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contre lequel il sent que se dirigent nos principales

attaques.

En effet, notre marche souterraine avançait vers la place. Déjà les cheminements sur lesquels doit s'appuyer la 3 parallèle ont été exécutés par le génie (ils sont au nombre de cinq), et dans la nuit du 1o novembre, commence le périlleux tracé de cette parallèle, qui rencontre sur divers points des roches crayeuses.

Ce travail important est entrepris à la fois sur la droite et sur la gauche. La place emploie tous ses efforts contre les travailleurs, et vers quatre heures du matin, une vive canonnade laboure de tous côtés le terrain. Heureusement les épaulements ont déjà une épaisseur suffisante pour abriter les hommes.

XXV. Dans un siége, l'établissement de la 3o parallèle est une œuvre de la plus haute gravité, et dont l'exécution est un danger permanent de chaque jour, de chaque heure, de chaque minute; le récit ne peut qu'en constater les résultats, sans montrer l'héroïsme passif de cette lutte obscure, pied à pied avec le sol qui résiste, avec la mitraille qui tue. Celui que la mort frappe, tombe silencieusement; un autre prend sa place et continue l'œuvre un instant interrompue.

Sur la gauche surtout, la position est dangereuse; car on est en butte, presque sur tous les points, aux tirailleurs ennemis. Aussi l'on avance avec précaution, en employant pour garantir les hommes exposés

à un feu meurtrier, les dispositions les plus minutieuses (1).

Le général en chef écrivait au ministre de la guerre : << Les attaques contre la place ont marché lentement avec le pic, la pince et le pétard, mais sûrement, et elles sont parvenues aujourd'hui à 140 mètres du saillant du bastion du Mât. J'établis à cette distance une 3o parallèle.

« Le génie de l'armée, en conduisant les approches aussi près de l'enceinte, a réalisé presque l'impossible, puisque nous sommes arrivés dans l'espace de quatorze jours à la 3o parallèle, en marchant toujours à la sape volante dans un roc vif, où l'on met trois à quatre jours à faire le travail d'une nuit, dans un terrain ordinaire. »

XXVI. - Depuis le 19 octobre, nos batteries, remises

(1) Journal du corps du siége, du 2 au 3 novembre.

« Le sol est très-dur; il y a des bancs de rocs. On prolonge la troisième parallèle jusqu'à l'excavation d'une ancienne carrière. Ce travail s'exécute à la sape volante, seul mode de marche praticable dans les conditions où l'on se trouve placé devant Sébastopol; mais afin de moins exposer les travailleurs, on suit une disposition particulière qui consiste à placer deux rangs de gabions jointifs, à les remplir de sacs à terre, et à les couronner de fascines, avant de développer les travailleurs le long de la gabionnade.

<< La fusillade, qui a commencé à 9 heures et demie sur l'attaque de droite comme sur l'attaque de gauche, n'arrête pas la marche du travail. A 4 heures du matin, les travailleurs sont partout à couvert; la sape est couronnée et le parapet a bonne épaisseur.

« Vers 4 heures et demie du matin, le feu de la place reprend avec violence. Cette bourrasque, de 12 à 1500 coups de canon, dérange à peine quelques fascines. »

en état, n'ont cessé de faire feu.-Six nouvelles ont été adjointes aux premières (1). Ce sont les batteries 10, 11, 12, 13, 14, 14 bis, placées dans le prolongement de nos travaux d'attaque; les unes battent la face gauche et l'intérieur du bastion du Mât, les autres, les batteries ennemies placées à la droite et à la gorge du ravin (2). On le voit, les attaques françaises avaient fait un tel

(1) Batterie 10. 4 canons de 24, 3 obusiers de 22. (Doit ruiner la face gauche du bastion du Mât, prendre de revers la face droite; ruiner également une petite batterie de 4 pièces qui a été élevée en avant de la face gauche du bastion du Mât, chercher à atteindre le retranchement en arrière.)

Batterie 11 (marine). 10 canons de 30, 4 obusiers de 22. (Même objet que la précédente. Contre-battre en outre l'enceinte en arrière du bastion du Mât, et particulièrement la batterie située en avant de l'église.)

Batterie 12. 4 canons de 24, 4 obusiers de 22. Les obusiers ricochent la face gauche du bastion du Mât. Les canons contre-battent les batteries ennemies situées vers la gauche du ravin.

Batterie 13. 2 canons de 16, 2 canons de 24, 2 obusiers de 22. (Contre-battre les batteries situées à la droite du ravin.)

Batterie 14. 4 mortiers de 22, 2 mortiers de 22. (Battre les batteries situées à la gorge du ravin sur le boulevard.)

Batterie 14 bis. 6 mortiers de 15. (Battre le ravin des batteries basses, le magasin à poudre, ainsi que l'intérieur du bastion du Mât.)

