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Lorsque nos colonnes victorieuses quittèrent leurs tranchées pour pénétrer dans la ville, tous les cœurs battirent d'orgueil en pensant à cette grande nouvelle que le télégraphe allait jeter, comme un éclair, par toute l'Europ

<< Honneur à vous! honneur à notre vaillante armée ! » Ce fut le premier cri de l'Empereur, au général en chef de l'armée d'Orient et aux braves soldats qui avaient si noblement versé leur sang pour la patrie. Ce fut aussi le cri de la France.

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De tous côtés, par toutes les voix, ce grand et héroïque fait d'armes était glorifié.

Le général Félissier était nommé maréchal de France (1), et le sultan, comme marque d'insigne honneur, envoyait devant Sébastopol son ministre de la guerre, porter au commandant en chef de l'armée française cette lettre de félicitation :

« Maréchal,

« Les armes de l'alliance viennent de remporter une

(1) Le 12 septembre l'Empereur élevait, par un décret, le général Pélissier à la dignité de maréchal de France.

<< Considérant les éminents services rendus par le général de division Pélissier, notamment en Crimée dans le commandement en chef de l'armée d'Orient;

« Sur le rapport de notre ministre secrétaire d'État de la guerre;

« Avons décrété et décrétons ce qui suit :

« Le général de division Aimable-Jean-Jacques Pélissier est élevé à

la dignité de maréchal de France.

Fait au palais de Saint-Cloud, le 12 septembre 1855.

« NAPOLEON. >>

brillante victoire, fruit de tant de courage et de tant de bravoure. En mon nom et au nom de mon peuple, je vous félicite, vous et la brave armée que l'Empereur, mon auguste et intime allié, a mise sous votre commandement, comme j'ai félicité nos braves alliés, les Anglais et les Sardes.

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La Turquie vous est reconnaissante comme la France, et elle partage l'admiration générale du monde entier.

« Les braves enfants de ces pays, qu'une alliance intime lie l'un à l'autre à jamais, ont été bien éprouvés sans doute, mais la prise d'une place dont le siége sera une des plus belles pages de l'histoire militaire est la récompense la plus glorieuse. Leur pays bénit leurs noms comme le Tout-Puissant a béni leurs armes. Soyez, monsieur le maréchal, mon organe auprès de votre brave armée pour lui exprimer ces sentiments.

« Le président du conseil général de guerre, le général de division Rifaat-Pacha, qui vous remettra la présente, vous communiquera de vive voix mes félicitations les plus sincères à vous et à vos braves compagnons d'armes.

Sur ce, je prie Dieu de vous avoir toujours en sa sainte et digne garde.

« ABDUL MEDjid. »

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CXIX. Le canon des Invalides annonça à la capitale de la France le triomphe de nos armes.-Le soir de ce beau jour, toutes les maisons étaient illuminées; étoiles

scintillantes de la joie publique elles rayonnaient de mille feux éblouissants.

Le 13 septembre, un Te Deum solennel était célébré à l'église Notre-Dame, en actions de grâces de la prise de Sébastopol, et l'Empereur s'y rendait en grand cortège.

A l'entrée de l'église, en tête du chapitre métropolitain, se tenait l'archevêque de Paris. Le prélat salua le souverain de la France par ces mots qui semblaient être une heureuse prédiction descendue du ciel :

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« J'accours pour recevoir Votre Majesté sur le seuil de ce temple auguste, qui tressaille au bruit de la gloire de la France.

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Que nos solennelles actions de grâces montent vers Dieu pour l'éclatant succès dont il vient de couronner nos armes !

Tant d'héroïsme recevra bientôt sa récompense. Le grand but que Votre Majesté, d'accord avec ses alliés, poursuit avec tant de fermeté et de sagesse, ne tardera pas à être atteint': une paix glorieuse et solide sera conquise.

>>

En effet, bientôt des bruits de paix se répandirent, et déjà toutes les pensées volaient au devant d'eux; il ne fallait pas que tant de sang fût inutilement répandu pour la grande et noble cause que les armées alliées défendaient.

Les conférences de Vienne n'avaient pas abouti; du

congrès de Paris devait sortir une paix solide, loyale et

honorable pour tous.

D'un commun accord, Paris avait été choisi pour le siége de ce congrès, hommage tacite rendu par toutes les nations au souverain de la France, Dans le courant

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de février, les plénipotentiaires y arrivèrent.

Les noms des représentants, appelés à signer la paix du monde, appartiennent à l'histoire.

France comte Walewski; baron de Bourqueney.
Autriche: comte de Buol-Schauenstein; baron de Hübner.
Grande-Bretagne : comte de Clarendon; lord Cowley.
Prusse baron de Manteuffel; comte de Hatzfeldt.
Russie comte Orloff; baron de Brunnow.
Sardaigne comte de Cavour; marquis de Villamarina.
Turquie Aali-Pacha; Mehemmed-Bey.

La première séance du congrès eut lieu le 25 février, et son premier acte fut un armistice dont le terme était fixé à la fin du mois de mars.

Ainsi le bruit du canon ne devait pas mêler sa voix sinistre aux pensées de conciliation. La guerre se taisait devant la paix.

Pendant le cours de ces solennelles délibérations, au sein desquelles s'agitaient les plus hautes questions politiques, et, on peut le dire, les destinées du monde, l'Europe entière était en suspens. Le plus grand secret avait été gardé sur les séances; c'était entre les membres du congrès un engagement d'honneur.

Le 30 mars, le canon des Invalides, qui, six mois auparavant, avait acclamé notre victoire, annonçait que la paix avait été signée, et que tout était dit pour cette guerre fatale, qui avait jeté tant de deuil au milieu de tant de gloire.

Dans toutes les rues de Paris, la population, palpitante, radieuse, se réunissait en groupes nombreux devant la proclamation suivante, affichée sur les murs:

CONGRÈS DE PARIS.

30 mars 1856.

« La paix a été signée aujourd'hui, à une heure, à « l'hôtel des Affaires étrangères (1).

« Les plénipotentiaires de la France, de l'Autriche, « de la Grande-Bretagne, de la Prusse, de la Russie, de << la Sardaigne et de la Turquie ont apposé leur signa<< ture au traité qui met fin à la guerre actuelle, et qui, << en réglant la question d'Orient, assoit le repos de « l'Europe sur des bases solides et durables. »

Dans cette grande question de politique européenne, l'empereur des Français avait porté l'épée d'Alexandre, et cette épée, soit pour la paix, soit pour la guerre, avait pesé d'un grand poids dans la balance des nations.

(1) Voy. aux Pièces justificatives le texte du traité de paix.

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