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n'auraient de force que si l'on pouvait se borner à calculer le temps qu'on mettra et l'argent qu'on dépensera à achever le canal, d'après les années et les sommes employées déjà. Mais cette manière de compter est fausse. « Elle suppose, «dit M. de Molinari, que les installations se sont improvisées d'elles-mêmes, « sans travail et sans frais, comme par un coup de baguette...... Or, ces ins<«<tallations » (ateliers de construction et de réparation du matériel, hôpitaux modèles à Colon et à Panama, que M. de Molinari appelle spirituellement les ateliers de réparations du personnel, construction de logements sains et confortables), «< ces installations représentent un bon tiers du travail et de la « dépense. Ajoutez y le cube extrait, et vous aurez la moitié. » Au dire d'ingénieurs expérimentés, on en est aujourd'hui à Panama au point où en était à Suez en 1865, quatre ans avant l'ouverture du canal. Dans trois ans, 59 kilomètres sur 74 ou 75, c'est-à-dire les quatre cinquièmes, seront achevés. Avec 600 millions, on terminera le canal, restant ainsi dans les limites prévues par la commission d'études de 1879, qui avait évalué la dépense totale à 1,200 millions.

Après Panama, M. de Molinari visita la Martinique.

Il en fait une description pittoresque; mais son tempérament batailleur le conduit là où il y a des coups à échanger et il attaque vigoureusement le « système colonial,» les protectionnistes, les monopolistes. Tout cela à propos du

sucre.

Nos colonies, avec l'ancien système colonial, pouvaient seules, de tous les pays producteurs de sucre, approvisionner le marché français. Le résultat fut qu'en dix ans, de 1816 à 1828, le prix de 50 kilogr. monta jusqu'à 60 fr., et la production passa de 16 à 33 millions de kilogrammes. Mais les prix, par suite de cette augmentation même de la production, baissaient vite. Premier tour joué par le monopole. Autre désavantage. En présence de ces énormes bénéfices de la vente du sucre, la betterave, qui jusque là n'avait servi qu'à nourrir les bestiaux, eut l'ambition de produire du sucre, elle aussi; et elle y parvint, et elle fit baisser de 10 millions de kilogrammes l'exportation de la Martinique. En même temps, l'Assemblée Nationale de 1848 abolit l'esclavage, ôtant ainsi aux planteurs tous leurs travailleurs. Et, par dessus tout, l'adoption du libre échange vint ouvrir le marché français à la concurrence étrangère,

Désormais le sucre colonial n'a plus qu'à mourir. Eh bien, non! Cette concurrence de tous les sucres fait baisser le prix, d'accord, mais en même temps elle en permet l'achat à une foule de consommateurs nouveaux. En fin de compte, des usines s'ouvrent partout, aux Antilles comme ailleurs, et de 16 millions de kilogr. en 1817, de 30 en 1847, l'exportation de la Martinique monte à 50 millions en 1875, et, malgré la crise, se maintient à 49 millions en 1884. Qu'aurait pu faire de plus le protectionnisme?

De la Martinique, M. de Molinari se rendit à Haïti, en passant par SaintThomas, si vivant et si riche au temps où le système colonial avait fermé au commerce européen les autres ports des Antilles et de l'Amérique, aujourd'hui presque abandonné... Là, il fit la connaissance d'un négociant parisien ils parlèrent commerce. Ce négociant en était, depuis 25 ans, à son cinquantième voyage aux Antilles. Il aimait à voir par lui-mème, et n'avait confiance ni aux documents officiels, ni aux renseignements des consuls. L'idée, très en faveur, de transformer les consuls en agents commerciaux au service des commerçants individuels le faisait sourire : « Comment serait-ce possible? disait-il. Les consuls ne tiennent pas en place!... Les moins favorisés restent trois ou quatre ans dans la même localité; ceux qui ont de bonnes relations en sont quittes pour cinq ou six mois... Comment pourront-ils nous renseigner sur le commerce d'un pays où ils ne font qu'une courte apparition, et dont la plupart ignorent la langue? D'ailleurs... quand même ils connaîtraient parfaitement les usages commerciaux du pays, ...pourrons-nous les obliger à se charger de ce gros supplément de besogne?... En cas de négligence ou d'infidélité, pourrions-nous réclamer des indemnités au gouvernement?... Non. Que les consuls fassent leur métier et qu'on nous laisse faire le nôtre. Tout ce que nous

demandons au gouvernement, c'est de ne pas fermer les débouchés du commerce sous le prétexte de protéger l'industrie?

