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Рашай 4-16-28

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LIVRE PREMIER.

CHAPITRE PREMIER.

I. Nous l'avons dit dans la première partie de ce travail, la journée du 17 octobre avait modifié des résolutions un peu prises au hasard et fondées soit sur des hypothèses, soit sur les rapports des déserteurs. Le jour se faisait sur la réalité des obstacles que l'on aurait à surmonter pour pénétrer dans Sébastopol.

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L'on dut renoncer à l'espoir d'emporter de vive force ces remparts, dans lesquels il était d'autant plus difficile de faire brèche, que la plus grande partie de la ville était couverte surtout par des parapets en terre et offrait, non une place régulièrement fortifiée, mais un vaste camp retranché, tirant sa force même de l'irrégularité de ses défenses plus naturelles qu'artificielles.

« La place a mieux soutenu le feu qu'on ne le croyait, » écrivait au ministre de la guerre le général en chef Canrobert, et il ajoutait :

« Le 17, nos troupes ont pris possession du plateau qui se trouve devant le point d'attaque appelé le bastion du Mát, et l'occupent; ce soir (18) nous y construisons

le masque d'une batterie de douze pièces, et, s'il est possible, celui d'une deuxième batterie à l'extrémité droite au-dessus du ravin. Tous nos moyens d'attaque sont concentrés sur ce point, et doivent, je l'espère, le désemparer rapidement avec le concours des batteries glaises qui contre-battent sa face gauche. Par la même dépêche, le général Canrobert annonçait qu'il avait reçu la presque totalité des renforts en infanterie, qu'il attendait de Gallipoli et de Varna.

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Le général Levaillant venait d'arriver avec son étatmajor; ce qui portait à cinq divisions l'effectif de l'armée expéditionnaire.

Rien n'indiquait que l'armée russe eût modifié les positions qu'elle occupait et où elle attendait ses renforts.

II. Pendant la journée et la nuit du 18, 5750 travailleurs, tant pour le génie que pour l'artillerie, sont employés à réparer les dégradations causées par le feu du 17 octobre.

On commence le développement de la tranchée vers le bastion du Mât; mais dans beaucoup d'endroits, le sol n'est pas maniable, le roc affleure, et l'on est obligé d'élever le parapet extérieur à l'aide de fascines, de sacs à terre, et souvent d'un double rang de gabions superposés. Les francs-tireurs, embusqués dans de petites tranchées, en avant de la portion de la parallèle ouverte, gènent le tir ennemi par la précision de leurs coups qui frappent les artilleurs russes, quoique les em

brasures soient fermées par des portières, aussitôt que chacune des pièces a fait feu.

La nuit est venue; les travaux en avant continuent sur le versant droit du ravin qui descend à Sébastopol; les batteries sont remises en état et prêtes pour le lendemain (1).

III.

En effet, le 19 octobre, à six heures et demie du matin, le mugissement de feu, un instant interrompu, recommence. Les batteries anglaises, qui n'avaient pas cessé de tirer pendant la journée du 18, redoublent d'énergie; la place répond avec une violence extrême. De toutes parts le tir est précipité, terrible; bientôt la ville et les positions des assiégeants sont couvertes d'une fumée épaisse; un brouillard intense vient s'y joindre; les artilleurs chargent leurs pièces et font feu sans pouvoir assurer la direction du tir.

(1)

Journal du corps de siége.

Batteries 1 et 2 (marine), sont réparées; les épaulements reçoivent plus d'épaisseur et d'élévation, les embrasures sont en partie refaites.

Batterie 3, remise en état.

Batterie 4. Cette batterie, qui a beaucoup souffert par suite de l'explosion d'un magasin à poudre, est réparée; on refait les platesformes, magasins, embrasures; le matériel détérioré est changé. Au jour elle est prête à faire feu avec 5 canons et deux mortiers : la sixième plate-forme ne peut être rétablie.

Batterie 5, est amenée à l'état de recevoir 3 pièces de 24 : 2 contre l'épaulement de gauche et une derrière la première traverse.

Batterie 6, est remise autant que possible en état avec le concours de canonniers fournis par les batteries de la 4a division.

Batterie 7, terminée et armée.

Batterie 8, a réparé quelques dégradations,

De tous côtés ce sont de foudroyantes détonations, et de rapides éclairs traversent et semblent déchirer ce voile immense qui enveloppe les combattants. Deux officiers de l'état-major du général commandant le corps de siége, le chef d'escadron de Laville et le capitaine Schmitz, frère du capitaine d'artillerie emporté par un boulet quelques jours auparavant, partent par ordre du général Forey, pour apprécier le résultat du feu des batteries. Le premier se dirige vers la tranchée; le second vers la batterie du fort Génois, qui seule, sous le commandement du brave capitaine de vaisseau Penhoät, avait continué son feu sans interruption aucune, quoique la place eût, depuis l'avantveille, réuni tous ses efforts pour l'écraser (1). Cette batterie se composait de quatre obusiers de vingt-deux, et d'une pièce de cinquante.

IV. Les deux officiers étaient partis à travers cette pâle et mate obscurité que jetaient sur le plateau le brouillard et la fumée du combat. Le terrain qu'ils parcourent est labouré sur leur passage par des projectiles de toute nature qui éclatent et frémissent sur le sol déchiré.

Nos batteries sont en bon état; les épaulements résistent; aucun dégât notable n'est venu jusqu'à présent entraver notre feu. La batterie 5, scule, prise encore

(1) Le lieutenant d'artillerie Polignac avait été chargé des réparations de cette batterie dans la nuit du 17 au 18 octobre.

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