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y a, à devoir s'en tenir toujours à l'opinion du plus grand nombre, quand même elle ne seroit pas la plus sensée, elle n'est certainement ni appropriée ni convenable aux Administrations d'aucune des branches des revenus de l'Etat, ni à aucune gestion de la Chambre ou des Finances, ni en général à aucunes affaires quelconques, dans lesquelles il faut agir, et dont la valeur et le succès dépendent de la vivacité des Operations et de la promptitude de l'execution. Pour toutes les choses de cette categorie il est donc bien plus avantageux de donner la préférence au genre de direction de la seconde espèce, qui, sans priver le Chef des moyens de pouvoir éclaircir et discuter les matieres avec ses Subalternes autant qu'il le veut, et sans le priver non plus des outils nécessaires au travail et à l'execution, non seulement lui laisse la liberté de pouvoir prendre dans toutes les occasions les partis qu'il croit être les meilleurs, mais a en même temps l'avantage, de l'en rendre moyennant cela responsable.

J'ose prendre la liberté de me flatter, que Votre Majesté pourra peut-être avoir eu la bonté de s'apercevoir de l'effet d'une pareille Direction pour les choses auxquelles elle convient dans l'Administration des Departements des Pays-Bas et de l'Italic que depuis quelques années Elle a daigné confier à mes soins. Ils étoient gouvernés ci-devant d'abord pendant maintes années sous deux, et ensuite sous un Président par deux Corps de Conseil assez nombreux et fort couteux; et ils le sont depuis près de 10. ans par moi seulement et un seul Chef Commis ou Référendaire avec un très petit nombre de Subalternes en sous-ordre. Il se faisoit alors très peu d'ouvrage, comme nos Archives en font foi, pendant qu'il s'en fait beaucoup aujourd'hui; Tout va promptement parceque le même esprit préside à toutes les mesures que l'on soumet à la Décision de Votre Majesté. Elle n'en est pas moins informée exactement de tout ce qui peut le moins du monde être digne de son attention; et étant en état de pouvoir le demontrer, je crois pouvoir ajouter encore, que sans ce pied de Direction, quoique la valeur en soit bien augmentée par la Confiance, dont Votre Majesté a daigné m'honorer jusqu'ici, jamais on n'auroit pu entreprendre et encore moins effectuer bien des grandes choses, dont le Service de Votre Majesté a retiré,

j'espere, quelque utilité, et que jamais un Corps de Conseil n'auroit fait, ni pû faire.

Je conçois cependant, que l'on pourroit avoir peut-être quelque difficulté de depouiller de leurs voix decisives les Conseillers qui existent actuellement, pour les reduire à n'être d'orenavant que Consultatives; et cela étant, je pense que ce pourroit être un moyen de Conciliation, de ne faire traiter que par deux ou trois Conseillers tout au plus les affaires les plus importantes, sans les faire repasser au Plenum, où, le Corps du Conseil ne pouvant avoir que des connoissances imparfaites sur les details de l'objet, il ne peut en resulter, en les y traitant, que des longueurs au préjudice de la chose, et que des pertes de temps, très préjudiciables à l'ouvrage dont doit se trouver chargée naturellement d'ailleurs la plus grande partie des Votants. De cette Categorie me paroitroient être par exemple: le sel, le Tabac, les Douanes et la Direction des Monnoies et des Mines dans toutes les Provinces heréditaires en Allemagne. De chacune de ces branches il me semble qu'il pourroit être de la plus grande utilité d'en confier le soin principal à titre à un petit nombre de Conseillers seulement, qui en seroient chargés nommément, travailleroient directement avec le Chef du Departement sur ces objets particuliers de leur gestion, et dresseroient toutes les Expeditions qui resulteroient de ce travail. Moyennant cette methode, le petit nombre de deux ou trois personnes, qui se trouveroient chargées d'une Direction aussi étendue et aussi importante, seroit abondamment occupé, acquereroit toutes les connoissances utiles et necessaires à la meilleure Regie possible de la partie qui lui seroit confiée, elle ne seroit plus exposée au danger d'être gouvernée par des gens destitués ou des bons principes ou des notions nécessaires, et on auroit lieu de se flatter, qu'elle le seroit au mieux moyennant l'assiduité et l'ambition qu'inspire communement à tous les hommes le desir de se faire honneur et de meriter des éloges et des recompenses, lorqu'on leur en fournit l'occasion, et surtout lorsqu'ils savent que les choses roulent sur eux à titre d'Office, et que moyennant cela ce n'est qu'à eux que pourra être attribué le bien ainsi que le mal; Verité incontestable, et qu'a très judicieusement senti Sa Majesté l'Empereur.