« Cette opinion subversive du socialisme consulaire n'était pas faite pour me déplaire,» dit M. de Molinari,

M. de Molinari consacre les quatre derniers chapitres de son volume au récit de sa visite à Haïti. Cette ile singulière commence à redevenir fréquentée par les Européens, qui y font le commerce du café. Malheureusement on hésite encore à s'y fier. Et pour cause. Après avoir eu la bonne fortune, une fois constituée en Etat indépendant, de conserver pendant vingt-cinq ans, jusqu'en 1843, le même président, M. Boyer, Haïti vit tous ses successeurs tomber les uns après les autres, renversés par des conspirations. Seul le général Salomon a su résister aux émeutes, et il essaie de rétablir peu à peu l'ordre et la régularité dans le gouvernement et les finances. M. de Molinari semble avoir de la sympathie pour le général Salomon. Il est ouvert à toutes les idées, il n'a pas de préjugés de race: Africain, il a épousé une Française, une Parisienne, et plusieurs de ses ministres sont mulâtres. « Malgré toutes nos difficultés intérieures, disait-il à la fin d'un diner, nous avons toujours été fidèles à nos engagements... Nous ne pouvons faire tout à la fois, et nous devons compter avec l'opinion publique... Que voulez-vous? je suis obligé d'être opportuniste. » Ce langage sensé permettrait de reprendre quelque confiance dans les destinées de la République noire. Mais le général Salomon a soixante-dix ans, et, si vigoureux qu'il soit, il est à craindre qu'il n'occupe plus longtemps le siège présidentiel. L'ère du désordre recommencera-t-elle après lui? On voudrait espérer le contraire.

Cette sèche analyse suffit à donner une idée du livre. Puisse-t-elle engager à le lire! L'auteur est un charmeur sa plume légère court à tous les sujets, sans paraître y toucher, et en se gardant surtout de vouloir les épuiser, elle trouve moyen d'y intéresser tout le monde. Les vrais savants sont toujours simples. J. C.

Zur Reichstagswahl vom 21 februar and 2 marz 1887, von Dr L. Goldschmidt, une br., Berlin, 1887, Puttkammer et Mühlbrecht. Si nous annonçons cette brochure inspirée par les circonstances, c'est parce qu'elle mérite l'attention à raison de la grande valeur scientifique de son auteur. Le Dr Goldschmidt est un des premiers jurisconsultes de l'Allemagne; après avoir siégé au Tribunal de l'Empire, il est maintenant un des professeurs les plus justement renommés de l'Université de Berlin; son Traité de droit commercial est classique. Il est donc intéressant de savoir ce qu'il pense du mouvement électoral qui s'est produit à la suite de la dissolution du Reichstag.. La première partie de la brochure est la reproduction de deux articles publiés dans la « National-Zeitung»: le premier avait pour but de recommander aux électeurs de la deuxième circonscription de Berlin de voter pour le candidat des partis unis de l'Empire en opposition avec le célèbre docteur Virchow. Ce qui faisait une situation particulière à l'auteur, c'est que les conservateurs comptaient un certain nombre d'antisémites et qu'il pouvait paraitre singulier de voir un Israelite s'unir à eux. Aussi le second article « Eclaircissement » a-t-il pour but de fournir des explications à ce sujet. La seconde partie de la brochure, qui est inédite, constate la victoire de l'Empire dans les élections. Elle contient des indications intéressantes sur la situation des Israélites avant et après les réformes qui leur ont donné droit de cité dans l'Empire. Nous n'avons naturellement pas à apprécier les idées de l'auteur, mais nous pouvons constater qu'elles sont formulées avec une grande élévation et une grande modération; l'homme de science subsiste heureusement et fait sentir son influence sur l'homme de parti. L. R.

