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A cet effet, il fit ouvrir dans le terrain à dessécher trente grandes fosses de 100 mètres environ de longueur sur 5 de largeur et 0,40 à 0,45 de profondeur. Toutes les terres, les tourbes, les herbes et roseaux furent rejetés sur les parties de terrains qui restaient entre les fosses à cresson, de manière à exhausser ces parties pour en former des planches ou carrés à légumes.

L'industrie du cressonnier, encore exercée il y a trente ans par des maraudeurs qui allaient furtivement, pendant la nuit, enlever le cresson des sources et fontaines dans un rayon de 100 kilomètres de Paris, est aujourd'hui une branche des plus importantes de notre culture maraîchère, et cependant elle est à peine connue à Paris, dont la consommation journalière de cresson, tant pour les ménages que pour les approvisionnements des pharmacies et des hospices, est de plus de 6,000 fr., et ainsi de 1,500,000 à 1,800,000 fr. et quelquefois même de plus de 2 millions par an.

Nous croyons devoir rappeler ici, en passant, que c'est à M. Cardon, ancien directeur de la caisse des hôpitaux de la grande armée, auquel la Société centrale d'agriculture a décerné une médaille en 1855, que nous devons l'introduction en France de cette intéressante culture. M. Cardon l'avait vu pratiquer en grand à Erfurth, capitale de la haute Thuringe, dont les fossés, cultivés en cressonnières, donnent à cette ville un revenu de plus de 200,000 fr. et dont le cresson est si estimé par sa pureté et sa qualité supérieure qu'il se porte dans toutes les villes du Rhin et même jusqu'à Berlin, qui est à plus de 240 kilomètres d'Erfurth.

A son retour d'Allemagne, en 1811, M. Cardon établit à Saint-Léonard, près Senlis, ses premières cressonnières, dont le succès surpassa ses espérances. En effet, son cresson obtint auprès des dames de la halle un tel succès, qu'elles s'empressèrent de fêter le voiturier et le cressonnier ils furent chargés de bouquets et de rubans; elles leur déclarèrent qu'elles ne voulaient plus que du cresson de Saint-Léonard, qui, d'abord nommé cresson de monseigneur parce que les cressonnières étaient établies dans la vallée de Chantilly, a été appelé depuis cresson impérial.

Les cressonnières de M. Cardon acquirent promptement une haute réputation; elles furent visitées avec empressement. De semblables cultures se formèrent bientôt dans les communes voisines, et c'est à leur succès, mais plus

particulièrement à celles de M. Cardon, qu'est dû le développement extraordinaire qu'a pris si rapidement, dans les départements voisins de Paris, cette importante culture, aujourd'hui exploitée avec le plus grand succès par plus de cent cultivateurs cressonniers.

On voudra bien excuser ces détails peut-être un peu minutieux, mais cependant dignes d'intérêt. Je reviens à M. Fossiez, l'un des successeurs de M. Cardon dans les cressonnières de Saint-Léonard. Ayant reconnu que les sources qu'il avait trouvées dans les marais de Saint-Gratien étaient insuffisantes pour ses projets, il appela à son aide M. Mulot pour obtenir des eaux jaillissantes. Notre habile sondeur fit d'abord un puits d'exploration qui constata : 1o de 4 ǎ 5 mètres de terre tourbeuse et de tourbe; 2° un calcaire marneux lacustre très dur, de 7 mètres environ d'épaisseur; et 5o une alternance de couches d'argile et de marnes dures et tendres, de 9 à 10 mètres environ d'épaisseur.

A 17 mètres environ, la sonde atteignit une nappe d'eau souterraine, qui se maintint à 0,15 au-dessous de la surface du sol, et conséquemment jaillissait de 0m,25 à 0m,50 au-dessus du fond de la fosse dans laquelle était fait le sondage, condition qui déjà remplissait et bien au delà les désirs de M. Fossiez, puisqu'il ne lui fallait à la rigueur que 0,15 seulement d'eau pour baigner le pied de la tige du

cresson.

