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On a vu des gelées printannières les tuer en masse, quand elles étaient accompagnées d'humidité. Le ver blanc peut supporter un froid plus intense, mais l'on se trompe si l'on croit qu'il résisterait à un froid qui pénétrerait jusqu'à la profondeur de ses quartiers d'hiver.

Ces moyens préservatifs peuvent être dirigés, soit contre les hannetons en les empêchant de déposer leurs œufs, soit contre les vers blancs.

Les hannetons, comme tous les insectes, ne choisissent, pour déposer leurs œufs, que des endroits où leur progéniture, au moment de sa naissance, trouvera sa nourriture et sera placée dans des conditions favorables à son développement. Ils ne déposent done jamais leurs œufs dans des champs dépouillés de verdure, dans des prairies marécageuses, enfin dans des lieux humides et très-ombragés : ils font choix, au contraire, des prairies sèches et exposées au soleil, ou des champs dont le sol est sec et léger. Une irrigation abondante peut donc préserver les prairies des œufs des hannetons. Quant aux champs cultivés, on a conseillé de les couvrir d'une couche de terre compacte ou d'un amendement analogue, tels que la marne, la boue des rues, le limon d'un étang, etc.

Ces conseils ont le défaut d'être inexécutables sur une grande échelle, comme celui de couvrir le sol d'une couche de feuilles, procédé qui empêche également la ponte des hannetons. Les essais tentés de répandre du plâtre et de la chaux vive en poudre sur les champs, ne se sont pas montrés d'une efficacité à toute épreuve; d'ailleurs, ce moyen n'est pas toujours exécutable au mois de mai, époque du vol des hannetons.

Un des moyens les plus sûrs pour préserver les champs des œufs du hanneton, c'est le choix des engrais. Le fumier ordinaire attire le hanneton. Des engrais d'une odeur forte et rebutante repoussent, au contraire, cet insecte; en conséquence, on préserve les champs en répandant à leur surface des vidanges de fosses d'aisance, ou de l'urine d'animaux fermentée et étendue d'eau. Les cendres, surtout celles de tourbe, les résidus et déchets de fabrique de savon et de produits chimiques ont été également employés avec avantage comme préservatifs. En général, tous les engrais d'une odeur forte et fétide, ou d'une nature caustique et corrosive, repousseront les hannetons, et il est fort utile d'en couvrir les champs immédiatement avant le temps du vol de cet insecte.

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Ainsi que ces substances puantes la fumée et l'odeur de diverses substances brûlées peut également mettre en fuite les hannetons. Dans le canton de Lucerne, lors d'une inva sion de hannetons, les cultivateurs brûlent des tas de tourbe et de gazons, en quantité telle la contrée est entièrement couverte d'un nuage de fumée lorsque le temps est calme. On prétend repousser de même le hanneton en couvrant la terre de suie; ce moyen mérite d'autant plus d'ètre éprouvé avec soin, que la suie est un très-bon engrais.

Des procédés semblables à ceux qu'on emploie contre les hannetons pour les empêcher de déposer leurs œufs, doivent aussi être mis en œuvre contre le ver blanc; seulement cette larve, vivant dans la terre, sera plus protégée contre leurs effets, et, du reste, ces procédés ne sont efficaces qu'autant que le ver blanc est encore jeune.

Par ces moyens préservatifs nous empêchons ces insectes de nous nuire, nous les chassons chez nos voisins qui se sont moins bien défendus; ou bien si tous les propriétaires de champs et de prairies ont pris les mêmes précautions que nous, les insectes se voient forcés de braver les difficultés. Par exemple, les hannetons qui ne trouveraient plus de terrain léger et meuble, déposeraient leurs œufs dans un terrain lourd et compacte; s'il trouvait partout le sol couvert d'une substance qui soit seulement désagréable, mais non mortelle pour les larves, le hanneton se résignerait, faute de mieux, à donner à sa progéniture cette demeure incommode. Mais, bien que tous les moyens communiqués plus haut ne puissent avoir qu'une valeur relative, puisqu'ils sont souvent inexécutables sur une grande échelle, ils pourront être très-utiles dans les petites propriétés, surtout dans les jardins et les prairies de peu d'étendue On doit attacher une tout autre importance aux moyens de destruction.