Revue d'Histoire diplomatique, publication trimestrielle, 1re année,

Paris, 1887, Ernest Leroux, éditeur.

Nous avons annoncé l'année dernière la fondation d'une Société d'histoire diplomatique et nous avons donné son programme (Archives, 1886. II, p. 379). Nous sommes heureux de constater aujourd'hui que cette Société, à la prospérité de laquelle nous ne pouvons que nous intéresser vivement, a recruté assez de membres pour être assurée de son avenir et qu'elle vient de manifester son existence par la publication d'une Revue. Nous allons analyser rapidement les travaux publiés dans la livraison qui a paru le mois dernier, pour donner une idée de l'intérêt des études auxquelles la Société voue ses efforts.

Un manifeste diplomatique de Voltaire. C'est un curieux mémoire que Voltaire avait été chargé de rédiger par son ami, le marquis d'Argenson, ministre des Affaires étrangères. Il était destiné à être répandu en Allemagne pour engager les princes de l'Empire à se rallier autour de l'électeur de Bavière, devenu, par l'influence française, l'Empereur Charles VII; un Allemand était censé parler au nom du patriotisme germanique. Le Ministre soumit l'écrit à un agent de la carrière qui l'annota en relevant les diverses erreurs de langage, d'histoire ou de jugement commises par le poète, qui avait d'autant plus de goût pour la diplomatie qu'il y réussissait moins. Le mémoire ne fut pas publié par suite de la mort inopinée de Charles VII; il était resté inédit. Le duc de Broglie, qui avait déjà eu occasion d'étudier le diplomate dans Voltaire, le publie en le faisant précéder d'une courte introduction.

L'Autriche dans la Confédération germanique (1850-1851). Il s'agit du projet conçu par l'Autriche de faire entrer toutes ses possessions dans la Confédération. Le baron d'Avril, dont nous avons annoncé récemment d'importants travaux (v. plus haut, p. 252 et 254), explique la situation née des propositions de l'Autriche et les vues des diverses puissances. Il donne deux documents importants le Mémorandum français et la Note anglaise. Tout ce travail jette un grand jour sur l'histoire de la Confédération germanique.

L'Alliance de l'Allemagne et de l'Autriche en 1879. Exposé bref, mais net, de la situation respective des deux puissances par M. G. Rothan.

La formation de l'état grec et ses limites depuis le Congrès de Laybach jusqu'au Congrès de Berlin. C'est la première partie d'une étude historique faite par un patriote grec bien connu, M. D. Bikelas; nous constatons avec plaisir que les sentiments nationaux de l'auteur ne l'empêchent pas d'être un historien exact et fidèle, s'appuyant toujours sur des documents précis. On le lira avec profit, parce que l'on commet bien souvent des méprises au sujet des circonstances dans lesquelles s'est formé le nouvel Etat et du rôle des diverses puissances dans cette formation. L'exposé s'arrête à la nomination du prince Othon de Bavière comme Roi de Grèce.

Struensée d'après les dépêches du Ministre de France à Copenhague. Piquant épisode, qui tient du roman plus que de l'histoire, dont le comte de Barthélemy a trouvé le récit dans la correspondance diplomatique de notre Ministre à Copenhague.

L'extradition au XIVe siècle en Genevois. M. de Maulde, le secrétaire général de la Société, publie le texte latin de deux Traités qui constatent les usages suivis par les seigneurs haut-justiciers du pays pour obtenir la remise de leurs hommes afin de les punir même alors qu'ils ont commis des crimes en dehors de leur souveraineté; comme le fait remarquer justement le savant éditeur, il s'agit là d'un véritable droit de suite féodal plutôt que de l'extradition au sens moderne.