70 Il est certain, que dans plusieurs des Départements tant en Cour que dans les Provinces les Chefs commettent

souvent la fante, de vouloir faire par eux-mêmes l'ouvrage des uns ou des autres de leurs Subalternes, et que, le grand Art de Direction ne consistant gueres moins à savoir tenir la main à ce que chacun fasse son metier qu'à savoir le faire soi-même, un Chef commet une faute très grande et qui entraine des suites très-pernicieuses, lorsqu'il s'occupe plus qu'il ne convient des menus détails, qu'il s'avise de vouloir faire l'emploi de ses Conseillers, ceux-ci celui des Secretaires, et ces derniers l'Ouvrage des Concipistes et des simples Commis copistes, tandisqu'ils ne devroient s'occuper principalement que de la Direction Suprême et du soin de reflechir et mediter sur tout ce qu'il peut y avoir à faire de plus grand et de plus utile pour le Bien de l'Etat. Il resulte de cette faute, que l'on travaille beaucoup, et qu'il se fait peu de bonne besogne, parceque, comme il est impossible que l'on fasse une chose pendant qu'on en fait une autre, il doit nécessairement arriver, que, pendant qu'un Chef ou Conseiller use son temps à faire le métier d'autrui, il ne peut pas faire le sien, pour lequel il ne lui reste plus le temps necessaire à la reflexion et aux méditations qu'il exige. A quoi le Souverain est bien éloigné de trouver son compte, puisque dans un Chef de cette espece il est dans le cas de payer de gros appointements attachés à un emploi que l'homme qui l'occupe ne fait pas. Le Sort des Directions dépend donc infiniment de l'observation de la regle dont je viens de faire mention; mais il dépend beaucoup aussi de la manière de travailler et de l'Art de savoir se servir de ses outils, et je crois moyennant cela, que pourvu que ce qui doit se faire, se fasse et soit bien fait, le Souverain n'a aucun intérêt à gêner les Chefs ni sur les Instruments dont ils se servent, ni sur la façon dont ils les employent, et qu'en ce cas leurs services méritent d'être evalués bien plus d'après leur utilité que d'après le nombre d'heures qu'ils employent à leur travail journalier.

8 Il reste cependant encore une chose à faire, si on veut remedier efficacement à ces imperfections tant ici que dans les Provinces, et augmenter quant à l'execution l'Autorité des differentes especes d'Employés et gens en place, et c'est de pourvoir tout le monde, depuis les premiers jusques aux derniers, d'Instructions claires et suffisantes, pour leur faire connoitre l'Esprit, l'Etendue et les Bornes de l'Autorité qui leur est confiée, ainsi que les Principes, d'après lesquels ils devront se

conduire, et de veiller en suite et tenir la main à l'exacte observation des dites Instructions. Sans cette précaution il s'établiroit insensiblement des procedés arbitraires qui pourroient avoir les plus facheuses conséquences. Mais au moyen d'Instructions bien faites au contraire on ne court pas ce risque, et on acquiert en même temps l'avantage d'être en état de voir et de constater à tout moment les fautes qui peuvent se commettre, et de pouvoir moyennant cela y porter remede tout de suite. La Revision et l'Amelioration possible des Instructions existantes deja actuellement, et la Confection de celles qui peuvent rester à faire, seroit par conséquent un des Ouvrages des plus utiles et des plus importants dont pourroit s'occuper le Conseil d'Etat.

