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0,10 de diamètre ou environ, et d'autant de profondeur; puis vous enfoncerez votre pot jusqu'au bord dans une tannée qui n'ait que 10 à 12 degrés de chaleur au thermomètre de Réaumur, et même on peut le mettre dans du terreau ordinaire qui n'ait que la température ambiante. Cela étant fait, vous le couvrirez d'une cloche de maraîcher, sous laquelle vous pouvez en mettre six à sept pareils, si vous les avez. Je dois ajouter une chose essentielle, c'est que le tout doit être placé dans une serre à boutures, maintenue constamment à 10 ou 12 degrés au plus. Les Rosiers n'ont pas besoin de plus de chaleur, et il vaut même mieux qu'ils aient 1 ou 2 degrés en moins qu'en plus.

« A cette température, quelle que soit la saison (j'ai supposé qu'on était au 1er novembre), votre greffe, qu'elle soit en fente ou en écusson, ne tardera pas à se développer. IP suffit de dix ou douze jours aux bengales, bourbons, noisettes et thés pour le faire. Les Rosiers de France, les portlands, sont une fois plus lents à pousser. Dès la fin de décembre, votre greffe continuant à se développer, si elle appartient aux quatre premières espèces, aura acquis 0,22 à 0,25 de longueur. Lorsqu'elle en aura seulement le tiers, ce qui arrivera au bout de vingt à vingt-cinq jours, vous pourrez lui supprimer la cloche sous laquelle elle était placée, elle n'en continuera pas moins à végéter avec vigueur, et lorsque, à la fin de décembre, elle aura poussé de toute la longueur que j'ai dite, il faudra lui couper toute sa partie supérieure et ne lui laisser que les deux yeux inférieurs, lesquels en sept à huit semaines de temps vous produiront deux nouveaux rameaux semblables à celui que la greffe vous a donné primitivement, et que vous pourrez également employer à faire de nouvelles greffes, en les divisant en autant de parties qu'ils offrent d'yeux. Le nombre des yeux dans chaque rameau varie selon que les différentes variétés ont les entre-nœuds plus rapprochés ou plus éloignés, mais, en général, un rameau de la longueur que j'ai déterminée ci-dessus n'a pas moins de cinq à six yeux.

«Lorsqu'on a coupé le jeune rameau produit par la greffe, on n'était encore qu'à la fin de décembre, et si, pour ce temps-là, vous avez pris la précaution de planter en temps convenable, dans des godets semblables à ceux dont j'ai déjà parlé, une suffisante quantité de plants de Rosier bifère, vulgairement dit des quatre saisons, ou de petits églantiers, lorsque vous voudrez vous en servir, vous en

prendrez le nombre dont vous aurez besoin, c'est-à-dire autant de pieds que le rameau retranché de votre greffe pourra vous fournir d'yeux. Avec chacun de ces derniers, garni de son entre-nœud ou mérithale, ainsi que disent aujourd'hui les botanistes, vous ferez une greffe en fente à la hauteur de 0,06 à 0m,07, et comme celle-ci se pratique ordinairement. Beaucoup d'horticulteurs préfèrent les églan tiers pour greffer les Bourbons et les Noisettes, et le Rosier bifère pour les thés et les Bengales. La chose la plus essentielle pour la réussite de la greffe forcée, c'est que les sujets soient bien en séve au moment où vous voudrez les employer. Cependant ces sujets destinés à cette greffe ne doivent pas être placés trop longtemps à l'avance dans la serre, car lorsqu'ils ont été trop avancés, comme il faut retrancher la pousse qu'ils ont faite pour greffer, cela nuit aux racines. Il suffit donc que les sujets soient plantés un mois à l'avance et qu'ils soient placés dans la serre huit à dix jours avant le moment de les greffer. Je dois dire encore que la plupart des horticulteurs praticiens, en insérant leur greffe en fente au sommet du sujet, font en sorte de laisser un œil ou bourgeon qui puisse appeler l'ascension de la séve, et ils ne suppriment la pousse faite par ce bourgeon que lorsque la greffe elle-même a poussé de 0,12 à 0,14.