On arrose, la première année, le sol avec de l'urine fermentée et en abondance; si cela ne suffit pas, on retourne le gazon après la fenaison et on laisse le sol à découvert jusqu'à l'automne, de sorte que tous les vers blancs qui y sont restés, périssent de faim. La deuxième année, il est bien plus difficile de remédier au mal que durant la première le liquide caustique n'a plus aucune action sur les vers devenus grands; il faut donc se résigner à les ramasser à la main après avoir retourné la prairie. La troisième année on laisse la prairie subir son sort; le ver ne

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cause plus autant de dommage et d'ailleurs il sera plus facile de détruire le hanneton lui-même qui sortira l'année suivante. Durant cette troisième année on se berce de l'espérance d'avoir une très-bonne récolte l'année suivante; le proverbe dit: année de hannetons, année d'abondance. Si les vers blancs exercent de grands ravages dans les prairies, qu'ils fouillent de telle sorte qu'on peut, sur de grands espaces, enlever le gazon à la main, les dégâts que ces larves causent dans les champs cultivés, sont bien plus graves encore.

M. Héer résume ainsi ce qui est relatif aux champs : 1o Les vers blancs se rassemblent de préférence dans tous les champs occupés par une végétation non interrompue depuis le printemps jusqu'à l'automne, comme les prairies, les champs de seigle et de trèfle.

2o Les champs dépouillés à l'époque du vol des hannetons, soit qu'ils ne soient pas ensemencés, soit que les semences n'aient pas encore levé comme les champs de pommes de terre, seront complétement épargnés par les vers blancs.

3o Les vers blancs périront dans les champs qui se trouveront dépouillés pendant la seconde moitié de l'été et tout l'automne, comme les champs de froment.

Il suit naturellement de ces faits constatés par l'expérience, qu'il faut tâcher, dans les années où les hannetons pullulent, d'étendre les cultures nos 2 et 3 autant que possible et de restreindre la culture no 1 dans la même proportion; enfin qu'il faut, en général, avoir égard à l'époque du vol des hannetons. Nous recommandons instamment de planter surtout beaucoup de pommes de terre dans les années aux hannetons, et d'arroser les champs où les pommes de terre ont déjà poussé, lors du vol de l'insecte, avec l'urine fermentée, pour l'empêcher d'y déposer ses œufs.

C'est dans le jardin, ce rendez-vous favori des vers blancs, théâtre de leurs plus grands ravages, qu'il est le plus difficile de les atteindre. Puisque les jardins contiennent les plantes cultivées qui ont la plus grande valeur, il faut employer dans les années aux hannetons les moyens préservatifs communiqués plus haut pour les délivrer de ces insectes, et empêcher ainsi qu'ils n'y déposent leurs œufs. Le succès est d'autant plus assuré que les jardins occupent moins d'espace et surtout quand ils renferment

moins d'arbres et d'arbustes. L'extermination des hannetons sera donc plus difficile dans les jardins paysagers. Si les vers blancs attaquent une plante précieuse, ce que l'on reconnaît ordinairement à ce que la plante commence à jaunir, on l'enlève aussitôt avec ses racines qu'on visite avec soin, sans oublier de remuer le sol à la pioche au delà de l'emplacement de la racine, les vers se trouvant quelquefois au-dessous. On a observé chez les vers blancs une préference marquée pour certaines plantes, comme le fraisier et spécialement la laitue; ils entament rarement d'autres plantes tant qu'il y a des fraisiers et des laitues à leur portée. Cette remarque a fait adopter la pratique de semer parmi les autres cultures des laitues que l'on arrache avec tous les vers blancs réunis à leurs racines, dès qu'elles commencent à se flétrir. Ce moyen a déjà rendu à l'horticulture de très-grands services.