9o Comme toutes les plus sages Instructions cependant deviendroient inutiles, si on ne s'y conformoit pas, et qu'il importe par conséquent infiniment, que le Souverain puisse s'assurer qu'il est obeï, et qu'elles sont observées, je pense que l'on pourroit avec succès employer à cet effet les quatre moyens suivants.

Primo: Outre toutes les Choses relatives aux différentes Instructions il en est un très grand nombre d'autres sur lesquelles le Souverain donne des Ordres en son Conseil d'Etat. Pour s'assurer et être informé de l'execution ou de l'inexecution de tous les ordres de cette espece il faudroit établir au Gref du Consci un Diarium de tous les Ordres qui émanent par son canal, et ordonner par un Hand-Billet Circulaire une fois pour toutes à tous les Départements: Que Votre Majesté, voulant être informée d'orenavant exactement de l'Execution de ses Ordres, entend et ordonne que chacun d'eux à l'avenir, dez qu'un ordre donné se trouvera être executé, ait soin de Lui en donner avis, et toutes et quantes fois une chose n'aura pas été faite dans le temps physique qui auroit suffi pour la faire, de L'informer succinctement des raisons du délai et de l'Inexecution. L'Etablissement du Diarium qu'il faudroit lire en plein Conseil dans la premiere Session de chaque mois, serviroit à se rappeller tout ce qui a été ordonné, mettroit à même de juger, si selon la nature des choses ordonnées il y a des négligences ou des inexecutions volontaires, et par conséquent d'y remedier soit par une plus serieuse repetition des ordres inexecutés accompagnée des reprimandes nécessaires, soit en

cas de besoin par des Suspensions, et au pis aller même par la Cassation des incorrigibles.

Secundo: Pour s'assurer de l'observation des Instructions, et contenir tout le monde dans son devoir dans les Provinces, il semble, qu'il seroit très utile d'y envoyer tous les ans un Ministre ou autre personne de Rang, chargée d'en faire la tournée, pour constater si un chacun se conduit en conséquence de ses Instructions, pour voir par ses yeux le veritable Etat des Provinces, et pour pouvoir moyennant cela à son retour donner à la Cour des Informations sûres et parfaites sur ces importants objets. Le Souverain et son Conseil non seulement acquereroit par là des notions plus parfaites sur leurs Constitutions et leur état présent, mais il se formeroit de plus par ces Députations dans les Personnes des Deputés des Sujets bien plus parfaitement au fait du fort et du foible des Provinces, et moyennant cela de ce qu'il est possible et convenable de faire qu'il n'a pû y en avoir jusqu'ici, Raison, pour laquelle il me paroitroit convenir de changer de Deputés tous les ans, soit parceque moyennant cela il se formeroit plus de sujets instruits et habiles, soit parceque, tels que sont communement les hommes, il est vraisemblable que le nouveau Deputé tachera toujours, s'il se peut, de l'emporter sur son Predecesseur autant par le zèle et l'impartialité, que par la sagacité avec laquelle il tachera de s'acquitter de son Emploi de Visitateur.

Tertio: Les informations verbales que pourroient venir donner en Cour les Chefs des Provinces, intéressés souvent à Lui laisser ignorer bien des choses, ne pourroient d'ailleurs jamais meriter le même degré de Confiance, et moyennant cela il semble, qu'ainsi que leur Appel en Cour pourra être fort utile dans les cas d'Etablissements nouveaux à faire, ou de connoissances locales et de fait à prendre, ou lorsqu'il pourroit être question de vouloir leur faire bien comprendre ce que l'on veut, pour les mettre plus en état de bien exécuter, il seroit inutile et pourroit même devenir pernicieux dans d'autres cas par les fausses mesures que pourroient entrainer les connoissances ou peu fideles ou au moins imparfaites que l'on en tireroit.

Quarto: Les Capitaines des Cercles sont dans le cas de pouvoir faire et beaucoup de bien et beaucoup de mal, au moyen des connoissances individuelles qu'ils ont de leurs districts et que personne ne peut avoir aussi parfaitement

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