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Quoi qu'il en soit, au bout de deux mois vous aurez un premier pied, sur lequel seront deux yeux parfaitement assurés et prêts à 'produire de nouvelles pousses, et de plus. de quoi faire, avec le sommet du rameau retranché, cinq à six nouvelles greffes, que je réduirai volontiers à cinq, afin qu'on ne m'accuse pas de rien exagérer. Ces cinq greffes, en y comprenant les deux nouveaux rameaux que doivent produire les deux yeux laissés sur le premier sujet, devront vous donner, sans forcer aucunement les choses, pour deux mois après, c'est-à-dire pour la fin de février, sept rameaux en tout, ou de quoi faire trente-cinq nouvelles greffes, en admettant que chaque rameau portera toujours cinq yeux. Cependant, afin d'éloigner toute exagération, je réduirai à vingt ce qu'il sera possible de faire de greffes à la fin de février. Malgré la forte réduction que je viens de faire sur le nombre de greffes possible, je pourrais encore arriver à en avoir cent à la fin d'avril, si je continuais à les multiplier par cinq, et cinq cents à la fin de juin en les poursuivant toujours dans la même proportion; et ce serait cinq cents sujets d'une espèce dont on n'avait qu'un seul œil au 1er no

vembre. Je crois d'ailleurs devoir faire remarquer qu'en prenant cinq cents pour nombre absolu, je n'y comprends pas beaucoup des premiers sujets qui ont été obtenus d'abord. Ces premiers sujets, que je ne compte pas ou que je laisse de côté, seront pour remplacer tous ceux qui auront pu ne pas réussir, et cette perte supposée est beaucoup audessus de la proportion de ceux auxquels il arrive de manquer réellement, car, lorsque les greffes sont bien soignées telles qu'elles doivent l'être, la perte qu'on éprouve ne s'élève ordinairement qu'au vingtième, ou tout au plus au dixième.

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« Quoi qu'il en soit, si je continuais de pousser plus loin les proportions du calcul pour lequel je suis resté à cinq cents sujets greffés pour la fin de juin, et au bout de huit mois seulement, j'arriverais à deux mille cinq cents pour la fin d'août; et en supposant que, sans m'arrêter, je voulusse pousser mes opérations jusqu'à la fin d'octobre, c'est-à-dire à tout ce qu'il serait praticable de produire de sujets dans le cours d'une seule année, cela égalerait au moins douze mille cinq cents.

Aussi les horticulteurs qui pratiquent la greffe forcée ne lui font-ils jamais rendre tout ce qui pourrait s'étendre jusqu'aux bornes du possible. Le plus souvent ils manquent de sujets pour faire leurs greffes, sans que ce soient cellesci dont ils soient au dépourvu, et ils restent toujours en dessous des limites qu'il leur serait permis d'atteindre.

"Mais je n'ai pas dit moi-même tout ce qu'il serait possible d'obtenir de la greffe forcée. Je ne l'ai supposée mise en activité qu'à commencer du 1er novembre, tandis que j'aurais pu avancer cette époque de deux mois et la faire pratiquer dès le 1er septembre, moment auquel on a pu faire les derniers écussons à œil dormant. Si donc je reporte la première époque d'activité de la greffe forcée au 4 septembre, au lieu du 1er novembre, je ne me procurerai pas sans doute un plus grand nombre de sujets en douze mois, mais s'il est question de propager une rose nouvelle, rare et chère, j'aurai gagné deux mois pour la pouvoir plus tôt livrer aux amateurs, et ces deux mois de plus feront que, dans ma propagation, je serai aussi avancé à la fin de février que je l'eusse été autrement à la fin d'avril, ce qui sera un grand avantage.

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Voici donc le secret de nos habiles multiplicateurs mis au jour; je ne m'occuperai pas de relever en détail les exa

gérations et les contre-sens horticoles que ces notes données contiennent; remarquons seulement en passant que l'on convient que la suppression des pousses nuit aux racines; nous allons voir comment ils respectent ce principe.

Résumons et apprécions ces diverses opérations jusqu'au moment de la vente qui ordinairement a lieu au plus tôt en avril ou mai.

On emploie de jeunes sujets de rose bifère, mis en pots depuis un mois. Le Damas de Puteaux et le quatre-saisons, employés de préférence à Paris, sont les plus mauvais de tous les sujets pour recevoir la greffe du Rosier.