Le caractère religieux de la diplomatie du moyen-âge. M. Frantz FunckBrentano montre par de nombreux faits le rôle important que jouait l'église dans les négociations diplomatiques. Nous ne pouvons mieux faire l'éloge du travail du jeune écrivain qu'en disant qu'il est digne du nom qu'il porte.

Relations diplomatiques de la Monarchie de Savoie. Il s'agit de la publication entreprise par une Société de Turin des correspondances des ambassadeurs de Savoie de 1559 à 1814. La Revue donne la traduction de la préface-programme et le compte-rendu du premier volume.

La livraison se termine par des études approfondies sur d'importants ouvrages d'histoire diplomatique et l'analyse des périodiques.

Il serait indiscret de demander que toutes les livraisons fussent aussi intéressantes que la première qui fait le plus grand honneur à la Société et à son secrétaire-général. Mais avec les éléments dont elle se compose, nous ne doutons pas qu'il y ait toujours grand profit à lire les travaux de ses membres.

L. R.

Recueil manuel et pratique de Traités et Conventions, par de Martens et de Cussy, 2e série, par Geffcken, ancien Ministre résident et professeur de droit public, tome 2o. Leipzig, 1887, Brockhaus.

Nous avons annoncé (Archives, 1885, III, p. 126) la publication de cette nouvelle série du Recueil manuel de MM. de Martens et de Cussy. Cette série est de nature à rendre de grands services à ceux qui n'ont pas de grandes collections à leur disposition et qui, cependant, ont fréquemment besoin de consulter les conventions internationales actuellement en vigueur; même quand on possède les grands recueils, il est très commode d'avoir ainsi réunis tous les Traités de quelque importance de la période contemporaine. Le premier volume comprenait les Traités de 1857 à 1869; le second volume, qui vient de paraitre, renferme les Traités de 1870 à 1878; il a près de 800 pages. Presque toutes les Conventious qui règlent les relations politiques, économiques, jurídiques des Etats s'y trouvent. Nous espérons qu'un troisième volume ne tardera pas à paraître, et nous exprimons de nouveau le vœu que le savant éditeur veuille bien dresser une Table analytique des matières, de sorte que les études scientifiques soient facilitées. Un étudiant ou même un professeur a besoin de pouvoir mettre facilement la main sur les diverses Conventions d'extradition ou les Conventions consulaires, par exemple, pour les comparer entre elles. Ce recueil sera alors un vade mecum indispensable pour ceux qui étudient sérieusement le droit des gens positif.

TABLE DES MATIÈRES

PAR ORDRE CHRONOLOGIQUE

1880

Novembre. 9 Union internationale pour la protection de la pro

Pages

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priété industrielle. Quatrième séance.
Union internationale pour la protection de la pro-
priété industrielle. Cinquième séance.
Union internationale pour la protection de la pro-
priété industrielle. Sixième séance.
Union internationale pour la protection de la pro-
priété industrielle. Septième séance.
Union internationale pour la protection de la pro-
priété industrielle, lluitième séance.
Union internationale pour la protection de la pro-
priété industrielle. Neuvième séance.
Union internationale pour la protection de la pro-
priété industrielle. Dixième séance.
Union internationale pour la protection de la pro-
priété industrielle. Onzième et dernière séance.
Union internationale pour la protection de la pro-
priété industrielle. Séance de clôture.

17

29

.

37

43

34

38

176

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188

193

1883

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Union internationale pour la protection de la pro-
priété industrielle. Première séance.
Union internationale pour la protection de la pro-
priété industrielle. Deuxième séance.
Union internationale pour la protection de la pro-
priété industrielle. Séance de signature.
Union internationale pour la protection de la pro-
priété industrielle. Protocole de clôture.

267

278

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286

288

1884

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13 Bulgarie Roumanie. Convention postale.
18 Allemagne Autriche-Hongrie France - Grande-
Bretagne Italie Russie
vention relative aux finances égyptiennes.

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