(2) Nous trouvons, à ce sujet, le passage suivant dans quelques notes manuscrites écrites sur les travaux du siége par un officier général qui y exerçait un important commandement :

« Les Anglais paraissaient le comprendre; et, lorsqu'on leur témoignait la crainte qu'ils ne fussent pas en mesure de livrer cet assaut, ils répondaient qu'ils marcheraient contre le Redan et Malakoff, comme ils avaient marché à l'Alma, sur les ouvrages des Russes garnis d'une puissante artillerie. Les ouvrages et les batteries de Karabelnaïa avaient été rendus jour et nuit plus formidables par des travaux considérables, et étaient en outre protégés par des accidents de terrain, qui en rendaient l'approche d'autant plus difficile, que les Anglais avaient à franchir une distance de 16 à 1700 mètres, qui séparait leurs batteries de la place, et cela sous un feu meurtrier. >>

progrès, que l'on pouvait prévoir le jour où un assaut serait possible contre le bastion du Mât; mais ce n'était toutefois qu'à la condition d'un assaut semblable sur les lignes d'attaque de l'armée anglaise, qui comprenaient le Redan et Malakoff; car une tentative isolée sur le bastion du Mât prise à revers de toutes parts, tant par les batteries des casernes que par celle de Karabelnaïa, devait, en laissant les Français exposés à un feu meurtrier, les empêcher de s'y maintenir.

XXVII.-Chaque jour de retard rendait la position plus délicate et plus difficile. De tous côtés les Russes élevaient avec une infatigable et habile activité des défenses qui se reliaient entre elles sur tous les points où l'on pouvait supposer que déboucheraient les colonnes d'assaut; des batteries basses étaient établies croisant leurs feux et balayant tout le terrain que nos troupes auraient à parcourir. Chaque jour le rapport du corps de siége signalait ces travaux, sur lesquels les compagnies des francs-tireurs entretenaient un feu journalier très-bien dirigé, et qui causait à l'ennemi des pertes sensibles (1).

(1)

Journal du corps du siége.

« Du 20 au 21 octobre. Les Russes ont élevé de nouvelles batteries sur le revers du ravin descendant au port du Sud et traversé par la parallèle

« Du 22 au 23. L'ennemi, en abandonnant les batteries soumises à l'action de nos pièces, se hâte d'en ouvrir dans les bas-fonds qui ne sont pas vus; et de là, sous des inclinaisons convenables, tourmente nos travaux par de nombreux projectiles. Il met des pièces partout

XXVII.-Le 1er novembre, 47 nouvelles pièces ouvrent leur feu contre la place. Les Anglais tirent également de toutes leurs batteries. Le bastion du Mât, le principal but de l'attaque du côté des Français, cesse de tirer dans l'après midi, ou du moins son tir est telle

où elles peuvent être à l'abri des carabines des francs-tireurs, et tire des points les plus éloignés de la place.

Du 25 au 26. Les Russes font de nouvelles batterie, ils placent de grands sacs à terre en face du bastion du Mât, qui regarde la route de Sébastopol, à 3 mètres du pied de l'épaulement.

Du 26 au 27. Les Russes continuent à construire des retranchements sur le côté gauche du ravin qui descend à la ville.

Les francs-tireurs, placés dans toute la longueur de la 2o parallèle, dirigent leur feu contre les batteries du bastion du Mât et contre celles placées dans le ravin où passe la route de Sébastopol, et qui sont établies derrière une tranchée que les Russes ont faite pendant la nuit, pour relier le bastion du Mât au fort du milieu.

Ils tirent sur des pièces de campagne qui bientôt sont réduites au silence. On aperçoit que l'ennemi a établi une batterie de 6 pièces devant une poudrière qui est au fond du ravin. Les assiégés transforment en une batterie de quatre embrasures la gabionnade qu'ils ont élevée en avant de la face gauche du bastion du Mât.

Du 27 au 28. Les Russes construisent à la gauche du bastion du Mât une batterie de 4 pièces, pour contre-battre la batterie no 11. On va reconnaître cette batterie; on s'en approche à 40 mètres, sans être vu, et on constate que l'on y travaille activement au moyen de terres apportées dans des paniers; on s'occupe aussi des platesformes.

Du 30 au 31. Outre la batterie de 8 pièces, que les Russes ont construite en arrière de la tour du Centre, ils ont établi un retranchement en pierres sèches, derrière lequel on voit déjà 2 pièces en batterie. Ce retranchement s'appuie d'un côté à la batterie de 8 pièces, dont il vient d'être question, de l'autre, à celle de la promenade. Ils construisent aussi, en avant d'une maison jaune, à mi-côte du versant sud du mamelon sur lequel se trouve la partie la plus importante de la ville, une forte batterie destinée à agir à l'extérieur de la place, mais principalement pour la défense intérieure contre la colonne d'attaque. Enfin, ils en amorcent une autre, dans le même but, à droite du magasin à poudre.

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