Quant à la température de ces eaux, elle fut reconnue par notre collègue M. Poiteau être de +15°,70 cent., le thermomètre de comparaison à l'ombre donnant +15o pour la température de l'atmosphère.

D'après le succès de ce puits, M. Fossiez en fit percer neuf successivement, un en tête de chaque fosse qui n'avait pas de source naturelle, afin de pouvoir, à volonté et suivant le besoin, en couvrir entièrement le fond d'une eau pure, chaude en hiver et fraîche en été.

Ces trente fosses à cresson occupent une surface de près de 8,000 mètres; le reste du terrain est divisé en ados ou grandes planches maraîchères et cultivé en légumes ou plantes potagères de toute espèce, artichaux, choux, choufleurs, céleris, cardons, haricots, pommes de terre, etc.

Les succès de M. Fossiez furent rapides: dès la première année, ils furent une utile leçon pour les habitants des communes voisines, qui admirèrent d'abord sa persévérance,

mais qui, en le voyant chaque année étendre ses travaux et ses cultures, apprirent bientôt quel était cet homme qu'ils appelaient le faiseur de fossés et ce qu'ils pouvaient, ce qu'ils devaient faire pour mettre enfin, comme lui, en valeur leurs terrains improductifs. Quelques-uns firent mieux, ils le prièrent de vouloir bien les diriger dans les travaux qu'ils voulaient faire pour assainir également leurs marais. M. Fossiez se prêta avec empressement à tout ce qu'on lui demandait. L'impulsion qu'il avait donnée autour de lui devint bientôt générale dans tout le pays, et aujourd'hui, grâce à son exemple, à ses conseils et à la bonne direction qu'il a donnée à ce mouvement, plus de 450 hectares de marais, autrefois sans aucune valeur, dans les communes d'Ermont, Eaubonne, Soisy, Deuil, Saint-Gratien, Epinay-sur-Seine, etc., sont livrés à la culture et présentent annuellement de tels produits que tel terrain, qui n'avait pu il y a quelques années être vendu 600 fr. l'hectare, ne serait pas cédé aujourd'hui pour 6,000 fr., et que généralement tous ces terrains ont plus que décuplé de valeur.

L'ancien étang de Coquenard, de 40 hectares environ, situé entre Saint-Denis et Epinay, en partie desséché par M. Sommariva, mais resté depuis un marais fangeux, souvent inabordable et infect, a été pour M. Fossiez un nouveau champ de travail d'assainissement et de mise en culture. Il en a pris une grande partie en location, et ce terrain, naguère couvert d'eau stagnante et fétide, est aujourd'hui parfaitement cultivé; il est couvert de légumes de la plus belle végétation et en plein rapport, ses cultures variées font l'admiration de tous ceux qui visitent ce pays, autrefois si désert, si triste, si malsain, aujourd'hui si bien cultivé, si animé, si fertile et si riant.

Dans de telles opérations et d'aussi grandes améliorations, il est impossible de ne pas reconnaître l'œuvre d'un maître habile, doué d'un esprit intelligent, d'un caractère persévérant, infatigable, enfin un praticien éclairé.

A son école, en suivant ses leçons et surtout son exemple, plus de 150 pères de famille ont appris à faire de bonnes cultures et à recueillir comme lui d'excellents et d'abondants produits dans ces marais dont ils n'obtenaient qu'une mauvaise litière, et seulement lorsque la sécheresse leur permettait d'y pénétrer.

Dans leur reconnaissance, les habitants du pays procla

ment le nom de M. Fossiez comme celui de leur bienfaiteur; les maires des communes de Saint-Gratien, Eaubonne, Soisy, Aigremont, Epinay, Deuil, etc., se sont tous empressés de certifier et d'attester que c'est à lui que l'on doit le desséchement, l'assainissement et la mise en culture de leurs anciens marais, dont le desséchement avait jusqu'alors été regardé comme impossible, et que c'est à ses travaux qu'est due la valeur locative actuelle de 500 fr. l'hectare, valeur qui était entièrement nulle il y a encore peu d'années.

