on fait à Paris, par exemple, où chaque printemps on soumet les arbres de nos promenades à une taille analogue à celle qu'on donne aux arbres fruitiers dits en pyramides. Nous ne blâmons pas ce travail qui, nous nous empressons de le reconnaître, est très-bien fait; nous disons seu

lement que, dans beaucoup de cas, il serait facile d'obtenir d'aussi bons et même de meilleurs résultats par un choix particulier des essences. Deux arbres surtout sont d'autant plus propres à cet usage que, indépendamment que leur port est très-pyramidal, ils s'accommodent parfaitement du sol léger et chaud de Paris, ainsi que de son air toujours plus ou moins vicié; c'est le Robinia fastigiata, vulgairement Acacia pyramidal, et l'Orme à rameaux très-dressés (Ulmus pyramidata ou Oxoniensis) et rapprochés, couverts d'un très-beau feuillage d'un vert très-foncé.

En plantant ces deux essences, non seulement on éviterait les frais de main-d'œuvre que nécessitent les opérations continuelles de taille et de dressage qu'on est constamment obligé de faire pour maintenir la forme pyramidale des arbres, mais encore on obtiendrait des avenues régulières comme végétation, ce qui est loin d'être avec les Ormes qu'on plante, qui, provenant de graines, présentent les ports et faciès les plus disparates, et dont la végétation est aussi des plus inégales. LEBAS.

PLANTE NOUVELLE, RARE OU PAS ASSEZ CONNUE

Cerasus Sieboldii, Carr. Cet arbrisseau, dont il a déjà été question dans ce recueil (1), est des plus jolis; il pousse trèsbien en pleine terre, où il fleurit abondamment en avril, en même temps que les Cerisiers et Merisiers à fleurs doubles, de sorte qu'on pourra le planter alternative

(1) V. Revue horticole, 1866, p. 370.

| ment avec ceux-ci; on obtiendra alors le plus charmant contraste. Nous avons pu le juger encore cette année chez MM. Thibaut et Keteleer, à Sceaux, qui en ont un beau sujet en pleine terre.

CLÉMENCEAU.

Orléans, imp. de G. JACOB, cloître Saint-Etienne, 4.

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