On les plante en petits pots. Aucun végétal ne se conduit plus mal en pot que le Rosier, dont les racines aiment à s'étendre.

On commence à les forcer dès le 1er novembre; pour la fin d'août on peut obtenir 2,500 plants, et 12,500 au bout d'un an; encore nous fait-on grâce de quelques milliers.

On pourrait, nous dit-on, commencer dès le 1er septembre et obtenir encore un plus grand nombre de multiplications; mais ne voyez-vous pas que plus vous en élèverez le chiffre, plus vous mutilerez vos plants. Dans le premier cas, vous forcez vos sujets à végéter à l'époque où les lois de la nature fixent le repos 'des arbustes, et dans le second cas vous interrompez brusquement, par la suppression des rameaux, le mouvement de la seconde séve qui n'est pas terminé. Mais qu'importent toutes ces considérations tirées de la marche de la nature et de celle des saisons? En fait de suppression de rameaux, nous en allons voir bien d'autres, quoi qu'on ait reconnu leur utilité !

Que demande-t-on d'ailleurs à ces malheureuses productions? Juste six mois d'existence pour s'en débarrasser bien vite.

A la fin de décembre, lorsque la jeune greffe aura acquis 0,22 à 0,25 de longueur, il faudra lui couper toute la partie supérieure et ne lui laisser que ses deux yeux inférieurs; c'est la seconde mutilation.

A la fin de février, les deux rameaux repoussés sont encore coupés. Ces sujets en sont alors à leur troisième mutilation ou au moins à leur deuxième, selon que l'on aura commencé au 1er septembre ou au 1er novembre. Chez moi, sur cent jeunes plants traités de cette manière, pas un seul peut-être ne réchapperait; à Paris, ils ont sans doute la vie

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plus dure ou les horticulteurs sont plus habiles. Les premières multiplications sont, en général, les premières vendues, et pour cause; les horticulteurs qui les font ont assez d'expérience pour savoir ce qu'elles doivent durer.

Ainsi, culture à contre-saison, végétation anticipée, emprisonnement des racines, emploi très souvent de mauvais sujets pour la greffe, suppression presque totale des rameaux plusieurs fois réitérée, et par suite suspension de la végétation et destruction des racines tous ces faits

sont avoués, moins leurs conséquences, qui toutefois en ressortent naturellement. Et parce que quelques personnes, généralement assez ignorantes en fait de culture et plus économes qu'amies des Roses, trompées souvent encore par le silence du catalogue sur l'âge et la nature de ses productions, veulent bien se contenter de ces plants dégénérés, est-il juste de qualifier de progrès en horticulture des procédés de culture qui les placent aux limites extrêmes d'un état anormal?

Que diront les Mirbel, les Poiteau, les Lindley et tous nos maîtres en physiologie végétale; ces honorables savants, qui ont passé leur vie à observer la marche de la nature et les lois qu'elle s'est imposées, que penseraient-ils d'un progrès qui intervertit l'ordre des saisons et accumule, en quelques mois, toutes les chances de pertes ou de dépérissement? N'auraient-ils pas le droit de dire à nos habiles horticulteurs La puissance de l'homme sur la nature a des bornes que l'on ne franchit jamais impunément; usez mieux de votre intelligence; contentez-vous du moins d'un succès d'argent, mais ne faites pas intervenir la science au milieu de vos débats d'amour-propre ou de vos calculs d'intérêt. "

Entre ceux qui préconisent la greffe forcée du Rosier et ceux qui en nient l'utilité, il est une classe de personnes bien compétentes pour juger la question; ce sont celles qui se sont procuré ces plants mutilés. J'en ai reçu beaucoup de lettres, et toutes sont unanimes pour reconnaître qu'à de rares exceptions près, ces plants, faibles et languissants à leur arrivée, ont rarement vécu six mois malgré tous Jeurs soins. Quelques personnes ont fait plus, elles ont mis à ma disposition des pièces à l'appui, en m'autorisant à en faire tel usage que bon me semblerait. J'ai assisté quelquefois au déballage d'envoi de greffes forcées; j'en ai moi-même souvent reçu, et je n'ai jamais vu que de mal

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