Les hannetons ne se portent pas souvent dans les vignobles, mais nous avons déjà vu plus haut que cela leur arrivait quelquefois, et dans ce cas le hanneton y dépose ses œufs, surtout quand le sol est léger et bien engraissé, comme nous l'avons fait observer. Leur présence se trahit par le jaunissement des feuilles et le desséchement des raisins.

Les mêmes moyens indiqués pour chasser les hannetons du jardin, peuvent également être mis en usage pour les chasser des vignes; on doit rappeler ici que le fumier attire les hannetons; de sorte que si l'on fume au printemps les vignes avec ce genre d'engrais, on y favorisera la multiplication des vers blancs.

Les hannetons causent un grand dommage en dépouillant les arbres forestiers de leurs feuilles. En dévorant les feuilles et les jeunes pousses, ils forcent les arbres de pousser une seconde fois, ce qui les affaiblit et entrave leur croissance.

Les vers blancs se montrent assez rarement dans des peuplements serrés, formant des massifs, parce qu'en général les hannetons ne déposent pas leurs œufs dans des places humides ou ombragées; ces larves n'en seront que plus nombreuses dans les jeunes recrus et les plantations. Nous ne connaissons pas de moyen de destruction qui puisse être employé contre les vers sur une grande échelle dans les forêts. On conseille de faire conduire les porcs dans la forêt; les porcs cherchent et mangent en effet les vers

blancs; mais ce moyen n'est guère exécutable, ni dans les jeunes peuplements, ni sur des prairies, ni sur des champs, pour lesquels on l'a également recommandé. En hiver, les vers sont hors de leur portée, et en été les porcs causeraient plus de dégâts dans la forêt que les vers blancs qu'ils pourraient détruire. Comme les hannetons déposent de préférence leurs œufs près des jeunes arbres autour desquels le sol a été remué, on fera bien de ne jamais planter des arbres dans le printemps de l'année où les hannetons doivent voler; on ne plantera qu'à l'automne de cette année.

Il est toujours très-difficile d'atteindre le ver blanc, parce que trop de circonstances contribuent à le mettre hors de notre portée. Le hanneton est précisément dans des conditions contraires, et en tuant le hanneton nous ne prévenons pas seulement la dévastation de nos arbres par cet insecte, mais nous détruisons encore en même temps son innombrable postérité qui se serait nourrie pendant trois ans aux dépens de nos cultures. Par exemple : on prit en Suisse, en 1807, d'après les registres tenus à ce sujet, 17,376 viertels de hannetons. Le viertel est une vieille mesure de Zurich contenant environ 8,800 hannetons; on en détruisit donc alors environ 153 millions. Supposons que les femelles fussent pour moitié de ce nombre, et que chacune d'elles n'ait dû pondre que trente œufs; ce chiffre fait une large part aux chances de destruction des œufs ; nous aurons encore le chiffre formidable de 2,295 millions d'œufs détruits à cette époque. Si tous eussent acquis leur développement complet, durant les trois années de leur existence, ils auraient consommé une immense quantité de substance végétale (1), et comme cette nourriture consiste seulement en racines, et que la mort de la racine amène celle de la plante qu'elle soutient, ils auraient tué en même temps des milliards de plantes. Il est clair que la conservation des substances végétales que nous gagnons par la mort de ces insectes, est hors de toute proportion avec la main-d'œuvre employée pour les détruire. Du reste, il est hors de doute que nous ne pouvons tuer tous les hannetons

(1) Des observations et des calculs, m'ont appris qu'un ver blanc consomme, depuis qu'il quitte l'œuf jusqu'à ce qu'il soit complétement développé, environ 1 kilogr. de nourriture; ces vers auraient donc consommé plus de 20 millions de quintaux métriques (à 100 kil. ) de substance végétale.

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