En présence de tels faits, et sur le rapport de sa commission des desséchements,

En considérant: 1° que, par son exemple, M. Fossiez a prouvé aux communes et aux propriétaires des marais des vallées de l'Essone, de l'Ourcq, de l'Aisne, de l'Oise, de la Somme, de Carentan, de l'Eure, de Douges, de Savenay, de l'Authion, de la Charente, de Bourgoin, des Bouches-duRhône, etc., etc., quelle valeur peuvent rapidement acquérir des marais infertiles lorsqu'ils sont assainis par un mode de desséchement bien entendu et mis en culture suivant un assolement basé sur la nature du sol en même temps que sur les besoins ou la consommation du pays;

2o Que les travaux de M. Fossiez réunissent à la fois les conditions des trois concours, savoir le concours du desséchement des terrains humides ou marécageux et de leur mise en culture, celui des irrigations et des puits artésiens;

La Société royale et centrale d'agriculture a décidé :

4° Qu'elle décernerait à M. Fossiez sa grande médaille d'or du concours des desséchements des terrains humides ou marécageux et de leur mise en culture;

2o Qu'à raison du bel exemple donné aux propriétaires de marais par M. Fossiez, il serait donné la plus grande publicité au rapport de la commission sur ses opérations d'assainissement et de mise en culture.

HÉRICART DE THURY.

Observations sur les fruits verts d'abricotier.

Les abricotiers en général ont beaucoup souffert des gelées survenues en mars 1845, au point qu'un grand nombre ont eu non-seulement leurs boutons à fleurs gelés, mais aussi les boutons et branches à bois, et dans les pépinières, plu

sieurs sujets de un à deux ans de greffe ont été gelés radicalement, ce qui ne s'était pas va depuis longtemps. Il paraît cependant que beaucoup d'abricotiers ont été soustraits à l'influence de la gelée, car on voyait depuis le 10 juin, à la halle de Paris, une quantité de paniers d'abricots verts, provenant d'éclaircies faites sur des arbres qui en étaient trop chargés; ce qui prouve qu'il y a des localités où les abricotiers ont donné des produits abondants. Mais ce qui m'étonne, c'est qu'on laisse vendre sur les marchés des fruits de ce genre, capables de donner des maladies graves, surtout aux enfants, qui en sont très friands et qui en mangent des quantités considérables, à cause de la modicité de leur prix.

Sur la culture des jacinthes.

PÉPIN.

La jacinthe est une plante sur la culture de laquelle tout le monde désire apprendre quelque chose de nouveau; car, quoiqu'on la cultive partout, il est rare. de la voir dans toute la beauté qu'elle peut atteindre. Amateur passionné de cette plante, je me propose de présenter ici quelques conseils sur sa culture, et des détails sur les procédés qui m'ont le mieux réussi jusqu'à présent.

Il faut avoir soin de choisir des oignons qui présentent une substance ferme, une enveloppe ou tunique extérieure brillante et fine, dont le plateau de la bulbe soit bien formé et la pointe bien prononcée.

Toute terre franche, tout loam ordinaire qui renfermera en assez grande abondance des matières végétales bien consommées, leur convient. Quant à moi, je ne leur donne aucun engrais; mais comme je prépare avec soin, en été, un bon fumier bien consommé pour mes géraniums et mes verveines, et que je planie mes jacinthes sur le bord des mêmes planches, il en résulte qu'à l'automne, les restes de ce fumier fournissent à mes oignons une nourriture suffisante.

Aussitôt que j'ai planté mes jacinthes et mes tulipes, ce que je m'efforce de faire en novembre, d'aussi bonne heure que la saison le permet, je couvre le bord de mes planches, sur une épaisseur de 0,04 à 0,05, avec tous les débris du jardin de l'année précédente, que j'ai fait décomposer en

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